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lanthropie lui est venue en aide; de louables intentions les poussaient l'une et l'autre, mais le germe manquait aux semences qu'elles s'efforçaient de répandre; de là vient qu'on se demande où sont les fruits produits par fant d'efforts et de dépenses? Alors enfin la science, alors la politique et la philanthropie se sont tournées vers l'Eglise, du concours de laquelle elles avaient cru pouvoir se passer, et qu'elles écartèrent trop longtemps avec une injuste et superbe défiance; et l'Eglise, henreuse de pouvoir une fois de plus se dévouer en faveur de l'humanité, a dit à ses religieux, a dit à ses vierges: Allez vous renfermer dans ces tristes demeures qu'habitent le crime et tous les vices; là vous sacrifierez les plus belles années de votre jeunesse, votre santé, votre vie même, pour les consacrer à servir ceux que la justice humaine a frappés, que la société repousse de son sein, et qu'elle a flétris de sa juste réprobation.

De nombreux dévouements ont répondu à l'appel de l'Eglise (1), et, depuis plusieurs années, une partie de nos prisons est sanctifiée par la présence des vierges chrétiennes; depuis quelques semaines, Paris lui-même les a appelées dans son sein, et leur a confié la conduite de plusieurs de ses grandes maisons de détention.

Maintenant le monde qui, dès cette heure, ne peut refuser son admiration à tant d'abnégation et de dévouement, regarde; il attend les résultats de cette épreuve à laquelle se présente à son tour la charité catholique pour la moralisation des prisons.

Pour nous, nous attendons aussi, mais avec une immense confiance; le passé des œuvres de l'Eglise, le principe toujours vivant qui les féconde, et l'écho qui nous arrive déjà du fruit des premiers essais tentés dans nos prisons, voilà ce qui justifie nos espérances, ce qui nous garantit le succès futur.

(La suite à un prochain numéro.)

Décret de la S. Congrégation des Indulgences.
PRIÈRE POUR toute tribuLATION,

Adjuva nos, Deus salutaris noster, et propter gloriam nominis tui, bera nos; et propitius esto peccatis nostris propter nomen tuum.

Deus, in nomine tuo, etc.

Gloria Patri, etc.

Psalmus 53.

.Propter gloriam Nominis tui libera nos.

Et propitius esto peccatis nostris propter nomen tuum.

Oremus.

li

Preces populi tui quæsumus, Domine, clementer exaudi, et qui juste

(1) Nous mentionnerons en particulier l'institut des Sœurs de Marie-Joseph, dévoué d'une manière exclusive aux soins des prisons. L'administration leur a tout récem→ ment confié un des principaux établissements de réclusion de la capitale, celui de SaintLazare.

pro peccatis nostris affligimur, pro gloria Nominis tui misericorditer liberemur. Per Christum Dominum nostrum. Amen.

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Te ergo quæsumus tuis famulis subveni, quos pretioso Sanguine redemisti.

URBIS, ET ORBIS
DECRETUM

Ex audientia Sanctissimi die 8 novembris 1849.

A tous les fidèles du Christ de l'univers catholique, afin qu'ils répandent devant Dieu avec plus de ferveur d'humbles prières et qu'ils soient miséricordieusement arrachés, à cause de son saint nom, aux fléaux de sa colère et à toute tribulation, N. T. S. P. le Pape Pie IX a daigné dans sa bonté accorder, sans aucune expédition de Bref, une indulgence de cent jours, à gagner chaque fois qu'ils réciteront d'un cœur au moins contrit et dévotement les prières ci-dessus.

Datum Neapoli in Suburbano Portici die, et anno quibus supra. Loco † Signi.

F. CARD. ASQUINIUS S. C. IND. PRÆF.

ED. BORROMEO S. C. IND. PRO-SECRETARIUS.

Mgr l'Evêque de Luçon vient de publier, à l'occasion du nouveau catéchisme qu'il donne à son diocèse, un Mandement qui se termine par le dispositif suivant :

«Art. 2. Les premiers pasteurs étant obligés, comme chargés du dépôt de la foi, de veiller à tout ce qui concerne l'enseignement de la doctrine chrétienne, les maîtres et maîtresses d'école devront se pourvoir auprès de nous, avant la Toussaint prochaine, à l'effet d'être expressément et nominativement autorisés à enseigner à leurs élèves la lettre du catéchisme.

Art. 3. Quant aux autres fidèles de l'un et de l'autre sexe qui se consacrent par charité à faire dire à quelques enfants en particulier la lettre du catéchisme, nous les conjurons par les entrailles de la miséricorde de Jésus-Christ de continuer à s'acquitter d'une œuvre à laquelle se trouvent attachées les plus sublimes récompenses; mais ils ne le feront pas sans en informer le curé de la paroisse, afin qu'il les y autorise, s'il y a lieu, et qu'il leur donne les avis convenables. Ils éviteront avec le plus grand soin de réunir à ce catéchisme les garçons et les filles en même temps.

« Art. 4. Nous exhortons toutes les personnes pieuses, et particulièrement les pères et les mères de famille, à établir dans leurs maisons l'usage de faire lire chaque jour, avant ou après la prière du soir, quelques pages de catéchisme.

« Art. 5. Nous accordons 40 jours d'une véritable indulgence, dans la forme ordinaire de l'Eglise, à tous ceux qui s'appliqueront à l'œuvre de miséricorde d'instruire leurs frères, qui feront ou qui entendront cette lecture pieuse, chaque fois qu'ils vaqueront à ces saints exercices.

Nouvelles Religieuses.

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RETOUR DU SAINT-PERE A ROME. Avant le lever du soleil, la ville était en mouvement et comme en fermentation; les balcons et les fenêtres des rues que

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devait parcourir le Saint-Père se couvraient de draperies, ainsi que celles du Corso; on faisait les préparatifs de l'illumination, on allait, on venait, on se demandait des nouvelles, on s'invitait à aller à Saint-Jean-de-Latran.

Avant midi, l'immense place de la basilique était pleine de monde, et à mesure qu'approchait l'heure fixée pour l'arrivée du Pape, la foule augmentait dans les rues; toutes les boutiques étaient fermées, et la ville paraissait déserte excepté sur la ligne de Saint-Jean-de-Latran au Capitole.

Cependant beaucoup étaient sortis de la ville pour revoir quelques instants plus tôt leur Pontife et leur souverain, et on peut se faire une idée du concours en sachant qu'une voiture a été payée, pour faire un très-petit trajet, 20 scudi (108 fr.)

Les troupes françaises et italiennes, réunies sous le commandement du général Baraguay-d'Hilliers, avaient été échelonnées, comme l'exigeait la disposition des lieux. Sur la large avenue qui mène de Saint-Jean à Sainte-Croix-de-Jérusalem, étaient en batterie les pièces françaises destinées à rendre les honneurs souverains à Pie IX. Les Romains ont été frappés de l'ordre avec lequel les troupes ont pris position; et dans l'attente générale, alors que le cri d'un enfant: « Le voilà!» suffisait pour faire tourner toutes les têtes, et hausser chacun sur la pointe des pieds, ils se plaisaient à voir les généraux, les aides-de-camp et le préfet de police français, parcourir la ligne à cheval et veiller à l'exécution précise des ordres émanés de l'état-major.

Malgré cette diversion à leur impatience, les Romains trouvaient le temps bien long, quand enfin, à quatre heures trois quarts, le canon tonne; c'est le Saint-Père qui entre dans la ville, escorté par les escadrons français. Un immense cri s'élève : « Vive le Pape! Vive la religion! Saint-Père, bénissez-nous! Vive notre Pape! La foule, trop pressée pour se mouvoir, ondule comme les vagues de la mer; tous voudraient contempler les traits du Vicaire de Jésus-Christ, les mouchoirs voltigent au-dessus des têtes, c'est une ivresse générale.

La troupe a mis le genou en terre, et le Pape passe en bénissant ces braves soldats à la valeur desquels il doit son retour à Rome. Les députations des divers corps attendaient à Saint-Jean, comme nous l'avons annoncé dans un des derniers numéros. La réception officielle acccomplie, le pape entra dans l'église, reçut la bénédiction du Saint-Sacrement donnée par le cardinal Barberini, et alla ensuite s'agenouiller devant la châsse où reposent les chefs de saint Pierre et saint Paul. Quelles durent être les pensées du successeur de saint Pierre, pendant ce demi-quart d'heure de méditation! Ses yeux étaient baignés de larmes. Voici dans quel ordre il marcha de Saint-Jean-de-Latran au Vatican :

Deux détachements de chasseurs à cheval français; un peloton de dragons romains et un de vélites; un peloton de dragons français; un général avec son étatmajor et un demi-escadron.

Un détachement de gendarmes français; un autre général et son état-major. Suivaient des officiers de la cour pontificafe.

Puis la garde-noble et la voiture du Pape. A la portière de droite était le général Baraguay-d'Hilliers; à celle de gauche le prince Altieri, commandant de la garde noble; De chaque côté, des officiers français escortaient à pied.

La voiture était suivie de l'état-major-général de l'armée française, qui précédait la garde-noble et un escadron de dragons français.

Les voitures des cardinaux, de la commission municipale et du corps diplo matique, terminaient le cortége.

Partout a éclaté le même enthousiasme, sans que l'ordre ait été troublé nulle

part.

La municipalité de Rome a fait distribuer aux pauvres 5,000 scudi (27,000 fr.)

Beaucoup d'habitants, pour se conformer au désir qu'a manifesté le Pape de supprimer toutes les fêtes préparées pour son retour, ont employé à de bonnes œuvres les sommes qu'ils avaient destinées à manifester leur allégresse.

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DIOCESE DE POITIERS. Nous cédons sans peine, dit le Journal de Niort, aux sollicitations qui nous sont faites d'enregistrer la rétractation d'un membre du clergé qui eut la faiblesse de prêter le serment civil; nous pensons être les interprètes des dernières volontés d'un mourant, et ce grand acte de religion nous paraît à tous égards digne de la publicité : chacun y puisera un salutaire exemple.

M. Texier était avant 89 curé de Frontenay: la Révolution le trouva chancelant dans sa foi, et il eut le malheur de succomber. Après avoir prêté le serment civil, il se maria et vécut jusqu'à l'âge de 85 ans dans des liens que la religion condamne. Avant de mourir, il s'est souvenu de ce qu'il devait à Dieu et à la société, et il a laissé entre les mains de M. le curé de Plibou, sa paroisse, la rétractation qu'on va lire, pour être rendue publique après sa mort, si ce dernier le jugeait convenable. Nous ne pouvons, dans ce cas, nous refuser à la demande de M. le curé de Plibou :

« Je soussigné Jean-Baptiste Texier, prêtre, demeurant à Plibou, département des Deux-Sèvres, désirant vivement vivre et mourir dans la communion de l'Eglise catholique, apostolique et romaine, déclare publiquement et le cœur plein de repentir que je demande pardon à Dieu et à l'Eglise de tout acte de ma vie qui a pu blesser la religion et les saintes lois canoniques, et notamment de mon adhésion à la constitution civile du clergé et de mon mariage civil.

Je veux que cette déclaration, faite dans la plénitude de ma volonté et de mon intelligence, demeure déposée entre les mains de M. le curé de Plibou pour être rendue publique, si besoin en est, après ma mort.

Plibou, le 13 mars 1850.

Vu et approuvé l'écriture ci-dessus pour valoir.

DIOCÈSE DE Montpellier. On écrit de Béziers :

TEXIER, prêtre. ▸

« M. l'abbé Gayraud, curé de la Madeleine, à Béziers, et vicaire-général honoraire du diocèse de Montpellier, est mort mardi 16 avril, à deux heures du matin. Atteint depuis quelque temps d'une hydropisie de poitrine, ce vénérable pasteur sentait sa fin approcher avec le calme et la résignation dignes d'un disciple du Christ. Mgr Thibault, qui avait mis en M. Gayraud toute sa confiance, vint la semaine dernière le consoler sur son lit de douleur et lui prouver combien son Evêque savait apprécier ses mérites et le zèle apostolique qu'il avait déployé pendant vingt ans dans cette paroisse.

Dès le matin, l'église de la Madeleine a été tendue de noir, et le cor vénérable curé, revêtu de ses habits sacerdotaux, a été placé sur un catafalque au milieu du chœur. Pendant toute la journée, une foule triste et silencieuse est venu contempler pour la dernière fois les traits de ce digne prêtre, qui laissera à Béziers bien des regrets, surtout parmi les pauvres dont il était pour ainsi dire la Providence et le père.

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A la suite de la cérémonie funèbre de jeudi, il s'est formé une commission, composée d'anciens élèves et amis de M. l'abbé de Courson, dans le but de recueil

lir des souscriptions pour élever un monument à la mémoire vénérée de cet excellent maître.

• Monseigneur a exprimé sa satisfaction de ce projet, qui, nous n'en doutons pas, va recevoir une prompte réalisation et réunira un grand concours de souscriptenrs. > BAVIÈRE.

On écrit de Munich, le 13 avril :

Dans le mois de mai de l'an 1630, les habitants d'Oberammeringen, cercle du Regen, en Bavière, afin d'obtenir la cessation d'une terrible épidémie qui régnait alors dans cette contrée, firent le vœu de donner tous les dix ans une représentation de la Passion de N. S. Jésus-Christ, à l'exécution de laquelle tous con→ courraient. Ce vœu, ils l'ont toujours tenu, et ils vont encore l'accomplir dans le courant du mois prochain, pour la vingt-deuxième fois; mais, à cette occasion, paroles, musique, costumes, tout sera renouvelé. M. le docteur Weiss, curé d'Oberammeringen, a écrit un nouveau poëme de la Passion, qui a été mis en musique par M. Dedler, habile compositeur de Munich, et les costumes ont été dessinés par nos plus célèbres artistes. La représentation aura lieu, comme à l'ordinaire, en plein air, et elle sera répétée douze fois.

Aux précédentes représentations du Mystère dont il s'agit, il y avait toujours one affluence de dix à quinze mille personnes; on compte qu'il y aura cette fois plus de cent mille spectateurs, tant de Bavière que du reste de l'Allemagne. »

SUISSE. Le rapport sur la dernière visite des églises réformées du canton, signale sept cas de baptêmes forcés ; 5 protestants de Saint Gall et 2 de Buchs ont refusé de faire recevoir leurs enfants dans l'une ou l'autre des confessions chrétiennes reconnues par la constitution, et la police est intervenue pour faire administrer de force le baptême protestant aux nouveaux-nés.

Séance de l'Assemblée.

La séance a commencé par deux discours de M. Pierre Leroux. L'honorable Montagnard, encouragé par le vote de samedi, demandait que la loi renfermât des dispositions pour que les condamnés fussent suivis de leur famille. La commission et le gouvernement accepteront bien la réunion de la famille au condamné, mais non comme un droit absolu. Cette réunion, en effet, doit être le prix du repentir, et en même temps un acte d'indulgence de la part du gouvernement. Il faut que le gouvernement puisse l'accorder ou la refuser, qu'il juge des motifs, et qu'il apprécie les circonstances dans lesquelles se trouvent les enfants de la femme du condamné. Mettre aux frais de l'Etat le transport de ceux qui voudront aller retrouver les condamnés; permettre à tous sans exception cette réunion; inscrire ce privilége comme un droit imprescriptible dans la loi, voilà ce qui est contraire à toute législation antérieure.

Il était impossible que le gouvernement acceptât une disposition aussi imprudente qu'irrationnelle.

Ce sont ces raisons que M. le ministre de la justice et M. Baze ont fait valoir avec beaucoup de force contre les allégations déclamatoires de M. Pierre Leroux. En vain M. de Lamartine est-il venu prêter le secours de sa parole brillante à la thèse de M. Leroux ; M. de Lamartine s'est perdu aujourd'hui plus que jamais dans les plus

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