tes les plus légères ; on peut lire tout avec confiance, et l'allure du journal, depuis dix-huit mois qu'il existe, garantit que, pour l'avenir, l'habile et pieuse directrice saura se maintenir dans la même voie. LES GRANDEURS DE LA FRANCE, par M. Ca. Stan. de la Haye. Voilà un titre bien ambitieux pour une petite brochure de trente-six pages in-18, d'autant mieux que ce n'est pas l'énoncé véritable du sujet traité. Il fallait dire : De la monarchie et de la monarchie légitime, ses grandeurs et son avenir. L'auleur est jeune; il y a dans son style et dans sa pensée une certaine fougue rhétoricienne qui annonce de la verve, mais où la forme domine trop le fond. Après ces reproches, il serait injuste de ne pas reconnaître dans cet écrit des réflexions solides et quelquefois des vues élevées, une habitude de langage qui n'est ni sans eharme pi sans grandeur, une logique philosophique et politique qui ne manque ni de suite ni de force. Les divers points tonchés dans cette esquisse, et qui appellent si instamment la méditation de tous les esprits d’élite, la monarchie, la souveraineté, la liberté, le gouvernement, sont abordés avec une allure qui a quelque franchise et quelque mérite , malgré la pompe un peu fatigante et bəaucoup trop déclamatoire dont l'auteur ne sait pas se dégager. LES MATINÉES LITTÉRAIRES, par M. EDOUARD MENNECHET. Il parait en ce moment une seconde édition des Matinées littéraires, par M. Edouard Mennechet. C'est le résumé le plus complet, le mieux pensé, et le mieux écrit que nous connaissions de la littérature moderne. Il suffirait pour donner à un élève des connaissances littéraires bien au-dessus des notions communes, et nous croyons que des littérateurs consommés peuvent trouver encore à profiter de sa lecture. On pourrait peut-être y désirer une doctrine encore plus solide et plus ferme. C'est un chrétien qui écrit, mais un chrétien du monde . Toutefois, au point de vue de l'étude, il est savant avec goût et avec methode; au point de vue de la morale, il est sincèrement honnête; au point de vue purement littéraire, il est parfaitement écrit ; on a pu dire de ce livre, sans trop d'exagération, que dans certaines de ses parties il ajoute un modèle de plus à ceux qu'il nous fait admirer. Malgré son prix élevé et pendant la morte saison de la littérature, que nous a faite la politique, la première édition de ce bel ouvrage s'est complétement épuisée. Nous devons savoir gré aux éditeurs qui vont mettre à la portée de toutes les bourses une cuvre d'un mérite si incontestablement éprouvé. Avis. Tous les journaux insèrent, chaque jour, des annonces industrielles relatives 2 des Compagnies et à des entreprises industrielles et commerciales de diverse nature. En ce qui nous concerne, nous devons rappeler que l'insertion des annonces sur la couverture de notre journal n'est pas une recommandation, et que nous n'en assumons pas la responsabilité. Ces annonces ne sont destinées qu'à faire connaître au public des opérations sur lesquelles chacun a le devoir de s'entourer de toute espèce de conseils et de renseignements personnels avant d'y porter ses fonds. L'un des propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY. Paris, imp. BAILLY, DIVRY et Comp., place Sorbonne, %, WARDI 23 AVRIL 1850. (N° *026.) L’AMI DE LA RELIGION. La Religion dans les prisons et dans les bagnes. L'Eglise avait recueilli dans l'héritage de son divin fondateur ces paroles qu'il s'était appliquées à lui-même, dans une circonstance de sa vie publique : Le Seigneur m'a envoyé pour annoncer la rédemption aux captifs (1). Quoique les interprétant avant tout dans leur sens spirituel, elle ne pouvait cependant les oublier quand la charité lui montrait des chaînes et des entraves, et sous ces chaînes des souffrances à soulager. Aussi, après qu'échappée elle-même aux cachots qui furent son partage pendant les siècles de persécution, elle eut acquis la liberté d'exercer cette charité que J.-C. lui avait confiée, de pratic cette humanité que le monde païen ne connaissait guère avant elle (2), ses regards s'arrêtèrent avec douleur sur le tableau qu'offrait la terre transformée par l'esclavage en une vaste prison. Elle n'avait cependant point attendu le jour de sa propre délivrance pour travailler à guérir celle grande plaie de la société d'alors. Du pied de ce Calvaire où mourait, en lui donnant naissance, l'Homme-Dieu qui avait revétu lui-même la forme d'un esclave; elle avait fait entendre aux hommes cette parole du Christ qui devait bouleverser toutes les idées reçues, et faire insensiblement tomber les chaines de la servitude : Ne désirez point qu'on vous appelle maîtres, parce que vous n'arez qu'un seul maitre, et que vous êtes tous frères... Vous n'avez qu'un Père , qui est dans les cieux (3). Elle l'avait développée et commentée par la voix de ses apôtres (4); et maintenant, libre des persécutions et victorieuse des tyrans, elle veut continuer ce divin commentaire par ses Pères, ses Docteurs et 0:1 ses Pontifes (5). Mais l'Eglise ne se bornera pas à arracher l'esclave à son ergas છે tule; elle descendra aussi dans ces tristes demeures où les rigoureuses nécessités de la justice humaine tiennent captifs tant d'hommes dont les âmes sont, hélas ! bien souvent chargées, par les vices et les (1) Evangile de Saint Luc, ch. 4, v. 16. (2) L'humanité, dit M. de Lamennais, était un sentiment si étranger aux Romains, que le mot même qui l'exprime manque dans leur langue. Humanitas ne signifie dans les anciens auteurs que politesse, douceur, aménité. (Essai sur l'Ind., 1er vol., ch. 10. (3) Evang. de saint Matth., ch. 23, v. 8 et 9. Voir en particulier Saint Paul dans ses épîtres aux Colossiens, aux Galates, aux Ephésiens, gre aux Corinthiens, à Philémon. (5) V. Origène, apolog., et contre Celse. - Lactance, div. inst. L. 1, ch. 16. Saint Jean Chrysost., homélies-passion. – Saint Ambroise, disc. sur les patr. : avert. aux vierges. - Saint Augustin. – Saint Pierre Chrysologue, etc. L'Ami de la Religion. Tome CXLVII. 21 passions, de chaînes plus lourdes encore que celles qui pèsent sur leurs bras. Elle se rappelait en effet, et pour encourager ses enfants à cet exercice d'une charité qui n'exclut de ses étreintes aucune misère ni morale, ni physique, elle leur redisait les bénédictions du royaume éternel promises par Celui qui devait les juger à la mort, et qni s'offrait à l'exercice de leur miséricorde dans la personne des pauvres captifs, pour pouvoir leur dire un jour : J'étais en prison, et vous étés venus vers moi (1). Aussi, à mesure que se répandant dans l'empire, le christianisme s'établissait dans les âmes et modifiait les maurs privées, il ne pou. vait pas manquer de réagir sur les maurs publiques et de pénétrer de son influence la législation, la politique, l'administration. En effet a on vil alors, comme l'a dit un savant écrivain de notre époque, « M. l'abbé Gerbet, on vit alors se produire des adoucissements dans a l'exercice du terrible droit de punir; les prisons, soumises à l'aca tion d'une puissance morale et régénératrice qui leur élait inconnue « auparavant, purent être moins impitoyables : les esclaves du crime a reprirent aux yeux de la loi le caractère d'hommes que le chrisa tianisme rendait aussi à d'autres esclaves qui élaient comme les a prisonniers du travail. Le changement qui s'opéra est parfaitement a représenté par ce mot d'un empereur de cette époque à un de ses magistrats : Allez, conduisez-vous non en juge, mais en évêquel, L'Eglise ne crut pas indigne d'elle d'occuper ses conciles du sort des captifs, de les faire descendre dans les prisons et de laisser proclamer par leur voix les prescriptions de sa miséricorde, les soins de sa charité et les préoccupations de sa maternelle sollicitude, pour venir en aide et en soulagement à cette partie du troupeau plus exposée à être oubliée et délaissée par les hommes. C'est ce sentiment qui dictait ce décret d'un concile tenu en France au milieu du sixième siècle : « Dans des vues de miséricorde, nous avons trouvé juste qu'on a observe ce qui suit, savoir : que ceux qui sont détenus dans les pri« sons pour quelque faute que ce puisse être, soient inspectés chaque « dimanche, ainsi que tous les autres indigents, par l'archidiacre ou a le préposé de l'Eglise, afin que les nécessités des prisonniers soient « immédiatement soulagées, suivant le précepte divin, et qu'une a personne fidèle et diligenle étant instiluée par le Ponlife à l'effet « de pourvoir à leurs besoins, une nourriture convenable leur soit « fournie aux dépens de l'Eglise (2). ” ( (1) Evan. de Matth., 25, 36. (2) Id miserationis intuitu æquum diximus custodiri, est qui pro quibuscumque culpis in carceribus deputantur, cum cæteris gentibus ab archidiacono seu à præposito Ecclesiæ singulis dicbus dominicis requirantur; ut necessitas vinctorum secnndùm præceptum divinum misericorditer sublevetur, atque à pontifice institutà fideli et diligenti persorâ quæ necessaria eis provideat, competens victus de domo ecclesiæ tribuat r. 458 concile d'Orléans, an 549, c. 20.) nhat vies des saints. Ainsi l'Homme-Dieu qui avait reçu mission d'annoncer la rédemp- Christ et de son Eglise pour faire naître la miséricorde au cæur des 41 chréliens en faveur de ceux que le crime ou le malheur avait privés de ce grand bienfait, la liberté. Où nous arrêterions-nous si nous voulions rechercber tous les fruits éclos dans l'Eglise, de cette semence qui ne devait pas y rester inféconde ? Ce travail dépasserait les bornes que nous nous sommes fixées ; il nous faudrait, en effet, parcourir l'histoire ecclésiastique tout entière, et puiser dans l'apo bondance de ces mines si riches en or de charité qu'on appelle les Rappelons seulement qu'une des bonnes æuvres les plus commu- res à la liberté en payant leur rançon. Les plus saints Evêques conle che sacraient à cet objet les biens de leurs églises, et les vases sacrés euxmêmes devenaient le prix du rachat. Enfin on avait vu,... quel spectacle pour le paganisme i quel contraste avec le froid égoïsme et cet amour exclusif de soi si naturel à l'homme déchu ! on avait vu des, helpen disciples de l'Evangile, après s'être dépouillés de tout pour former la rançon de leurs frères, poussant à un saint excès l'héroïsme de la charité , se vendre eux-mêmes et se donner en payement de la liA mesure que le christianisme s'étend davantage, qu'il entre plus profondément dans les âmes, l'expansion de la charité par les euvres devient plus active, produit des fruits plus admirables. Pénétrons dans ce moyen âge que la philosophie a flétri de son dėdain , mais où la foi produisit des merveilles : qu'y voyons-nous ? Ce n'est plus assez, pour les saints de cet âge, de quelques actes d'un dévouement isolé, de sacrifices individuels en faveur de ceux qu'enchaîne la servitude : un ordre religieux fout entier est créé qui se dévoue à l'ouvre de la délivrance des captifs ; dans lequel cette mission se transmettra de génération en génération. Et ce ne sera pas assez pour ces hommes de rédemption de venir en aide à celles des souffrances de ce genre qui remplissent les contrées qu'ils habitent ; les gémissements de leurs frères prisonniers sur des plages lointaines et inhospitalières leur arriveront à travers les mers. Portés les mers, chargés de l'or qu'ils auront recueilli dans les royaumes sur l'aile de la charité, ils affronteront les tempêtes; ils franchiront chrétiens, et qu'ils doivent offrir au barbare qui relient leurs frères prisonniers'; puis ils reviendront triomphants, sous les auspices de la croix, les rendre à leurs familles et à leur patrie. Oh! qu'ils étaient berté des autres. bien nommés, ces pleux et héroïques religieux, de ce nom si doux de frères de la Merci, c'est-à-dire de la pitié, de la miséricorde! Quand ces hommes que l'Eglise a placés sur ses aulels et que l'humanité tout entière honore et vénère pour les services qu'ils lui ont rendus; quand un Jean de Matha, un Félix de Valois, un Pierre Nolasque, rêvaient, comme de concert, l'æuvre du rachat de leurs frères qu'ils devaient léguer après eux à de si nombreux disciples, héritiers de leur pensée et de leur zèle, croil-on que c'élait dans un vague sentiment d'humanité qu'ils puisaient leur inspiration, ou bien qu'ils l'allaient demander à la philosophie de la terre ? Non, sans doute ; mais au fond de ces solitudes où ils s'étaient cachés pour y trouver Dieu plus sûrement, ils apprenaient dans l'amour divin l'amour des hoinmes. Libres qu'ils étaient du tumulte des passions et des bruils de la terre, l'oreille de leur cour était toute ouverte à ce qui venait du ciel. Là leur arrivait la parole évangélique que l'esprit d'en haut leur disait qu'ils eussent à s'appliquer à eux-mêmes : le Seigneur m'a envoyé annoncer la rédemption aux captifs.... Là, méditant les œuvres de la miséricorde, il leur semblait que la voix du Christ leur adressait du fond des cachols de Tunis et d'Alger, ces autres paroles : L'étais en prison et vous êtes venus vers moi. Et, cédant à ces invitations du ciel, ils sortaient de leurs déserts : suscités de Dieu pour une grande ouvre, ils marchaient à son accomplissement appuyés sur lui, les obstacles s'aplanissant devant leur sainteté. L'histoire des siècles chrétiens nous dit que c'est ainsi que procédaient les auvres divines, Quvres pleines de vie et qui ont marqué leur passage au milieu de la sociéle par d'immenses bienfails. Et de nos jours, dans ces temps difficiles où la foi cependant est faible dans beaucoup, morte dans plusieurs, la fécondité de la charité catholique vit encore, grâce à Dieu, et pour l'honneur de l'Eglise de Jésus-Christ, elle nous rend chaque jour témoins de ses travaux et de ses bienfaits. En la bornant au scul objet qui nous occupe ici, n'avons-nous pas vu surgir des dévouements nouveaux en faveur de ces misères que renferment les murs de nos prisons. N'avons-nous pas vu s'élever de nouvelles familles religieuses sous le souffle de cette parole, devise de leur vie : J'étais en prison et vous êtes venus vers moi. Elles n'ont plus à porter les consolations ou le rachat à travers la à Méditerranée; les fers qu'Alger et Tunis réservaient aux chrétiens sont désormais brisés ; mais que de misères, dans l'ordre moral sur tout, à soulager et à guérir dans ces maisons de détention si diverses, que l'oubli de Dieu a multipliées sur notre sol! La science humaine s'est épuisée depuis bien des années pour trouver la solution de ce grand problème : Moraliser les prisons. La pbi |