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un acte du parlement, revendique et exerce un pouvoir de confirmer, de condamner ou de changer, par un jugement définitif, les décisions et interprétations des cours ecclésiastiques en matière de doctrine;

Que, dans l'état actuel de la loi, rien n'empêche qu'une interprétation, déclarée fausse par une cour ecclésiastique, ne soit déclarée vraie par ledit Comité; ou qu'une personne jugée par le tribunal spirituel incapable du soin des âmes, n'en soit jugée capable par le pouvoir civil;

Que l'existence d'un tel état de la législation est incompatible avec là divine constitution et l'office de l'Eglise, et est contraire à la loi du Christ;

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Que l'exercice du pouvoir en de telles matières, sous une pareille législation, met en danger le maintien public de la loi du Christ;

Que l'existence d'un tel état de choses est une atteinte à la conscience;

« Que les décisions du Comité judiciaire du conseil privé, en matière de doctrine, ne pe vent être acceptées par l'Eglise;

Moi, Georges Anthony Denison, clerc, etc., je proteste solennellement contre l'état de la législation, qui donne au Comité le pouvoir de connaître des matières de doctrine, et je m'engage à employer tous les moyens légaux pour obtenir l'abrogation d'une pareille législation, et du pouvoir revendiqué et exercé en vertu de cette législation. »

L'Eglise épiscopale d'Ecosse a dirigé une adresse à l'Evêque de Londres, pour le féliciter de n'avoir pas voulu concourir au jugement.

Enfin, l'Evêque d'Exeter lui-même est entré en lice, et il attaque l'Archevêque de Cantorbery de la manière la plus vive. Il prend prétexte de la réimpression d'un ouvrage de l'Archevêque, publié il y a trente-cinq ans pour la première fois, et dans la nouvelle préface duquel il trouve des propositions mal sonnantes et conformes aux erreurs que lui-même a condamnées dans M. Gorham. C'est-à-dire que le péché originel est un obstacle au bienfait du baptême; que la grâce intérieure est séparée du sacrement; que la régénération est un acte surnaturel, indépendant d'une forme religieuse. L'Evêque d'Exeter soutient, au contraire, que la régénération est produite par et dans le sacrement du baptême; ou, en d'autres termes, que le ministre en accomplissant le rite, opère nécessairement la régénération.

La parole de l'Evêque d'Exeter est violente :

« L'Archevêque, dit-il, au lieu de conduire, a égaré ceux qu'il a « mission de guider; il a donné sa sanction à un jugement entaché a d'erreurs doctrinales, il a concouru à la fausse et destructive déa claration que l'Eglise d'Angleterre n'a pas de doctrine positive au « sujet du baptême; l'Archevêque a fait tout ce qu'une déclaration « de lui pouvait faire pour séparer l'Eglise de la communion avec « la sainte, catholique et apostolique Eglise de tous les siècles, en « lui imputant une contradiction avec un article du Credo: « Je re<< connais un baptême pour la rémission des péchés.....>>

La querelle théologique est d'une haute importance, puisqu'il s'agit du sacrement par lequel nous entrons dans la vie des enfants de

Dieu; mais comment la résoudre? Voilà deux dignitaires de l'Eglise anglicane, savants tous les deux, tous les deux façonnés à la controverse, habitués par de longues années d'autorité à voir plier les esprits sous l'empire de leur opinion; tous deux en appellent à l'Ecriture, aux canons, à la tradition de l'Eglise : qui des deux cédera? Quel pouvoir décidera entre ces hommes puissants par la science et la longue expérience des années? La reine Victoria, peut-être? Ils n'ont pas d'autre juge!

Aussi, et c'est une conséquence de la position actuelle, la question de la suprématie royale est-elle déjà ouvertement attaquée par quelques esprits plus ardents que les autres.

Cette absence totale d'une autorité décidant en dernier ressort, et la honte de voir tranchées par une cour laïque les questions de doctrine, deviennent insupportables à un clergé que le contact avec le catholicisme a réveillé de la torpeur avec laquelle il supportait le joug de son pape laïc. Aussi, quelle que soit la vigueur avec laquelle l'Evêque d'Exeter pousse l'Archevêque de Cantorbéry sur la doctrine théologique, il est clair que le but réel de la lettre est d'attaquer l'abus des attributions données au judicial committee. Il condamne sans détour le jugement, et déclare en propres termes que « ceux qui l'ont porté sont coupables de la violation de leurs devoirs les plus évidents, et ont rendu un jugement évidemment opposé à la loi de l'Eglise. » Il revient cependant à sa thèse en terminant avec une vigueur remarquable:

Je dois maintenant accomplir. un devoir pénible. Je dois protester non-seulement contre le jugement porté dans cette cause, mais contre ses conséquences. Je dois protester contre ce que Votre Grâce va être nécessairement entraînée à faire, soit par elle-même, soit par ses délégués. Je dois protester et je proteste solennellement devant l'Eglise d'Angleterre, devant la sainte Eglise catholique, devant celui qui est son divin chef, contre l'acte par lequel vous donnez mission et charge d'âmes dans mon diocèse à un ecclésiastique qui déclare lui-même professer les hérésies que M. Gorham professe. Je proteste que quiconque lu donne mission avant qu'il se soit retracté, soutient et favorise lesdites hérésies; je proteste enfin que je ne puis sans péché, et que, grâce à Dieu, je ne veux pas rester en communion avec celui, quel qu'il soit, qui abuse ainsi de la haute charge qui lui est confiée. ›

L'émotion causée dans le public par cette lettre est grande, on peut le concevoir : le principe d'existence de l'Eglise anglicane est mis en question, et si le prélat, malgré la vivacité de sa polémique, est assez maître de lui pour ne pas écrire de phrases trop compromettantes, à l'endroit du pouvoir, il a derrière lui une masse qui va bientôt le pousser en avant, ou marcher sans lui, malgré lui s'il le faut.

Cinq jours après la publication de cette lettre, on en imprimait la neuvième édition!

Quel sera le résultat de ce conflit? « Prenez garde, dit l'Evêque

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d'Exeter, si un arrêt du conseil privé change la doctrine du baptêmè, il n'y a donc plus rien de certain parmi nous; on a besoin de vérité cependant, et on l'ira chercher, peut-être A ROME qui vante l'immuable repos de ses doctrines éternelles ! »

Sans doute, ce serait là le bon parti, et déjà de nombreuses conversions ont prouvé que la lumière se fait dans les rangs de la hiérarchie anglicane; mais que le retour de la nation au catholicisme, que l'abdication du pouvoir usurpé par Henri VIII, est une chose difficile !

En vain le trouble se met parmi les défenscurs de l'Eglise établie; en vain cette parole « telle qu'on n'en a pas entendu de pareille depuis trois cents ans » met au jour la plaie qui les ronge; en vain on jette à cette Eglise le défi « d'interpréter son propre symbole, de déployer une autorité législative qui puisse commander les consciences; » en vain on proclame que « la liberté de l'Eglise et de la conscience n'est qu'un mensonge, si la voix de l'Eglise d'Angleterre est étouffée par un abus aussi monstrueux de la prérogative de la couronne,» tous ces cris arrachés par la situation aux anglicans seront probablement étouffés par des intérêts redoutables: l'intérêt politique qui s'est identifié avec l'Eglise établie, et l'intérêt personnel qui s'y rattache par mille points. Avec une société constituée comme celle de l'Angleterre, avec un épiscopat si puissant par ses richesses et son influence sur les hautes classes, avec une aristocratie que ses droits de patronage lient intimement à l'Eglise par les intérêts pécuniaires, et qui la veut intacte parce qu'elle s'y retranche comme derrière son boulevard le plus fort; n'est-il pas probable qu'au moment où une partie du clergé accuse l'autre d'hérésie et est à son tour accusée de tendances papistes, le pouvoir, redoutant la dissolution prochaine de cette Eglise factice, tentera de la dominer pour la conserver et se jettera dans cette voie que les Ecossais appellent l'Erastianisme, c'est-à-dire l'absorption de l'élément spirituel par le pouvoir séculier ?

Il ne faut pas se le dissimuler: les puséistes ne sont pas encore tous prêts à abandonner de riches prébendes, pour résister librement en face aux envahissements laïcs; et puis, tant qu'ils resteront sur la pente où ils se sont placés, ils manqueront d'un point d'appui. Ils se débatter contre les conséquences du principe posé il y a trois siècles, elles leur paraissent monstrueuses, et ils ont raison; mais quoi qu'ils disent et fassent, tant qu'ils ne répudieront pas nettement le principe lui-même, ils resteront dans des embarras inextricables. Le pouvoir, averti par le nombre et la gravité des protestations, va sans doute agir avec prudence; il laissera reposer les armes que les statuts lui mettent aux mains, il amènera quelque compromis où se calmera l'agitation actuelle, et on croira tout fini. Mais, non! l'institution est frappée au cœur, les idées continueront leur marche, quelque circonstance nouvelle fera éclater de nouveaux symp

tômes plus caractérisés à chaque manifestation; cependant l'Eglise catholique prend tous les jours des forces, ses vieilles racines remuent et déjoignent les bases de la Babel hérétique, et devant elle finira par tomber cette puissance si longtemps sanglante et bientôt ridicule, aux pieds de laquelle a rampé l'Angleterre des Tudor.

E. DE VALETTE.

Dons et legs en faveur des établissements de
bienfaisance.

Une statistique très-intéressante vient d'être établie, au ministère de l'intérieur, d'après des documents officiels, sur les dons et legs faits par actes authentiques en faveur des établissements de bienfaisance. Cet important travail, dû au zèle et à l'intelligence de M. Labrosse, rédacteur aux archives, comprend un espace de quarantesix ans, et est divisé en trois périodes; il en résulte que les dons et legs de toute nature se sont élevés :

1° Depuis l'an 9jusqu'au 26 mars 1814, à la somme de 14,921,703 fr. 47 c., répartie ainsi qu'il suit entre les divers établissements de bienfaisance :

Hospices et hôpitaux. 8,979,438 fr. 68 c.

Bureaux de bienfaisance et autres établissements analogues. 5,942,264 fr. 79 c.

Total égal, 14,921,703 fr. 47 c., soit un peu plus d'un million par

an.

2. Depuis le 27 mars 1814 jusqu'au 30 juillet 1830, à la somme de 51,020,774 fr. 49 c., répartis de la manière suivante :

Hospices et hôpitaux. 32,358,105 fr. 75 c.

Bureaux de bienfaisance et autres établissements analogues. 18,662,668 fr. 74 c.

Total égal, 51,020,774 fr. 49 c., soit plus de trois millions par an. 3° Du 1er août 1830 au 1er janvier 1846, à la somme de 56,561,972 fr. 47 c., savoir :

Hospices et hôpitaux. 31,255,815 fr. 66 c.

Bureaux de bienfaisance et autres établissements analogues. 25,306,156 fr. 81 c.

an.

Total égal, 56,561,972 fr. 47 c., soit près de quatre millions par

Les trois périodes réunies donnent un total général de 122,504,450 fr. 43 c., qui se décompose ainsi qu'il suit :

Sommes d'argent,

Immeubles évalués en argent,
Valeurs diverses, etc.,

Rentes sur l'Etat,

Id. sur particuliers,

67,788,673 fr. 35 c.

30,103,469 64

2,532,754

75

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Il est à remarquer que, dans cette somme de 122,504,450 fr. 43 c., ne sont compris ni les dons et legs inférieurs à 300 fr. et pour lesquels l'autorisation du gouvernement n'est pas nécessaire, ni ces libéralités de chaque jour que répand la bienfaisance publique sous toutes formes diverses, aumônes directes, souscriptions, ventes, loteries, fêtes de bienfaisance, etc.

Nouvelles Religieuses.

ROME. - S. E. le cardinal Gazzoli est rentré le 22 mars à Rome.

Le cardinal de Torrecremata, de l'ordre des Frères-Prêchenrs, institua en 1460, en l'honneur et sous le titre de l'Annonciation, une société de deux cents citoyens romains, et leur donna des constitutions suivant lesquelles ils se réunissaient à certains jours dans l'église de Sainte-Marie Sopra Minerva (église du grand couvent des Dominicains.)

En 1465, ils résolurent de se rendre utiles au prochain en recueillant des aumônes pour doter de pauvres filles. Grégoire XII, en 1581, érigea cette pieuse union en archiconfrérie.

De nombreux bienfaiteurs aidèrent de leurs dons cette charitable entreprise, et parmi eux surtout le Pape Urbain VII qui la fit héritière de son patrimoine. En 1680, deux cents jeunes filles étaient dotées et près de quatre cents en 1700.

La pieuse institution ayant subi les tristes conséquences des événements politiques, Pie VII, en 1819, députa nn cardinal à sa réorganisation. La surveillance dn Cardinal-visiteur dura jusqu'en 1858, époque où Grégoire XVI remit à l'archiconfrérie la libre administration. Depuis cette époque, 197,750 sc. (plus d'un million) ont été donnés en dot.

C'est là une de ces belles institutions dont Rome abonde, et qu'il serait heureux de voir s'établir dans nos grandes villes, où tant de jeunes filles exposées à toutes les séductions et gagnant difficilement leur vie, seraient sauvées par cette prime accordée à la sagesse.

DIOCÈSE DE PARIS. - Un sermon de charité sera prêché en l'église Saint-Ambroise, le dimanche 7 avril 1850, à l'issue de la messe de midi et demi, par M. l'abbé Laine, vicaire de Saint-Louis-d'Antin, en faveur d'un grand nombre d'enfants pauvres qui ne peuvent fréquenter les écoles.

Ce sermon sera suivi d'un salut solennel, en musique, qui sera donné par M. Martin de Noirlieu, curé de Saint-Louis-d'Antin.

La paroisse de St-Ambroise a une population de 51,000 habitants, et cependant ne possède sur son territoire aucune école gratuite pour les filles. Elle n'a que deux écoles bien insuffisantes pour les garçons. On a la confiance que l'autorité supérieure mettra bientôt fin à cet état déplorable, qui a de si graves conséséquences pour l'avenir d'un très grand nombre d'enfants privés de toute éducation.

Cette œuvre que l'on propose au zèle des âmes charitables, ne sera donc, il faut l'espérer, que temporaire.

DIOCÈSE DE NANTES.-Nous avons déjà entretenu nos lecteurs de la charmante église de Saint-Antoine de Padoue, remarquable construction du quinzième siècle, arrachée à la destruction par le zèle du pieux Evêque de Nantes et par la charité des fidèles. Cette église, pleine de souvenirs historiques et chrétiens, a été récemment rendue au culte et Mgr Jaquemet l'a dédiée à la très sainte Vierge, sous le titre de son Immaculée Conception. Bien que ce saint édifice soit encore

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