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« Ajoutez à cela que l'intérêt public n'avait pas été perdu de vue; car c'était pour porter les ouvrages d'art et d'industrie à leur plus haut degré de perfection qu'on avait confié aux ouvriers anciens et expérimentés la direction des novices.

«Malheureusement, à côté d'un principe d'ordre et d'amour, les corporations des métiers renfermaient un principe d'exclusion..... Peu à peu le sentiment chrétien s'affaiblissant, le bien diminua, le mal s'accrut, etc. »

L'auteur que nous venons de citer est M. Louis Blanc (1).

Cet auteur, qui a fait ses preuves en fait de socialisme, reconnaît cependant qu'un esprit d'égoïsme et d'exclusion se répandit dans l'organisation de l'industrie, du moment que le christianisme cessa de la dominer, de la pénétrer de son esprit de charité.

Mais qui ne voit que si la religion était si puissante dans la société, c'est parce qu'elle était crue, obéie, pratiquée avec ferveur, par les individus et dans le sein des familles? Il semble donc que pour amener le renouvellement des admirables institutions de cette époque, il faudrait avant tout favoriser les efforts que ne cesse de faire notre clergé catholique si plein de zèle, pour enseigner la jeunesse et pour prêcher l'âge mûr. Il faudrait ne pas craindre ces assemblées des Evêques, ces conciles qui font circuler la sève et la vie dans le corps de l'Eglise. On devrait enfin ne gêner en aucune manière les relations de la papauté avec les enfants dispersés de son royaume spirituel.

Alors, par suite de ces doctrines de fraternité, de solidarité et de charité, que, bien avant le socialisme, et avec bien plus de foi et de puissance, les disciples de l'Evangile ont prêchées et pratiquées, on verrait peu à peu disparaître le servage moderne de l'industrie, comme a disparu jadis le servage féodal. On verrait mettre un terme à ces luttes meurtrières de la concurrence, comme on a vu, au moyen âge, succéder la paix de Dieu aux guerres privées. La discipline et l'harmonie sociale naîtraient tout naturellement de l'unité de foi et de morale pratique, comme la fleur sort de son germe pour s'épanouir avec éclat aux rayons du soleil.

Je ne sais pas quand et comment tous ces progrès pourraient un jour s'accomplir: l'Eglise n'a donné de mission à personne pour le dire et l'annoncer au monde. Quand saint Paul demandait que les maîtres traitassent leurs esclaves comme des frères, quand saint Augustin recommandait les affranchissements individuels, ni l'un ni l'autre probablement ne prévoyait précisément que l'esclavage serait aboli d'une manière absolue dans les institutions sociales. Lorsque saint Louis et Etienne Boyleau réglementaient l'industrie de leur temps, ils obéissaient, sans bien s'en rendre compte, à ce souffle du christianisme qui animait, qui vivifiait tout à l'époque du moyen (1) Histoire de la Révolution. Tome Ier

âge. C'était une œuvre entreprise et accomplie exclusivement par des laïques, mais que le clergé venait ensuite sanctionner, seconder et bénir. Or, serait-il impossible d'imiter ces exemples, même dans notre temps de sécularisation et d'émancipation civile ?

Ainsi donc, apôtres modernes de la fraternité et de la charité, qui procédez, plus que vous ne le pensez vous-mêmes, de l'Evangile et de l'Eglise, créez des établissements industriels, où règnent la foi et les bonnes mœurs, où l'ouvrier soit traité comme un frère, et non comme une machine insensible, où le travailleur soit associé aux bénéfices du maître sans être exposé à mourir de faim dans les années où ces bénéfices, se changent en pertes; industriels bienfaisants et vraiment chrétiens, faites toutes ces choses pour l'amélioration du sort de vos semblables, versez ce baume céleste sur les plaies de l'humanité; et fussiez-vous des frères séparés, comme le Samaritain de l'Evangile, l'Eglise vous secondera et vous bénira, elle mettra sur votre œuvre son sceau divin, elle vous placera, comme l'a fait son divin Maître, au dessus du pharisien qui n'aura fait que se vanter devant l'autel de sa dévotion égoïste et fastueuse.

Mais, de grâce, avant de taxer d'inertie et d'impuissance cette grande et sublime institution, l'Eglise, nous vous en supplions, si vous voulez défendre la société, unissez-vous à nous pour obtenir sa liberté, son expansion complètes. Que l'Eglise puisse agir sans aucune entrave pendant un demi-siècle, nous n'en demandons pas davantage: et après cette épreuve, qui n'a pas encore été faite, il vous sera permis de juger si le christianisme ne peut plus rien pour le bonheur des sociétés humaines.

ALBERT DU Boys.

(La suite à un prochain numéro.)

Au moment où le Saint-Père rentre à Rome, on s'intéressera davantage à l'offrande faite d'une épée d'honneur au général Oudinot. La Gazette de Lyon publiait, il y a peu de jours, la lettre suivante de Mgr l'Archevêque de Besançon :

<< Monsieur,

Besançon, 1er avril 1850.

« Je souscris de tout mon cœur à la généreuse pensée d'offrir une épée d'honneur au général Oudinot.

Je vous envoie ci-joint un mandat de cinquante francs sur la poste. Je désirerais que mes charges me permissent de faire davantage, et de témoigner, par un don plus considérable, toute la reconnaissance que je partage avec les catholiques pour la manière dont le général Oudinot et sa brave armée ont mené à bonne fin une entreprise aussi chère aux cœurs chrétiens et français.

Veuillez agréer, Monsieur, pour vous et pour les membres de la commission, l'expression de ma considération la plus distinguée.

+ CÉSAIRE, Archevêque de Besançon. ›

Nous savons que plusieurs autres Evêques ont aussi fait connaître leur adhésion à M. H. Ferrand, président de la commission chargée de recevoir les souscriptions et de faire exécuter l'épée.

Nos lecteurs aimeront à trouver ici quelques passages du programme arrêté par la commission:

Cette épée sera droite, avec la poignée en forme de croix. C'est l'épée traditionnelle des causes saintes: celle que portaient les Croisés.

Sur la poignée seront ciselées, en pied et en haut-relief, les deux grandes figures historiques de Constantin et de Charlemagne, les fondateurs et les défenseurs de la puissance temporelle des Papes.

Sur l'une des faces du croisillon formant la garde de l'épée, sera ciselée en bas-relief la défaite de Maxence, triomphe du christianisme sur le paganisme antique, grand fait historique symbolisant le triomphe récent de l'armée française sur le paganisme moderne qui, sous le nom de SoCIALISME, Sape les bases fondamentales de toute société.

Sur l'autre face du croisillon, le bas-relief représentera le général Oudinot offrant les clefs de Rome à Sa Sainteté Pie IX.

Sur le fleuron supérieur qui couronnera l'œuvre et formera le pommeau de l'épée, l'artiste aura à ciseler le Christ remettant à saint Pierre les pouvoirs qui, par leur transmission, doivent assurer la perpétuité à cette Eglise contre laquelle l'enfer ne saurait prévaloir.

Sur les fleurons à deux faces du croisillon, d'un côté on placera les armes de Lyon, et de l'autre, celles de Rome; au revers, d'un côté, un monument de notre ville : la cathédrale de Saint-Jean; et de l'autre, un monument de la ville sainte la basilique de Saint-Jean-de-Latran.

:

L'église de Saint-Jean est l'église primatiale des Gaules, comme l'église de Latran est la basilique pontificale par excellence.

Sur la lame seront gravées et incrustées d'or les armes du brave général, ainsi que l'épitre dédicatoire. Au bas du fourreau sera l'archange StMichel, le patron de la France, terrassant Satan, le type de l'orgueil et de la révolte.

La commission a évité toute allégorie païenne pour conserver à ce monument le caractère solennel et chrétien qu'il doit avoir:

Nouvelles Religieuses.

ITALIE. ROME. Le Giornale di Roma du 9 avril contient la notification suivante :

La divine Providence, après avoir rétabli dans les Etats du St-Siége, par le moyen des braves armées catholiques, l'ordre qui avait été troublé et détruit par les déplorables excès d'une insurrection funeste, daigne aujourd'hui mettre le comble à sa haute faveur, en rendant le Souverain-Pontife à l'attente générale de ses dévoués sujets, qui voyaient avec doulour se prolonger les jours amers de la violente séparation; tandis qu'il n'était pas moins pénible pour le Saint-Père de rester si longtemps éloigné de ses enfants aimés. Appelés jusqu'ici à le représenter, nous avons aujourd'hui à remplir le plus agréable des devoirs, en donnant aux populations de l'Etat pontifical la nouvelle d'un retour si désiré, qui va

réaliser l'objet du concours généreux des puissances amies, en rétablissant l'auguste chef de l'Eglise catholique dans ses Etats temporels. Nous avons donc lieu de nous promettre, qu'outre les démonstrations de fêtes extérieures, on aura généralement à cœur les preuves durables de fidélité et d'attachement pour le très-excellent Père et Souverain, résultant de l'observation des devoirs imposés par l'obligation de la justice et le sentiment de la gratitude. Ainsi sera satisfaite la confiance qu'il a dans l'amour des honnêtes gens; ainsi seront pleinement récompensées ses sollicitudes paternelles par leur véritable et constant bien-être. L'entrée de Sa Sainteté dans sa capitale par la porte Saint-Jean, aura lieu, suivant ce qui a été réglé, vendredi, 12 du courant, vers quatre heures de l'aprèsmidi. Sa Sainteté, après avoir visité la Basilique patriarcale de Latran, se rendra avec son cortége par la rue du Colisée, la place des Apôtres, la rue Popolo, à la Basilique patriarcale du Vatican et de là elle montera an palais apostolique. ⚫ Donné à notre résidence du Quirinal, le 9 avril 1850.

« G. Card. della GENGA SERMATTEI ;

« L. Card. VANNICELLI CASONI;
L. Card. ALTIERI. »

- On vient de publier à Rome un opuscule très-intéressant sous ce titre : Jugement de l'Episcopat italien sur la cause des Jésuites. On y trouve les témoignages de soixante-dix Evêques et plus, en faveur de l'institut de la Compagnie de Jésus.

DIOCÈSE DE PARIS. Aujourd'hui a eu lieu, dans l'église Saint-Sulpice, en faveur de l'OEuvre de la Sainte-Enfance, une cérémonie touchante à laquelle ont assisté les élèves de la Doctrine chrétienne, dont la bonne tenue et le pieux recueillement font si bien l'éloge de leurs zélés instituteurs. Des chants ont été exécutés par les enfants de la rue de Fleurns avec un ensemble et une précision admirables. La cérémonie a été terminée par une allocution toute paternelle de M. le curé.

DIOCÈSE DE CAMBRAI.

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Le douloureux événement dont le diocèse de Cambrai était menacé depuis longtemps, vient d'arriver.

Aujourd'hui, 17 avril, vers deux heures et demie du matin, S. E. le CardinalArchevêque Pierre Giraud a expiré sans agonie.

Avant-hier, M. Charles, curé de Fourmies, avait été, sur l'ordre du Prélat, introduit auprès de lui, et l'illustre malade l'avait entretenu longtemps, et avec une liberté d'esprit parfaite, de toutes les affaires qui concernaient cette importante paroisse. Comme M. Charles lui présentait le Mois de Marie qu'il vient de faire imprimer : Ah! s'est écrié en souriant le Prélat, je voudrais bien être en état de le lire!

Hier au soir, M. l'abbé Serres, chanoine honoraire de la métropole, l'avait quitté pour retourner à Paris, plein d'espérance.

Durant la nuit, S. E. se trouvant mieux, engagea instamment ses domestiques à aller se coucher.

Tout-à-coup on le vit défaillir, et on courut chercher M. l'abbé Debord, son secrétaire intime et son ami, qui arriva juste à temps pour recevoir son dernier soupir. M. Giraud, son frère, qu'on était également allé avertir, arriva trop tard. Il était deux heures et demie du matin.

Les prescriptions du cérémonial pour l'ensevelissement des Evêques ont été remplies par des ecclésiastiques; puis le corps du cardinal a été déposé sur un lit, en attendant la chapelle ardente où il devra être transporté, revêtu de ses habits pontificaux.

A dix heures du matin, le chapitre est venu jeter l'eau bénite et réciter le De profundis sur le corps.

Ensuite, il s'est rendu à la métropole, d'où, après le chant du Veni Creator, il s'est retiré dans la salle des délibérations, pour procéder à l'élection des vicaires capitulaires. L'administration diocésaine a été conservé tout entière: elle reste composée de MM. Philippe, Giraud, Bernard, Leleu et Bonce.

Demain, on doit établir la chapelle ardente dans la chapelle de l'archevêché. DIOCESE DE BESANÇON. - Martignat-sur-Jeurre. Mardi dernier, M. Reffay, desservant de Martignat-sur-Jeurre, a été trouvé mort au-dessous du chemin qu'il suivait en revenant de Lect chez lui. Il avait quitté le village de Lect fort tard dans la soirée, malgré les instances pressantes de son confrère, qui l'avait vivement engagé de coucher dans son presbytère. M. Reffay résista à ses offres, et, comme la nuit était fort obscure, il s'était muni d'une lanterne. Arrivé à un endroit nommé la Glairière, son pied a glissé, et cette chute la précipité du haut d'un rocher, d'où il est encore tombé plus bas, à 10 mètres de hauteur. Le lendemain, un homme de Martignat, qui allait voir des parents à Lect, aperçut le cadavre de M. Reffay gisant dans le fond du précipice. Il est rapidement retourné sur ses pas, et a ramené le maire et plusieurs personnes qui l'ont relevé, et qui ont fait tout de suite prévenir le juge de paix du canton. On a trouvé, d'un côté, la lanterne brisée, et de l'autre, trois pièces de 5 fr. et une d'un franc.

M. Reffay était allé assister à une distribution des prix de l'école communale de Lect. Il est très-regretté pour sa tolérance et sa charité. C'était un pasteur très-instruit et d'une grande expérience. C'est une perte sensible pour ses parents et ses nombreux amis.

DIOCÈSE DE LYON. On lit dans le Courrier de Lyon :

En 1658, une épidémie, décimant la population de l'hospice de la Charité, frappait surtout les enfants. Des prères incessantes étaient adressées à Dieu et à la sainte Vierge, pour obtenir la cessation du fléau. Ces prières furent exaucées.

En actions de grâces, le personnel de l'hospice se rendit en procession à Fourvières. Ce personnel se composait de MM. les administrateurs, les aumôniers, les frères et les sœurs, les enfants et vieillards des deux sexes. La chapelle fut trop petite pour recevoir tous les assistants, et un grand nombre d'entre eux resta en prière sur la terrasse.

Au retour, le conseil d'administration décida que chaque année, à pareil jour, la même cérémonie aurait lieu. Depuis cette époque, la décision du conseil reçut son exécution jusqu'en 1855, si nos souvenirs sont exacts, et la cérémonie se faisait le troisième mercredi après Pâques.

‹ Dans sa dernière séance, le conseil a arrêté que cette année il assisterait en corps à la procession, mercredi prochain 17 avril.

La cérémonie dont parle le Courrier de Lyon continue chaque année de la part des aumôniers, des frères, des sœurs, des enfants et des vieillards. Les administrateurs des hospices avaient cessé de s'y montrer depuis 1831. Ils viennent de décider qu'ils y assisteront à l'avenir. Nous ne saurions trop féliciter le conseil

de cette résolution.

Séance de l'Assemblée.

La loi de déportation avance. L'Assemblée a voté aujourd'hui, mais non sans débats, le principe des deux natures de déportation, et le lieu même où ces peines seront subies. Il y aura d'abord une dé

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