Page images
PDF
EPUB

lice. Alors il a fallu recourir aux sommations légales, et le rassemblement s'est promptement dispersé devant une charge vigoureuse faite à la baionnette par le bataillon du 11° léger, appuyé par un escadron de l'école de cavalerie.

Dans cette circonstance, le 11° léger, contre lequel des imputations calomnieuses étaient dirigées, a donné par là un éclatant démenti à ses détracteurs et un témoignage de sa fidélité à la discipline, de son dévouement à l'ordre.

A Paris, il a été monnoyé, en 1849, pour 29 millions d'or. Dans les quatre ateliers monétaires de Paris, Bordeaux, Lyon et Strasbourg, le monnayage en argent s'est élevé à la somme de 206 millions de francs. Paris, à lui seul, en a frappé pour 183 millions.

- Au mois de février dernier, une excavation se manifesta sur la terrasse du palais de Versailles, auprès du groupe de Latone, et plusieurs personnes failfirent être englouties par cet éboulement. Cet accident aura des résultats trèsfâcheux pour la ville de Versailles. En effet, les conduites des eaux ont été tellement endommagées par le bouleversement des terres, que les grandes eaux ne pourront jouer avant que des réparations que l'on évalue à une dépense de près de 250 000 francs, aient été exécutées.

-

Un événement déplorable est arrivé à Chaillot, dimanche 14, à la sortie de l'église. Deux jeunes garçons, fils d'un honnête ouvrier, descendaient sur le bord de l'eau pour repêcher quelques pommes qui flottaient sur la Seine. Tout à coup le plus jeune, un enfant de onze ans, perdit l'équilibre et disparut. L'aîné, à peine âgé de treize ans, lui tendit la main pour le sauver, mais il fut bientôt exténué lui-même, et tous les deux disparurent au milieu des flots.

Un militaire de la manutention, témoin de cette scène, n'écoutant que son courage, se précipite au secours des deux jeunes gens. Malheureusement cet intrépide soldat avait oublié d'ôter son col, après lequel une des victimes se tint fortement attachée. Le militaire perd connaissance, et sans dé prompts secours pour le dégager, la Seine allait recouvrir un troisième cadavre.

- Un exemple que nous ne saurions trop recommander à l'imitation de nos communes rurales vient d'être donné par un certain nombre de commnnes de l'arrondissement de Laval. Andonillé, Saint-Germain-le-Fouilloux, Saint-Jeansur-Mayenne, Montflours, Saint-Germain-d'Auxure, Alexain, La Bigottière et Saint-Germain-le-Guillaume se sont entendus pour assurer aux pauvres malades les soins gratuits d'un médecin. M. le docteur Cool a bien voulu se contenter en faveur de cette as ociation, de modiques honoraires. Il ira visiter tous les pauvres malades auxquels MM. les curés ou les Sœurs de Charité auront délivré un bon de visite.

VARIÉTÉS.

Œuvres, industries et projets de charité et de zèle.

Notice sur l'OEuvre de la jeunesse de Marseille et sur son vénérable fondateur, M. Jean-Joseph ALLEMANT, mort dans cette ville, en opinion de sainteté, le 10 avril 1836.

(5 article. Voir les numéros 4994, 5001, 5013 et 5016.)

-

Les exercices de piété de tous les jours et des dimanches ne suffi

saient pas encore au zèle de M. Allemant. Attentif à tout ce qui pouvait contribuer à la sanctification de la jeunesse, et convaincu que cet âge, si porté par sa légèreté naturelle au relâchement, a besoin, pour persévérer, d'être constamment soutenu et excité; il avait établi dans son OEuvre la sainte et utile pratique des retraites.

Le troisième dimanche de chaque mois était consacré à la retraite mensuelle, laquelle avait lieu sans préjudice des amusements dont les jeunes gens doivent rarement être privés. Une courte instruction, une méditation sur les fins dernières, l'acte de préparation à la mort, tels en étaient à peu près les exercices: retraite facile, mais dont l'influence était cependant considérable, parce qu'elle suffisait pour faire rentrer en eux-mêmes les jeunes gens, et pour produire dans leurs esprits la forte et salutaire impression des vérités de la foi.

Les dix jours entre l'Ascension et la Pentecôte étaient aussi des jours de retraite. Il y avait, chaque soir, après le chapelet, un cantique glosé, un sermon et la bénédiction du T.-S. Sacrement. J'insiste sur le cantique glosé.

Quand nous avions chanté un ou deux couplets, M. Allemant en prenait texte pour nous adresser familièrement quelques paroles simples, vives, touchantes, après lesquelles le chant recommençait; puis revenait la glose, et ainsi de suite, pendant environ une demiheure. Ce mélange de cantique et de glose fait merveilleusement : ne pourrait-on pas employer avec fruit cette méthode, plus souvent qu'on ne le fait, dans les catéchismes, dans les assemblées de congrégations et de confréries, dans les missions et dans les retraites? C'est une des nombreuses manières de faire entendre la parole de Dieu; mais qui a des avantages particuliers et très importants. La tâche de l'orateur y est plus facile: il parle peu de snite et s'arrête quand il veut. Comme il n'a point dû préparer l'expression, pour des allocutions aussi courtes, il y est ordinairement plus simple, plus vif, plus incisif, que dans les grands discours. La facilité d'improviser, qui est d'un si grand prix dans le ministère de la prédication, pourvu qu'on ne s'en autorise pas pour négliger la préparation foncière, s'acquiert aisément par ces petits et faciles exercices de la parole. L'auditeur qui entendrait peu de choses à la fois, en est aussi moins fatigué. L'impression de la musique et du chant, favorise et augmente celle produite par l'orateur. Enfin, comme la glose, libre de sa nature, ne s'astreint point nécessairement à l'unité de sujet et peut se dispenser, au besoin, des transitions; l'on peut toucher à la fois à plusieurs sujets, entrer dans beaucoup de petits détails, être plus varié et plus pratique : en même temps que, par l'incomparable puissance du ton naturel, ton si rare dans la prédication, et qui, dans la glose, vient comme de soi, l'on s'insinue plus facilement dans les cœurs; l'on est plus persuasif, plus pénétrant; et-chose qui parait surprenante au premier coup d'oeil, mais qui ne l'est pas du

1

tout l'on obtient souvent plús de fruits par celle simple causerie de la glose, qu'on n'eût pu faire par un grand sermon. Quoi qu'il en soit, et pour revenir à notre sujet, ces gloses de M. Allemant sur les cantiques étaient très-goûtées, et elles ne contribuaient sans doute pas peu aux fruits de cette retraite dont nous parlions.

La retraite de l'Ascension, quoique générale et faite pour toute l'OEuvre, avait néanmoins un but spécial, celui de disposer les enfants à la première communion, qui se faisait le jour de la Pentecôle. Pour mieux atteindre ce but spécial, il y avait, pendant les trois derniers jours, des exercices particuliers et plus nombreux, en faveur de ceux qui devaient pour la première fois s'approcher de la table sainte. Ces trois jours, qui précédaient immédiatement la Pentecôte, étaient même, pour eux, une retraite complète, qu'on tâchait de rendre aussi douce et aussi supportable que possible à cet âge faible, en variant beaucoup les exercices, en y mêlant de paisibles récréations, en racontant des histoires, etc...

L'OEuvre de la Jeunesse, on le voit, avait le privilége de faire faire la première communion à ses enfants; et elle en usait, en effet, chaque année. Cette pratique ne s'établit pas sans quelque contradiction. On objectait, à bonne intention sans doute, mais peut-être sans assez de discernement, le droit des paroisses. Que de bien cette spécieuse objection a quelquefois empêché! que d'œuvres utiles elle a entravées et même étouffées ! Mais n'est-il pas évident que c'est la considération du plus grand avantage des âmes qui doit l'emporter dans les conflits de cette nature, pourvu, bien entendu, que tout se fasse dans l'ordre et avec l'autorisation de l'Evèque. Cette considération militait puissamment en faveur de l'Euvre de la Jeunesse dans la question de la première communion. L'OEuvre était établie pour aider les jeunes gens à persévérer. Or, toutes choses égales, n'est-il pas certain que les moyens de persévérance réussissent infiniment mieux, quand la main qui les applique est la même qui a conduit l'enfant pour la première fois à la table sainte? « L'ex«périence m'a appris, disait M. Allemant, que les jeunes gens qui a s'attachent le plus à notre OEuvre, et qui en prennent le mieux a l'esprit, sont ceux qui y ont fait leur première communion. »

Cette observation est importante, et mérite d'être particulièrement remarquée par ceux qui voudraient fonder des OEuvres de jeunesse sur le plan de celle de Marseille.

Mais la grande et la principale retraite annuelle de l'OEuvre de la Jeunesse, celle sur laquelle M. Allemant comptait le plus, et où l'expérience lui avait appris que Dieu versait le plus abondamment ses miséricordes, c'était la retraite du mois d'août, ainsi appelée parce qu'elle se faisait au mois d'août, sept. ou huit jours avant l'Assomption de la T. S. Vierge. M. Allemant avait coutume de l'annoncer longtemps à d'avance, et avec une solennité extraordinaire : il répétait même cette annonce plusieurs fois; toujours dans les ter

mes les plus pompeux. C'était un de ses secrets pour obtenir que les jeunes gens missent de l'importance aux choses.

Les jeunes enfants n'étaient point admis à celte retraite qui eût été beaucoup trop sérieuse pour eux. M. Allemant suppliait aussi de s'en abstenir tous ceux qui « craignaient de se gêner; qui ne pouavaient se passer de parler; qui avaient les genoux trop mous, etc..... » Il aimait mieux,-cc sont toujours ses expressions que je cite,-il aimait mieux « qu'on ne fit pas la retraite du tout, que de a la faire avec mal au cœur. » Il fallait « qu'on entendit voler une « mouche dans la maison pendant ces saints jours. » L'on ne saurait croire combien ces annonces et ces avis, si souvent réitérés, nous inspiraient d'estime et de respect pour les saints exercices de la retraite, et nous disposaient à les entreprendre avec ferveur et avec courage, de peur d'abuser, comme nous le disait sans cesse M. Allemant, d'une des plus grandes grâces de Dieu. » Ce que faisait ce sage directeur pour préparer ses jeunes gens à la retraite, faisait aussi de même, en proportion, pour les grandes fêtes,- je ne doute pas que les supérieurs des petits séminaires et des autres maisons d'éducation chrétienne ne le fassent dans les mêmes circonstances. Des fêtes et des retraites qui arrivent aux enfants, comme à l'improviste, sont des fêtes et des retraites perdues. Elles sont passées avant qu'on sache ce que c'est. Les hommes d'expérience me comprendront!

il

C'était un spectacle singulièrement édifiant de voir cent cinquante jeunes gens laïques, la plupart de quinze à vingt-cinq ans, se renfermer pendant une semaine entière; les uns, toute la journée; les autres, dans tous leurs moments libres, en cette maison de l'OEuvre, théâtre ordinaire de leurs jeux, et où maintenant régnait le silence le plus profond et le recueillement le plus austère. La sainte messe, pendant laquelle, après l'élévation, tous récitaient en commun et le front contre la terre, la prière Notam fac mihi viam in quâ ambulem (1), pour demander la grâce de la vocation; la psalmodie de l'office de la Sainte-Vierge qu'on terminait, le soir, dans les ténèbres, par le magnifique Salve, appelé Salve de la Trappe, et qui se chante en pur plain-chant, mais très-lentement et de manière à laisser expirer la voix et à mettre un repos après chaque mot; deux ou trois méditations d'une demi-heure chacune; deux examens de conscience, l'un particulier, l'autre général, et deux grands sermons: fels étaient, avec le chapelet et la bénédiction du Saint-Sacrement, les exercices journaliers des retraitants. Pendant les intervalles, les uns priaient au pied des autels; les autres se confessaient ou allaient prendre les avis du directeur; d'autres lisaient des livres de piété ou écrivaient leurs résolutions; tous, en un âge naturellement si léger, paraissaient graves, recueillis, silencieux, et tout occupés de la (1) Psalm. 142,

grande affaire de leur salut qu'ils étaient venus traiter avec Dieu dans la solitude.

Une telle retraite paraîtra peut-être un peu sévère pour des jeunes gens laïques. Mais M. Allemant savait se confier en la généreuse ardeur de cet âge. Il espérait beaucoup de la jeunesse ; et c'est pour cela peut-être qu'il en obtenait beaucoup. Je puis dire que toute grave et toute sérieuse qu'était la retraite du mois d'août, elle était suivie avec empressement et même avec plaisir. Aussi produisaitelle des fruits admirables. Beaucoup de conversions s'y opéraient, beaucoup de vertus chancelantes s'y affermissaient; et ce qui était un des fruits particuliers de ces saints exercices, chaque année beaucoup de vocalions s'y décidaient.

Voilà de quels abondants secours spirituels les membres de l'0Euvre de la Jeunesse étaient pourvus. On l'a vu : la parole de Dieu leur élait annoncée tous les jours, dans les gloses des pieuses lectures; tous les dimanches, dans les sermons et dans les avis; enfin, plusieurs fois chaque année, dans les graves et solennelles prédications des retraites. Quelles solides vertus une si forte éducation chrétienne ne devait-elle pas former, quand elle se prolongeait pendant les dix et quinze années que plusieurs de ces jeunes gens passaient dans l'OEuvre!

Au reste, il n'y avait rien de superflu dans l'emploi de tous ces moyens. L'ESPRIT CHRETIEN n'est pas si facile à former, si on l'entend bien, et surtout si on veut l'établir d'une manière tellement solide qu'il puisse durer une vie d'homme. Toutes les ressources du zèle n'y sont pas de trop; et c'est, de plus, une entreprise de trèslongue haleine, dans laquelle il faut nécessairement que le zèle emprunte le secours du temps. Dieu veuille donner à la France beaucoup d'hommes qui comprennent cela. L'éducation superficielle nous tuc. Je parle même de celle qui est donnée par des maîtres chrétiens!

Il me reste à entretenir les lecteurs de la prédication de M. Allemant, de la manière, de l'esprit de sa direction, et des principaux moyens qu'il employait, pour sanctifier, perfectionner et faire persévérer la jeunesse.

PAR UN PRÊTRE DU DIOCÈSE DE MARSEILLE.

(La suite à un prochain numéro.)

BOURSE DU 17 AVRIL.

Actions de la

Le 5 p. 100, 88 63 à 88 45. - Le 3 p. 100, 55 10 à 55 05. Banque, 2,080 00. - Ob.igations de la Ville, 1,270 00. Nouvelles Obligations, 1,127 50.5 p. 100 belge, 99. Emprunt romain, 78 518.

L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.

Paris, imp. BAILLY, DIVRY et Comp., place Sorbonne, 2.

« PreviousContinue »