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que les anciens appelaient si bien humaniores litteræ, voulant dire, sans doute, que l'étude de la littérature perfectionne dans l'homme ce qui est vraiment de l'homme. Oui, il faut que la civilisation ait un principe commun et que ce principe serve à élever l'homme; aussi, je mets ce principe plus haut encore que vous ne le faites. Vous le mettez dans la littérature, et moi je le mets dans la RELI

GION...

Ce principe commun, ces idées régénératrices, ce ne sera pas dans le De Officiis que je les prendrai, ce sera dans l'EVANGILE (1). »

C'est M. Saint-Marc-Girardin qui s'exprime ainsi dans son livre sur l'Instruction intermédiaire, publié en 1839, et qui rend ce noble et juste hommage à la nécessité et à l'efficacité de la religion dans l'enseignement même des classes les plus civilisées.

Nous n'ajouterons plus qu'un mot.

L'Ami de la Religion rendait compte récemment d'une publication destinée à dénoncer les vices radicaux du projet de loi belge de M. Rogier sur l'enseignement moyen. Parmi ces VICES RADICAUX, quel est le principal, l'essentiel, le fondamental, selon le vénérable auteur de cet écrit, d'accord, en ce point, avec Mgr l'Evêque de Langres; d'accord avec Mgr l'Evêque de Liége, dont le beau livre sur les vrais Principes en matière d'instruction publique est trop peu connu chez nous; d'accord avec toute la tradition la plus auguste et la plus sûre dans tous les pays chrétiens et libres ? C'est précisément la réalisation de ce système que le Correspondant aurait voulu faire triompher dans la loi de M. de Falloux! C'est le triomphe de cette proposition formellement énoncée et persévéramment soutenue par le Correspondant, mais partout et toujours condamnée, que « l'ensei« gnement religieux peut et doit être détaché ou banni, par la loi, « l'enseignement secondaire donné et réglé par l'Etat! »

(Correspondance particulière de l'AMI DE LA RELIGION.)

Fribourg, 16 mars 1850.

**

de

Puisque la pétition des PP. du grand Saint-Bernard, à votre Assemblée législative, doit naturellement amener la discussion sur les affaires de Suisse, il serait bien à désirer qu'on y sondât toute la profondeur de nos plaies. Nous espérons que vos grands orateurs ne failliront pas à la mission qu'ils ont reçue, de démasquer l'hypocrisie et de vouer à l'exécration publique les actes des méchants. Il y a un beau thème pour M. de Montalembert.

C'est lui qui, le premier, a sonné en France la cloche d'alarme, à la défaite du Sonderbund, lorsqu'il a prononcé dans la Chambre des Pairs ces paroles prophétiques: « Vaincu, je parle à des vaincus!» Il retrouvera toute son énergie pour dérouler au monde le tableau des injustices et des persécutions des hommes, dont il a flétri l'avé nement au pouvoir.

Nous espérons que M. Thiers, mieux instruit des faits et plus (1) 2e partie, p. 379.

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éclairé sur leurs conséquences, nous aidera aussi à nous relever. II a pu se faire illusion d'abord; mais aujourd'hui cela n'est plus possible.

Ce n'est pas le libéralisme, c'est le radicalisme qui a vaincu en Suisse, pour vaincre le lendemain à Paris, à Vienne, à Berlin et dans presque toute l'Italie. M. Thiers se réjouissait de la défaite du Sonderbund, parce qu'il croyait que c'étaient les amis de la France qui avaient triomphé. Mais non: M. Druey et compagnie ne sont pas les amis de la France, mais les amis de Cabet, de Proudhon, de Considérant, qui fut appelé par eux à Lausanne, en 1846, pour y donner des leçons de socialisme. M. Thiers est aujourd'hui traité en Suisse comme il l'est en France par les rouges.

Le conseil fédéral a beau se jeter à plat ventre devant la diplomatie française et européenne, on connaît les affections de ses principaux membres. Presque tous les gouvernants actuels de la Suisse sont le produit de la démagogie, sont vendus à la démagogie, sont initiés dans les secrets les plus intimes de la propagande. Qu'on lise le Confédéré de Fribourg, du mois de janvier 1848; on verra qu'à ses yeux tous les trônes étaient pourris, vermoulus, destinés à crouler au premier jour. On y trouvera, en un mot, la preuve qu'il était dans la confidence des grands projets qui éclatèrent quelques semaines plus tard. Ce qui rend la chose très-sérieuse, c'est que ce journal est l'organe du Gouvernement. Le président de notre conseil d'Etat est, de notoriété publique, président du comité de rédaction de cette

feuille!

Dans le canton de Vaud, c'est bien autre chose. Là, le socialisme est ouvertement professé par les régents. On y prêche l'organisation du travail. La Constitution dite de l'échelle, œuvre de M. Druey, consacre le droit au travail. M. Delarageuz, nom d'un singulier augure, président actuel du conseil d'Etat de Vaud, est, ainsi que plusieurs de ses collègues, un adepte public et avoué du socialisme; ce qui ne l'empêche pas d'approuver, pour le moment, la politique de circonstance et de nécessité du conseil fédéral. Le président du conseil d'Etat de Genève, M. Fazy, est connu de reste. C'est l'os des os, la chair de la chair de Mazzini et de tous les révolutionnaires.

A Berne, c'est encore mieux; car nous sommes dans le progrès, nous suivons un mouvement toujours ascensionnel. Là règne ce qu'on appelle la dynastie de Nassau; d'abord M. Snell, le chef des illuminés de l'Allemagne, sa patrie; puis M. Stompfli, son gendre, président du conseil d'Etat; puis enfin M. Noeggeli, encore un de ses gendres, président du grand Conseil. Nous pourrions poursuivre cette statistique; mais en voilà assez. Sont-ce là les amis de la France? M. Thiers les reconnaît-il pour les siens? La France, telle qu'il la comprend, telle qu'il la veut, pourrait-elle compter sur de pareils alliés?

(La suite au prochain numéro.)

Nouvelles Religieuses.

VOYAGE DU SAINT-PERE.-Les ministres de l'intérieur, de grâce et justice, de l'agriculture, du commerce, des beaux-arts et travaux publics, et le pro-ministre des finances, sont partis pour Terracine, pour y recevoir le Saint-Père.

Bien que le télégraphe nous ait donné des nouvelles plus récentes, nous consignons tout ce que les journaux italiens rapportent du voyage de Sa Sainteté. Rien ne peut nous être indifférent de ce qui touche à cet événement si grave dans la politique européenne, si doux pour nos cœurs catholiques. L'Osservatore Romano publie la nouvelle suivante arrivée par estafette :

Portici, 4 avril.

« Aujourd'hui à midi, sa Sainteté a quitté Portici pour rentrer dans ses Etats. -Les voitures de voyage sont parties ce matin pour Capoue.-Un convoi spécial du chemin de fer a porté le Saint-Père et sa suite à Caserte, où l'auguste voyageur passera la nuit. Le Saint-Père est accompagné de S. E. le cardinal Antonelli, des prélats et officiers de la cour pontificale, ainsi que de S. E. le cardinal Dupont et du chanoine Micard.—Demain Sa Sainteté continuera le voyage avec S. M. le roi Ferdinand II, qui accompagnera son hôte auguste jusqu'aux confins de ses Etats. Le cortége s'arrêtera à Sessa, Terracina, Frosinone, Villetri. ›

DIOCÈSE DE PARIS. — M. l'abbé Terlaing, fondateur d'une œuvre bien charitable, et déjà ancienne, dite OEuvre des souliers, où il chausse toutes les semaines une quantité de pauvres ouvriers de Paris qui se trouvent sans chaussures, vient d'organiser dans le faubourg Saint-Antoine, 46, rue de Picpus, une autre œuvre, dite OEuvre du Saint-Cœur-de-Marie, pour recueillir les pauvres jeunes filles de treize ans et au-dessus, les nourrir et leur faire donner, par religieuses, une instruction primaire et professionnelle qui les mette à mème de vivre honnêtement et utilement dans la société. Cette œuvre étant en plein exercice et ayant obtenu l'approbation de l'autorité ecclésiastique, nous la signalons aux personnes charitables.

des

DIOCÈSE DE BESANÇON. Le diocèse vient de perdre un des anciens du sacerdoce, M. Rin.uey, curé de Fougerolles. Après avoir fait ses études à Besançon, il avait été enrôlé dans les armées républicaines, et ser vit pendant six ans dans les dragons. Mais sa vocation ayant résisté à cette épreuve, il revint à Besançou étudier la théologie. Prêtre en 1802, il célébra sa première messe dans T'église de Fougerolles, où il succéda à son oncle, et qu'il desservit pendant quarante-huit ans sans youloir la quitter, malgré les propositions réitérées de l'au1orité diocésaine.

DIOCÈSE DE TOURS.

M. Ravignan est allé visiter la colonie de Mettray. Mgr l'Archevêque avait voulu conduire lui-même le R. P. et célébrer dans l'église de la colonie une messe basse, à laquelle tous les enfants ont assisté. M. de Ravignan a adressé à ces jeunes malheureux une allocution qu'ils ont écoutée avec une respectueuse attention.

AUTRICHE. — On sait qu'en Autriche, par suite d'une tyrannie contre laquelle l'Eglise a toujours protesté, les Evêques ne pouvaient pas communiquer librement avec le Saint-Siége: il leur fallait pour cela le placet du gouvernement. On annonce que cette chaîne va être brisée. Voici ce que nous lisons dans la Gazette de Voss sous la date de Vienne, le 9 mars :

• La question du placet (sur les rapports directs des Evêques avec la cour de Rome) occupe tous les journaux. Ceux de l'opposition attaquent cette mesure, qu'ils qualifient d'ultramontaine. La presse ministérielle et les hommes du gou

vernement pensent que dans un Etat où la majorité des habitants professe la religion catholique, quelques avantages doivent leur être accordés. Le Lloyd, qui ne s'est pas prononcé clairement à cet égard, donne à entendre que cet acte du gouvernement pourrait avoir une haute portée politique. Nous pensons que l'Autriche voudrait étendre son influence sur le clergé catholique de l'Allemagne méridionale, de l'Italie et de la Pologne russe. >

Séance de l'Assemblée.

Le budget de l'intérieur a été repris, au commencement de la séance. On a successivement adopté la plupart de ses dispositions. Il n'y a eu d'escarmouches un peu vives qu'à propos de la subvention des théâtres et des secours aux condamnés politiques.

M. Raudot, avec l'admirable bon sens qui le caractérise, s'est élevé contre cette prétention étrange des comédiens de Paris à vivre sur les fonds de l'Etat. Si l'art dramatique est vraiment goûté en France, qu'il se suffise à lui-même. Il fait appel à des passions et à des séductions assez puissantes, ce semble, pour que ceux qui veulent jouir de ses plaisirs se donnent la peine de les payer. Mais, en vérité, grever le budget du pays entier d'une dette pareille, faire solder aux contribuables, aux paysans et aux pauvres les dispendieuses fantaisies de la capitale, les folles joies des histrions et les dévergondages de pensée, de style et de tableaux qu'étale la scène moderne, c'est une injustice et une erreur aussi inexcusables que funestes. Le scrutin de division a été demandé malheureusement, l'équité et le sentiment moral ont été battus. La subvention a été conservée, à une faible majorité.

:

Les condamnés politiques ont été moins heureux que les comparses. M. Morin (de la Drôme) a réclamé la réduction des cent mille écus que le budget accordait à tous ces vétérans de l'insurrection. Il y a quelque chose de profondément scandaleux dans ces rémunérations données à des conspirateurs que la justice du pays a frappés. C'est une prime offerte à la révolte et au complot. En vain M Joly est-il venu défendre les condamnés de la Restauration et les condamnés de Juillet. M. Berryer consentait à laisser tomber une aumône dans la main des indigents que nos discordes civiles ont réduits à la misère. M. Joly réclamait ce subside comme un droit. L'Assemblée, à une forte majorité, a rejeté le chapitre. C'est un acte de vigueur et de bonne politique.

Candidature de M. Eugène Sue.

La Voix du Peuple a publié aujourd'hui le compte-rendu détaillé de la séance du comité démocratique-socialiste, dans lequel M. Eugène Sue a été élu candidat pour l'élection du 28 avril.

La candidature du vénérable Dupont (de l'Eure) ayant été accueillie

avec peu d'enthousiasme, M. Arsène Meunier a cru devoir prononcer un speech en faveur de son honorable ami :

LE CIT. ARSÈNE MEUNIER. Je crois exprimer les intentions de l'honorable Dupont (de l'Eure) en déclarant que je ne persiste pas dans sa candidature. J'ai passé vingt ans dans son intimité; je l'ai vu hier encore; il n'avait accepté la candidature que pour rendre un dernier service à la démocratie; il nous suffit, quant à nous, de savoir que l'honorable Dupont (de l'Eure) n'a jamais démérité de la République.

La candidature du citoyen Dupont (de l'Eure) ayant été retirée, tous les orateurs inscrits pour et contre renoncent à la parole.

Le citoyen Gastineau a cru devoir présenter quelques observations au sujet de la candidature de M. Eugène Sue:

LE CIT. GASTINEAU. Je ne dis pas que le citoyen Eugène Sue ne soit pas socialiste, mais je dis qu'il n'est pas politique. L'Europe vous demande une élection politique, et c'est une élection romantique que vous allez faire.

Le mot est vrai dans un certain sens. C'est l'auteur de Mathilde, des Mystères de Paris et du Juif-Errant qu'on propose au vote des électeurs de Paris. Ces romans sont le programme politique et social du nouveau candidat. A ce point de vue, il ne sera pas sans intérêt de les examiner de près.

Nous rappellerons seulement aujourd'hui que ceux qui s'effrayaient après 1830 de la création d'une presse populaire dont la base était le roman immoral, ne s'effrayaient pas à tort. Les Brigands de Schiller ont fait en Allemagne des capitaines de voleurs. Les Mystères de Paris et le Juif-Errant ont fait des socialistes. Il était juste et logique que les disciples de M. Eugène Sue le reconnussent et le proclamassent comme leur maître et leur représentant. Voici le résultat du dépouillement du scrutin :

Nombre des votants,

Majorité absolue,

Les citoyens EUGÈNE SUE,

J. DANIEL (HENRY),

AUDRY DE PUYRAVEAU,

VILLEGARDELLE,

227

114

143 suffrages.

80

2

2

En conséquence, le citoyen EUGÈNE SUE ayant réuni la majorité des suffrages, est proclamé candidat du comité démocratique-socialiste de la Seine pour l'élection du 28 avril.

On lit dans la Patrie:

Nous avons entendu parler depuis deux jours d'une candidature populaire à l'élection du 28 avril, qui s'est produite spontanément dans les rangs de la garde nationale de Paris. Cette candidature est un événement. Le progrès rapide qu'elle a fait dans l'opinion parisienne nous fait un devoir de lui prêter notre publicité. « Le nom qui a été prononcé est celui de M. Leclerc. M. Leclerc est ce garde national qui se signala aux journées de juin par un trait d'un patriotisme et d'un stoicisme antique. A l'attaque d'une des premières barricades, le fils de M. Le

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