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Séance de l'Assemblée.

L'Assemblée a voté, au commencement de la séance, après une troisième délibération, la loi sur l'assainissement des logements insalubres.

Cette loi réalisera un bien modeste, mais pratique. Elle soulevait de nombreuses et délicates questions qui avaient été longuement et mûrement débattues par les esprits les plus compétents, dans la commission de l'assistance publique. Dans les termes où elle se présentait, à la suite de ces patients et consciencieux travaux, elle ne comportait pas de longs débats à la tribune.

Cependant, la commission a rencontré, cette fois encore, l'opiniâtre et infatigable adversaire qui lui avait fait antérieurement déjà une guerre acharnée. M. Roussel est un honnête Montagnard, qui, comme la plupart de ses collègues les plus modérés du côté gauche, ne touche aux meilleures propositions que pour les compromettre en les exagérant. M. Roussel avait donc rédigé, lors de la deuxième lecture, un contre-projet qu'il voulait faire discuter de préférence au projet de la commission. Après avoir vu repousser en bloc son système, il en avait encore reproduit les principales parties article par article, sous prétexte d'amendements. Cette fois encore, il a prétendu renouveler le combat, imprimer à la loi un caractère de généralité et de contrainte qui l'eût rendue, non-seulement vexatoire et insupportable, mais inapplicable à des maux très-réels, mais qui se produisent dans des conditions très-dissemblables.

Par la même occasion, l'honorable représentant, trouvant moyen de flatter le socialisme, proposait de soumettre la propriété à des servitudes jusqu'à ce jour' inconnues. Ainsi, aucun bâtiment public ou privé n'aurait pu s'élever désormais sans que les plans en eussent été préalablement examinés et approuvés par une commission spéciale, autrement dit sans autorisation préalable.

M. Henry de Riancey, rapporteur, a clairement indiqué le sens et la portée de ces amendements, et après l'avoir entendu, l'Assemblée a rejetés sans hésitation. A peine même ont-ils été appuyés. La loi a été volée à l'unanimité.

les

Il en a été de même d'une loi pour les appareils à vapeur. Mesure de sûreté publique, appréciée par tout le monde, cette proposition n'a pas rencontré un seul contradicteur : les articles, lus l'un après l'autre, ont tous été adoptés. Il sera passé à une troisième lecture.

L'impôt sur les chiens a eu aussi la faveur d'une seconde délibération presque sans débat. M. Sauteyra seul a pris la défense de ces amis de l'homme. » L'Assemblée a ri, mais n'en a pas moins voté. Les chiens, vraisemblablement, paieront patente.

Puis sont venues des interpellations. Elles n'étaient pas sur le programme, et elles n'en ont fait que plus de tumulte. On sait les scan

dales des dernières réunions prétendues électorales. Ces scènes révo tantes ont recommencé depuis quelques jours, sous prétexte de l' lection du 28 avril. Le gouvernement a fait fermer les clubs où tenaient ces séditieuses assemblées. Grande a été la colère des Mo tagnards. M. Baune, l'homme des résolutions ardentes, a porté l'a faire à la tribune.

« Je vais répondre immédiatement, » a dit M. le ministre de l'i térieur; et après une assez creuse harangue de l'interpellateur,! Baroche est venu révéler les doctrines inouïes qui se débitent da ces conciliabules de l'anarchie. Ici c'est un candidat à la délégatio accusé d'être propriétaire, qui est obligé de se disculper de cette a cusation, et qui la repousse en déclarant «que sa propriété est à ve dre.»>-Plus loin, c'est un démocrate qui se vante d'avoir «fait la chas aux gendarmes en 1830, aux municipaux en 1848, et d'avoir porté drapeau rouge à l'Hôtel-de-Ville. » Celui-là a été nommé délégu aux frénétiques applaudissements de l'assistance. Ailleurs, le prê apostat, le ridicule patriarche de la prétendue Eglise française, citoyen Châtel est venu glorifier les plus vils instincts de la matiè Dans un autre endroit, un orateur s'est écrié que lui aussi avait Dieu, et que ce Dieu c'était le soleil! A quoi le président de la ré nion, un peu honteux, avait dû ajouter en manière d'explication : « citoyen se trompe le soleil n'est pas Dieu, ce n'est que son co mis!» Voilà un échantillon des sottises, des infâmies, des blasph mes qui s'étalent dans ces assemblées électorales où se trouvent femmes et des enfants! Mais tout cela n'est rien : le pire, le plus testable, le plus honteux, c'est que de pareilles ignominies ont applaudies par une fraction de la Montagne, c'est que des rep sentants en ont revendiqué la solidarité et s'en sont fait gloire! Valentin, M. Bourzat et quelques autres se remuaient violemm et se pâmaient d'aise. Pour leur châtiment, nous aurions voulu toute la France fût là et les contemplât! Heureusement le Monit garde leurs noms pour l'histoire!

M. Baroche a eu de très-beaux et de très-nobles mouvements d dignation et d'éloquence, et M. Dupin a plusieurs fois flétri, avec verve courageuse, cet ignoble spectacle.

Pour y mettre le comble, M. Jules Favre est venu prendre la fense des réunions interdites. L'esprit et le talent lui ont manqué la violence n'a pas pu suppléer à ce défaut.

Après une énergique réplique de M. le ministre de l'intérie l'Assemblée a dédaigneusement passé à l'ordre du jour. C'est grand service rendu à la cause de l'ordre et de la paix publique.

Bulletin de la politique étrangère.

Dans une lettre d'Erfurth nous trouvons la rectification suiva relative à certains bruits qu'on avait fait courir sur la situation quelques-uns de nos diplomates avec cette partie l'Allemagne :

M. Rio, connu par son excellent ouvrage (de l'Art Chrétien) qui ouvrait une ère nouvelle à l'art chrétien en France, se trouve ici depuis quelque temps comme envoyé du gouvernement français, mais sans être formellement accrédité. C'est par erreur que plusieurs feuilles ont annoncé, à cause de son séjour à Berlin, qu'il y était envoyé par le Président de la République, et qu'une autre personne avait été mandée par le gouvernement français en mission à Erfurth; car, à l'exception de M. Rio, il n'y a ici aucun agent français. »

ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

Séance du 13 avril. - PRÉSIDENCE DE M. DUPIN.

L'ordre du jour appelle la troisième délibération sur la proposition de M. de Melun, concernant les logements insalubres.

L'Assemblée vote, pour la troisième délibération, tous les détails de ce projet de loi, et, pour la deuxième délibération, le projet relatif aux appareils et bâtiments à rapeur.

L'ordre du jour appelle la discussion de la taxe sur la race canine.

M. Santeyra classe les chiens au nombre des citoyens du suffrage universel; il déclare que le projet de loi est antidémocratique.

L'Assemblée décide qu'il sera passé à une troisième délibération.

M. LE PRÉSIDENT. M. Baune demande à interpeller M. le ministre de l'intérieur sur l'interdiction des réunions électorales à Montmartre et à Charenton, ainsi que dans les 7, 10 et 4e arrondissements de Paris.

M. BAROCHE, ministre de l'intérieur. Je suis aux ordres de l'Assemblée.

De toutes parts: Immédiatement.

M. LE PRÉSIDENT. M. Baune a la parole.

M. BAUNE. Les électeurs de la Seine sont appelés à user de leurs droits électoraux le 28 du mois courant.

Sil est un droit qui mérite d'être respecté, c'est à coup sûr celui qu'ont les électeurs de se réunir dans de grands comices où il puissent éclairer leurs choix. Tout récemment, les électeurs ont usé de ce droit sans qu'aucun délit ait pu être signalé, car aucune poursuite n'a eu lieu.

Cependant le droit de réunion vient d'être suspendu sur cinq points différents, où des citoyens paisibles, pleins du sentiment de leur force et de leur dignité, s'entretenaient entre eux de tout ce qui peut éclairer leur choix. Ces citoyens viennent d'être troublés dans l'exercice de ce droit. Eh bien! je demande si dans le temps où nous vivons, après la présentation de certains projets de lois que vous connaissez, vous ne trouverez pas cette infraction à la loi du premier suffrage universel, aussi grave que je la trouve moi

mème.

Je soutiens que nous avons le droit de nous éclairer sur le mérite des divers candidats. C'est en usant de ce droit que nous venons de donner une leçon au gouvernement dans les élections précédentes. Cette leçon, nous voulons la répéter. (Rires et interruption.

J'attends avec confiance des explications du ministre qui, en défendant le droit de réunion, a amené l'explosion de la volonté du peuple. Le droit de réunion est un droit primordial et antérieur. Vous ne pouvez nous le ravir. Si nous violons la loi, ce sera à vous de nous poursuivre.

Je prie M. le ministre de nous fournir des explications sur le fait que je viens de si

gualer à l'Assemblée.

MBAROCHE. Messieurs, l'honorable préopinant disait tout à l'heure que lors des élections du 10 mars on a donné une leçon au gouvernement, et qu'au 28 avril on se proposait de lui en donner une encore.

L'élection du 10 mars a eu ce résultat que dix représentants qui n'avaient pas l'ha

bitude de voter avec le gouvernement ont été remplacés par dix représentants qui p raissent devoir voter avec le gouvernement.

Si c'est là la leçon qu'on a voulu nous donner, si c'est là le résultat dont on se fé cite, à la bonne heure. (On rit.) Il arrivera que dans toutes les circonstances les de partis pourront chanter un Te Deum. (Nouveaux rires.)

M. Baroche, entre dans de longs et intéressants détails sur les clubs pour établir nécessité qu'il y avait pour le gouvernement de fermer certains clubs.

M. JULES FAVRE. Il faut que du haut de cette tribune parte une protestation éne gique.

Eh! qu'il me soit permis de dire qu'il appartient au cabinet actuel moins qu'à to autre de se montrer intolérant vis-à-vis du droit de réunion.

Le peuple ne peut voir, sans un sentiment que je ne veux pas qualifier, ceux qui o été les adulateurs de son triomphe, se faire ses persécuteurs et ses ennemis parce que vent de la fortune a changé. (Bruit à droite.-Approbation à gauche.)

M. BAROCHE. Je demande à répondre aux dernières paroles que vous venez d'e tendre. Je ne me proposais pas de prolonger ce débat, mais quand j'ai entendu M. Jul Favre dire que nous étions les persécuteurs du peuple...

A gauche: Oui! oui! (Rumeurs.)

M. BAROCHE. Vous nous parliez tout-à-l'heure de ces mesures que le peuple pourr prendre lui-même, c'est de la provocation; mais nous sommes tranquilles, le peup est trop sage; non, cela n'arrivera pas, surtout si nous empêchons ces tentatives de d sordre dont les réunions qui nous occupent sont le prétexte. (Très-bien !)

Nous avons confiance, nous avons toute confiance. (Oui! oui! Très-bien!) Et qua à l'expression dont s'est servi M. Favre, je la retourne contre lui. (Très-bien!) Je retourne contre celui qui a dit que nous étions les persécuteurs du peuple. (Nouve approbation.) Nous ne sommes pas les persécuteurs du peuple, nous sommes les exéc teurs de la loi. (Applaudissements.)

Nous sommes les exécuteurs de la loi; aujourd'hui comme toujours, les attaques pe sonnelles ne m'empêcheront pas de remplir mon devoir. (Très-bien! très-bien!) No jamais! (Nouvelle approbation.)

J'ajoute que jamais on ne réussira à mettre mon présent et mon passé en contradi tion. (Rires ironiques à gauche.)

On a beau m'attaquer dans des pancartes que chaque matin on reproduit en tête d' journal. (Exclamations à gauche.)

Que l'on m'attaque tant qu'on voudra, je ne m'émeus pas de ces attaques.
Une voix Et vous avez raison, elles n'en valent pas la peine.

M. BAROCHE. Et je ferai toujours énergiquement mon devoir.

Cependant un mot pour défendre, non ma personne, mais le pouvoir qu'on voudra anéantir et avilir, à moi que le hasard en a fait momentanémeut dépositaire.

On me reproche, et je ne le comprends pas, on me reproche d'avoir, en 1848, vice-président d'un club. C'est un bien grand crime à vos yeux. (Hilarité.) Mais prenez-y garde; je ne me suis pas rencontré dans ce club avec vous. (Très bien !)

Il y avait des gens honnêtes, et parmi eux M. Goudchaux, leur président, qui ont c qu'il fallait essayer de maintenir le respect de loi. Nous n'y avons pas réussi. (Mouv ments divers.)

On a imaginé de me représenter comme m'étant trouvé dans ce club avec un ind vidu qui aurait été transporté. Le fait n'est pas vrai ; M. Jules Favre sait que cette pe sonne est un officier ministériel qui exerce encore.

Assez sur ce point. Je répète que les excès qui se sont produits nécessitaient la d termination que j'ai prise. On me reproche de n'avoir pas poursuivi; le reproche injuste.

Des poursuites sont commencées; mais en même temps il ne fallait pas que le théât de ces excès restât dressé chaque soir pour l'édification de certain parti et la corru tion de la population de Paris. (Très-bien! très-bien !)

M. LE PRÉSIDENT. Je consulte l'Assemblée sur l'ordre du jour. (Agitation à gau che.)

L'Assemblée prononce l'ordre du jour à une grande majorité. (Exclamations à gauche.)

M. JOLY. On devait laisser répondre aux ministres.

La séance est levée à six heures un quart, au milieu d'une vive agitation.

Chronique et Faits divers.

La Patrie publie ce soir une lettre adressée par les sous-officiers du 34o de ligne, en garnison à Valenciennes, au rédacteur du Républicain du Nord, qui avait calomnié les chefs de ce beau régiment. Nous lisons dans cette lettre les paroles suivantes :

Nous ne croyons pas à votre sympathie, monsieur le rédacteur; il ne peut y en avoir entre nous et ceux qui chaque jour cherchent à détruire la discipline. Nos chefs ont toute notre confiance, ne croyez pas pouvoir la leur enlever par des insinuations mensongères. »

-On lit dans le Courrier de Marseille, du 8:

Nous annoncions, dans notre dernier numéro, à la vive satisfaction de ceux qui se préoccupent des grands intérêts de la morale publique, que plusieurs marchands d'habits confectionnés avaient formé le projet louable de fermer leurs établissements le dimanche et jours de fêtes chômées, afin de pouvoir laisser à leurs ouvriers et employés le temps de se livrer aux exercices religieux et aux douces joies de la famille.

L'initiative prise par ces honorables industriels a trouvé de l'écho parmi leurs nombreux confrères; tous ceux auxquels ils ont fait part de leur projet y ont adhéré avec un empressement qui les honore, et tout fait présumer que les quelques chefs de maison qu'il leur reste à voir encore, se hâteront de suivre le même exemple.

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Euvres, industries et projets de charité et de zèle.

Nous recevons la lettre suivante que nous sommes heureux de communiquer à nos lecteurs. Ils en apprécieront l'humble piété et le zèle pratique :

Monsieur le Rédacteur,

Les Variétés intéressantes que vous publiez sous le titre : OEuvres, industries, etc., deviendront, n'en doutez pas, une des parties les plus utiles de votre excellent journal, un des points les plus goûtés des lecteurs. Qu'il soit béni de Dieu et de ses frères le pieux et vénérable ecclésiastique qui vous en a proposé le premier la sainte pensée. Hélas ! il y a tant de plaies à guérir, tant de bien à faire en France, que vos lecteurs accueilleront toujours ces articles avec la plus grande faveur. Grâces au Ciel, il y a encore bien des âmes qui n'aspirent qu'au bonheur de réaliser par des faits positifs toutes les inspirations de la charité.

En de vos correspondants parlait, il y a quelques jours, de la nécessité des instructions spéciales pour les hommes. Ceci est d'une très-grande vérité. Au fond de nos provinces, nous gémissons profondément de la désertion des hommes. Les femmes presque seules demeurent fidèles aux saintes pratiques de la foi. Les hommes et les jeunes gens s'éloignent des sacrements; et le principe de la vie chrétienne, Jésus-Christ reçu par la divine Communion, est méconnu de ce grand nombre d'hommes qui cependant assistent encore à la sainte Messe les jours de Dimanche. Est-il possible que le pasteur des âmes n'en ressente pas une

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