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Issy.

Le

corps a été d'abord porté par des diacres, ensuite 'par des prêtres élèves du séminaire, et enfin par les directeurs.

Nous avons été frappés du profond recueillement qui a régné pendant toute la cérémonie; tout y respirait un parfum de piété qui portait l'âme

à Dieu.

Parmi les assistants à la grand'messe, dont plusieurs ont voulu accompagner le corps jusqu'à la chapelle d'Issy, nous avons remarqué NN. SS. les Evêques de Meaux et d'Orléans, Mgr Lassagni, accompagné d'un secrétaire de la nonciature, MM. les vicaires-généraux de Paris, les supérieurs de la plupart des communautés religieuses, le provincial des Jésuites, le P. Lacordaire, M. Etienne, supérieur des Lazaristes, M. Levasseur, supérieur des Pères de la Miséricorde, un Père Capucin, plusieurs chanoines, curés, et autres prêtres de Paris et de la banlieue. Il y avait un certain nombre de représentants du peuple, MM. de l'Espinay, Combes, Chauvin, de Gaslonde, Fresneau.

M. de Courson a été mis aux pieds de M. Duclaux, un de ses prédécesseurs, pour lequel il avait conservé une vénération pleine de reconnaissance, parce que c'est lui qui l'a reçu au séminaire et dans la Compagnie de Saint-Sulpice.

La Semaine-Sainte à Séville.

(Correspondance particulière de l'AMI DE LA RELIGION.)

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J'aurais à vous parler maintenant, à propos des cérémonies de la SemaineSainte à Séville, du concours prêté par l'autorité civile à la pompe de ces saints jours. Un ordre émané d'elle, et ponctuellement exécuté, réglait qu'à partir de la messe du Jendi-Saint, aucun crieur public, aucune voiture ne seraient admis dans les rues, que tous les cabarets et cafés seraient fermés sans exception. Les soldats, de leur côté, portaient leurs armes en grand deuil, crosse en l'air, même dans les marches et en montant la garde. On aime à retrouver encore, dans un coin de cette Europe bouleversée par l'impiété, un peuple qui ne croit pas pouvoir vivre de sa vie de nation sans autel et sans Dieu, sans une religion d'Etat, professée publiquement et honorée de tous.

Le Samedi-Saint, au moment du Gloria in excelsis, le tonnerre se fait de nouvean entendre à la cathédrale: on lui répond du dehors, par l'explosion d'armes à feu; toutes les cloches de la ville, mises en mouvement au signal parti de la Giralda, annoncent bruyamment la grande nouvelle de la Résurrection, tandis que les enfants et les ouvriers, ivres de joie et respirant la vengeance, se lifrent à l'exécution des Judas. Les Judas sont des mannequins suspendus à de hantes potences; on leur fait un procès dérisoire, ils tombent bientôt sous les coups de mille assaillants. Je l'ai dit en commençant : ce peuple ne ressemble à aucun autre, il lui faut du gigantesque ou de la violence; les impressions vul

gaires ne lui vont pas.

lui faut du gigantesque ! Voyez seulement ce tombeau du Jeudi-Saint, qui n'a pas son pareil au monde. Véritable monument du premier ordre, cathédrale

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dans une cathédrale, il demanderait un volume pour être décrit. Je ne l'entreprendrai pas. Voici cependant quelques données à son sujet. - Il s'élève au milieu de la grande nef; sa hauteur est de plus de 120 pieds. C'est un ensemble qui a quelque chose du Panthéon de Paris, plus quatre façades au lieu d'une. Il a 14 mètres de diamètre, 56 de circonférence en carré. Il est composé de quatre étages superposés : le premier, soutenu par seize énormes colonnes, qui renferment des escaliers intérieurs, est d'ordre dorique. Au centre, sur un soubassement d'argent de 4 pieds de haut, se voit la belle et riche custode d'or, et derrière elle un tabernacle, ou petit temple, aussi en or, d'un admirable travail, où se place le Saint-Sacrement. Quatre autres colonnes, un peu moindres, soutiennent un pavillon au-dessus du saint des saints. Mais ce qui frappe tout de suite les regards, ce sont huit statues colossales sur les chapiteaux des premières, représentant Abraham, Melchisédech, Aaron, Moïse, la loi ancienne, la loi nouvelle, etc.-Le second étage, ou corps de l'édifice, est d'ordre ionique. Il contient huit nouvelles colonnes, avec un autre pavillon au milieu, sous lequel est exposée une grande image du Sauveur en robe blanche, la couronne d'épines sur la tête, les bras ouverts dans la main droite est une croix dorée, dans la gauche un globe et au-dessus la tiare pontificale. Huit statues un peu moins grandes que nature sont posées sur les huit colonnes : c'est saint Pierre pénitent, Abraham armé du glaive pour le sacrifice, Isaac portant le bois, un soldat avec les dés qui doivent livrer au sort la tunique sans couture. D'autres colonnes, au nombre de huit, forment le troisième étage, rentrant sur les deux précédents : au centre est le Rédempteur attaché à la colonne de la flagellation. Tout cela est dans une proportion parfaite; chaque détail ressort sans confusion dans l'immensité du tout. Enfin, le dernier corps est une coupole avec lanterne de forme octogone, aux côtés de laquelle sont Marie et l'Evangéliste bien-aimé, qu'on ne sépare jamais ici. Notre-Seigneur crucifié, et les larrons à ses côtés, dominent le tout. Le Calvaire sert de couronnement au somptueux édifice. Partout éclate la blancheur de l'albâtre; l'or et les broderies étincellent de toutes parts aux innombrables lumières. Je ne parlerai pas des inscriptions tirées de la Sainte-Ecriture elles sont appliquées avec intelligence et piété. Le tombeau de Séville mérite à lui seul un voyage de deux cents lieues, et j'avoue que je suis surpris qu'il soit aussi peu connu.

Quant au luminaire, il tient du prodige outre 109 cierges d'une demi-livre chacun, il y en a 144 de deux livres, 40 de six livres, 34 de huit livres, 144 de 15 livres chacun. En tout, au tombeau seul, tant que le Saint-Sacrement y réside, 722 lumières; car il faut y ajouter 160 lampes en argent constamment allumées. Total de la cire: huit mille deux cent quatre vingt deux livres! Le -cierge pascal ancien avait un mètre 112 de diamètre; celui d'aujourd'hui, tout en cire, est simplement d'une telle élévation, que pour l'allumer, un enfant grimpe à un mât placé derrière lui, comme un matelot monte par les cordages à la hune de son vaisseau!

Il est assez curieux, après cela, d'entendre les habitants se plaindre de la panvreté des temps présents et en appeler aux Semaines-Saintes d'autrefois. Que devait donc être l'Espagne dans la splendeur de son culte, lorsque les restes en sont ce que je viens de dire! On a répété que ce peuple s'est appauvri pour ses églises noble pauvreté s'il en fut jamais, dépouillement héroïque qui se solde magnifiquement au ciel et que Dieu bénit dès ce monde de ses plus longues bénédictions.

Le jour de Pâques, l'office commence dès deux heures du matin, an son des cloches de la grande tour arabe ; cet appel au temple, lorsque les ténèbres sozst

encore épaisses, est d'une solennité singulière. Le lendemain, on porte en procession la communion pascale aux détenus des prisons. Un marché se tient pour les petits agneaux; on y voit accourir presque tous les enfants de la ville, qui em❤ mènent ensuite leurs innocents captifs attachés à des rubans de toute couleur. Tout est symbole, tout ramène aux pensées du saint temps. Quien no ha visto Sevilla, no ha visto maravilla. C'est le moment de le dire ou jamais.

Pendant que ces cérémonies s'exécutaient à Séville, Barcelone jouissait cette année d'un spectacle très remarquable. Plus de cent palmiers, apportés d'Afriques, décoraient un théâtre vaste et orné, où toutes les scènes de la Passion ont des représentées. Le concours des étrangers y a été considérable.

Agréez, etc.

Nouvelles Religieuses.

V. P.

VOYAGE DE S. SAINTETÉ. Le Saint-Père, avant de rentrer dans ses Etats, a l'intention de s'arrêter à Gaëte, lieu de tristes et à la fois consolants souvenirs. Pie IX veut déposer lui-même, aux pieds de la Madone, un calice qu'il a fait faire exprès pour laisser un témoignage de sa reconnaissance à la reine du clergé, dans cette ville où le vicaire de Jésus-Christ, exilé de Rome, a trouvé un accueil si filial.

Sa Sainteté passera par Alatri, ville assez peu importante, mais qui a acquis des droits à la bienveillance de son Souverain, par le refus qu'elle a fait d'arborer les couleurs révolutionnaires.

DIOCESE DE PARIS. L'Assemblée générale des directeurs et zélatrices de l'œuvre de la Sainte-Enfance aura lieu le lundi, 15 avril 1850, en la chapelle de MM. les Lazaristes, rue de Sèvres, 95.

Elle sera présidée par M. l'abbé Surat, vicaire-général de Paris, archidiacre Saint-Denis, qui célébrera la messe à neuf heures précises.

Après la messe. exhortation par M. l'abbé Brunet, chanoine vicaire-général de Limoges; ensuite bénédiction solennelle des enfants et salut.

DIOCESE DE NANTES.

- Nous reculons ordinairement devant le récit des sa

criléges qui viennent à notre connaissance. A quoi bon attrister notre âme en sigualant des excès heureusement assez rares, et perpétuer dans notre recueil le souvenir d'actes purement individuels et que réprouve l'immense majorité de ceux mêmes qui ne partagent pas nos croyances? Nous avions donc passé sous silence les ignoles insultes à la religion que s'étaient permises quelques furieux de la paroisse de Joué sur Erdre. Mais nous les retrouvons aujourd'hui avec de tels détails et surtout avec une circonstance si frappante que nous ne pouvons les taire davantage. Ces misérabbles donc, après avoir soulevé l'indignation génépar leurs manifestations impies, ont osé attacher une croix au cou d'un chien qu'ils ont ensuite chassé un jour de la Semaine-Sainte à travers les rues. L'animal fut bientôt arrêté par les habitants, et le signe vénéré de notre salut par eux à cette profanation. Toute la population était émue, quand une sinistre nouvelle vint ajouter la terreur aux sentiments de douleur et de colère. Laissons parler l'Alliance:

rale

arraché

(...

L'homme dont nous parlions, et qui cumulait les fonctions de gardechampêtre avec celles de secrétaire de la mairie, après avoir été l'un des auteurs de ces scènes, en devint soudain la victime. Frappé tout à coup d'une maladie foudroyante, il s'est vu, en quelques heures, réduit à l'extrémité. Dieu, qu'il avait blasphémé, daigna cependant toucher son cœur. Le malheureux voulut recourir

à la religion qu'il avait maudite; il appela le prêtre. Celui-ci accourut, entendit sa confession, lui administra le dernier des sacrements, et reçut de lui, en présence du maire et de plusieurs témoins, mission de faire publiquement, en son nom, amende honorable, et de demander pour lui pardon à toute la paroisse des affreux scandales qu'il avait donnés. Le lendemain, on portait le corps de ce pénitent dans la tombe, et M. le curé de Joué s'acquittait du haut de la chaire de l'église, de la commission de réparation qui lui avait été confiée.

Cette mort soudaine a paru à tous, et même aux complices du sacrilége, un acte de la justice divine. »>

DIOCÈSE DE METZ.-M. le ministre de l'instruction publique, appréciant les services rendus à la classe ouvrière par les écoles privées de Metz, tenues par les Frères des Ecoles chrétiennes, vient de leur envoyer un secours de 500 fr.

ROYAUME DE NAPLES. - Le Jeudi-Saint, le souverain Pontife s'étant rendu à Caserte, a donné la confirmation à LL. AA. RR. les princesses Maria Annunziata et Maria Clementina. Il célébra ensuite la messe, à laquelle il donna la sainte communion à LL. MM., à la famille royale et aux principaux officiers de la

cour.

Après la procession que suivit le Saint-Père, accompagné des cardinaux Antonelli, Riaro Sforza et Dupont, S. S. accomplit la touchante cérémonie du lavement des pieds. Les Apôtres étaient représentés suivant l'usage par douze prêtres, parmi lesquels un français, un espagnol et un chinois.

VENISE. - Le 4 avril, les Evêques suffragants de la province de Venise, se sont réunis en conférence, sous la présidence de S. E. le cardinal Patriarche. PIÉMONT. - Le clergé de la ville et du diocèse de Cuneo, a protesté contre · la loi Siccardi.

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BELGIQUE.

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- BRUGES. — Cérémonies de la fête du Saint-Sang. (Suite.) — Une des parties les plus intéressantes de la prochaine procession du Saint-Sang, est le cortège de la gilde, de la chapelle de Notre-Dame des Aveugles. Cette gilde doit son origine à un épisode appartenant à un des événements les plus glorieux des annales flamandes.

En 1504, fatigués des tracasseries continuelles que leur suscitait Philippe-leBel, roi de France, les hommes de Bruges, de Gand, de Courtrai, d'Ypres et de Douai, sous la conduite de Robert de Béthune et des autres fils de Gui de Dampierre, comte de Flandre, détenu dans les fers par le roi de France, rencontrèrent l'armée française à Mons-en-Puelle (au nord de la France), et la défirent complétement.

Pendant ce combat, disent les chroniqueurs, les femmes brugeoises promirent que, si leurs maris et leurs fils étaient épargnés et revenaient victorieux, elles iraient avec leurs filles, vêtues de blanc, offrir un cierge de 30 livres à N.-D. de la Potterie. Avant le combat, les hommes s'étaient mis sous la protection de la Vierge. Or, il advint que par l'intercession de Marie et par le courage des Flamands la victoire leur échut quoique rudement disputée. A leur retour à Bruges, les guerriers qui avaient survécu à la terrible lutte, confirmèrent le vœu de leurs femmes, et pleins de reconnaissance pour la Sainte-Vierge, ils lui offrirent le cierge et promirent de renouveler tous les ans la même offrande. A cette occasion, et pour perpétuer le souvenir de leur victoire, ils instituèrent une confrérie ou gilde, chargée d'exécuter le vœu qui les liait. En 1305, lors de la conclusion de Ja paix, Gui de Dampierre, sorti de prison, fit bâtir à Bruges la chapelle de N.-D. des Aveugles, et prit la nouvelle gilde sous son patronage.

Ceite chapelle et cette gilde existent encore aujourd'hui ; tous les ans, il se fait

un pieux pélerinage par les membres de la confrérie, à la chapelle de Notre-Dame de la Potterie, où ils offrent à la Sainte-Vierge un cierge de 30 livres et où le vœu des femmes brugeoises fait en 1304 est renouvelé. Cette pieuse cérémonie, interrompue depuis la révolution de 89, a été reprise en 1840 et se renouvelle encore tous les ans.

Dans la chapelle de Notre-Dame des Aveugles on vénère encore les reliques de sainte Philomène.

Voici maintenant de quelle manière la gilde va paraître dans la procession : Première partie. — Huit héraults d'armes ouvrent la marche; après, viennent un grand nombre de membres de la gilde marchant par sections, tous sont habillés dans le costume primitif de la gilde au quatorzième siècle (longue robe bleue, avec capuchon, cravate blanche et rabat) et portent de riches drapeaux aux couleurs et aux armes des villes de Bruges, Gand, Courtrai, Lille, Douai et Ypres, qui ont pris part à la bataille de Mons-en-Puelle. Le drapeau de la chapelle de Notre-Dame-des-Aveugles et l'étendard au lion de Flandre. Un page. - Le comte Robert de Béthune. Deux pages, l'un portant un modèle de la chapelle fondée par ce prince, et l'autre le cierge offert par la gilde. - Deux autres pages. Le reste des membres de la gilde, portant des flambeaux aux armes de Flandres.

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Deuxième partie. - Groupe de vierges voilées, vêtues de blanc, en manteau et pantoufles rouges, les unes portant la palme du martyre et les autres le buste en argent de Sainte-Philomène.

Troisième partie.-Groupe de vierges voilées, vêtues de blanc, en manteau et pantoaffles bleus, entourant la châsse qui renferme les reliques de la sainte vierge. Un grand nombre de jeunes filles portant des drapeaux et des branches de lauriers.

Séance de l'Assemblée.

L'Assemblée avait bonne envie de continuer la discussion du chemin de fer de Lyon, et au besoin celle du budget. Mais la commission et le ministère ont demandé le temps de préparer un nouveau cahier de charges, et la Chambre y a consenti après quelques hésitations.

De même, elle a renvoyé à lundi la reprise de la loi de finance, M. Berryer n'étant pas prêt.

Ces deux votes avaient complétement dérouté les représentants. Ils ne savaient plus à quoi employer leur séance, et au fait il était impossible de supposer que l'ordre du jour viendrait à être ainsi dégagé. C'est ce qui a motivé des incertitudes d'une demi-heure, pendant lesquelles trois votes en sens contraire sont intervenus. Après avoir décidé qu'elle ne discuterait pas, puis qu'elle discuterait la loi sur les caisses de retraites, elle a fini par la remettre à un autre jour.

Les rapporteurs de plusieurs autres lois cependant étaient en mesure. On s'est arrêté à une proposition de M. Nadaud, tendant à abroger l'article 1781 du Code civil. Ce n'est pas une abrogation, c'est une modification qu'il faut. L'article dispose que, dans les contesta

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