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tous les catholiques aiment et connaissent. Plusieurs d'entre eux peut-être y figurent à leur insu, et ne pensent pas qu'une conversation d'un quart-d'heure qu'ils ont eue, il y a un an, avec deux Anglais, édifie en ce moment quelques ministres d'Oxford ou de Londres. Mgr de Paris, Mgr de Rouen, Mgr de Langres, M. Galais, du séminaire Saint-Sulpice, M. l'abbé Caron, M. l'abbé Petelot, M. d'Alzon, M. Bonnetty, M. de Montalembert, le R. P. Guéranger, le P. de de Ravignan (1), M. Martin de Noirlieu, le frère Philippe, le P. Lacordaire (2), et tant d'autres éminents personnages conversent tour à tour avec les deux voyageurs. Ils sont devant leurs yeux, non-seulement comme les hôtes les plus bienveillants, mais, qu'on me permette cette expression, ils sont à l'état d'arguments. C'est pour tout chrétien éminent un péril et un honneur inévitable de devenir ainsi un argument vivant pour confirmer l'incrédulité ou fortifier la foi. Une fleur prouve un Dieu créateur, une Sœur de Charité prouve un Dieu sauveur; la démonstration logique est presque la même. M. Allies devait chercher dans les hommes un visible indice de la force ou de la faiblesse des doctrines. Ce premier indice, nous pouvons le dire avec orgueil, a dû le satisfaire.

Le ministre anglican n'a pas été moins frappé des institutions, que des hommes qui lui ont servi de guides. Avec ce même amour que met le laboureur à montrer les champs qu'il fertilise, tous les membres du clergé qu'a visités M. Allies se sont empressés de lui faire connaître les institutions antiques ou les nouveaux moyens par lesquels l'Eglise répand sur la France ses enseignements et ses bienfaits.

Tout le développement de la hiérarchie ecclésiastique, depuis l'humble curé de campagne jusqu'à l'Evêque; tous les ordres de femmes et d'hommes consacrés au service des misères de l'âme et du corps, par un dévouement libre comme ce qui dépend de la volonté et constant comme ce qui vient de la foi; tous les séminaires, noviciats et autres établissements où se forment de nouveaux combattants de la vérité et du bien pour de nouveaux combats; parmi les institutions accessoires, ces imprimeries mêmes et ces librairies, destinées à propager les anciens et les modernes monuments de la science religieuse dans les rangs d'un clergé qu'on accuse d'ignorance, et qui seul pourtant compose, achète et lit des in-folio grecs et latins; toutes ces œuvres multiples de charité, qui chaque jour font perdre du terrain à la misère en en faisant gagner à la vertu, et résolvent à pelit bruit plus d'une question dont la discussion seule enfante le désordre: voilà le tableau qui se présente aux regards de M. Allies, et dont, par ses patientes investigations, il réunit tous les

(1) « Certainement, s'il y a jamais eu un cœur plein de la bonté chrétienne, c'est ce«<lui du P. de Ravignan. » P. 281.

(2) « Je crois qu'il vaut la peine de venir à Paris, rien que pour voir le P. Lacora daire. » P. 72.

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traits épars. Rien ne lui paraît indifférent, ni la beauté et le sens caché des moindres cérémonies, ni les merveilles de l'art religieux et sa renaissance encore incomplète.

A ce phénomène permanent de l'existence de l'Eglise se joignent des phénomènes exceptionnels, qui ne lui ont jamais manqué. Il y a toujours dans son sein des miracles et des martyrs. M. Allies a voulu voir les miracles et connaître les martyrs. Il a pu, dans les séminaires des Missions, contempler les ossements de chrétiens qui sortent encore des rangs de notre société matérialiste pour aller, à deux mille lieues de la patrie, gagner les hommes à la vérité et mourir pour elle. Il a pris, avec un soin minutieux, les renseignements les plus précis sur deux guérisons miraculeuses dont une Sœur de Charité et une pauvre fille ont été l'objet, il y a peu d'années, guérisons attestées par les médecins et de nombreux témoins. Ce n'est pas tout. Le zélé ministre a fait avec deux de ses amis un voyage en Tyrol tout exprès pour voir les deux célèbres stygmatisées que l'Europe connaît; et les lettres annexées au Journal, contiennent un résumé exact des visites des trois anglais, arrivés pleins de doute, et parlant convaincus. Nous abrégeons. Nous ne pouvons entrer dans les détails. On conçoit tout ce qu'a de frappant pour des âmes de bonne foi ce spectacle si varié, et cependant si harmonieux, de la vie extérieure de l'Eglise. Mais ce n'est pas assez; lorsque la raison se heurte contre des faits incontestables, elle veut pénétrer la cause. Qui soutient tout cet édifice? quel esprit l'anime? quæ mens agitat molem? Derrière les phénomènes de la vie il y a tout un organisme, et la cause elle même de la vie. L'Eglise vit, dure, s'accroît; elle opère un bien réel; quels sont les doctrines, les institutions, les forces et l'esprit caché, quel est le principe secret et puissant qui agit sur elle, comme le cœur sur la vie de l'homme, toujours invisible, mais toujours présent par son mouvement invariable et son inextin

guible chaleur?

C'est à ces questions pressantes que M. Allies, dans sa conclusion, consacre cinquante pages des plus remarquables; rarement un plus noble, plus intelligent, plus incontestable témoignage a été rendu à l'Eglise, et cette conclusion exige à elle seule un dernier article.

AUGUSTIN COCHIN.

Election du 28 avril.

L'élection du 28 avril occupe beaucoup les révolutionnaires. D'abord, ils paraissaient très divisés; il faut bien penser qu'avant l'élection ils se disputeront beaucoup. Mais, au moment décisif, ils seront

d'accord.

Il est très curieux que les meneurs démagogiques aient recours, pour leurs propres opérations, au vote à deux degrés, dont ils ne veulent pas pour le pays tout entier.

Tous les révolutionnaires se rassemblent d'abord dans leurs sections, par quartiers. Là, ils élisent des délégués. Ceux-ci forment le conclave qui désigne ensuite les candidats, dont la liste est acceptée les yeux fermés, par les masses obéissantes.

On dit que leur élu sera M. Dupont (de l'Eure); on a déjà vu que M. de Girardin, lui-même, se retire devant le porte-drapeau émérite du parti révolutionnaire.

En présence de la tactique habile, de la discipline et de l'audace des hommes de désordre, il n'y a rien de plus pitoyable que l'exemple donné par les défenseurs naturels de la société.

Jamais les fractions diverses de l'opinion modérée n'ont été plus séparées qu'en ce moment. L'initiative que le bureau de l'Union électorale a cru pouvoir prendre, en dehors des formes ordinairement suivies par cette association, et le choix de M. F. Foy, qu'il a désigné d'office, n'ont été accueillis que par l'opposition très vive des uns, par le refroidissement sensible des autres. Nous ne remontons pas aux causes, nous voudrions calmer et réunir ceux qui sont aujourd'hui divisés et aigris. Mais nous constatons le fait; il est certain.

Maintenant, le bureau de l'Union électorale reviendra-t-il sur sa décision? Il déclare, à ce qu'il paraît, qu'il est trop tard. M. F. Foy se retirera-t-il de lui-même et à temps? On l'en a pressé, dit-on, et ses amis l'auraient empêché de le faire. Enfin, s'il s'y décidait, par qui le remplacerait-on ? Certes il n'y aurait pas un moment à perdre dans cette hypothèse, pour opposer un candidat sérieux au candidat probable du socialisme.

Nous ne voudrions pas nous décourager trop tôt; mais si les dispositions des esprits ou les circonstances ne se modifient pas profondément d'ici au 28 avril, cette date-là sera, pour le parti de l'ordre, une date honteuse sinon funeste; ce sera la date d'une défaite sans combat!

Comédie socialiste.

Nous avons fait connaître hier l'échec électoral de M. de Girardin, et mis sous les yeux de nos lecteurs quelques-unes de ses doléances.

Aujourd'hui, la Voix du Peuple, convaincue sans doute que l'appui du rédacteur en chef de la Presse ne sera plus désormais nécessaire, laisse de côté toute diplomatie et se donne le plaisir de jeter à pleines mains le dédain et l'ironie à son excellent confrère :

«M. de Girardin, par un article signé de lui, et publié dans la Presse, se désiste de sa candidature.

Nous prenons acte de ce désistement; nous en remercions M. de Girardin au nom de la Démocratie.

En se désistant, M. de Girardin a cru devoir faire, non sans un profond sentiment d'amertume, l'état de ses services. Il craint que la République ne l'oublie; il la rappelle à la reconnaissance.

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(Nous donnons acte à M. de Girardin de cet état. Nous n'avons jamais été, quoi qu'il insinue, nous ne serons jamais ingrats. Mais nous lui devons un avertissement.

« M. de Girardin a beaucoup fait sans doute pour la Démocratie; il fera davantage encore, nous le lui prédisons; il n'est pas à bout de sacrifices. Il faut qu'il marche avec nous, qu'il combatte, volens, nolens, pour un parti qui le reconnaît à peine; qu'il s'efface, qu'il s'humilie, qu'il s'évanouisse, qu'il succombe à la tâche sans avoir recueilli, peut-être, une parole de remerciement. C'est la vie, c'est le rôle, c'est la récompense d'un révolutionnaire. Est-ce que par hasard M. de Girardin ne s'en serait jamais douté? Croit-il qu'on maquignonne avec la révolution, donnant donnant ?»

M. de Girardin a eu l'air de croire qu'il avait contribué plus que personne au succès de la triple élection du 10 mars. La Voix du Peuple se moque de cette prétention :

C'est nous qui, depuis ces fatales journées de juin, qu'on rappelle sans cesse, avons préparé tous les succès, réparé toutes les fautes de la démocratiesocialiste; c'est nous qui, plus que personne, avons contribué à faire les élections de septembre 1848, de mai 1849, de mars 1850: avons-nous une seule voix qui représente nos idées à l'Assemblée nationale?

M. de Girardin termine le panégyrique de sa personne par un trait perfide à l'adresse de Dupont (de l'Eure). En se retirant, il se venge: il fait dégoutter sur M. Dupont (de l'Eure), un vieillard de 83 ans, le sang des journées de juin; il essaie de perdre un candidat avec lequel il se sent, incapable d'entrer en lutte. « C'est indigne; c'est inconséquent; cela ne touche pas à la question.

C'est indigne M. de Girardin, par cet affreux sarcasme, à détruit la moralité de son désistement. ›

Après avoir établi que la nomination de M. Dupont (de l'Eure) serait un gage d'union définitive entre le prolétariat et la bourgeoisie, la Voir du Peuple termine son article par ce trait d'une insolence toute proudhonienne :

Franchement, qu'est-ce que signifie dans tout ceci M. de Girardin? »

Nous avons annoncé, il y a peu de jours, la mort de Mgr Monnet. Nos lecteurs nous sauront gré de leur donner sur ce prélat les détails suivants qu'on veut bien nous communiquer :

L'intéressante mission de Madagascar vient de faire une perte qui affligera sensiblement toutes les âmes zélées pour la propagation de la foi chez les nations infidèles. Nous apprenons, par une lettre écrite de Mayotte le 10 décembre dernier, la mort de Mgr Monnet, évêque de Pella, vicaire apostolique de Madagascar, et ancien supérieur de la congrégation du Saint-Esprit. Ce zélé missionnaire avait travaillé pendant sept ans, avec une ardeur infatigable, à la conversion et la moralisation des noirs de l'île de la Réunion, parmi lesquels son zèle avait opéré le plus heureux résultat : il y avait mérité le titre de Père des Noirs, sous lequel il était connu dans toute la colonie. Son zèle cependant portait ses vues plus loin; depuis long-temps il soupirait après le moment où il lui serait donné d'annoncer l'Evangile, aux populations idolâtres de l'île de Madagascar.

Lorsque les Pères de la Compagnie de Jésus y furent envoyés, il s'empressa

de se joindre à eux et d'unir ses travaux aux leurs. Après un an de séjour dans cette mission, ayant été obligé de revenir en France, il fut choisi pour supérieur par la congrégation du Saint-Esprit, et bientôt après, élevé par le Saint-Siége à l'épiscopat, et nommé vicaire apostolique de Madagascar. Mgr Monnet fut sacré dans la chapelle du séminaire du Saint-Esprit par S. Em. Mgr le cardinal Giraud, assisté de Mgr Parisis, Evêque de Langres, et de Mgr Graverand, Evêque de Quimper.

Le nouvel Evêque partit pour sa mission, au mois de juin 1849, accompagné de douze prêtres et de trois frères. Avant de pénétrer dans la grande île de Madagascar, il aborda à l'île voisine de Sainte-Marie, où il eut la consolation de confirmer six indigènes. Le gouverneur lui proposa un logement convenable, mais le désir d'habiter au plus tôt au milieu des indigènes, et de ne point se séparer de ses prêtres, lui fit préférer une simple case. Ce fut dans cette case humide et malsaine, qu'il commença bientôt à ressentir les frissons de la fièvre qui devait l'emporter. Cependant il put encore s'embarquer pour Mayotte et, débarqué dans ce port, se rendre à pied jusqu'à l'hôpital, malgré le redoublement des accès de la fièvre. Mais, dès ce moment, le mal fit des progrès si rapides, que malgré tous les soins qui lui furent prodigués par les médecins et par les Sœurs de Saint-Joseph, il succomba ce même jour, 1er du mois de décembre, six heures après son débarquement sur cette terre à laquelle il avait dévoué ses affections, ses travaux et sa vie.

L'abbé GAULTier,
«ch. hon. proc. »

Un service funèbre sera célébré samedi prochain, 13 avril, à 8 heures et demie du matin, dans la chapelle du séminaire du Saint-Esprit.

DIOCESE DE PARIS.

Nouvelles Religieuses.

Dimanche prochain, 14 avril, la fête de l'anniversaire de la translation du corps de saint Vincent de Paul, sera célébrée solennellement dans la chapelle des Lazaristes, rue de Sèvres, 95.

Mgr Parisis, Evêque de Langres, officiera pontificalement. La grand'messe sera chantée à neuf heures, et vêpres à deux heures.

Le panégyrique du saint sera prêché, après vêpres, par M. Lecourtier, chanoine-théologal de Notre-Dame de Paris; il sera suivi du salut solennel.

Pendant toute la neuvaine, qui durera jusqu'à lundi, 22 avril, les reliques du saint resteront exposées; il y aura des messes à toutes les heures de la matinée. et salut solennel le soir à six heures.

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Il y a indulgence plénière le jour de la fête, ou l'un des jours de la neuvaine. DIOCÈSE DE CAMBRAI Les nouvelles de la santé de S. Em. Mgr le cardinal. archevêque de Cambrai, sont quelque peu meilleures. Il y a dans l'état de l'il lustre malade une amélioration qui se soutient depuis trois jours.

DIOCÈSE DE TOULOUSE. Mgr le coadjuteur, assisté de plusieurs prêtres, es allé poser, dimanche dernier, dans le village d'Aucanville, la première pierr d'une église, bâtie par souscription, pour être offerte à la commune aussitô qu'elle sera terminée. La cérémonie a été magnifique. Les populations voisines heureuses d'aller recevoir la bénédiction du vénérable prélat, appelé à succéde à notre illustre Archevêque, étaient accourues avec empressement, les habitant de Launaguet s'étaient rendus, musique en tête; ceux de Lalande étaient venu en procession, bannières déployées. Plus de trois mille personnes étaient pré

sentes.

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