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personnages se sont efforcés de faciliter cette étude de la vie de N. S. aux fidèles par des commentaires, des expositions, des analyses, des paraphrases de l'Evangile ou'de ses principales parties. C'est un travail de ce genre qu'a fait S. Bonaventure, et on conçoit qu'appuyé sur le nom d'un docteur de l'Eglise, d'un saint, M. Henry de Riancey se soit trouvé heureux de donner en notre langue cet opuscule, caché dans les in-folio oû seuls les savants le pouvaient aller chercher.

Au premier aperçu, la manière du saint docteur peut déplaire à quelques esprits, et nous convenons avoir senti tout d'abord peu d'attrait pour des détails de récit qui n'ont rien d'authentique. Habitué à la lecture des évangélistes où chaque parole est vraie et dictée par le St-Esprit, nous la voyions avec quelque peine comme enchâssée dans de pieuses mais arbitraires imaginations. Peu à peu cependant nous fûmes captivé par la douceur infinie et le parfum de piété naïve qui s'exhale de ces pages. Bientôt ce fut un bonheur pour nous de rencontrer tour à tour dans notre lecture le profond théologien qui d'un mot émet la doctrine comme celui que d'habituelles méditations ont rendu maître en la science divine, et le simple adorateur, qui ravi d'amour pour son divin maître, se laisse aller avec simplesse à contempler sa vie sous toutes ses faces, et à la reproduire comme son cœur la lui révèle.

En réfléchissant d'ailleurs sur ces impressions, nous avons reconnu que saint Bonaventure n'a fait que confier au papier et offrir à ses frères les méditations telles que trois siècles plus tard saint Ignace devait les recommander à tous dans ses exercices spirituels, et telles, de bonne foi, que nous sommes tous portés à les faire. Il est bien peu d'esprits qui, s'élevant de suite à la hauteur des considérations métaphysiques, saisissent un mystère et le sondent dans toute son abstraction sans jamais se sentir les ailes fatiguées ! Et à ces esprits de forte trempe, je dirais encore: « Considérez la vie de Jésus-Christ toute humble, toute terrestre, comme il a voulu qu'elle fût; car à tant de génie l'orgueil tend des piéges subtils, et plus vous savez habiter les hautes régions, plus vous avez besoin de vous tenir près de la crèche, dans la maison de Nazareth et surtout au pied de la croix. »

Saint Bonaventure avertit lui-même que « quand ce qu'il dit ne pourra pas se prouver par l'Ecriture, il ne faut pas le prendre autrement que comme une pieuse méditation. » Il ne donne pas ses idées comme des visions ou des révélations, et même il est très-sobre d'inventions. Quand il met quelques paroles dans la bouche d'un des acteurs de l'Evangile, elles sont parfaitement convenables à l'homme, au sujet, au lieu, et on se prend à penser que cela a dû être dit ainsi.

C'est donc un livre à la fois très-agréable et très-utile que notre ami Henry de Riancey a donné au public. Le soin qu'il a pris de pu

blier en note le texte collationné sur les meilleures éditions, ajoute un nouveau prix à l'ouvrage.

Quoiqu'il semble que je puisse difficilement louer dans l'Ami de la Religion un de nos collaborateurs, les convenances ne peuvent me forcer à être injuste, et il faut bien reconnaître que sa traduction reproduit avec un rare bonheur la naïveté de pensées et la délicatesse d'expressions du saint dont il s'est fait l'interprète.

IV.

L'EGLISE CATHOLIQUE, IMAGe de Dieu. 1 vol.

M. l'abbé Arnault, du clergé de Saint-Louis-d'Antin, vient de pu*blier un volume intitulé: L'Eglise catholique, image de Dieu.

Ce travail, qui porte le double cachet d'une foi fervente et d'un * incontestable talent, est, sans aucun doute, destiné à obtenir un grand succès parmi les lecteurs religieux.

E M. Arnault justifie le titre de son ouvrage en appuyant toujours ✰ses raisonnements sur les témoignages les plus respectables et sur les principes mêmes de la foi; aussi la lecture de son livre porte-t-elle dans l'esprit cette douce et puissante conviction qu'on est si heureux de rencontrer, au milieu du triste et lamentable travail de destruction et de scepticisme qui s'opère autour de nous.

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de

V.

LA PURETÉ DU COEUR, par l'abbé Frédéric-Edouard CHASSAY, professeur de philosophie au grand séminaire de Bayeux. -1 vol. grand in-18, nouvelle édition.

Toute la presse catholique a reçu avec une grande bienveillance la première édition de cet ouvrage qu'ont analysé l'Ami de la Religion, l'Univers, le Correspondant, l'Université catholique, les Annales Ide philosophie chrétienne, la Revue de l'enseignement, etc. L'opinion des Revues et des Journaux a été confirmée, en France et en Italie, par deux écrivains célèbres dont on ne peut contester l'autorité. Mgr fEvêque de Langres a nommé la Pureté du cœur a un livre de haute philosophie et de savante controverse (1). » Le R. P. Perrone, professeur au collége romain, a déclaré que ce livre était, comme le Manuel d'une femme chrétienne, remarquable par « les pensées philosophiques, profondes, saillantes, jointes à la sévérité et à la justesse théologique, par l'usage si judicieux de l'antiquité ecclésiastique, par la parole toujours si animée, si attrayante et si pleine d'onction, et par la piété solide qui y règne partout (2). »

Cette nouvelle édition, sortie des presses de MM. Firmin Didot, est beaucoup plus belle que la première. L'auteur a cru devoir faire quelques retranchements. «Nous avons voulu, dit-il, montrer à toutes les âmes sincères le danger de ces opinions (sen(1) Voyez l'Allemagne, II, 274.

(2) Voyez la Femme chrétienne, XVII.

sualistes) qu'on enveloppait naguère d'une indulgence universelle, qui nous semblait préparer d'épouvantables catastrophes... Mainte nant que la doctrine du plaisir attaque, non plus dans le secret des clubs, mais au grand jour, la famille, la religion, la propriété, en un mot, toutes les bases de la société, les illusions ne sont plus pos sibles... Comme la plaie est ouverte et saigne à tous les yeux, nous avons cru pouvoir abréger quelques preuves et quelques citations qui peignaient, d'une manière trop vive peut-être pour certaines ima ginations, les désordres que nous voulions flétrir. Nous n'avons cepen dant fait que les retranchements compatibles avec la nature et le but de cet ouvrage. »

VI.

LE COMMUNISME ET LA JEUNE ALLEMAGNE EN SUISSE; par M. Amédée HENNEQUIN. 1 vol. grand in-18.

-

Sous ce titre, M. Amédée Hennequin vient de publier un volume où se retrouvent, à côté d'études nouvelles sur l'anarchie contempo raine, des articles très-remarquables et très-remarqués qui ont paru dans le Correspondant.\

Nous recommandons instamment la lecture de ces trop courtes pages. Rien de plus instructif que ces tableaux de la démagogie qui est saisie là, en Suisse, sur l'un de ses principaux théâtres, et dont on suit les menées et les exploits avec l'intérêt le plus grand et le plus

soutenu.

Cette publication jette, en effet, la plus vive lumière dans ces tristes profondeurs où se sont ourdis tant d'odieux complots, et où se trament encore, entre des illuminés furieux, de cyniques fripons e d'incorrigibles dupes, la ruine et le bouleversement de la société.

L'auteur a recueilli lui-même en Suisse tous les matériaux de son livre (1). Ils ont paru pour la première fois il y a cinq mois. De puis on en a souvent tiré parti sans avoir toujours le soin d'indique la source de ces emprunts.

Il est d'autant plus juste de restituer à qui de droit la priorité d ces importantes découvertes, que M. Hennequin a signalé lui-même avec la conscience la plus scrupuleuse, tous les documents, toute les autorités qui appuient ses assertions. Son témoignage, exprim d'ailleurs avec autant de talent que de fermeté, a pu être ainsi con trôlé par tout le monde, et il n'a été contesté par personne.

Nous souhaitons qu'il soit aussi répandu qu'il est exact. Il est d nature à captiver l'attention publique et à dévoiler aux moins clair voyants les principes secrets, les intrigues incroyables et les funeste desseins de la révolution européenne.

(1) Nous citerons seulement les papiers trouvés chez Weitling, et extraits d'un rap port officiel adressé au gouvernement de Zurich; le rapport adressé au conseil-d'Etat o Neufchâtel sur la propagande et les clubs de la jeune Allemagne; la Jeune Allemag en Suisse, par Guillaume Marr, le héros et l'historien comme César des nouveaux con quérants du monde. Ce dernier livre n'a pas encore été traduit en français.

VII.

CODE MANUEL DES PAYEURS, on Recueil analytique des lois et règlements concernant le paiement des dépenses publiques, par M. FASQUEl. 1 vol. grand in-8°.

Dans le dédale de lois et ordonnances qui réglementent les diverses branches de notre administration, il est nécessaire de trouver un guide simple et sûr qui puisse conduire les études et éclairer les recherches. Un payeur de finances, homme honorable, comptable distingué et administrateur habile, a eu la pensée de fournir ce guide, tant aux agents du ministère qu'à toutes les personnes qui peuvent et doivent s'instruire du mécanisme de nos dépenses publiques. Nous leur recommandons avec confiance le livre de M. Fasquel.

VIII.

VOYAGE EN ITALIE, par M. CH. J. Van den Nest, prêtre.
Un volume in-8°.

Un bon livre est encore à faire : c'est un voyage en Italie. Ce n'est pas qu'on n'ait prodigieusement écrit là-dessus; et sans compter tout ce qu'on a imprimé, que de trésors inédits restent sous la couverture des albums! J'ai lu un assez bon nombre de ces voyages; il en est où j'ai trouvé un mérite réel, point qui m'aient complétement satisfait. M.Valery, par exemple, a fait un livre remarquable, bien meilleur que ce qui l'avait précédé, travaillé avec conscience, je le sais, car j'ai rencontré l'auteur à Spello, interrogeant les ruines et les habitants d'icelles avec un grand zèle; mais d'abord son livre est bien gros, et puis si vous avez le sens religieux un peu épanoui, rien pour vous dans toute cette science. L'auteur n'a pas compris l'Italie comme vous avez besoin qu'on vous l'explique.

Les Vacances en Italie sont un bon livre; on y trouve de la piété, de l'esprit, des appréciations justes, mais c'est fait en courant, pendant des Vacances. Quelques semaines en Italie ne sont qu'une récréation offerte à une certaine classe de lecteurs. MM. de la Gournerie, Gerbet, donnent de bons et beaux modèles, mais ce sont des monographies de Rome, et je voudrais qu'on appliquât à toute l'Italie le même procédé de science et de grand style. Vous me direz que ces qualités se rencontrent rarement, et c'est justement pour cela que je répète qu'un voyage d'Italie est encore à faire.

C'est assez dire que je ne propose pas le travail de M. Van den Nest dont je viens de vous parler, comme uue solution du problème. Mais il remplit plusieurs des conditions.

Et, d'abord, c'est un voyageur bien consciencieux que M. Van den Nest! Vous êtes-vous arrêté quelquefois devant une toile de Mieris, de Van der Veld ou de quelque autre maître flamand? Quelle lutte scrupuleuse avec la nature! Vous pouvez presque compter les laines de ce tapis et les soies de cette étoffe : ces vases de cuivre jetés sur un bahut, comme ils sont vrais, comme chaque effet de lumière est étudié! Vous aimez mieux la manière large d'une autre école? moi

aussi; mais nous ne pouvons refuser un vrai mérite à ces œuvres de patience laborieuse. Eh bien! j'ai éprouvé quelque chose d'analogue à cette impression en lisant M. Van den Nest.

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Comme avant de se mettre en route il a beaucoup étudié, dès qu'il arrive en un lieu il sait ce qu'en ont dit les Latins poètes, orateurs et historiens, les antiquaires, les voyageurs, les historiens ecclésiastiques, les légendaires, et il vous cite un peu de tout cela, beaucoup trop quelquefois il est des choses qu'on fait bien. d'avoir en note dans son portefeuille, mais qu'il est inutile d'imprimer, par la très-simple raison que déjà on les trouve dans plusieurs ouvrages qui se sont copiés l'un l'autre. M. Van den Nest ne résiste même pas toujours à la tentation de copier des inscriptions... qu'a données d'Agincourt et vingt autres après lui. C'est une maladie que la fièvre des inscriptions; on l'attrape en Italie tout aussi aisément que la fièvre des maremme: pour s'en préserver, il suffit de se bien convaincre que le sol (surtout celui que foulent les voyageurs en voiturin) a été si souvent exploré, que toute inscription a été copiée, discutée, expliquée, mise en doute, niée, réexpliquée, et qu'elle se trouve imprimée partout.

Malgré ces petits défauts, l'exactitude de M. Van den Nest est précieuse quand il s'attache à l'histoire religieuse et légendaire trop négligée et presque ignorée par les voyageurs. Il nous donne là des notions curieuses, et j'avoue qu'après avoir passé huit ou dix fois dans certains endroits qu'il visite, j'ai encore appris quelques faits

dans son livre.

Il décrit bien, et j'ai parfaitement reconnu toute la route depuis Porta del Popolo jusqu'à Venise; mais à cela se borne son voyage. De Naples, de la Toscane, du Piémont, pas un mot. Nous ne pouvons donc accepter l'ouvrage de M. Van den Nest que comme le premier volume d'un travail qu'il continuera sans doute, à la suite d'une autre excursion en Italie. A cette condition, nous dirons que son livre şera utile à ceux qui lui succèderont dans la carrière des voyages. Et pour ceux à qui les courses lointaines ne sont pas permises, ils trouveront chez notre voyageur des notions très-exactes, des tableaux vrais, des observations bien faites, et malgré l'excès de science que je me suis permis de lui reprocher, une sensibilité qui jette un grand charme sur son récit.

BOURSE DU 8 AVRIL..

Le 5 p. 100, 89 45 à 89 55. — Le 3 p. 100, 55 50 à 55 65. Actions de la Banque, 2,160 00.- Obligations de la Ville, 1,272 50.- Nouvelles Obligations, 1,155 00.5 p. 100 belge, 98 518. Emprunt romain, 79 514.

L'un des Propriétaires-Gérants, CHARLES DE RIANCEY.

Paris, imp. BAILLY, DIVRY et Comp., place Sorbonne, 2.

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