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set Leon Faucher ont pris la parole. M. Grévy défendait le système de e construction et d'exploitation par l'Etat: M. Faucher l'a combattu. Les arguments développés par l'honorable orateur sont convaincans et décisifs, et l'inattention de l'Assemblée ne s'explique guère que par la résolution en quelque sorte arrêtée de ne pas continuer à charger l'Etat du fardeau de ces travaux et de cette exploitation. M. Lestiboudois a fait de vains efforts pour réfuter M. Léon Faucher. M. Randon a répliqué avec bon sens et fermeté, et la séance s'est terminée sur un discours de M. d'Ollivier, qui voudrait que l'Etat construisît la voie et en affermât la gestion à des compagnies. M. de Lamartine a annoncé qu'il soutiendrait le projet du gouvernement et de la commission. L'Assemblée l'entendra demain.

Le scrutin pour la réélection d'un vice-président a eu lieu, comme nous l'annoncions hier. M. de Lasteyrie a obtenu la totalité des suffrages: c'est une digne réponse à sa noble conduite.

La commission de la presse a tenu hier, dimanche, une séance de six heures. Elle se réunira demain, mardi, pour prendre une résolution défi

nitive.

Le procureur de la République près le tribunal de la Seine a fait saisir la Voix du Peuple de samedi 6 avril, à raison d'un article intitulé: Budget de 1851.

La prévention dirigée contre le gérant de ce journal est celle d'excitation à la haine et au mépris du gouvernement de la République. (Communiqué.)

Nous lisons dans la Patrie :

On prétend, quelque part, que trois prêtres interdits méditent une réponse à M. le ministre de l'instruction publique qui refuse de croire à l'esclavage et au mécontentement des desservants de paroisse. Il s'agirait d'une pétition collective et spontanée qui serait proposée par les trois organisateurs susdits, à la signature des desservants, et colportée à cet effet par toute la France! >>

Bulletin de la politique étrangère.

ROME. Le 27 mars, des bons du gouvernement républicain pour une somme de 65,725 scudi ont encore été brûlés avec les formalités adoptées, et remplacés par une somme égale en bons du trésor.

ITALIE.- Des nouvelles de Naples, reproduites par le Statuto, de Turin, confirment le départ du Pape pour Caserte. S. S. était accompagnée des cardinaux Antonelli, Tommasco, Riario, Sforza eDupont.

Le rapport de la commission sur le projet de loi Siccardi a été lu

le 4 avril, dans le sénat de Turin. Ce rapport prouve qu'une forte minorité de cette commission s'est prononcée contre la loi en question, par les raisons suivantes : 1° Parce que, à son avis, on n'a pas épuisé auprès du Saint-Siége sous les moyens de négociations qui pouvaient faire obtenir son assentiment; 2° en ce que l'Eglise possède depuis longtemps les priviléges qu'on veut abolir, et qu'ils sont reconnus par des concordats avec le Saint-Siege.

Il ne serait pas impossible que le sénat rejetât la loi.

L'intérêt qui s'attache au retour du Saint-Père dans ses Etats nous engage à recueillir avec soin tous les bruits qui se rapportent à cet événement si grave, et qui sera resté si longtemps l'objet d'une pénible incertitude. C'est toutefois sous toutes réserves que nous publions la correspondance suivante dont nous laissons la responsabilité à son auteur:

‹ J'apprends à l'instant, avec certitude, que le Pape rentrera dans ses Etats au premier jour; mais il n'ira pas à Rome. En partant de Terracine, où il restera un ou deux jours, il passera par les Marches, visitera Lorette et se transportera de là à Bologne.

Il paraît que cette résolution du Pape d'entrer dans ses Etats par les Marches et de rester à Bologne a été motivée par la fuite du château Saint-Ange de Mgr Gazzola qui a été condamné à une réclusion perpétuelle pour injures dites contre Pie IX dans le Positivo, journal dont il était le rédacteur en chef sous la République; fuite qu'on croit avoir été favorisée par les Français comme le fut celle du père Achilli qui vit aujourd'hui retiré à Malte sous In protection anglaise. »

SUISSE. BERNE.-L'assemblée de Munsingen s'est paisiblement passée, comme nous l'avons dit; mais il paraît qu'au retour, il y a eu de nombreuses rixes, particulièrement à Thurnen, Kiesen, Rubigen, Muri, Thun, etc. L'ivresse de la victoire d'un côté, la rage de la défaite de l'autre les rendaient presque inévitables. On cite entre autres trente conservateurs de Seftigen armés de gourdins, qui tombèrent au milieu d'une colonne de trois cents radicaux; ils forcèrent le passage à coups de massue, puis se voyant près d'être accablés par le nombre, ils coururent jusqu'au pont de Belpberg où ils se rangèrent si fièrement en bataille que les radicaux n'osèrent pas les attaquer.

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L'ordre du jour appelle le scrutin pour la nomination d'un vice-président.

Après la fermeture du scrutin, on passe à la discussion sur le projet de loi relatif au chemin de fer de Lyon à Avignon.

Voici le projet tel qu'il avait été présenté par le gouvernement :

« Article unique. Le ministre des travaux publics est autorisé à concéder directement le chemin de Paris à Lyon et le chemin de fer de Lyon à Avignon, aux clauses et conditions du cahier des charges annexé à la présente loi. »

La commission a amendé ainsi ce projet :

« Art. 1er. Le ministre des travaux publics est autorisé à concéder directement le chemin de fer de Paris à Avignon, aux clauses et conditions du cahier des charges annexés à la présente loi.

a Les concessionnaires pourront, sur leur demande, être admis à se constituer en deux compagnies distinctes, sous la condition que les deux compagnies demeureront solidairement responsables de l'exécution pleine et entière du susdit cahier des charges.

« Art. 2. Est approuvé le traité passé entre le ministre des travaux publics, agissant au nom de l'Etat, et la compagnie du chemin de fer de Saint-Etienne à Lyon, en date du 28 janvier 1850, et annexé à la présente loi. »

M. LE PRÉSIDENT. Il y a abondance d'amendements. Il y en a de M. Grévy, de M de Grammont, de M. Jules Favre, de M. Chabert et de beaucoup d'autres. M. Grévy a la parole.

M. GRÉVY propose et développe un amendement ainsi conçu :

«Art. 1. La construction du chemin de fer de Paris à Avignon sera achevée par l'Etat.

Art. 2. Il sera pourvu à cette dépense: 1o par l'affectation des produits nets des sections qui sont en exploitation et de celles qui y seront mises au fur et à mesure de leur achèvement; 2 et, pour le surplus, par un emprunt. »

L'orateur répète les arguments qui ont déjà été produits dans la première discussion sur la mavaise foi des compagnies, sur l'agiotage, etc.

Il voit avec regret le gouvernement céder toutes nos voies de communication à l'égoisme de l'intérêt privé. Seuls nous avons eu cette impardonnable imprudence. M. BERRYER En Angleterre, toutes les concessions sont perpétuelles.

Un Montagnard: Mais nous ne sommes pas Anglais. (Rires.)

M. GRÉVY. Oui, l'Angleterre a fait des concessions perpétuelles, mais elle n'a pas donné un schelling aux compagnies !

L'orateur termine en rappelant à l'Assemblée les désastres qui ont eu lieu il y a quelques années, et il en fait craindre le renouvellement.

M. LE PRÉSIDENT. La parole est à M. Léon Faucher.

M. LÉON FAUCHER. Messieurs, je viens combattre l'amendement de l'honorable M. Grévy. A l'époque de mon court passage au ministère des travaux publics, je pensais qu'il appartenait au gouvernement de donner l'élan et la consécration aux grands travaux de l'industrie privée. La situation ne me paraît pas changée sous ce rapport.

Un orateur disait, il y a quelque temps, de l'autre côté des Pyrénées, que les gouvernements constitutionnels finissaient toujours par la banqueroute. Vous réaliserez trèsprobablement cette prédiction de M. Donoso-Cortès si vous entrez dans la voie que vous indique l'honorable M. Grévy. (Mouvement.)

L'Angleterre, l'Allemagne ont d'énormes réseaux de chemins de fer. Vous n'avez entrepris en France qu'un réseau beaucoup moins considérable, et à peine êtes-vous arrivés à la moitié de son exploitation.

Vous ne pouvez pas rester dans cette situation. (Approbation.)

Il n'est pas indifférent que la France reste ou ne reste pas le milieu de cette grande circulation entre l'Europe et l'Amérique, et entre l'Amérique et l'Asie.

L'honorable membre termine en protestant contre toutes les attaques dont l'industrie privée est l'objet, et déclare qu'à son sens il n'y a pas de patriotisme à discréditer ainsi un puissant élément d'activité nationale.

M. LESTIBOUDOIS se déclare partisan de l'exécution des chemins de fer par les compagnies, mais dans l'espèce il ne peut donner son approbation au projet. Les conditions faites à l'Etat par la compagnie de Lyon à Avignon lui semblent tout-à-fait inacceptables.

La concession de 99 ans est beaucoup trop longue. Il suffisait d'une concession de 50 ans au plus.

L'orateur se défend, dans son opposition au projet, de toute pensée hostile au gouvernement. Il fait partie, dit-il, des membres de l'Assemblée qui portent le plus vif intérêt au pouvoir actuel.

M. PÉAN. Vous êtes bien bon!

M. LESTIBOUDOIS. Et c'est pour être utile au gouvernement que je reponsse le projet qui nous est présenté. (Rires et rumeurs.)

M. LE PRÉSIDENT. La parole est à M. Raudot; mais auparavant je dois donner connaissance du résultat du scrutin.

Nombre des votants,

MM. Jules de Lasteyrie,
De Vatimesnil,

Voix perdues,

M. Jules de Lasteyrie est prociamé vice-président.

Plusieurs voix: Et sa démission?

391

325

22

26

M. LE PRÉSIDENT. La nomination est postérieure à la démission.

M. RAUDOT combat l'amendement de M. Grévy; rien n'est plus funeste que l'exécution ou l'exploitation par l'Etat: il ne faut pas oublier l'exemple des canaux, qui ont coûté tant de millions et qui sont d'un rapport insignifiant.

M. DE LAMARTINII demande le renvoi à demain.

Le renvoi est ordonné.

La séance est levée à six heures.

Le conseil-général de l'agriculture et du commerce, dont l'ouverture a eu lieu hier, se compose maintenant de 236 membres au lieu de 175; ces 236 membres se divisent ainsi qu'il suit Pour l'agriculture, 86 membres nommés par le ministre; pour l'industrie, 51 choisis par les chambres consultatives des manufactures, et enfin par le commerce 99, dont 65 élus par les chambres de commerce, et 34 nommés par le ministre.

Bulletin bibliographique.

I.

HISTOIRE DE FÉnelon, archevêque de cambrai,
Par le Cardinal de Beausset.

L'Histoire de Fénelon, publiée en 1808 par le Cardinal de Beausset, est certainement l'un des meilleurs ouvrages biographiques qui aient paru depuis le grand siècle. Ce livre est non-seulement l'un des plus attachants, mais encore l'un des plus utiles qui se puissent lire. Aussi, dès son apparition, fut-il traduit dans les principales langues de l'Europe.

En 1809 et en 1817, Mgr de Beausset, docile aux conseils de la critique, comme tous les écrivains vraiment supérieurs, corrigea avec le plus grand soin son travail, et modifia plusieurs de ses idées. Mais, malgré toutes ces améliorations, le vénérable auteur, dans les derniers temps de sa vie, regrettait que son âge et ses infirmités ne lui permissent pas de faire une révision plus complète de son ouvrage. Les nouveaux documents qui lui étaient survenus, et surtout la publication des œuvres de Fénelon, lui faisaient sentir la nécessité de revoir et de compléter son travail sur plusieurs points. Ayant eu, à cette époque, des rapports fréquents et intimes avec le Cardinal de Beausset, M. l'abbé Gosselin a cru devoir faire, en quelque sorte sous la direction du savant prélat, les additions que lui-même avait indiquées pour la nouvelle édition de son livre.

Ces additions et corrections sont d'une haute importance. M. l'abbé Gosselin a revu et complété toutes les citations de Fénelon faites par Mgr de Beausset. A l'époque où parut l'Histoire de Fénelon, le

vénérable Cardinal ne connaissait ni le Recueil des principales vertus de Fénelon, par l'abbé Galet, ni les Lettres sur le quiétisme, par l'abbé de la Blatterie, ni une foule de pièces inédites découvertes récemment, et auxquelles M. l'abbé Gosselin a fait de très-larges et trèsheureux emprunts.

Le Cardinal de Beausset avait beaucoup multiplié les pièces justificatives, afin de faire connaître au public un grand nombre de pièces inédites fort intéressantes, et dont il ne donnait que de courts extraits dans le corps de son histoire. Ces pièces, publiées dans les Œuvres de Fénelon, ont été supprimées, et, de la sorte, sans trop grossir les volumes de cet excellent ouvrage, M. l'abbé Gosselin a pu augmenter notablement l'Histoire de Fénelon. Ces additions ne forment pas moins de la quatrième partie du livre de Mgr de Beausset, dans la nouvelle édition. Avons-nous besoin d'ajouter que ces modifications faites par un homme aussi éclairé et aussi consciencieux que M. l'abbé Gosselin, ont ajouté un nouveau prix au travail déjà si substantiel et si intéressant de Mgr le Cardinal de Beausset? A. de C.

II.

SAINT JEAN CAPISTRAN.

M. le professeur Buss, président du comité allemand pour la défense de la liberté religieuse et représentant du pays de Bade à la dièle d'Erfurth, vient de reprendre l'intéressante publication commencée par lui en 1847, sous le titre de : SAINT JEAN CAPISTRAN. Revue des droits et des intérêts de l'Allemagne catholique (à Schaffhouse, chez Hurter). Dans cette nouvelle livraison, l'éminent écrivain démontre l'influence salutaire des missions à l'intérieur sur l'esprit des populations; il développe avec éloquence l'immense importance de ces exercices religieux, et il y voit le remède le plus efficace aux maux de son époque et de son pays en particulier.

Les admirables effets produits dans le Brisgau et en Alsace, par les missions qui y ont été récemment données, sont heureusement développés par l'auteur au profit de sa démonstration.

Nous recommandons cet ouvrage à ceux de nos lecteurs qui savent l'allemand et qui suivent avec intérêt le mouvement régénérateur qui s'est manifesté récemment au sein du catholicisme en Allemagne.

III.

MÉDITATIONS DE LA VIE DU CHIST, par saint Bonaventure, traduites en français par HENRY DE RIANCEY. — 2 vol. in-12.

Il est inutile de s'étendre sur l'importance dont est pour tous les chrétiens la méditation de la vie de Jésus-Christ. C'est une de ces vérités tellement claires qu'on ne saurait comment les démontrer, et en même temps tellement méconnues dans la pratique qu'on est obligé de les rappeler sans cesse. Les maîtres de la vie spirituelle en ont fait le fondement de toute leur instruction, et bien des pieux

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