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ves qui ne sont pas épargnées à d'autres. Malgré la diversité des opinions humaines, ces chrétiens n'ont qu'un seul et même but; il ne saurait y avoir de schisme durable entre eux: Non sit schisma in corpore, sed idipsum pro invicem sollicita sint membra. Et si quid patitur unum membrum, compatiuntur omnia membra; sive gloriatur unum membrum, congaudent omnia membra (1).

CHARLES DE RIANCEY.

La liberté religieuse dans l'armée.

La situation religieuse de nos soldats préoccupe à juste titre les esprits les plus élevés et les cœurs les plus chrétiens. Dans le clergé, dans les rangs de l'Assemblée nationale, dans l'armée elle-même et parmi ses chefs, il se rencontre de vives et de profondes sympathies, un ardent désir et une ferme résolution d'obtenir, pour cette portion si intéressante de la grande famille française, l'exercice complet, la jouissance assurée de la première de toutes les libertés, la liberté de la prière, de la conscience et de la foi.

Nous avons déjà parlé,-et toute la presse modérée a bien voulu reproduire nos observations et nos renseignemens, nous avons déjà parlé de démarches faites dans ce but excellent par, des officiers-généraux et des hommes politiques près du gouvernement, et nous avons été heureux de constater que le cabinet entier, et M. le ministre de la guerre notamment, avaient mis un loyal et généreux empressement à seconder les vues et les désirs qui leur étaient exprimés. Ainsi que nous l'avions annoncé par avance, une circulaire de M. le général d'Hautpoul, en date du 18 septembre 1849, prescrit aux généraux et aux chiefs de corps « de prendre des mesures pour que, dans les lieux de garnison et de cantonnement, les visites, revues, inspections ou parades du dimanche, soient réglées de manière à ce que tous les militaires se trouvent libres à l'heure de la messe, et puissent, s'ils le désirent, y assister individuellement. » En outre, cette circulaire, s'expliquant sur l'application même de la liberté religieuse qui implique le respect de toutes les croyances, recommande de ne jamais refuser, sauf le cas de nécessité absolue, les permissions demandées par les militaires appartenant aux cultes autres que le culte catholique. Elle prescrit même de protéger les militaires contre le blâme, les railleries ou les suggestions indirectes dont leur foi pourrait les rendre l'objet.

On le voit, c'est là un hommage sincère aux droits que la Constitution garantit à tous les citoyens. Rendons du reste justice à ceux à qui elle appartient. L'initiative de ces mesures avait été déjà prise sous le dernier gouvernement. Une commission d'officiers-généraux, où figurait entre autres M. le général Oudinot, avait discuté et établi les (1) Ad Corinth., c. XII, v. 25.

principes sur lesquels repose la circulaire de 1849, et M. le maréchal Soult les avait réduits en instructions analogues à celles que nous venons d'analyser, dans une lettre ministérielle datée du 8 juillet 1846.

De plus, et avant même la circulaire de 1849, nous savons, et il est de notre devoir de le dire hautement, que M. le commandant en chef de l'armée de Paris, dans sa paternelle et vigilante sollicitude pour les intérêts moraux du soldat, ayant été informé d'abus regrettables, s'était hâté d'y mettre un terme en faisant intervenir son autorité supérieure. Vers le mois de septembre dernier, ayant appris que dans certains corps de la garnison de la capitale, les militaires, loin de trouver pour l'accomplissement de leurs devoirs religieux, pendant les jours fériés, la bienveillante facilité à laquelle ils ont droit, rencontraient des obstacles qui les empêchaient de jouir de leur liberté, fit savoir aux chefs de corps qu'il « tenait essentiellement à ce que, pendant la matinée du dimanche, il fût laissé aux militaires la disposition d'un certain nombre d'heures suffisantes pour vaquer à leurs devoirs religieux.» «ll serait exorbitant, ajoutait le général en chef, que les militaires du culte catholique ne trouvassent pas la facilité que l'autorité s'est empressée d'accorder à ceux qui professent le culte israélite. » Pour comprendre la portée de cette dernière phrase, il faut savoir que, l'année précédente- ce qui s'est renouvelé en 1850,- le général en chef avait écrit aux chefs de corps pour les autoriser à accorder aux militaires de tous grades appartenant à la religion juive toute la latitude nécessaire pour la célébration de la fête de Pâques selon leur rit particulier. « Cette fête commencera, disait la lettre, le 27 mars à cinq heures du soir, et finira le 4 avril à la nuit tombante. Pendant ce laps de temps, vous accorderez l'exemption de service, et la permission de sortir depuis le matin jusqu'à neuf heures du soir à ceux des militaires israélites qui en feront la demande. En outre, vous délivrerez des permissions de huit jours à ceux de ces militaires qui ne se trouvent point au siége d'un consistoire de leur culte. »

Certes, il est difficile d'entendre et d'appliquer d'une manière plus large et plus généreuse la liberté des cultes.

Ces actes font le plus grand honneur à l'illustre capitaine sur qui repose le fardeau de la tranquillité et de l'ordre dans la capitale, et qui sait si bien se montrer digne de la confiance et de la reconnaissance de tous les honnêtes gens. La population et l'armée y verront un titre nouveau d'estime et d'affection pour lui.

Maintenant, et en présence de faits si explicites et d'ordres si précis, nous voudrions n'avoir pas à ajouter que parfois l'exécution de ces bienveillantes mesures n'a pas été aussi prompte et aussi complète qu'on devait le souhaiter. La communication de ces circulaires n'a peut-être pas été donnéc partout avec le même empressement, et ce qui le ferait penser, c'est que, dans certains corps, on a conti

nué à placer l'inspection du dimanche à onze heures. Il en résulte que souvent les soldats sont consignés jusqu'à neuf heures du matin, et que, pour se maintenir propres ou pour éviter les tracasseries des sous-officiers, ils ne sortent pas jusqu'à onze heures: ce qui les prive de la possibilité d'assister à la messe. N'y aurait-il pas moyen de placer la revue d'inspection le samedi ou le lundi, ou bien de l'indiquer le dimanche matin de bonne heure? Les officiers n'y feraient certainement pas obstacle: ils jouiraient de leur liberté beaucoup plus tôt. Cette mesure, envisagée avec satisfaction par les officiers, aurait l'avantage de faciliter aux soldats l'accomplissement de leurs devoirs. Et elle répondrait aux intentions si excellentes et si paternelles du général en chef.

Il y a, qu'on veuille bien se le persuader, 'un intérêt immense à ce que la liberté religieuse soit garantie pour l'armée. La foi est le meilleur fondement de la discipline, et les vertus chrétiennes sont les compagnes les plus fermes des vertus militaires. Le gouvernement et les illustres capitaines placés à la tête de nos troupes, comprennent parfaitement cette vérité. Nous avons la confiance qu'elle sera entendue et mise en pratique par les officiers et les sous-officiers qu'ils commandent.

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Nouvelles Religieuses.

ROME. On attend le Saint-Père pour le 15. Sa Sainteté sera reçue sous un pavillon, à l'entrée de Saint-Jean-de-Latran, par les cardinaux de la commission du gouvernement, le cardinal-vicaire, l'archi-prêtre et le clergé de Saint-Jean : le corps diplomatique sera sous le portique de la basilique. Après la cérémonie religieuse, le Saint Père montera en voiture, et, suivi de son cortége et de la troupe, il se rendra à Saint-Pierre, où l'attendra le Sacré-Collége. On chantera le Te Deum, et le cortége accompagnera le Saint-Père à ses appartements. DIOCÈSE DE PARIS. Le dimanche 14 avril, à 1 heure après-midi, en l'église de Notre-Dame, le T. R. P. Lacordaire prêchera un sermon de charité pour la fondation à Paris d'une chapelle greco-slave catholique.

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DIOCÈSE DE NÎMES. Mgr l'Evêque de Nîmes vient de consacrer la nouvelle église de Rédessan. Les paysans étaient accourus en foule des villages voisins, le chemin de fer avait amens bon nombre d'habitants de Beaucaire et de Nîmes, et un piquet d'artillerie s'était volontairement offert pour maintenir l'ordre et mêler aux fêtes religieuses les pompes militaires qui les relèvent.

La cérémonie a commencé à la pointe du jour. Mgr l'Evêque, entouré d'un clergé nombreux, escorté par l'artillerie et la troupe de ligne, précédé par l'excellente musique de la garde nationale, a béni l'église suivant les rites consacrés. -A dix heures le préfet et le général de Lussy sont arrivés; ils ont assisté à la grand'messe.

Les rues du petit village étaient tapissées de tentures et retentissaient de coups de fusil; tous les visages avaient un air de joie, toutes les portes étaient ouvertes et la plus franche hospitalité était offerte aux étrangers. Ajoutons que, malgré l'affluence des visiteurs et la prodigalité hospitalière des habitants, aucun incident fâcheux n'a troublé la fête.

DIOCESE DE STRASBOURG. Le chapitre de la cathédrale de Strasbourg a fait une grande perte en la personne de M. Nachbauer, chanoine titulaire et ancien proviseur du collège de cette ville: il est décédé dans la nuit du 4 au 5 avril.

DIOCÈSE DE CAMBRAI. S. Em. le Cardinal Giraud a reçu avant-hier, sur son lit de douleurs, un précieux adoucissement à ses maux cuisants, par l'envoi que Sa Sainteté Pie IX vient de lui faire d'un magnifique exemplaire du Canon de la Messe, destiné aux solennités où Son Eminence officie; plus, d'un Pontifical romain, nouvellement édité en quatre volumes in-folio, qui ont été somptueusement reliés aux armes du Saint-Père. Ce riche présent est accompagné d'une lettre des plus flatteuses, du Cardinal Antonelli, qui témoigne de la tendre affection de Sa Sainteté pour le prélat qui fut quelque temps son compagnon d'exil et son consolateur à Gaëte.

PIÉMONT. — TURIN. La tentative de démonstration faite le Jeudi-Saint contre Mgr Fransoni n'ayant pas bien réussi, on prit des mesures plus complètes pour le faire siffler au sortir de la cathédrale le jour de Pâques et même pour renverser sa voiture. Le gouvernement ayant cu vent du complot, envoya sur les lieux des carabiniers et un escadron de cavalerie. Ce développement de forces empêcha les voies de fait, mais n'arrêta pas les sifflets qui se firent entendre jusqu'à ce que le prélat persécuté eût disparu. Quelques personnes eurent cependant le courage de protester par leurs acclamations contre l'insulte impie de la foule soudoyée et composée de l'écume du Piémont. Des gamins se vantaient d'avoir reçu huit, dix, quinze sous et plus, suivant l'importance du rôle que leur permettait leur impudence. La Gazetta del Popolo prétend « que Jésus-Christ et les apôtres étaient adorés de la multitude, parce qu'ils savaient adapter la morale évangélique aux besoins de l'époque. Ce bon journal écrit cela trois jours après le Vendredi-Saint, où il ne lui aurait pas été difficile d'apprendre que JésusChrist a été mis à mort par la multitude, et que les Pharisiens le détestaient précisément parce que sa morale ne s'accommodait pas du tout à la leur. Quelle grossière ignorance, quelle insigne mauvaise foi!

GENES.-Près de cent prêtres génois ont adressé au sénat la pétition suivante: Les soussignés prêtres génois, dans la ferme conviction que la loi proposée dernièrement au sujet des priviléges ecclésiastiques et des fêtes, ne peut qu'amener les plus funestes conséquences; usant du droit de pétition que leur accorde le statuto, demandent au sénat de la rejeter. »

-Le bruit a couru que le roi voudrait faire ajourner par le sénat la loi Siccardi, et gagner ainsi le temps nécessaire pour ouvrir des négociations avec Rome. On pourrait ainsi obtenir une partie des modifications de discipline demandées par l'autorité civile sans blesser les droits de l'autorité spirituelle. Si, comme on l'ajoute, le ministère s'oppose à ce moyen de guérir les maux déjà causés par ses prétentions schismatiques, il assume une terrible responsabilité: car le Pape se prête à un concordat; et ce serait, sans le moindre prétexte, déclarer la guerre au Pontife, et de propos délibéré précipiter la nation dans les chances d'un schisme.

TOSCANE. - FLORENCE. - Le 25 mars, jour de l'Annonciation, S. A. I. et R. le grand-duc, avec toute sa famille et en grand cortége s'est rendu, suivant l'usage, à la basilique de l'Annonciation, pour assister au divin sacrifice. La place de l'Eglise était occupée par la gendarmerie à pied et à cheval, les vélites, un escadron de lanciers et deux compagnies de troupes autrichiennes.

BELGIQUE.— BRUGES. - Nous continuons à donner quelques détails de la grande procession qui doit avoir lieu à Bruges pour les fêtes que nous avons annoncées hier:

Dans le cortége de la cathédrale figurera la confrérie de Saint-Eloi. Le saint Evêque de Noyon et de Tournai ne bornait pas, comme on sait, son zèle à la Gaule, il avait encore les Flandres sous sa juridiction. Ce fut à Bruges d'abord qu'il annonça l'Evangile et qu'il bâtit l'église de Saint-Sauveur, aujourd'hui la cathédrale, où l'on conserve encore ses reliques. Saint Eloi mourut en 659. Ce sont les reliques de cet apôtre de la foi que les paroissiens de la cathédrale vont porter dans la procession, dans l'ordre suivant:

1o Une bannière aux insignes d'une des confréries instituées dans la cathé drale, portée par un jeune homme en habits religieux, entre deux acolytes; les cordons de la bannière sont portés par quatre jeunes gens, vêtus d'aubes.

2o Dix jeunes filles portant des bannières et des vases de fleurs. Toutes les bannières sont aux armes et aux insignes des principales confréries de la cathé

drale.

3o Le roi Clotaire II, qui a honoré saint Eloi de sa protection et de son amitié; il est suivi de deux pages, portant son manteau.

4° Bobon, intendant de la cour de Clotaire II, qui a présenté saint Eloi au roi, et qui l'a proposé pour confectionner un coffret en or que le roi désirait avoir. Saint Eloi lit deux coffrets au lieu d'un avec l'or que lui fit remettre le roi. Babon porte un plateau, couvert de velours, sur lequel sont placées les monnaies frappécs par saint Eloi. A ses côtés, marchent deux personnages de distinction portant les deux coffrets confectionnés par saint Eloi. Ils sont suivis par deux anges portant la queue du manteau de l'intendant.

5° Une jeune fille, vêtue d'une riche tunique personnifiant l'église des Flandres. Elle porte un modèle en or de l'église de Saint-Sauveur, bâtie par saint saint Eloi. Elle est suivie de deux jeunes gens en habits de chœur portant les pans de sa tunique.

6° Quatre jeunes gens portant les insignes et les emblèmes de l'évêché et de l'apostolat de saint Eloi et de saint Donat.

7o La classe où reposent les reliques de saint Eloi sur un riche brancard, portée par huit séminaristes vêtus d'aubes blanches et de dalmatiques rouges aux armes de la ville et au sceau de l'église de Saint-Sauveur. Sur les côtés marchent six jeunes gens en aubes à écharpes portant des flambeaux, et six hérauts d'armes portant des drapeaux aux armes de saint Eloi et de saint Donat.

8° Groupe de jeunes personnes vêtues d'aubes à écharpes, portant des flam

beaux.

9o Bannière et deux flambeaux portés par de jeunes filles; les cordons de la bannière sont tenus par de jeunes personnes en aube à écharpes,

10° Enfin des personnages représentant les marguilliers de la cathédrale, portant un large manteau noir à fourrures et doublé de soie.

Ce cortége sera composé de 87 personnages, et tous les costumes seront trèsriches et exactement conformes au temps et à la qualité des personnages.

De temps immémorial, les habitants de la ville de Bruges ont voué une vénération particulière à leur premier apôtre saint Eloi ; aussi ses reliques sont-elles l'objet d'un culte tout particulier.

Séance de l'Assemblée.

L'Assemblée a été peu attentive et peu animée. Il y avait cependant matière à intérêt: il s'agissait de la seconde délibération sur le chemin de fer de Lyon, et des orateurs de mérite tels que MM. Grévy

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