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midal découpé d'ogives, hérissé de clochetons et d'arcs-boutants, comme les dais de pierre qui abritent les statues aux portes des églises. Ces grisailles occupent trop de place, et livrent passage à une trop grande quantité de lumière, circonstance qui nuit beaucoup à l'effet du tableau principal. Les fonds en mosaïques sont abandonnés; on leur préfère des fonds rouges ou bleus, unis et quelquefois déjà damassés. Les représentations architecturales jouent presque toujours un rôle important, même pour les sujets qui comportent plusieurs personnages. En général, on se sert de pièces de verre d'une plus grande dimension que par le passé, et l'on emploie, par conséquent, moins de ces tiges de plomb qui accentuaient si bien le dessin dans les verrières des siècles précédents. Il est clair que pour apprécier l'âge des vitraux, il faut tenir compte du costume des figures et du style des fenêtres qu'occupent les verrières. Il ne faut pourtant pas attacher une valeur absolue à cette dernière indication. Il arrive souvent que les vitraux sont beaucoup plus modernes que l'édifice où on les voit. Les légendes écrites sur les phylactères, ou dans des cartouches, au bas des figures, fournissent aussi un renseignement qu'il ne faut pas négliger.

Les vitres peintes ne servaient pas seulement à décorer les églises, on en garnissait aussi les fenêtres des édifices civils. Il se pourrait que, dès le onzième siècle, on en eût fait usage. Les fenêtres figurées sur la tapisserie de la reine Mathilde, à Bayeux, offrent en effet des couleurs diverses indiquant des vitraux. Sauval nous apprend que les appartements royaux du Louvre étaient ornés de verrières qui représentaient des figures de saints sous des dais flamboyants et assises dans une espèce de trône. Les appartements occupés par les princes avaient ainsi des vitraux sur lesquels étaient tracés le portrait de ces illustres personnages, leurs armoiries et leurs devises. Il paraît que ces panneaux n'avaient guère plus de quinze pouces sur dix de largeur. Ainsi que le Louvre, les autres châteaux offraient des vitres peintes. C'était le plus grand luxe de l'époque. Chaque seigneur faisait reproduire de cette manière les portraits de sa famille et ses armoiries 1.

La peinture sur verre, au quatorzième siècle, avait pris une grande extension, grâce aux encouragements et aux priviléges que les rois de France 'accordèrent aux verriers. Charles V et Charles VII, par lettres patentes octroyées aux peintres-verriers, les déclarent « francs, quittes et exempts de toutes tailles, aides et subsides, garde de porte, guet, arrière-guet et autres subventions quelconques. » Plus tard (1434) Charles VII confirma ces priviléges par lettres délivrées à Chinon, sur la requête de Henri Mellein, demeurant à Bourges, peintre-verrier, « dans sa personne, et dans celle de tous autres de sa condition, tant dans ladite ville de Bourges qu'autres lieux de son royaume 3. » On conçoit que de telles faveurs aient été un puis

1 Jean de Berry, d'après Sauval, «fit rebastir magnifiquement le chasteau de Wincester (Bicêtre), l'enrichit de quantité de peintures, et pour dernier embellissement y ajousta des vitres en verre qui ne faisoient en ce temps-là que de commencer à orner l'architecture des palais. » 2 Les empereurs d'Orient avaient été des premiers à accorder des priviléges aux verriers. Nous voyons, en effet, au liv. II du Code de Théodose, que cet empereur les exempta des charges publiques. Cet exemple fut suivi Au Moyen Age par la plupart des monarques d'Occident.

5 Ces lettres ont été confirmées par Henri II (6 juillet 1525) et par Charles IX (1565). — Voyez là-dessus la Collection des statuts, ordonnances et règlements de la communauté des maîtres de

sant encouragement donné à l'art de la verrerie. Il y a plus cet art était regardé comme si excellent, et l'on entourait de tant de considération ceux qui le pratiquaient, que les gens de condition noble ne compromettaient pas leur noblesse en s'y livrant. « Les ouvriers, dit Haudicquer, qui travaillent à ce bel et noble art, sont tous gentilshommes, et ils n'en reçoivent aucun qu'ils ne les reçoivent comme tels. Ils ont obtenu de grands et beaux priviléges au sujet de cet art; mais le principal est celui de faire travailler et de travailler eux-mêmes sans déroger à leur noblesse. Les premiers qui les ont obtenus, suivant tous les historiens qui en ont parlé, sont les ouvriers de grosses verreries, et quoyque leur travail ne soit en usage que plusieurs siècles après celuy des petites verreries, ils les ont néanmoins prévenus sur ce point d'honneur, qui fait un si grand mouvement parmy les hommes de cœur. Je diray à ce sujet que c'est une erreur populaire, ou plutost parmy le vulgaire, de croire que l'art du verre anoblisse ceux qui le travaillent; et, au contraire, que la plupart de ceux qui ont obtenu des priviléges pour établir des verreries, étoient gentilshommes d'extraction; leurs priviléges portant qu'ils pourront exercer ou faire exercer cet art, sans déroger à leur noblesse, en est une preuve convaincante; ce qui a été confirmé par tous nos rois, puisque, dans toutes les recherches qui ont été faites des faux nobles jusqu'à présent, jamais l'on n'a donné aucune atteinte à ces priviléges, y ayant toujours été maintenus et leur postérité.

« Les gentilshommes, dans les grosses verreries, travaillent douze heures de suite, toujours debout et nuds. Dans les petites verreries ils travaillent six heures seulement, et se relayent les uns et les autres, de manière à ce que les lieux soient occupés nuit et jour. Ils ont chacun un fauteuil pour s'asseoir, qui est de bois, très-large, matériel et inébranlable, où les instruments de l'art sont attachés, parce qu'ils parachèvent tous leurs ouvrages assis, l'esté presque nuds, et l'hiver peu couverts, se couvrant seulement la teste lorsqu'ils sont sur leur fauteuil, pour éviter de la morfondre 1. » Les quelques détails dans lesquels nous venons d'entrer suffisent pour donner une idée de l'organisation du corps des peintresverriers, et de l'importance qu'il avait parmi les autres corps des arts et métiers. Nous avons hâte de revenir à la peinture sur verre, qui doit surtout nous occuper.

Nous citerons d'abord plusieurs vitraux de l'église Saint-Thomas, à Strasbourg 2, et les figures de saint Valère et saint Maxime dans la cathédrale de Limoges, dont nous donnons le dessin ici comme spécimen de l'art de la verrerie au quatorzième siècle. Dans ces deux panneaux l'architecture en grisaille domine; le dais, qui s'élève au-dessus de chaque personnage, occupe la moitié environ du vitrail. Les têtes sont étudiées avec soin, et les draperies, quoique sévères, ne manquent pas d'élégance. Dans la rose de Saint-Nazaire, à Carcassonne, on voit une combinaison très-heureuse de lignes et de feuillages entrelacés. Dans la chapelle Saint-Piat, à la cathédrale de Chartres, il y a de grandes figures sur

l'art de peinture, sculpture et gravure, de la ville et faubourgs de Paris. in-4o, 1672.

1 Haudicquer de Blancourt, p. 36 et p. 43.

2 Voyez le Bull. du Comité historique, t. I, p. 170.

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Paris, chez Bouillerot,

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