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M. Hettier rend compte, au nom de M. Ruprick Robert, des réparations importantes qui s'exécutent aujourd'hui à la cathédrale de Séez.

Le scrutin est ouvert pour le vote sur l'admission de MM. l'abbé Niquet, du Manoir et de M. le général Mederith Read, qui sont élus membres titulaires de la Société.

Séance du 4 juillet 1873.
Dupont,

Présidence de M. Gustave Secrétaire, M. Chatel,

Le Secrétaire signale parmi les ouvrages offerts l'Étude généalogique et historique sur les MédavyGrancey et Sévigni ou une paroisse rurale en Normandie pendant les trois derniers siècles, suivi de la recherche de la noblesse de 1666 dans les élections d'Argentan et de Falaise, et de la liste des gentilshommes du bailliage d'Alençon. L'auteur de ces deux mémoires est M. Victor des Diguères.

M. Lavalley-Dupeyroux fournit de curieux renseignements sur le cimetière mérovingien du Val-des-Dunes, qu'il est allé visiter avec le Secrétaire.

Sur sa proposition, une allocation de 50 fr. est votée pour la continuation des fouilles.

M. Guinat donne lecture d'un travail complet et trèsintéressant sur la question du donjon de Vire. Malgré l'intérêt que présente cette ruine pittoresque, il paraît au rapporteur que les réparations nécessaires pour assurer sa conservation peuvent être faites facilement par la municipalité de Vire, et qu'il y a lieu de réserver les subventions bien minimes, inscrites chaque année au budget départemental, pour des monuments plus

importants et situés le plus souvent dans des communes absolument dénuées de ressources.

Ces conclusions sont adoptées..

M. Guillouard donne lecture d'une lettre de M. Tirard, relative aux explorations entreprises pour déterminer la direction de la voie romaine qui devait relier Flers et Vieux à Jublains. A cette occasion, M. le président Violas entre dans des détails très-circonstanciés sur le résultat des fouilles opérées récemment, tant à Jublains que dans les environs. Il promet, d'ailleurs, à la Société de traiter d'une manière plus complète cette question à l'une des prochaines séances.

M. Émile Travers rend compte des Mémoires de l'Académie de St-Quentin et signale l'analyse d'un important cartulaire du chapitre de cette localité. « Il serait à souhaiter que, pour la Normandie, on publiât des extraits des nombreux cartulaires conservés dans les dépôts publics, soit à Paris, soit dans les départements. La Société devrait se préoccuper de cette question et consacrer un de ses volumes à l'analyse succincte de quelques-uns de ces précieux documents. >>

Séance du 1er août 1873. – Présidence de M. Ferrand, préfet du Calvados. Secrétaire, M. Chatel.

M. Marie, après avoir entretenu la Société de quelques-uns des travaux de M. Flachat et notamment de l'heureuse intervention qui nous assure la conservation de la tour centrale de la cathédrale de Bayeux, demande qu'un hommage de regret soit donné à la mémoire de cet habile ingénieur.

La Société, s'associant à cette pensée, décide que

l'expression des regrets que lui a causés la mort de M. Flachat sera consignée au procès-verbal.

Parmi les ouvrages offerts, le Secrétaire signale : Les Emblêmes attribués à des objets gallo-romains, bases frontales de bois de cerf, par M. Grasset. Les idées émises dans cette brochure sont combattues par M. Lavalley-Duperroux. M. Duperroux est prié de vouloir bien consigner dans une note ses observations, En l'insérant dans le Bulletin, la Société pourrait attirer l'attention sur une question neuve et qui ne paraît pas avoir été jusqu'ici suffisamment étudiée.

Pour la seconde fois, la Société a été appelée à donner son avis sur la répartition à faire entre les divers monuments des sommes inscrites au budget départemental.

Après un échange d'observations entre MM. Delise, Chatel et Lavalley-Duperroux, la Compagnie approuve le projet de répartition dressé d'urgence par le conseil d'administration.

M. le Président fait connaître qu'il a été informé que des fouilles intéressantes s'exécutaient en ce moment près de Trouville. MM. Laisné-Deshayes et LavalleyDuperroux sont chargés de prendre des renseignements à ce sujet et, au besoin, de se transporter sur les lieux pour pouvoir rendre compte à la Société des découvertes qui viendraient à se produire.

M. Cauvet donne lecture d'un rapport très-étudié sur le Dictionnaire archéologique de MM. Daremberg et Saglio.

MM. Denais et Des Diguères sont nommés membres titulaires de la Société.

NOTES ET COMMUNICATIONS.

Journal manuscrit d'un sire de Gouberville et du Mesnil-au-Var, gentilhomme campagnard au Cotentin de 1553 à 1562, Etude publiée dans le Journal de Valognes par A. T. 1 vol, in-12 de 841 pages. Valognes, imprimerie de G. Martin, libraire. 1873.

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Vers le milieu du XVIe siècle, dans le village du Mesnil-au-Val, ou au-Var, situé entre Cherbourg et Valognes, vivait un gentilhomme nommé Gilles de Gouberville. Il appartenait à une ancienne famille du Bessin, la famille Picot, dont une branche s'était établie à l'extrémité de la presqu'ile et y possédait des fiefs à Gouberville, Cherbourg, Tourlaville, Digosville, Breteville, Gatteville, Brix, Saulsemesnil, au Theil et au Mesnil.

Ce gentilhomme habitait un manoir qui était plutôt un grand atelier agricole, où il donnait l'exemple du travail, qu'une résidence aristocratique. Sous son active direction, on labourait, on semait, on élevait des chevaux, des moutons, des bêtes aumailles. Lui-même plantait, greffait, recherchait les nouveaux procédés de culture, les étudiait et les essayait. Sa maison était ouverte à la plus large hospitalité; il y régnait l'abondance de toutes choses; les provisions en remplissaient les celliers; les caves en étaient toujours

richement fournies de tonneaux, de pipes et de poinçons; la venaison n'y manquait jamais; et, quoiqu'il fût célibataire, le maître y fêtait joyeusement les noces, les baptêmes et les autres événements domestiques qui, de temps en temps, animaient l'existence un peu monotone de sa nombreuse clientèle qu'il regardait comme sa famille. Son gouvernement patriarcal était donc, on le comprend, facilement accepté par ses vassaux qui, se trouvant heureux de leur sort, ne songeaient guère à se plaindre de l'oppression féodale et à s'en affranchir.

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Gilles de Gouberville, tout en jouissant des avantages que lui donnaient sa condition et sa fortune, et tout en y faisant participer ses gens, était un homme d'ordre ; il aimait à se rendre compte de ses plus modestes profits et de ses moindres dépenses; il n'entreprenait rien à la légère; il était un vrai normand de la vieille souche; associant l'amour du bien-être à la prudence de la conduite; une grande finesse à beaucoup de bonhomie; une philosophique indulgence envers les autres à une naïve tendresse pour sa propre personne et à une certaine ténacité à défendre ses intérêts; esprit pratique avant tout, n'estimant les théories qu'autant qu'elles lui servaient à quelque chose et n'ayant jamais regardé au-delà de l'horizon de ses champs et de ses bois.

C'est ainsi que, peut-être sans le savoir et sans le vouloir, le gentilhomme du Cotentin s'est peint luimême et nous a révélé sur son temps une infinité de détails que l'on chercherait vainement ailleurs; car Gilles de Gouberville tenait un journal sur lequel il notait chaque jour les incidents de sa vie. Longtemps ce précieux document est resté égaré dans les archives

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