Page images
PDF
EPUB

Le Secrétaire dit que le Conseil d'administration, tout en partageant les sentiments qui inspirent cette généreuse pensée à M. Bayeux, a dû forcément exprimer le regret de ne pouvoir soumettre cette proposition à la Compagnie, en raison de l'exiguité des ressources financières de celle-ci et de ses dettes arriérées, qui seront à grand'peine payées.

Alors MM. Dupont et Joly proposent d'ouvrir une souscription individuelle. M. Dupont écrit tout aussitôt sur une feuille de papier :

SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE NORMANDIE

Pour les blessés.

Il signe son nom en face de sa cotisation; la liste circule et est aussitôt signée de tous les membres présents à la séance. Le Secrétaire put ainsi remettre 300 fr. à M. Roulland, maire de Caen.

M. le Président procède à l'élection de M. Desnoiresterres, qui est admis membre titulaire non résidant.

M. le Président annonce la candidature de M. Amédée du Buisson de Courson, pour qu'il soit statué, dans la séance suivante, sur cette présentation.

Bien que plusieurs lectures fussent à l'ordre du jour, M. le Président, voyant la plupart des membres de la Compagnie se retirer pour connaître les dernières nouvelles, lève la séance à 8 heures et demie, en faisant remarquer que cette inquiétude des dernières nouvelles ne justifie que trop la décision du Conseil d'administration qui avait ajourné la séance du mois de novembre. Il rappelle que la séance administrative est fixée au vendredi 16 décembre 1870, à 9 heures du matin.

III.

COMPTES-RENDUS, RAPPORTS.

Lettre de M. le Curé de St-Aignan-de-Cramesnil au Secrétaire de la Société.

MONSIEUR LE SECRÉTAIRE,

14 décembre 1869.

Voici la nomenclature des pièces trouvées au Valdes-Dunes et les circonstances de leur remise aux mains de M. Charma :

1o Au commencement de septembre 1868, les fouilles opérées au nom de la Société des Antiquaires dans le champ d'Arsène La Housse, vallée de Conteville, section A du cadastre, amenèrent, à la profondeur de 55 et 60 centimètres, la découverte de soixante-dix squelettes, d'un tombeau mérovingien isolé, d'une lame de sabre et d'une agrafe de cette époque reculée. La pointe du sabre avait été légèrement courbée par un coup de pioche. M. Charma emporta lui-même le sabre, l'agrafe et quelques vases en terre.

[ocr errors]

2o Vers la fin du même mois de septembre ou au commencement d'octobre, à l'occasion de nouvelles fouilles pratiquées à la butte St-Laurent, chemin de Jort, territoire de Bellengreville, sur l'emplacement d'une ancienne église, neuf squelettes d'époque mérovingienne

[ocr errors]

furent découverts dans la vaste enceinte du vieil édifice, avec des vases funéraires. Une espèce de petite décoration en cuivre, finement ciselé, fut trouvée adhérente à une des côtes d'un des squelettes. Cette décoration était composée de cinq pièces, dont deux avaient la forme de deux C adossés; les trois autres pièces, pendant au milieu, avaient la forme d'aiguilles ou d'aiguillettes, la pièce du centre plus longue: le tout assemblé à la hauteur de la courbe des deux C. M. Charma, après avoir constaté les dimensions des trois édifices différents, emporta la frêle décoration, les vases, un crâne pour étude et un bloc de minerai brun-rougeâtre qui reposait dans l'angle sud-ouest du grand bâtiment, dont la longueur était en effet d'environ 30 mètres, ainsi qu'il m'avait été affirmé il y a vingt-cinq ans. M. Charma était content des résultats; pour M. La Housse, il trouvait beaucoup d'argent de dépensé (200 fr.), beaucoup de terre remuée, mais peu d'objets pour le Musée.

Aussi, après la récolte de son sarrasin, le propriétaire du cimetière mérovingien reprit les fouilles dans la partie de son champ de la vallée qui s'incline vers Conteville. De ce côté, les sépultures sont plus anciennes et plus profondes. Il trouva deux sarcophages en pierre des carrières de Conteville, juxtaposés et d'inégale grandeur; il m'appela. Contre la tête du plus grand gisaient deux lames de sabre semblables à la première (48 et 53 centimètres de longueur). Une poussière jaunâtre vers la poignée prouvait que celle-ci était en bois. Près de l'autre tombeau, également en dehors, se trouvaient une bague de cuivre ne pouvant convenir qu'à une petite main de femme, quelques perles en verre de couleur brune; d'autres petites

pièces percées, qui ressemblaient à du bois ou à de l'ambre décomposé, indiquaient un bracelet.

Depuis un an, M. La Housse a peu cherché; il a découvert cinq cercueils en pierre et n'a trouvé d'objets remarquables que dans un seul, savoir une demi-agrafe ornée et une hache d'armes dont la forme est semblable à celle que j'ai remarquée au Musée de la Société.

Je tâcherai de vous donner une note sur mes vieux corbeaux provenant d'une chapelle St-Thomas, etc. Agréez, je vous prie, l'assurance du sincère dévoûment de votre confrère

NOEL,

Curé de St-Aignan.

Lettre du Même au Secrétaire.

5 janvier 1870.

MONSIEUR ET TRÈS-HONORÉ CONFRÈRE,

Dans une conversation sur les résultats obtenus pour l'archéologie en 1868, au Val-des-Dunes, grâce aux fonds votés par la Société des Antiquaires, je vous promis une note concernant ce qui a pu venir à ma connaissance dans le courant de l'année 1869, et notamment sur la découverte :

1° D'esselliers et de deux vieux modillons ou corbeaux provenant d'une chapelle St-Thomas, trouvés au milieu des champs, sous le sol d'une profonde cavité voisine du village détruit;

2o D'une cuve baptismale en pierre, de forme cylindrique, ornée d'entrelacs, cachée depuis longtemps dans l'encoignure d'une étable;

3o D'un foyer de cheminée de 2 m, sur 1 m. 25, gisant à 30 cent. de profondeur, dans une pièce de terre en labour, nommée les Jardins, précédemment à la place occupée par une portion de l'ancien bourg de StAignan-de-Cramesnil. Ayant, aujourd'hui, l'espoir de compléter cette découverte, je suis forcé de modifier le thème de la note promise et de me borner à un supplément au Val-des-Dunes pour 1869, savoir: vignoble de Bellengreville, butte St-Laurent, vallée de Conteville, ancienne carrière de Conteville, qui ont pu avoir leur part d'influence sur le cimetière et les établissements primitifs de la localité. Cette communication, en vous faisant connaître l'état actuel des investigations de la Société au Val-des-Dunes, vous prouvera que, si, avant d'appartenir à la Compagnie des Antiquaires, je n'ai pas été indifférent aux souvenirs d'un passé que j'aimais à voir revivre, l'honneur d'être membre de l'Association n'a fait que stimuler mon attention, et qu'à défaut d'autre mérite, j'aurai toujours celui de la bonne volonté.

1° Vignoble de Bellengreville.-A la fin de mai 1869, il se présenta, pour moi, une occasion d'appeler l'attention de M. Huet, maire de Bellengreville, sur les fouilles de la butte St-Laurent, chemin de Jort, territoire de Bellengreville. Ainsi que l'avait fait M. Harel, propriétaire du château de Chicheboville, qui permettait à la Société de déplanter même ses sapins, M. Huet se déclara franchement dévoué aux antiquaires et disposé à les seconder, comme propriétaire et comme maire. Je lui exprimai le désir de voir remplacer, un jour, par une croix de pierre, la chapelle de St-Laurent, détruite en 1562, et dont la dernière pierre avait été arrachée devant nous. M. Huet approuva

« PreviousContinue »