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il eut le mérite, trouvant les finances de la Société obérées durant l'année 1869-1870, de les rétablir, grâce à une administration résolument temporisatrice. Exact à toutes nos séances, il était tout à sa présidence; et par son caractère conciliant, qui ne manquait pas de fermeté, il sut conquérir la considération indispensable à celui qui préside une assemblée.

Souvent l'homme varie avec la fortune; lui, il ne changea pas et resta ferme dans la bonne fortune, gardant la constante simplicité de ses goûts et de ses habitudes, ne se donnant que le luxe de mieux parer sa bibliothèque, où il passait la meilleure part de sa vie dans le commerce de ses chers livres avec un docte ami, dont la durable et chaleureuse affection atteste l'heureuse nature de M. le baron Le Menuet.

Le troisième nom qui figure sur notre liste nécrologique est celui de l'un des plus considérés de nos directeurs, de M. VITET, au mérite duquel mon hommage ne saurait rien ajouter. Président de la Commission des monuments historiques, il nous promettait son concours efficace dans l'œuvre de la restauration du Mont-Saint-Michel. Nous avons perdu en lui, le 5 juin dernier, un éminent et utile auxiliaire.

Huit jours après, le 13 juin, s'éteignait dans sa retraite de Tourville, à quatre-vingt-neuf ans, notre très-honorable confrère M. le président DUPONT-LONGRAIS, qui a été trop dignement apprécié, à la séance de rentrée de la Cour d'appel, pour que nous ayons autre chose à faire que de nous féliciter de l'avoir compté parmi nos confrères. C'était, on l'a dit, un grand magistrat, « à la d'Aguesseau », dont les arrêts faisaient autorité. Mais l'exclusive application de son esprit aux études juridiques ne lui laissa pas le loisir de

collaborer à nos publications, qu'il tenait pourtant à le avec cette bienveillance qui stimule le travailleur.

Le 17 septembre succombait, à l'âge de soixante-dix huit ans, M. le docteur FAUCON-DUQUESNAY, cet homme vraiment fait pour être le médecin des pauvres.

Dans sa méditation sur l'immortalité de l'âme, M. Guizot écrivait :

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« Vous devez au nom, à la tombe de l'homme de

bien, un respect qui se nourrit et s'accroît de tous « les sentiments que réveille sa mémoire. »

Eh bien ! ceux qu'évoque le souvenir du « bon docteur sont la charité sous toutes ses formes, la bienveillance et la fidélité à tous ses devoirs envers Dieu et envers les hommes.

Ce fut un homme de bien, l'un des plus hommes de bien que nous ayons connu; sa modestie égalait sa générosité, sa constante sollicitude pour les pauvres ne fut jamais chez lui un calcul d'ostentation et d'intérêt personnel. Il faisait le bien pour le bien, par instinct et par besoin de sa nature, il l'accomplissait comme sa tâche quotidienne de chrétien.

Nous n'ajouterons rien, car nous croirions manquer à la mémoire d'un homme aussi vrai et aussi simple, au milieu des regrets et des témoignages de reconnaissance et de vénération dont il était comblé, si, par des traits que lui seul pourrait trouver exagérés, nous offensions sa modestie.

Nous honorerons sa mémoire en tâchant de suivre son exemple.-Et vous l'avez fait, Messieurs, car dans notre dernière séance de novembre, où nous rendions hommage à notre révéré confrère, vous inspirant de son esprit de charité, vous avez ouvert une souscription qui a produit 640 francs pour les familles, victimes du choléra.

Nous espérions fermer notre nécrologe de l'année, lorsque nous avons appris, ce matin, la perte de M. DURSUS DE COURCY, numismate éclairé, que ses infirmités retenaient loin de nous, mais qui se rattachait à nous par la communauté de nos études.

Quand sur un champ de bataille les premiers rangs s'éclaircissent, de généreux champions comblent les vides et se pressent serrés et nombreux pour remplacer ceux qui tombent. C'est ce qui est arrivé pour notre Société; car pour réparer nos pertes et regarnir nos rangs éclaircis, 40 membres, dont 36 titulaires sont venus, depuis notre dernière séance publique du 21 novembre 1872, nous apporter le contingent de leur science acquise et de leur bon vouloir.

Nous les saluons tous avec une bien cordiale confraternité. Cinq appartiennent au clergé, six à la magis

trature.

M. l'abbé Hersent, chanoine de Coutances.
M. l'abbé Le Provost, curé de Langrune.
M. l'abbé Durand, curé de Dozulé.

M. l'abbé Niquet, professeur de théologie à Sommervieu, et l'archiprêtre de Notre-Dame de Bayeux, M. l'abbé Germain, le persuasif conférencier de l'OEuvre Saint-Michel.

MM. de Moidrey, et Lanfranc de Panthou, avocats généraux près la Cour d'appel.

MM. les conseillers Dubus et Houyvet.

M. Violas, président de Chambre à la Cour.

M. Laurens-Desessarts, président du Tribunal civil. Nos autres confrères nous viennent de diverses classes de la société.

MM. Barbe, auquel le monde savant doit les fouilles

de Jublains, Édouard de Barthélemy, Léon de La Brière, Cailloué, le marquis de Caqueray.

M. Corroyer, architecte des monuments historiques, chargé spécialement de la restauration du Mont-SaintMichel.

MM. Danne, maire de Lénault, Denais, Des Diguères, Paul Drouet, Gabriel Gravier, Geisen.

M. de La Porte, et M. Larnac, sous-préfet à Cherbourg.

M. Leblanc, ingénieur en chef du département, dont l'actif concours nous sera très-utile dans nos fouilles.

M. Paul Le Roy-Beaulieu, que nous espérions entendre aujourd'hui même; mais retenu à Paris par son cours qui ouvre demain, il regrette de n'être pas des nôtres, cette année.

M. le docteur Le Roy de Langevinière.

M. Alfred de Liesville, auquel nous devons ces curieuses reproductions de l'imagerie populaire.

M. Morin-Lavallée, maire de Vire.

M. du Manoir, docteur en droit.

M. Peltereau, membre du conseil général de l'Orne. M. Rabec, docteur en droit.

M. le général Médérith Read, consul général des États-Unis.

M. Émile Travers, ancien élève de l'École des Chartes, ancien archiviste du Doubs, conseiller de préfecture du Calvados.

M. Conrad de Witt, membre du Conseil général du Calvados.

Les quatre correspondants sont : MM. Aimé Champollion-Figeac, René Delorme, de Jussieu, archiviste de la Savoie, et Léon Maître, archiviste de la Mayenne, l'auteur d'un savant livre sur les Écoles épiscopales.

Sans tirer vanité de cet empressement flatteur de tant de personnes honorables et de savants nationaux et étrangers à rechercher notre affiliation, constatons-le toutefois, comme un témoignage de l'estime où l'on tient notre Société. On ne viendrait point à elle, croyez-le bien, si elle n'était douée d'une vitalité scientifique, qui ne s'éteindra certes pas dans la seconde période de son existence. Nous en avons pour garants les noms des hommes de valeur et des jeunes talents pleins de sève qui figurent dans la liste de nos nouveaux confrères, auxquels nous souhaitons cordialement la bienvenue.

Mais pour qu'une Société prospère, il lui faut l'ordre en tout et partout, dans ses finances et dans les collections de son musée et de sa bibliothèque.

Eh bien! nous devons ce triple avantage au zèle de M. Lavalley-Duperroux, de notre vénéré doyen M. Ch. Gervais et de notre très-honorable trésorier, M. Léopold Hettier, que vous contraignez, chaque année, depuis dix-neuf ans, à conserver une comptabilité qu'il gère trop bien pour que vous ne l'y condamniez pas à perpétuité.

Notre musée s'enrichit, à chaque séance, au point d'exiger un supplément au catalogue que rédige, avec son zèle habituel, le vénéré doyen de notre Compagnie, M. Ch. Gervais, conservateur émérite de nos collections.

Il en est de même de notre bibliothèque vraiment digne maintenant de ce nom. En effet, nous avions un amas de livres, et nous avons aujourd'hui une vraie bibliothèque, bien classée et cataloguée. Elle s'augmente sans encombre, chaque année, de plus de 200 ouvrages, adressés par les auteurs et par les Sociétés savantes de l'Europe et de l'Amérique.

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