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très-révérend doyen de Westminster, Arthur Stanley. Lisons aussi celle que l'illustre historien César Cantu, directeur des archives de l'État, nous écrit de Milan:

«

« Je suis trop éloigné pour pouvoir prendre part, «< comme je le voudrais, à la séance publique dans laquelle cette société célébrera son cinquantième « anniversaire. Je veux au moins faire acte d'adhésion par ce billet et assister à votre réunion en esprit. Comme vous serez heureux d'avoir pour prési«dent M. Guizot, je vous prie, honorables Confrères, « de lui présenter de ma part l'expression d'une estime, « qui croît toujours de plus en plus et à mesure que « les événements prouvent ce que c'est qu'un homme « de caractère. »>

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« Je souhaite toutes les prospérités à votre Compaagnie, et je suis fier de pouvoir me dire, Messieurs, « votre confrère,

César Cantu. »

C'est le salut de l'historien de l'Italie à l'historien de la France.

Mais nous n'avons pas seulement reçu des lettres particulières. La Société des Antiquaires de Londres nous a fait adresser par son savant secrétaire, M. C. Knight Watson, un extrait d'une décision a Resolution », qui a été adoptée à l'unanimité par son Conseil d'administration.

Je vous en dois communication publique, puisque c'est à cette intention que l'envoi nous a été fait; mais, prononçant fort mal l'anglais, je me contente de vous traduire l'original :

« SOCIÉTÉ DES ANTIQUAIRES DE LONDRES.

<< Sommerset House, 25 novembre 1873.

« Extrait du procès-verbal du Conseil :

<<< Le président, ayant présenté à la réunion l'invitation qui lui était adressée d'assister au cinquantième anniversaire de la Société des Antiquaires de Normandie, qui se célébrera à Caen, le 1er décembre prochain, sous la présidence de M. Guizot, son directeur;

<< Il a été résolu :

« Que la Société [des Antiquaires de Londres] désire offrir à sa sœur [la Société des Antiquaires de Normandie] ses félicitations pour la prospérité et la continuité de ses progrès;

<< Que la Société désire aussi saisir cette occasion d'offrir un témoignage de son respect et de son estime pour l'homme illustre que cette Compagnie peut revendiquer comme l'un de ses membres honoraires, tandis que la Société, qui s'assemble à Caen, a le privilége de sa présidence comme Directeur.

« Le vœu le plus fervent de la Société [des Antiquaires de Londres] est qu'il puisse continuer à jouir d'une bonne santé dans sa verte vieillesse, et que beaucoup d'années encore puissent être accordées à sa vertueuse carrière, glorieuse à si juste titre. >>

La Société des Antiquaires de Normandie, en parfaite union d'idées et de sentiments avec sa sœur de Londres, fait le même vœu de longévité pour son illustre Directeur, vou d'autant plus ardent qu'elle est plus directement intéressée à la gloire de son pays.

Ce rapprochement de la vertu et de la gloire, qui termine la décision de la Société des Antiquaires de

Londres, ne vous rappelle-t-il pas cette définition qu'en donne Cicéron, en ses Tusculanes: « La gloire est << chose solide et nette; elle n'est pas une ombre! Est « enim gloria solida quædam res et expressa, non adum« brata.» « Elle est l'écho ou l'image de la vertu : Ex virtute resonat tanquam imago. » C'est l'approbation générale des gens de bien, la voix incorruptible « de ceux qui sont les vrais juges d'une haute vertu. » - Et lord Stanhope et le très-révérend doyen de Westminster, Arthur Stanley et César Cantu sont de ces juges-là. Et la popularité est la consécration de cette gloire, attestée ici-même par cette immense assistance d'élite, remplissant la grande salle de notre hôtel-deville de Caen, pour saluer, en M. Guizot, l'austère et glorieuse alliance de la vertu et du talent.

Après l'analyse de la correspondance, viennent les communications et lectures de rapports. Citons rapidement celles de M. Gervais, conservateur de notre musée, toujours prêt à nous renseigner sur la valeur des monnaies et médailles, et de toutes les précieuses raretés qui nous sont offertes, telles que l'écu d'or de Charles-Quint, envoyé par M. Doucet, de Bayeux, comme cadeau de bienvenue; le joli coffret d'acier sculpté du XVI siècle, offert par le conseiller Hain, comme souvenir de notre confrère Alfred de Combes; puis les lectures de MM. Cauvet, Guillouard, Guinat, Émile Travers, Le Roy, Charles Le Vasseur, et M. l'abbé Do nous lisant un docte travail sur l'apostolicité de nos églises; de M. Joly, doyen de notre Faculté des lettres, nous racontant spirituellement sa visite artistique faite aux réparations des églises Saint-Pierre et Saint-Sauveur; de M. le Président Violas, complétant

les renseignements donnés par M. Tirard, sur les fouilles de Jublains; de M. de Brécourt, qui nous a remis le beau dessin où il a représenté la porte de l'ancien cimetière de Venoix, dernier asile du poëte Brébeuf, et qui demande à la Compagnie d'illustrer du portrait de notre fondateur la notice que M. Cauvet va vous lire sur M. de Caumont.

Mais j'abrége, fidèle à ma promesse d'être incomplet.

Sur l'invitation de M. le Recteur, nous demandant au nom du Ministre de l'Instruction publique :

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1o Des renseignements sur les écoles primaires avant 1789;

2o L'envoi des publications de la Société pour les adresser à l'exposition de Vienne, section de l'histoire du travail (1).

Nous avons remis à M. le Recteur les livres et renseignements demandés. Nous nous sommes efforcé de prouver, pièce en main, que la Révolution n'était pas précisément fondée à réclamer l'honneur de l'invention de l'instruction primaire, et que les écoles existaient partout en grand nombre, dues qu'elles étaient au clergé et à l'initiative privée. Nous avons toutefois reconnu qu'elles n'étaient pas réparties d'une manière aussi régulière que commença à le faire le nouveau régime.

Prévenue aussi par M. le Recteur du rétablissement du congrès des Sociétés savantes à la Sorbonne, la Compagnie s'y fit représenter par de nombreux délé

(1) Cet envoi nous a été heureux, car la Société des Antiquaires de Normandie, dans la distribution des récompenses, au mois d'octobre 1873, a obtenu, à l'exposition de Vienne, une MÉDAILLE DE MÉRITE,

gués, qui soutinrent avec dignité le bon renom de la Société, par des lectures bien préparées (1).

C'est alors que nous parvint le triste télégramme du 17 avril, annonçant la mort de celui dont la place reste vide à cette fête, qui devait être la sienne.

A cette nouvelle, les présidents de chaque section des Sociétés savantes rendirent un hommage de sympathique reconnaissance à M. de Caumont, le véritable inspirateur de ces Congrès annuels, dont le gouvernement lui a pris la pensée originale et féconde. L'expression de ces regrets a été adressée à notre président par le secrétaire de la section d'histoire, M. Hippeau.

M. DE CAUMONT n'avait pas ouvert la liste funèbre de notre nécrologe de l'année. Ce triste honneur avait été réservé à l'un de nos derniers présidents, mort le 3 mars, M. le baron Léon LE MENUET DE LA JUGANNIÈRE, juge honoraire au tribunal civil de Caen, membre de l'Académie de législation de Toulouse. Homme du devoir, ayant l'esprit de prudence et de modération,

(1) Lectures faites à la réunion des Sociétés savantes à la Sorbonne, à Pâques 1873 :

1o. M. Eug. Châtel : Étude sur la mosaïque de Lillebonne ;

II. M. de Farcy: Étude sur l'église de l'abbaye de Longues;

III. M. Fierville : Étude historique sur Démosthènes ;

IVo. M. l'abbé Lecointe, curé de Cormelles : Étude archéologique sur la bannière royale, sous Charles VII;

Vo. M. Gaston Le Hardy : Étude sur le Mont-Saint-Michel ; VIo. M. Ed. Le Héricher: Étude sur l'influence des Scandinaves en Normandie, d'après les noms propres d'hommes. VIIo. M. Quénault : Étude archéologique et géologique sur les envahissements de la mer.

Cinq autres travaux avaient été préparés, mais leurs auteurs n'ont pu se rendre au Congrès et en ont remis la lecture à l'année prochaine.

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