Page images
PDF
EPUB

Sainte-More comme notre et bien nôtre, puisque c'est nous qui l'avons exhumé de son sommeil séculaire et lui avons redoré sa gloire que la rouille du temps et de l'oubli avait peut-être à jamais ternie.

M. le Président s'associe aux paroles du Secrétaire et adresse à M. Joly les félicitations de ses confrères, heureux de voir une œuvre de si rude labeur récompensée par les suffrages du plus illustre des corps savants de l'Europe.

L'ordre du jour épuisé, la Compagnie entend diverses lectures.

M Ch. Renard veut bien se charger de lire une note de l'abbé Cochet sur un vase contenant des monnaies et un anneau d'argent.

M. le Président, ayant fait passer au Secrétaire une lettre adressée par M. le Maire de la ville pour s'informer de l'origine et des productions de la Société, le Secrétaire envoya en réponse aux questions de M. le Maire les renseignements suivants, qui ont mis à même M. le baron Le Menuet de satisfaire l'autorité municipale:

1° La Société des Antiquaires de Normandie, fondée en décembre 1823;

« 2o A produit, jusqu'à cette date de juillet 1870 : 1° vingt-sept volumes et demi de Mémoires, dont les dix premiers, formant la 1re série, de 1824 à 1838, sont in-8°, tandis que les dix-sept autres sont in-4°, de 1839 à 1870; 2° cinq volumes in-8° de son Bulletin, de 1860 à 1870;

« 3o A été autorisée, le 24 janvier 1824, par le Gouvernement;

«4° Et enfin reconnue comme établissement d'utilité publique, par décret impérial en date du 14 février 1855;

a 5° Directeur, M. de Caumont; président, M. le baron Le Menuet; vice-président, M. le conseiller E. de Beaurepaire; secrétaire, M. Eug. Chatel, archiviste du Calvados. >>

M. Joly lit le consciencieux rapport que M. l'abbé Laurent a bien voulu rédiger comme président de la commission chargée d'examiner les pierres druidiques du hameau de la Plumaudière.

La Compagnie écoute avec attention et intérêt ce rapport si lucide, auquel plusieurs membres ajoutent quelques détails similaires.

M. le baron Le Menuet cite un assemblage de pierres identiques à celles de la Plumaudière, et situées à VillyBocage. Il penche à croire que ces amas symétriques de pierres rappellent un culte religieux fort ancien. — M. le Dr Faucon en signale d'à peu près analogues à Jurques. M. Joly souhaite que M. l'abbé Laurent veuille bien compléter son excellent rapport, en relevant les légendes locales auxquelles ces pierres alignées ont dù donner lieu. Le Secrétaire répond que M. Jules Tirard, l'un des membres de la commission et l'un de nos plus zélés confrères, a justement entrepris, comme il en a été question précédemment, un travail d'ensemble dont certaines parties répondront au vœu exprimé par M. Joly.

M. le conseiller G. Dupont lit enfin une longue et savante Notice de M. l'abbé Cochet sur les fibules scandinaves.

M. le Président remercie les auteurs et les lecteurs de ces Mémoires, et avant de clore la séance, il prie ceux des membres qui prépareraient durant les vacances un travail pour la séance solennelle fixée au jeudi 24 novembre, de vouloir bien communiquer leurs

lectures au Conseil d'administration, qui se réunirait à cet effet huit jours avant la séance publique.

Le Président déclare l'ouverture des vacances de la Société, en souhaitant que les terribles événements qui oppressent tous les cœurs ne retardent pas notre première réunion du 4 novembre, et lève la séance à 9 heures 50 minutes du soir.

[ocr errors]

Présidence de M. le

Séance du 2 décembre 1870.
baron Le Menuet de La Jugannière.

Le Président donne la parole au Secrétaire pour la lecture du procès-verbal de la séance du 5 août et le compte-rendu des diverses réunions du Conseil d'administration.

« Nous sommes heureux d'inaugurer la reprise tardive de nos travaux pacifiques, le jour même où nous arrive l'heureuse nouvelle du succès de l'armée de Paris, qui, continuant les succès de l'armée de la Loire sous Orléans, rendent la confiance au pays, indignement foulé, et vont, ayons- en la consolante et patriotique espérance, changer nos défaites en vic

[ocr errors]

toires. La prolongation forcée de nos vacances et la privation que nous avons dû nous imposer de notre réunion publique, ont tenu aux douloureuses nouvelles de nos désastres, qui n'étaient pas faites pour encourager les hommes d'étude à la reprise de leurs travaux; d'autres devoirs nous en éloignaient forcément, plusieurs d'entre nous servaient la patrie les armes à la main, aussi notre Conseil d'administration, réuni le 3 novembre 1870, a-t-il cru devoir ajourner l'envoi des lettres de convocation que le Secrétaire de la Société

avait préparées pour la séance ordinaire du 4 novembre. Aujourd'hui que le temps est désassombri, nous recommençons notre tâche sous de meilleurs auspices par le procès-verbal de la séance du 5 août.

Après la lecture du procès-verbal, M. J. Travers exprime le regret de ce que le Conseil d'administration ait cru devoir, en présence des malheurs du pays, ajourner la réunion du 4 novembre au 2 décembre; il dit qu'il est bon de réagir, chacun dans sa sphère, contre les douleurs publiques par la régularité que chacun doit mettre à remplir son devoir.

M. le Président répond que la tristesse des circonstances n'était pas de nature à encourager les pacifiques travaux des gens d'étude et que d'autres devoirs retenaient ailleurs les hommes de bonne volonté, enfin que des considérations de haute convenance empêchaient la réunion solennelle de la Société d'avoir lieu cette année.

M. le Président consulte la Compagnie sur le jour et l'heure de la séance administrative annuelle, qui est fixée au vendredi 16 décembre, à 9 heures du matin.— Il n'y a pas d'opposition.

Le Secrétaire donne la liste des ouvrages reçus depuis la séance du 5 août, parmi lesquels il signale :

1° L'Abécédaire ou Rudiment d'Archéologie (ère gallo-romaine), avec un aperçu sur les temps préhistoriques, par M. de Caumont, directeur de la Société.

Cet ouvrage a été offert à notre bibliothèque par notre confrère M. Le Blanc-Hardel.

2o La brochure de M. Thaurin intitulée: Antiquités de tous les âges trouvées à Rouen.

3o Le Cotentin et ses îles jusqu'au XIIIe siècle, par M. le conseiller Gustave Dupont.

Le Secrétaire rend compte des diverses séances du

[ocr errors]

Conseil d'administration tenues:- le 8 septembre, pou aviser aux mesures à prendre pour mettre en lieu sûr les objets les plus précieux de notre Musée archéologique; le 12 septembre, à l'occasion de l'arrivée de M. Delorme, préfet du Calvados; le 3 novembre, pour délibérer sur l'opportunité ou l'inopportunité d'envoyer les lettres de convocation que le Secrétaire avait préparées pour la séance ordinaire de novembre; enfin, le 1er décembre, pour préparer la réunion de la Compagnie le lendemain, et pour aller trouver M. le Préfet et lui demander de faire partie de la Société, comme c'est son droit, d'après les traditions. de la Société, confirmées par l'article additionnel en daie du 3 mai 1861, portant que :

« MM. les Préfets et les Évêques ayant leur résidence dans les cinq départements formés de l'ancienne Normandie sont, à raison du haut et bienveillant patronage que la Société peut en espérer, membres de droit. »

La démarche a été faite, et le Conseil d'administration n'a qu'à se louer d'avoir suivi les traditions et de s'être conformée à la teneur de l'article ci-dessus. Non-seulement M. le Préfet remercia la Société de sa démarche courtoise, mais il l'assura qu'il s'emploierait autant que possible à la prospérité d'une Compagnie dont il connaît et apprécie les savantes productions. Il s'empresse de lui garantir la jouissance du lieu de ses réunions ordinaires dans les salles de l'ancien collége du Mont, que M. Tonnet, alors préfet du Calvados, avait mises en 1853 à la disposition de la Société pour l'installation de son Musée.

M. le Président accorde la parole à M. Bayeux, pour une proposition qu'il avait faite au Conseil d'administration et qui consisterait à faire voter des fonds de secours en faveur des blessés.

3

« PreviousContinue »