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«calcinés; mais ce vase fut brisé et on n'en con«serva pas les fragments. Cette nouvelle se répandit et << attira l'attention de notre savant collègue, M. J. « Ménant, qui témoigna le désir d'être présent aux «fouilles. Le 8 juin, il fut appelé pour constater de << nouvelles trouvailles, parmi lesquelles il faut dis<< tinguer celle d'un vase rouge vernissé, orné de « reliefs d'un très-beau dessin, laissant voir divers per<< sonnages mythologiques, tels que Vénus ou Vesta, << Junon-Lucine, l'Amour, un guerrier armé d'une « lance qui pourrait être Mars ou Énée... M. J. Ménant « entretint la Société Havraise des Études diverses de «< cette découverte, qui fera l'objet d'un rapport accom«pagné de planches et de gravures. »

Le Secrétaire, qui a vu tous ces objets et exploré le cimetière havrais, espère que de nouvelles fouilles amèneront des résultats encore plus satisfaisants. Comme il revenait de faire une seconde visite à la mosaïque de Lillebonne, qu'il avait pu examiner à fond avec MM. Duval et Bataille, grâce au bon vouloir du propriétaire, M. le docteur Pigné, il fait part à la Compagnie de tous les détails qu'il a recueillis et donne une description que les membres de la Compagnie suivent sur les dessins de MM. Bouet et Duval. Le Président invite le Secrétaire à rédiger une notice aussi complète que possible pour les Mémoires de la Société. La séance est levée à 9 heures 1/2 du soir.

Séance du 5 août 1870.

Présidence de M. le baron

Le Menuet.

La séance est ouverte à 7 heures 35 minutes du soir. Après la lecture du procès-verbal du 1er juillet, le

Secrétaire dépose la liste des ouvrages reçus, et signale : 1o Bellême au XVIIIe siècle; dix ans d'histoire, par M. le docteur Jousset; - 2o Essai historique et archéologique sur la ville de Pont-de-l'Arche, par M. Léon de Duranville; 3o le Recueil des travaux de

la Société libre d'Agriculture, Sciences, Arts et BellesLettres de l'Eure, t. IX; 4° les Mémoires de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres, Arts, Agriculture et Commerce de la Somme, t. VII.

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Objets offerts au Musée : sept modillons sculptés, provenant du chœur de l'église de Mouen, offerts par M. Cauvet, qui, après avoir acquis une vingtaine de corbeaux semblables aux précédents, regrette de n'en avoir plus retrouvé que les sept susdits. Il ajoute : . Ces pierres sculptées paraissent remonter au com« mencement du XIe siècle. L'édifice dont elles dépen• daient est décrit dans les Antiquités anglo-normandes « de Ducarel et rapporté à cette époque. Une de ces pierres me paraît spécialement curieuse; les deux figures grossièrement sculptées qu'elle porte me « semblent présenter un souvenir du Janus des païens. Beaucoup d'autres modillons du même genre ont « été dispersés dans la commune, mais ceux-ci pa«raissent avoir figuré parmi les plus curieux. L'architecte les avait fait mettre en réserve pour les faire reproduire, par les sculpteurs sous ses ordres, dans « le nouveau bâtiment reconstruit sur le modèle iden«tique au chœur de l'église de Mouen, récemment « démoli. »

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M. Joly explique la disparition des autres modillons par l'industrie d'un propriétaire voisin, très-avisé, qui les a recueillis pour en parer son moulin à créneaux gothiques.

Le Secrétaire donne lecture de la correspondance. Lettre du Ministre de l'Instruction publique informant la Société qu'il accorde une somme de 500 fr. à la Société des Antiquaires de Normandie à titre d'encouragement pour ses travaux. Le Président charge

le Secrétaire de remercier le Ministre de cette nouvelle marque de son bienveillant intérêt.

Lettre de M. Duval remerciant la Société de lui avoir conféré le titre de membre titulaire non résidant et s'engageant à s'efforcer, dit-il, « de mériter au moins « par mon zèle cette faveur que je ne dois qu'à sa << bienveillance. »

Le Secrétaire rappelle à la Compagnie les services que M. Duval lui a déjà rendus en s'occupant avec autant de cœur que d'intelligence des antiquités de Lillebonne, et en dessinant avec une si heureuse exactitude les moindres détails de la mosaïque dont il complète la description dans sa lettre du 29 juillet.

M. le Président se félicite, avec la Compagnie, d'avoir fait en M. Duval l'acquisition d'un confrère aussi dévoué à la science archéologique.

Lettre de notre confrère M. Le Vaillant de La Fieffe, envoyant un prospectus de la maison Lanctin, qui entreprend la publication de son ouvrage sur les Verreries de la Normandie et les Gentilshommes verriers, à l'aide d'une souscription de 7 fr. 50 c.

Le Secrétaire s'empresse d'ajouter que le travail de notre confrère, dont M. Gervais nous a rendu compte dans la séance de janvier, est un de ceux qui se recommandent le plus à la curiosité intelligente des antiquaires, et partant, l'un des plus dignes d'être encouragés par les confrères de l'auteur.

Lettre de M. G. Villers, en date du dimanche 24

juillet, annonçant au Secrétaire la perte que la Société des Antiquaires vient d'éprouver dans la personne de l'un de ses anciens directeurs, M. Ch.-Ed. Lambert, conservateur de la bibliothèque de Bayeux, dont l'inhumation se devait faire le lendemain lundi 25 juillet.

Le Secrétaire dit que, le temps matériel lui ayant manqué pour faire imprimer et envoyer une lettre de faire part à chacun des membres de la Compagnie, il était allé avertir les présidents et les membres du Conseil d'administration, qui, tous empêchés par les devoirs de leurs fonctions ou l'état de leur santé, l'ont chargé d'aller à Bayeux représenter la Société aux obsèques de son ancien directeur. Le Secrétaire dépose l'allocution qu'il avait prononcée sur la tombe de l'un des plus anciens et des plus constants travailleurs de la Compagnie, ainsi que le discours de M. Georges Villers.

M. le Président exprime les regrets de la Société pour une perte aussi réelle que celle de l'un des doyens de l'archéologie. Le Président soumet à la Compagnie la candidature de M. Desnoiresterres, présenté par MM. Georges Villers et le Secrétaire. - Il sera statué à la séance prochaine sur cette nomination.

Le Secrétaire rend compte de la séance du Conseil d'administration, qui a délibéré sur le choix de MM. les délégués de la Compagnie chargés de la représenter à la distribution des prix dans les divers lycées de la Haute et de la Basse Normandie, pour remettre la médaille que la Société décerne chaque année aux élèves de rhétorique qui ont remporté le premier prix d'histoire. Le choix du Conseil d'administration ayant été ratifié par la Compagnie en séance ordinaire, le

Secrétaire adresse les six médailles aux six délégués, qui les remettront: M. de La Sicotière, à l'élève Beaudouin (Édouard), du lycée d'Alençon; - M. le baron Le Menuet, à l'élève Guillouet (Philippe), du lycée de Caen; M. Quenault, à l'élève Lagouge (Louis), du lycée de Coutances; - M. l'abbé Le Beurier, à l'élève Havage (Eugène), du lycée d'Évreux; M. Ménant, à l'élève Viller (Henri), du lycée du Havre;- M. l'abbé Collas, à l'élève Capelle (Édouard), du lycée de Rouen.

Le Secrétaire a le plaisir d'annoncer à la Compagnie la bonne nouvelle du succès de notre confrère M. Joly, qui vient d'obtenir une médaille au Concours des antiquités nationales, décernée par l'Institut de France. Cet honneur, ajoute-t-il, rejaillit d'autant plus sur notre Société des Antiquaires de Normandie que ce glorieux succès a été obtenu pour le travail qui remplit le XXVIIe volume tout entier de 900 pages in-folio de ses Mémoires. La Société est donc récompensée du sacrifice pécuniaire qu'elle a dû s'imposer pour mener à bonne fin cette importante publication du colossal poème de Benoît de Sainte-More, qui ne compte pas moins de 30,108 vers, et de l'introduction, des notes, éclaircissements et variantes, ainsi que du glossaire et des considérations et commentaires, d'une forte et ingénieuse érudition, dont notre savant et laborieux confrère a fait précéder et suivre le Roman de Troie. Si des maîtres ont contesté l'origine normande de Benoît de Sainte-More et l'ont revendiqué comme Champenois, ils n'en ont pas moins rendu pleine justice au savoir étendu de son éditeur, et nous pouvons aujourd'hui nous féliciter, avec notre savant confrère, de son succès si mérité, et revendiquer à notre tour Benoît de

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