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comme authentiques tous les récits que l'indignation patriotique pourrait dénaturer en les exagérant.

M. le Premier Président Olivier demande que le Secrétaire consigne au procès-verbal les regrets que doit inspirer à la Compagnie la mort glorieuse de M. Gustave Lambert, qui, n'étant pas encore parti pour explorer la route du Pôle Nord, s'est bravement fait tuer par les Prussiens, le 19 janvier, à la bataille de Buzenval.

Le Secrétaire rappelle aussi la mort de notre regretté confrère, l'intrépide lieutenant-colonel des mobiles du Calvados, M. le vicomte de Beaurepaire de Louvagny, mort victime de son zèle patriotique en examinant la marche de l'ennemi du haut de la coupole de la chapelle de Dreux.

Le Secrétaire rappelle aussi avec orgueil les dangers courus et les services rendus à la patrie par plusieurs de nos confrères: par M. Gaston Le Hardy, secrétaireadjoint de la Compagnie; par M. Guillouard, dangereusement blessé à la tête pour son dévouement énergique au maintien de la discipline, et par M. LaisnéDeshayes, plus favorisé et rentré sain et sauf, avec la décoration militaire, de cette rude vie des camps où tant de dévouements obscurs réhabilitent l'honneur des vaincus.

M. le Président et M. J. Travers proposent à la Compagnie, avec l'approbation très-vive de plusieurs membres, de rayer de ses listes les associés Prussiens qui y figuraient.

Le Secrétaire et M. Eug. Deslongchamps demandent la formation d'une Commission pour examiner dans quelle mesure la Compagnie entend procéder à l'exclusion des associés que la Société comptait parmi les

belligérants. Mais la proposition du Président a été adoptée. Il a été toutefois bien entendu que les associés qui résidaient dans la partie de notre sol français violemment annexée restent bien et dûment nos confrères.

M. l'abbé Hébert-Duperron appelle, au nom de M. Gervais, conservateur du Musée, l'attention de la Compagnie sur la vente prochaine de la collection des médailles de notre regretté confrère et ancien directeur M. Lambert, ancien bibliothécaire de la ville de Bayeux. - La Compagnie regrette que l'état de ses finances ne lui permette pas l'achat de ce riche médaillier.

M. le Président donne la parole à M. le conseiller Gustave Dupont, qui lit sur les droits de mer au moyenâge, en Normandie, un mémoire plein de faits intéressants, recueillis d'après les pièces originales que contiennent les archives du Calvados et de la Manche.

Le Secrétaire lit des extraits d'un rapport de M. Alb. Trochon sur l'église d'Épaignes et la statue de saint Christophe.

La séance se termine par la lecture que M. l'abbé Hébert-Duperron fait d'un travail sur les misères du siége de Paris par les Normands en 886, d'après le poème latin d'Abbon le Courbe, moine de l'abbaye de St-Germain-des-Prés, contemporain et compatriote des dévastateurs. Ce travail de M. l'abbé Hébert-Duperron est plein d'allusions patriotiques aux misères présentes. La séance est levée à 9 heures 1/4.

Séance d'avril, avancée au 31 mars 1871.–Présidence de M. le conseiller Eug, de Beaurepaire.

Après la lecture du procès-verbal de la séance du 3 mars, le Secrétaire donne la liste des ouvrages reçus,

liste trop courte en raison des difficultés des communications. Il signale les Mémoires de l'Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen, 1870.

Le Président remarque que les autres Sociétés savantes de France sont réduites à la même indigence.

Le Secrétaire fait circuler deux curieuses poteries, une patère et une amphore, que M. le commandant de Brécourt avait rapportées d'Athènes, lors du séjour de nos troupes dans l'Attique, durant la guerre de Crimée.

M. le Président remercie M. le commandant de Brécourt de son gracieux cadeau, inaugurant sa bienvenue parmi nous, et le prie de rédiger une note indiquant l'emplacement où ont été découvertes les poteries qu'il veut bien offrir à la Société.

Le Secrétaire dépouille la correspondance: lettre de M. Alfred de Combes, demandant à la Société de prendre une mesure qu'elle a déjà cru devoir prendre au sujet des associés, originaires des pays en guerre avec la France;

lettre de M. Louis Duval, archiviste de la Creuse, accompagnant l'envoi d'une copie du procès-verbal de capture du sieur de Saint-Pierre du Tailly, ingénieur en chef des États-Unis d'Amérique, exilé à l'Ile-Bouchard, en Touraine, et frère de Bernardin de SaintPierre ; - M. le Président charge le Secrétaire de remercier M. Louis Duval de son envoi en lui-même et du bon exemple donné par notre confrère, qui adresse à la Société un document de notre histoire de Normandie ;

lettre de M. l'abbé Cochet, voulant bien proposer à la Société le bois ou le cliché de la gravure du dessin du théâtre romain de St-André-sur-Cailly, dont la notice avait été lue dans l'une de nos précédentes séances

et pour la continuation desquelles fouilles le savant sépulcrologue sollicite une allocation.

La Compagnie consultée conclut dans le sens du Conseil d'administration, qui, en présence des difficultés du moment et de l'incertitude des ressources financières de la Société, qui ne doit plus compter que sur les cotisations de ses membres, a cru devoir ajourner l'allocation demandée, d'autant plus que, sitôt que Paris sera rendu à lui-même et à la France, les frais avancés pour les planches de la mosaïque de Lillebonne devront être remboursés, et que, d'un autre côté, le Conseil d'administration avait été rassuré sur le sort des fouilles de St-André-sur-Cailly, en lisant dans le Bulletin de la Commission des antiquités que M. Dutuit avait remis 1,500 fr., affectés aux seules fouilles de ce théâtre romain.

Le Secrétaire fait distribuer à chacun des membres présents la 2e livraison du XXVIIe volume, et le fascicule contenant les lectures faites à la séance solennelle du 21 décembre 1869 et devant servir d'introduction au XXVIIIe volume, dont la première partie avait été antérieurement distribuée.

M. Jules Cauvet signale à la Compagnie la vente de la collection de M. Manoury, qui était un curieux et intelligent antiquaire.

M. le Président donne la parole à M. le conseiller Gustave Dupont, qui veut bien lire une note rédigée par M. l'abbé Cochet sur une pierre-limite de l'abbaye de St-Ouen de Rouen. Cette note substantielle contient de curieux documents sur les maisons croisées ou marquées d'initiales, servant de marques féodales ou de signes d'exemptions ou encore de redevances seigneuriales.

M. le Président et M. le conseiller Gustave Dupont

ajoutent quelques souvenirs à ceux que M. l'abbé Cochet avait évoqués dans son excellente notice.

Le Secrétaire donne lecture du procès de capture du sieur de Saint-Pierre du Tailly, frère de Bernardin de Saint-Pierre, et fait remarquer les particularités caractéristiques dans le signalement et l'inventaire des effets de toilette de ce gentilhomme, rédigés par le brigadier de la maréchaussée qui l'avait arrêté, alors que le sieur du Tailly se rendait à Clermont sans autre passeport qu'une lettre de cachet.

La séance se termine par la lecture d'un rapport de M. Trochon sur les confréries de charité.

La séance est levée à 9 heures 1/2 du soir.

'Séance du 5 mai 1871.–Présidence de M. le conseiller Eug. de Beaurepaire.

La séance est ouverte à 7 heures 35 minutes du soir. M. le Président signale la présence de M. Ferrand, préfet du Calvados, et souhaite en quelques mots la bienvenue parmi nous au premier magistrat du département, qui à cette dignité ajoute la réputation d'un écrivain de mérite. M. le Préfet remercie le Président de ses aimables paroles et la Compagnie de son bon accueil, puis il déclare que, tout en reconnaissant l'urgence des économies, il considérerait comme une déplorable économie celle qui priverait les Sociétés savantes des modestes subventions que leur accorderait le Conseil général. Il compte donc proposer au Conseil général le maintien des allocations annuelles affectées aux dites Sociétés; il veut bien ajouter qu'il va prendre des mesures pour associer la Société des Antiquaires à la Commission chargée de surveiller l'emploi du crédit

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