Page images
PDF
EPUB

1875, Sept. 28. Sumner

Fund. (Text and Atlas.)

SOMMAIRE

DE L'ARCHITECTURE

AU MOYEN AGE,

PAR M. DE CAUMONT.

dans

AVERTISSEMENT.-Le congrès scientifique de France, la session tenue à Caen au mois de juillet 1833, déclara qué mon Cours d'antiquités monumentales avait beaucoup contribué à répandre des notions auxquelles les savants étaient presque complètement étrangers auparavant.

La proposition suivante fat adoptée à l'unanimité dans la séance générale du 23 juillet (r) :

Inviter M. de Caumont à faire imprimer un résumé de son Cours d'antiquités monumentales.

Depuis cette époque, plusieurs membres de la Société pour la conservation des monuments ont aussi demandé que ce résumé fût imprimé afin que les principes de classification chrotrologique que j'ai établis, soient connus de tous les membres de cette compagnie, et puissent les guider dans leurs travaux.

Je me rends avec d'autant plus de plaisir au von de mes confrères, que je trouve en celà une nouvelle occasion de réclamer les avis et les renseignements de tous ceux qui ont examiné la succession des formes architectoniques.

J'ose espérer qu'ils voudront bien me faire part de leurs observations, m'indiquer les erreurs que je peux avoir com

(1) Voir le procès-verbál de la 1. session du congrès scienti. fique.

mises et me mettre à portée de les rectifier, lorsque je publierai l'ouvrage plus complet auquel je travaille depuis long-temps et pour lequel je ne cesse de réunir des matériaux (1).

CHAPITRE Ier.

Si les monuments de l'époque romaine sont rares sur notre sol, les monuments du moyen âge se trouvent au contraire répandus avec profusion dans nos villes et jusqu'au fond de nos campagnes; et la plupart sont encore aujourd'hui dans un état parfait de conservation (2).

Avec tant de richesses monumentales, avec l'esprit d'investigation et d'examen qui distingue notre siècle, il semblerait que l'histoire des arts du moyen âge a dû être étudiée par un grand nombre de savants et d'artistes, et que par suite elle est fort avancée; mais il en est tout autrement : à peine existe-t-il en France soixante personnes passablement versées dans la connaissance des monuments du moyen âge.

On dirait que pour nous il n'y a pas d'intervalle entre le règne des derniers empereurs romains sous lesquels la décadence de l'art antique devint complète, et celui de François Ier. où l'art moderne naquit et parvint à une assez haute perfection. Dix siècles pourtant séparent ces deux époques, et c'est dans cette longue période qu'il faut chercher le berceau et le déve

(1) Voir l'avertissement placé en tête de la 4o. partie de mon Cours d'antiquités monumentales.

(2) Je ne parle ici, comme on le verrà par la suite, que des monuments postérieurs au X. siècle, c'est-à-dire de ceux des cinq derniers siècles du moyen âge; les monuments des cinq premiers siècles sont extrêmement rares.

loppement de nos arts, de nos institutions, de notre société moderne tout entière.

A quoi donc attribuer le peu de popularité que les arts du moyen âge ont obtenu jusqu'ici parmi nous? On peut en indiquer plusieurs causes principales, telles que l'ignorance des mœurs, des habitudes, des goûts, des besoins qui existaient alors; la sécheresse et la rareté des documents historiques sur les procédés des artistes; le préjugé d'après lequel le moyen âge étant signalé comme une époque de barbarie, tout ce qui s'y rattachait devait être barbare; enfin l'admiration trop exclusive pour l'antiquité, qui, depuis la renaissance des lettres jusque vers la fin du siècle dernier, régna. généralement en Europe, et qui trouvant dans les monuments classiques des chefs-d'œuvre en tout genre, enveloppa dans une même indifférence, ou plutôt dans un égal mépris, tout ce qui s'écartait de ces modèles.

Rien de plus injuste que cette aversion de personnes d'ailleurs éclairées, pour les arts du moyen âge, dont elles ne comprennent point le génie. Un tel aveuglement ne saurait long-temps subsister; les préventions commencent à s'affaiblir; elles tomberont tout-à-fait devant les progrès du goût et de la

raison,

Les hommes du monde, aussi bien que les artistes vraiment dignes de ce nom, conviennent aujourd'hui que non seulement notre architecture nationale est pleine de grandeur et de beautés, mais qu'elle est en rapport, plus qu'aucune autre, avec nos sites, nos paysages, notre ciel et nos croyances.

Deux méthodes se présentent pour décrire et classer chronologiquement les monuments. L'une consisterait à présenter, siècle par siècle, l'état de l'architecture religieuse, civile et militaire, au moyen âge.

L'autre, à traiter successivement et isolément chaque partie dans son entier, c'est-à-dire, à épuiser tout ce qui concerne l'architecture religieuse, avant de passer à l'architecture militaire, et ainsi de suite.

La première méthode offre, je crois, plusieurs inconvénients dont le plus grave serait de porter continuellement l'attention sur des sujets différents, de nécessiter un plus grand travail de mémoire, et peut-être de laisser dans l'esprit quelque confusion.

La seconde me paraît plus naturelle et moins fatigante; on saisit mieux l'ensemble des faits, lorsqu'on étudie séparément chaque objet de manière à s'en former une idée claire et distincte.

Je vais donc présenter d'abord l'histoire complète de l'architecture religieuse, depuis le V. siècle jusqu'à la fin du XVI.

État de la science.

C'est en Angleterre qu'on s'est d'abord livré avec le plus de zèle et de succès à l'étude des monuments du moyen âge.

Langlay publia à Londres, en 1742, un recueil de planches qui renfermait une série d'ornements et de détails architectoniques appartenant au style qui, comme on le verra toutà-l'heure, a été improprement appelé gothique. Il essaya de prouver que ce style méritait l'intérêt des artistes et des gens de goût (1); si ses efforts n'eurent pas des résultats bien importants, ils préparèrent du moins les esprits à recevoir plus favorablement les ouvrages qui devaient bientôt paraître.

Quelque temps après, Horace Walpole composa sur le même sujet un essai fort court qui obtint quelque succès..

(1) Edimburg, review; juin 1829.

« PreviousContinue »