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celles du toit : la charmante série d'arcades qui règne en forine de galerie sur toute la longueur de l'entablement; enfin l'élégante tourelle octogone qui occupe le milieu et divise la façade en deux parties égales, sont de la plus grande beauté et d'un excellent goût malgré certaine bizarrerie qui régnait dans le style de cette époque.

D

L'hôtel du Bourgtheroulde fut commencé, vers la fin du XV. siècle, par un riche seigneur nommé Guillaume Le Roux, et terminé par son fils, abbé d'Aumale et du ValRicher.

*La partie qui est sur la place paraît la plus ancienne. Il est facile de reconnaître le genre d'architecture du siècle de Louis XII dans le bâtiment qui occupe le fond de la cour. Ce bâtiment est terminé par de grandes lucarnes et surchargé d'ornements dans le goût de ceux du palais de Justice.-A l'un des angles de la cour on voit une tour octogone décorée à chaque étage de bas-reliefs fort curieux qui ont été gravés par M. Langlois et expliqués dans l'ouvrage de M. de La Querrière. L'hôtel du Bourgtheroulde a aussi été gravé avec une grande exactitude dans l'ouvrage de M. Pugin.

Du côté gauche de la cour règne une charmante galerie, évidemment postérieure, et du temps de François Ier.; le soubassement de cet élégant édifice offre une suite de bas-reliefs d'un prix inestimable, retraçant la célèbre entrevue de Henry VIII et de François Ier.

Au-dessus des arcades règne une autre série de bas-reliefs également remarquables, dont le sujet est le triomphe de la loi, d'après M. de Jolimont dont j'analyse la description.

Si l'on veut des détails plus étendus sur l'hôtel du Bourg

theroulde, on peut consulter l'ouvrage de M. de la Querrière, mais il faut ensuite aller visiter ce monument. En fait de maisons privées, c'est peut-être la plus importante et la plus curieuse de notre province.

Ancien Hôtel de Ville de Caen. Ce bel hôtel qui renferme aujourd'hui le tribunal de commerce et la bourse, fut construit en 1538, par Nicolas de Valois, seigneur d'Ecoville, et des sculpteurs Italiens furent chargés de diriger les travaux. Il offre encore trois corps-de-logis disposés autour d'une cour carrée.

Le côté qui fait face à la place, est décoré d'ordres composés fort à la mode au XVI. siècle; la porte d'entrée, à plein cintre, était autrefois surmontée d'un bas-relief. Les deux autres côtés de l'édifice ont été dessinés et décrits par M. de Jolimont (1).

Il existe à Caen, à l'extrémité de la cour de la Monnaye (2), un charmaut hôtel qui paraîtrait avoir été construit par les mêmes artistes que le précédent, et que je compte figurer dans l'un des prochains volumes de la Société des Antiquaires; on y voit des colonnes très-élégantes, et l'escalier est couronné d'une lanterne à jour.

Les hôtels en pierre avec galeries ou portiques, semblables à l'hôtel d'Alluyes, à Blois, décrit sommairement dans le dernier tableau, sont encore nombreux dans nos villes, et s'il était nécessaire, j'en pourrais décrire une centaine; je crois devoir m'en dispenser et indiquer seulement l'importance de quelques-uns de ces édifices, parce que depuis

(1) Description des monuments de Caen. Paris, 1825. (2) L'imprimerie de M. Le Roy est établie dans cette maison,

quelques années les artistes se sont épris des monuments de la renaissance et qu'ils ont dessiné beaucoup de maisons de cette époque. La lithographie a reproduit déjà bon nombre de ces anciens édifices: les productions architectoniques du XVI®. siècle sont généralement connues et appréciées.

Henri II, marchant sur les traces de Henri Ier., donna com:ne lui de notables encouragements aux progrès de l'art. Sous son règne l'architecture et la sculpture furent dans un état prospère; seulement, comme nous l'avons dit précédemment, on employa certaines moulures avec moins de profusion.

Les maisons contruites à la fin du XVI. siècle, ont encore parfois des pilastres à renflement, semblables à ceux de la maison figurée pl. XXIX, no. 3.

Les maisons de pierre sont ornées de mascarons et de cartouches semblables à ceux de la maison figurée pl. XXIX, n°. 4 (1). Mais on ne voit au moins habituellement cette profusion d'arabesques qui avait tapissé les trumeaux des fenêtres et des portes sous François Ier.

pas,

XVII. siècle.

Ce que j'ai dit de l'architecture des châteaux de la fin du XVI. siècle et du XVII. s'applique aux maisons des villes quant à ce qui concerne les moulures, les portes, les fenêtres et les décorations intérieures et extérieures, et il serait inutile, je pense, de répéter ce que j'ai dit et de m'étendre sur les caractères de cette époque où les édifices civils et militaires furent soumis aux mêmes règles.

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(1) J'ai emprunté ce fragment à la pl. 2o. de l'ouvrage de M.

La Querrière, sur les maisons de Rouen.

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Rappelons seulement que le style du XVI. siècle se reproduisit souvent pendant le XVII. A cette époque on vit encore fréquemment les maisons de pierre ayant sur la rue un pignon triangulaire, avec des fenêtres divisées en quatre parties par des croisées de pierre et munies d'escaliers en saillie formant une espèce de tour (pl. XXV, fig. 9).

Au XVIIe siècle, les grands édifices affectèrent un style beaucoup plus lourd que sous François Ier., Henri II et ses successeurs. On vit paraître sous Henri IV, les frontons brisés, les cartouches pesants, des colonnes à renflements, et comme nous l'avons dit (p. 357), des modillons sous les corniches, etc. On trouvera bon nombre d'exemples de cette architecture dans les édifices publics ou privés élevés depuis Henri IV jusqu'à Louis XIV (1).

Réflexions finales.-La tâche que je me suis imposée, consistant à débrouiller les caractères distinctifs de l'architecture aux différents siècles du moyen âge, et jusqu'au XVIIa. siècle, le nom de Louis XIV, que je viens de citer, m'annonce que je suis parvenu au terme de cet ouvrage.

Les notions bien incomplètes, sans doute, que j'ai présentées ne sont en quelque sorte que des pierres d'attente pour un travail plus étendu, dont je m'occupe de réunir les matériaux, et que j'espère terminer plus tard.

Toutefois, il m'a fallu, pour arriver à ces données générales, visiter un grand nombre d'édifices éloignés les uns des

(1) A Caen, nous pouvons citer, outre plusieurs maisons, le couvent des Ursulines, construit de 1630 à 1€36, par Jourdaine de Bernières, et l'ancien couvent des Pères de l'Oratoire, dans la rue de ce nom.

autres, entreprendre de longs voyages, explorer les localités qui ne l'ont encore été qu'imparfaitement. En continuant de recueillir de nouveaux faits je pourrai, j'espère, perfectionner ce système de classification chronologique que je me flatte d'avoir créé en France, lorsque personne n'y songeait

encore.

Je réclame donc de ceux qui liront cette histoire sommaire, les renseignements nouveaux qu'ils pourront acquérir sur la succession des formes architectoniques.

En m'avançant dans une route que personne n'avait encore parcourue, j'ai dû quelquefois m'égarer, j'ai souvent tracé trop légèrement le sentier que j'essayais de frayer aux autres. Il y aura donc nécessairement à rectifier, et beaucoup à ajouter dans cet ouvrage élémentaire : les archéologues auxquels ce livre servira de guide, m'aideront, j'en ai là conviction, à perfectionner cette œuvre, en même temps qu'ils tiendront compte des difficultés de plus d'un genre attachées aux études qui m'ont occupé, et auxquelles j'essaye aujourd'hui de les initier.

FIN.

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