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Dans les deux petits côtés du donjon, on voit pour chaque étage, le rez-de-chaussée excepté, une cheminée entre deux fenêtres.

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Les murs du château de Loches ont environ 8 pieds d'é paisseur dans la partie inférieure de l'édifice. Les pierres de l'appareil sont bien taillées; le ciment qui les joint les unes aux autres est fort épais et un peu en saillie sur les pierres du revêtement; il renferme un assez grand nombre de parcelles de charbon de bois mêlées à dessein. Les élégants contreforts semi-cylindriques qui garnissent les murs ressemblent à ces colonnes qui s'élèvent depuis le pavé jusqu'à l'origine des voûtes dans les églises du XIo. siècle (1).

J'ai encore remarqué à l'extérieur et dans la partie supérieure du donjon (bb) une rangée de trous qui paraîtraient avoir été destinés à contenir des solives. Si ma conjecture est fondée, ces pièces de bois en saillie auraient supporté une espèce de balcon ou de trottoir en bois. Cette construction accessoire devait être fort utile en cas d'attaque pour jeter des pierres ou d'autres projectiles sur les assaillants, à une époque où l'on ne couronnait point encore de machicoulis les murs des forteresses (2).

Aucun des donjons anciens qui existent encore n'ont conservé de toîture: mais la forme de ces tours indique assez que le toît était à quatre pans ou à bouts rabattus lorsqu'il n'y avait pas de plate-forme.

Une enceinte de murs dont quelques parties existent encore formait autour du donjon de Loches une cour étroite entourée de fossés.

(1) Voir la 4o. partie de mon Cours d'antiquités, page 138. (2) Les donjons du Xle, siècle ne m'ont jamais présenté de machicoulis,

En avant de cette cour du donjon, il existait une grande enceinte allongée qui est encore aujourd'hui bordée de remparts. Cette belle esplanade garnie de tours domine le reste de la ville.

CHATEAU DE DOMFRONT. La ville de Domfront est assise sur une chaîne de grès quartzeux intermédiaire, qui se trouve brusquement interrompue vers l'ouest par une gorge dans laquelle coule la Varenne. Le château a été élevé sur le bord du précipice ou de la déchirure au milieu de laquelle cette rivière roule ses eaux limpides. Un fossé servait à isoler de la ville l'extrémité du cap sur lequel s'élève le donjon, et fermait du côté de l'est l'entrée du château.

Ce donjon était carré (v. la pl. XIX), les murs de 7 à 8 pieds d'épaisseur en moëllon, étaient revêtus en pierre de granite taillées symétriquement (petit appareil); des contreforts existent aux angles et au centre de chaque face (1).

On peut voir par l'esquisse que j'ai tracée pl. XIX, qu'il ne reste plus aujourd'hui que deux côtés de ce carré de murailles, encore ne sont-ils pas complets. Dans la façade occidentale, était une porte dont le seuil se trouvait à un niveau assez élevé, et devait correspondre au premier étage du donjon; on remarque dans le mur du nord une fenêtre à plein cintre sans ornements, et l'un des étages était muni d'une cheminée dont le tuyau subsiste encore au haut du mur.

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Si nous admettons que ce donjon est l'ouvrage de Guillaume de Bellesme, comme le pense l'historien de Domfront, M. Caillebotte, ce qui du reste paraît fort douteux, il faudra le

(1) A Domfront, comme dans les autres donjons que j'ai visités, les contreforts du centre étaient beaucoup moins larges que ceux des angles.

reporter à l'an 1026 (1). Quoi qu'il en soit, rien n'était plus abrupte que la position de ce château, ni plus facile à défendre, aussi était-il au XI. siècle, regardé comme imprenable.

J'ai figuré pl. XIX, d'après les dessins que M. Moreau de Saintes a eu l'obligeance de m'envoyer, plusieurs donjons très-intéressants de la Saintonge; ce sont les tours de Broue, de Pons et de Tonnay-Boutonne.

LA TOUR DE BRQUE, à une lieue de la petite ville de Brouage Charente-Inférieure), à laquelle elle a donné son nom a été, il y a déjà long-temps, décrite par Bourignon, qui l'a regardée comme un phare destiné à éclairer, la marche des vaisseaux (2)..

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Ce donjon est fondé sur un montieule fáctice qui s'élève d'environ 80 pieds au-dessus de la mer et du marais dont il est entouré. Il ne reste plus aujourd'hui qu'une moitié de la tour, celle qui faisait face à la côte ; mais il est facile de reconnaître qu'elle était carrée, bâtie en moëllon, avec quelques rangs de pierres de taille de distance en distance. Cinq contreforts fortifiaient chacune de ces faces. Le mortier employé est rougeâtre et renferme des morceaux de charbon.

Le donjon de Broue avait, je crois, quatre étages. A l'intérieur de la partie qui subsiste ( V. pl. XIX), on remarque deux portes cintrées qui aboutissent à un petit

(1) Il serait possible que cette tour n'eût été bâtie que sous Henri Ier., qui fit au château de Domfront des travaux dont parle Robert du Mont; on en fit d'autres sous le roi Jean, en 1203; c'est ce qui résulte d'un rôle conservé à la tour de Londres, et ordonnant à Radulphe de Summerre d'emprunter deux cents livres angevines des juifs de Domfront et d'en employer une moitié à réparer le château, l'autre moitié à payer la garnison. Voir le 5e. volume de mon Cours d'Antiquités, page 179.

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(2) Bourignon. Recherches sur les antiquités de la Saintonge.

corridor partiqué dans l'épaisseur du mur, à lá hauteur de 36 pieds. Au-dessus de ces ouvertures on aperçoit encore deux fenêtres au milieu desquelles est une cheminée ( V. le point M.) (1), disposition pareille à celle que nous avons remarquée dans les châteaux de Beaugency, de Loches, et dans plusieurs autres du même temps.

Dans son état actuel, le donjon ruiné de Broue offre une hauteur de 75 pieds. La cour, au milieu de laquelle il est placé, était entourée d'un mur qui s'élevait à plus de 20 pieds, et le fossé avait d'un côté 50 pieds d'ouverture; vers l'est, quelques ouvrages restent encore au-delà du fossé, où peut-être il y avait une seconde enceinte.

Le donjon de Tonnay-Boutonne entre Saintes et lå Rochelle, figuré pl. XIX, celui de Tonnay-Charente, près de Rochefort, et celle de Lislot, figurée et décrite dans mon Cours d'Antiquités, offrent des tours carrées fort ressemblantes à celle de Broue je ne m'arrêterai point à les décrire.

Dans les châteaux que je viens de citer, la tour du donjon était distincte des autres constructions dont elle se trouvait même quelquefois séparée par un fossé les forteresses ainsi disposées étaient, je crois, les plus nombreuses au XI.

siècle.

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Mais on en trouve aussi de carrées, dans lesquelles l'habitation principale adossée aux murs d'enceinte occupait un ou plusieurs côtés de la cour; à l'extérieur, les murs étaient garnis de tours cylindriques ou carrées, principalement aux quatre angles de la place.

Si ces châteaux n'avaient pas de donjon distinct, les tours

(1) C'est de cette cheminée que Bourignon fait le foyer de son fanal.

des angles leur en tenaient lieu et souvent l'une d'elles plus élevée que les autres était plus spécialement destinée à surveiller le pays ou à faire le guet.

Quoique la forme carrée se présente à peu près à toutes les époques, il est vrai de dire cependant qu'elle rappelle l'ordonnance des forteresses gallo-romaines.

En Alsace, dont MM. de Golbéry et Schweighauser ont décrit les principaux édifices militaires, les tours carrées paraissent avoir prédominé. On les trouve dans quelques châteaux placées aux angles de la principale enceinte comme dans les forteresses précédentes; dans d'autres il n'en existe qu'une seule, assise cómme nos donjons sur le point le plus élevé de la place.

Les exemples que j'ai cités sont, je crois, plus que suffisants pour démontrer quel était le système usité pour les châteaux du XI. siècle: le tableau que voici en indique d'autres que je crois devoir mentionner.

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