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fisamment préparé pour comprendre la statuaire du moyen âge. Dans la statuaire de l'antiquité les sens parlent aux sens; dans la sculpture moderne, c'est un dialogue, pour ainsi dire, entre les sens et l'esprit : la statuaire grecque produit en nous un sentiment très-pur, le sentiment du beau, mais du beau physique; la statuaire chrétienne développe le sentiment du beau physique et du beau moral, et plutôt le dernier que le premier.

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Entablement. Nous avons vu (page 105 ) que, dans le XIIe siècle, les modillons à figures grimaçantes avaient été peu à peu remplacés par des consoles semblables à celles que j'ai dessinées pl. VIII, fig 9, ou bien en forme de dents de scie (fig.. 10); ces consoles ont été employées pendant tout le temps que j'ai assigné au style ogival primitif, ainsi que les feuillages entablés dont j'ai présenté l'image sur la planche VIII (1).

Mais un changement plus considérable s'opéra dans l'entablement des grands édifices par l'addition des balustrades. On commença, au XII. siècle, à couronner les corniches avec des rampes en pierre ( pl. VIII, fig. 11), et dès le commencement du XIIIe, ces balustrades deviennent l'accessoire ordinaire des corniches qui terminent les murs principaux, à l'extérieur. Dans les églises où l'on remarque trois rangs de balustrades, le premier est au-dessus des chapelles, le second surmonte les bas côtés, et le troisième règne autour du grand comble: mais le plus souvent on n'en voit que deux

rangs,

(1) J'ai quelquefois remarqué des têtes saillantes délicatement sculptées au milieu des feuilles entablées ( pl. VIII, fig. 13). Cette alliance des anciens modillons avec le nouveau système d'ornements adopté pour les corniches au XIIIe. siècle produit un effet assez agréable.

l'un au-dessus des chapelles, et l'autre au-dessus du grand comble.

A l'intérieur on a principalement placé les balustrades audessus de la corniche qui surmonte les grandes arcades du premier ordre.

Les balustrades peuvent aider à reconnaître l'âge des monuments à cause des modifications successives de leurs formes, mais quelquefois on n'en trouve point même dans des églises assez vastes. Celles qui prédominent au XIII•. siècle sont portées sur des arcs ogives ( pl. VIII, fig. 11) ou sur les arcs trilobés, tantôt à colonnes (fig. 12), tantôt sans colonnes (fig. 14), quelques-unes sont ornées de trèfles et de quatre-feuilles.

Colonnes et pilastres. Les colonnes minces et allongées forment un des caractères les plus frappants de l'architecture ogivale. Quelquefois on les isolait et on les plaçait à des distances égales pour l'ornement des murs; le plus souvent elles étaient disposées par faisceaux et tapissaient les pilastres toujours nombreux dans les grands édifices (pl. VIII, fig. 6-7). En général, les colonnes, soit groupées, soit isolées, se détachent, de manière que les trois quarts du cylindre restent visibles (pl. XIV, fig. 15-16); quelquesunes même sont tout-à-fait séparées du mur ou du pilier qu'elles décorent (1).

Les fûts des colonnes présentent fréquemment des anneaux qui les divisent par parties égales ( pl. VIII, fig. 6). J'avais désigné sous le nom de colonnes annelées celles qui sont

(1) Plusieurs des colonnes qui ornent les magnifiques portails latéraux de la cathédrale de Chartres sout entièrement dégagées, et leur fût est d'un seul morceau (v. la fig. 17, pl. XIV).

fisamment préparé pour comprendre la statuaire du moyen âge. Dans la statuaire de l'antiquité les sens parlent aux sens; dans la sculpture moderne, c'est un dialogue, pour ainsi dire, entre les sens et l'esprit : la statuaire grecque produit en nous un sentiment très-pur, le sentiment du beau, mais du beau physique; la statuaire chrétienne développe le sentiment du beau physique et du beau moral, et plutôt le dernier que le premier.

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Entablement. Nous avons vu (page 105) que, dans le XII. siècle, les modillons à figures grimaçantes avaient été peu à peu remplacés par des consoles semblables à celles que j'ai dessinées pl. VIII, fig 9, ou bien en forme de dents de scie (fig.. 10); ces consoles ont été employées pendant tout le temps que j'ai assigné au style ogival primitif, ainsi que les feuillages entablés dont j'ai présenté l'image sur la planche VIII (1).

Mais un changement plus considérable s'opéra dans l'entablement des grands édifices par l'addition des balustrades. On commença, au XII. siècle, à couronner les corniches avec des rampes en pierre ( pl. VIII, fig. 11), et dès le commencement du XIIIe, ces balustrades deviennent l'accessoire ordinaire des corniches qui terminent les murs principaux, à l'extérieur. Dans les églises où l'on remarque trois rangs de balustrades, le premier est au-dessus des chapelles, le second surmonte les bas côtés, et le troisième règne autour du grand comble: mais le plus souvent on n'en voit que deux rangs,

(1) J'ai quelquefois remarqué des têtes saillantes délicatement sculptées au milieu des feuilles entablées ( pl. VIII, fig. 13). Cette alliance des anciens modillons avec le nouveau système d'ornements adopté pour les corniches au XIIIe. siècle produit un effet assez agréable.

l'un au-dessus des chapelles, et l'autre au-dessus du grand comble.

A l'intérieur on a principalement placé les balustrades audessus de la corniche qui surmonte les grandes arcades du premier ordre.

Les balustrades peuvent aider à reconnaître l'âge des monuments à cause des modifications successives de leurs formes, mais quelquefois on n'en trouve point même dans des églises assez vastes. Celles qui prédominent au XIII•. siècle sont portées sur des arcs ogives (pl. VIII, fig. 11) ou sur les arcs trilobés, tantôt à colonnes (fig. 12), tantôt sans colonnes (fig. 14), quelques-unes sont ornées de trèfles et de quatre-feuilles.

Colonnes et pilastres. Les colonnes minces et allongées forment un des caractères les plus frappants de l'architecture ogivale. Quelquefois on les isolait et on les plaçait à des distances égales pour l'ornement des murs; le plus souvent elles étaient disposées par faisceaux et tapissaient les pilastres toujours nombreux dans les grands édifices (pl. VIII, fig. 6-7). En général, les colonnes, soit groupées, soit isolées, se détachent, de manière que les trois quarts du cylindre restent visibles (pl. XIV, fig. 15-16); quelquesunes même sont tout-à-fait séparées du mur ou du pilier qu'elles décorert (1).

Les fûts des colonnes présentent fréquemment des anneaux qui les divisent par parties égales (pl. VIII, fig. 6). J'avais désigné sous le nom de colonnes annelées celles qui sont

(1) Plusieurs des colonnes qui ornent les magnifiques portails latéraux de la cathédrale de Chartres sout entièrement dégagées, et leur fût est d'un seul morceau (v. la fig. 17, pl. XIV )..

Dans les façades on plaçait assez fréquemment trois lancettes dont une ( celle du milieu) était plus élevée que les deux autres. Cette disposition s'observe dans les églises de Chartres, de Saint-Denis, de Gournay et dans celle de Mortain. Elle existe aussi aux chevets des églises qui n'ont pas d'apsides et qui se terminent par un mur droit (1).

Roses. J'ai parlé de l'effet produit par les grandes roses et de la place qu'elles occupent dans les basiliques (voir p. 106). Au XIIIe. siècle, elles offrent assez souvent des compartiments en forme d'ogives trilobées, ou bien une suite de figures régulières, telles que rosaces, quatre-feuilles encadrés, trèfles, etc. En général, elles ne présentent pas encore dans leurs découpures la complication que l'on remarque aux XIV. et XVe siècles.

Galeries. A l'intérieur des édifices un peu considérables qui offrent trois étages superposés, la partie moyenne est occupée constamment par une galerie obscure (1); ainsi,' entre les arcades et les fenêtres des grandes nefs, règne dans tout le pourtour des églises une suite de petits ares supportés par des colonnettes.

La galerie dont je parle ici est désignée par les Antiquaires anglais sous le nom de Triforium, elle remplace les tribunes qui existaient dans les basiliques romaines audessus des arcades de la grande nef et qu'on retrouve dans plusieurs églises du moyen âge.

(1) On avait de même placé trois fenêtres cintrées dans les façades des églises romanes.

Au lieu de trois lancettes j'ai trouvé deux lancettes surmontées d'une rose dans quelques églises du XIIIe siècle.

(2) Dans quelques églises qui font exception à cette règle les galeries sont remplacées par une simple balustrade.

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