Page images
PDF
EPUB
[blocks in formation]

Ryes.

Idem.

Touques. Idem.

Anglesquevill. Idem.

Partie supérieure de la tour: on y voit des ogives trés-allongées avec colonnettes dans le style roman de la dernière époque. Partie de la nef.

Le chour.

Ogives romanes dans deux églises, dont une sert au culte et l'autre est convertie en magasin. Quelques parties du choeur et de la nef.

Vivonne. PrèsPoitiers. Ogives romanes étroites sans or

[blocks in formation]

nements.

Quelques parties du chœur.

Géographie des styles. Avant de terminer ce qui a rapport à l'architecture romane, je crois devoir présenter quelques courtes observations sur la géographie des styles.

Suivant les contrées où on l'observe, l'architecture du même type présente des traits particuliers qu'il est bon d'examiner attentivement, quoiqu'on ne puisse les regarder que comme de simples variations d'un type général, et c'est à reconnaître ces modifications dans les ornements et les formes architectoniques que doivent tendre les travaux des antiquaires dans les diverses contrées de la France. Ces différences de style s'étendront et se modifieront de plus en plus, à mesure que le nombre des observateurs se trouvera augmenté et que les descriptions d'une plus grande quantité de cantons fourniront des renseignements plus précis sur le goût qui distingue l'architecture dans des pays plus ou moins éloignés les uns des autres.

Parmi les nuances qui existent dans le style des mo

les unes

numents contemporains de régions différentes, tiennent à la diversité des matériaux ; ainsi, toutes choses égales d'ailleurs, on trouvera des sculptures plus fines, des détails plus corrects dans les localités où l'on a fait usage de pierre blanche facile à travailler, que dans celles où l'on s'est servi de matériaux moins convenables, tels que certains calcaires et le granite. Nous avons une preuve frappante de cette influence toute physique des matériaux dans la richesse monumentale des arrondissements de Caen, de Falaise et de Bayeux, où l'on trouve de belles pierres de taille, comparée à la pauvreté de certains cantons des environs de Lisieux et de Pont-l'Evêque où l'on en manque, et à celle des arrondissements de Vire et de Saint-Lo où l'on n'a que du granite et des roches schisteuses (1); dans les monuments de l'Orléanais, de l'Ile de France, du Poitou et de la Touraine, riches de sculptures et d'ornements, comparés à ceux de la Bretagne, etc, etc.

Mais ce n'est pas sur de semblables différences qui ne tiennent nullement au génie des artistes ni à leur degré d'habileté que je veux dans ce moment fixer l'attention; il y a des variations bien plus importantes à constater pour la philosophie de l'art, et dont les causes sont plus générales et plus indépendantes des circonstances de localité; ces variations proviennent de l'influence exercée par le goût qui a prévalu suivant les lieux, abstraction faite des moyens d'exécution: elles méritent un examen

sérieux.

L'école Poitevine, par exemple, n'avait pas dans ses travaux architectoniques, au XI. et au XII. siècles, un style parfaitement identique avec celui de l'école Normande.

(1) Voir les nombreux détails que je donne à ce sujet dans ma statistique monumentale du Calvados..

L'architecture romane do'utre-Loire est généralement plus ornée, plus élégante au XII. qu'elle ne l'était en Normandie à la même époque; l'influence du goût oriental est souvent visible dans les monuments d'Outre-Loire ; tandis que ceux de Normandie conservent en général un style plus sévère jusqu'à la naissance du style ogival (1).

D'une part, la forme gracieuse des façades dégagées de ces grosses tours qui chez nous écrasent et rétrécissent les frontispices des églises du XI. et du XII. siècles; de l'autre, l'emploi habituel des rinceaux et des broderies, au lieu du zigzag et des moulures angulaires si fréquentes chez nous, constituent des différences notables qui distinguent, au XII. siècle, le style pictavo-roman du style

normano-roman.

D'un autre côté, la durée de l'architecture à plein cintre peut avoir été un peu plus longue dans certaines provinces que dans d'autres, et si cette supposition était fondée, il serait facile de comprendre pourquoi les monuments du même type offrent dans quelques localités des sculptures plus riches et plus délicates. Je reviendrai tout-à-l'heure sur ce sujet en parlant de l'architecture ogivale.

Quoi qu'il en soit, cette élégance, que nous remarquons dans les monuments romans de quelques parties de la France occidentale, se retrouve en Auvergne et dans d'autres provinces.

(1) Au commencement du XIe. siècle la langue romane avait atteint, au-delà de la Loire, un degré de perfection qu'elle n'avait point encore dans les provinces du nord, et les troubadours poitevins savaient tourner leurs vers avec plus d'habileté et d'harmonie que les trouvères normands,ce qui prouve que l'état des arts est presque toujours en rapport avec celui de la littérature.

1

CHAPITRE VII.

Origine du style ogival.

Nous venons de voir que l'emploi de l'ogive devint fréquent dans le cours du XIIe. siècle ; un changement aussi important que la substitution de cette nouvelle arcade au plein cintre, a piqué vivement la curiosité de ceux qui ont étudié l'histoire de l'architecture. Presque tous ont cherché la solution des deux questions suivantes intimement liées l'une à l'autre : dans quelle contrée l'ogive a-t-elle pris naissance? à quelle époque a-t-elle été adoptée dans l'Europe occidentale?

Considérée dans toute son étendue, la première question a donné lieu à beaucoup de controverses. ́

En laissant de côté les opinions plus ou moins bizarres de quelques antiquaires, on peut réduire à trois les principales hypothèses émises sur l'origine du style ogival.

Suivant les uns, ce genre d'architecture existait très-anciennement en Orient, et les Croisés, enthousiasmés de ce qu'ils avaient observé dans ce pays, importèrent l'ogive en Europe, où elle fut généralement adoptée peu de temps après.

Les seconds sont d'accord avec les premiers quant à l'origine de l'ogive; mais ils croient que les Maures avaient introduit cette arcade en Espagne avant les Croisades et qu'elle se répandit de là dans toute l'Europe, en même temps que la philosophic arabe.

Les troisièmes rejettent les deux systèmes précédents, et prétendent que l'architecture à ogives est née dans l'Europe occidentale.

Contentons-nous de prendre rapidement connaissance des principaux arguments employés pour ou contre ces différentes hypothèses.

D'abord on ne peut nier que l'arcade de tiers point ne fût connue long-temps avant d'être appliquée à un système particulier d'architecture; le type de cette arcade existe dans les ouvertures formées de pierres surplombant les unes sur les autres, comme on en voit dans plusieurs monuments en Chinc, en Egypte et ailleurs.

Mais il y a loin de ces arcades grossières aux ogives proprement dites et au système d'architecture, dont elles forment l'un des principaux caractères ; aussi de pareils faits ne sontils d'aucune importance pour la solution du problême qui nous occupe.

Whittington et lord Aberdeen regardent le style ogival comme originaire de l'Orient. Ainsi que je l'ai dit précédemment (voir les pages 15 et 16), ils ont habilement défendu cette opinion, et leurs arguments ont beaucoup contribué à la faire prévaloir aux yeux de quelques antiquaires.

Lord Aberdeen affirme que si l'on traçait une ligne partant du Pont-Euxin, passant par Constantinople et se terminant en Egypte, on trouverait dans plusieurs régions, à l'Est de cette zône, de fréquents exemples d'arcades pointues accompagnées des formes maigres et légères qui caractérisent l'architecture ogivale; notamment dans l'Asie mineure, l'Arabie la Perse et sur les bords de la mer Caspienne jusqu'aux déserts de la Tartarie. Le noble écrivain convient qu'il serait impossible de préciser les dates de ces édifices, mais il pense qu'on doit les regarder comme remontant à une haute antiquité.

M. Haggit, dans les lettres remplies d'érudition qu'il a publiées sur l'architecture à ogive, annonce qu'on a remarqué

« PreviousContinue »