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archivoltes sont ornées de boules. Au-dessus d'un cordon de dés, sept arcatures de largeur inégale, sur colonnettes. communes, encadrées également d'un cordon de dés. étaient dégagées, mais se trouvent à l'heure actuelle en partie masquées par le toit; il est certain que plusieurs d'entre elles étaient autrefois ajourées de fenêtres éclairant la tour-lanterne. Le troisième étage, construit au XVIIIe siècle, un peu en retrait, possède deux baies sur chaque face et est couvert d'une flèche d'ardoise.

Le bas-côté et la tribune du choeur sont percés chacun, au nord et au sud, d'une fenêtre doublée; celle du rez-dechaussée est ornée d'un cordon de dés à l'imposte et à l'archivolte. L'angle oriental est flanqué de contreforts sans glacis. L'étage inférieur du chevet plat qui emboîte les absidioles en hémicycle a été ajouré au XVe siècle d'une grande baie en plein cintre garnie d'un remplage normand: dans la tribune, la fenêtre romane est restée intacte. Comme dans la nef et les croisillons, le toit est garni à sa base d'un parapet, derrière lequel est ménagé un chéneau dont l'eau est rejetée par une gargouille placée à l'est au-dessus du contrefort.

Les deux fenêtres hautes du chœur, semblables en tout point à celles de la nef, ont été, nous l'avons vu. garnies d'un remplage à un meneau bifurqué. Entre elles, est adossé un contrefort sur lequel s'appuie, au nord, le seul arc-boutant extérieur de l'édifice, contemporain sans doute de l'arc caché sous les combles qu'il surmonte. Une corniche à modillons règne à la base du toit. Le pignon oriental, plus élevé que l'abside, fut encore exhaussé lors du voûtement des travées droites reconstruit dans un appareil plus fin, il est allégé d'une baie en tiers-point à nombreuses voussures moulurées, orné sur ses rampants de crochets dont le style accuse le XIVe siècle et couronné d'un fleuron. A la même époque, les tourelles d'escalier flanquant les angles du choeur furent surmontées, au-dessus de la naissance du toit,

d'un étage octogone plein, décoré à son sommet d'une frise de feuillage en creux, et couvertes de flèches octogones, dont les arêtes sont ornées de boudins reposant sur des têtes et les faces ajourées de trèfles et de trous circulaires.

Bien que construite, comme les autres parties de l'édifice. en appareil fort irrégulier, l'abside ne présente plus trace d'épi et peut en conséquence être attribuée à une époque postérieure, probablement au début du XIIe siècle. Malgré son élévation considérable et les quinze fenêtres qui l'éclairaient, elle n'était à l'origine flanquée que de quatre contreforts plats montant sans glacis jusqu'à la corniche. Lorsqu'on eut construit la voûte à dix branches dont nous avons parlé, cette butée devint insuffisante et on dut renforcer les contreforts primitifs, sauf le premier au sud, de puissants massifs à deux glacis munis de larmiers, dont l'inférieur se continue sur les faces latérales à la hauteur de la clef des baies du rez-de-chaussée.

Les fenêtres, en plein cintre et doublées, ont leur voussure extérieure garnie à l'imposte d'une moulure ornée de dés, qui se continue le long du mur, mais ne contourne pas les contreforts; un cordon semblable encadre leur archivolte. La même décoration se retrouve à l'étage intermé diaire, sauf pourtant que le cordon horizontal passe sur les contreforts. Par contre, au troisième étage, la voussure extérieure retombe sur des colonnettes surmontées de chapiteaux, dont les tailloirs à boules forment cordon autour de l'abside; l'archivolte est ornée d'une moulure analogue. Seule, la première baie, au nord et au sud, n'a pas été modifiée. Les trois autres, auxquelles on donna le tracé en tierspoint lors des remaniements effectués dans les parties hautes, n'ont conservé que les sommiers de l'ancien cordon de boules qui fut continué par un chapelet d'olives, imitation plus ou moins habile de la décoration romane. L'abside, couronnée d'une corniche à modillons, est surmontée d'un

toit à cinq pans qui empiète sur la fenêtre percée dans le pignon du chœur.

L'église abbatiale de Cerisy a conservé quelques morceaux intéressants de son ancien mobilier. Dans le chœur se trouvent quarante-et-une stalles en chêne, que M. de Farcy dit avoir été exécutées, en 1400, par les huchetiers de la forêt de Cerisy, à qui elles furent payées neuf livres tournois chacune. C'est une œuvre sobrement traitée, mais d'un style très pur; les arcs en tiers-point, ornés d'un remplage flamboyant, qui garnissent leurs jouées, en constituent la seule décoration.

L'absidiole du bas-côté nord du chœur possède un autel de pierre du XVe siècle, formé d'un tombeau triangulaire à angles abattus, sur lequel est posée la table rectangulaire que supportent également trois colonnettes octogones, dont les deux latérales sont isolées et la centrale adossée à la partie saillante du tombeau. Dans la même chapelle,ont été appliqués contre le mur séparatif du chœur quelques panneaux peints, fragments d'un retable, qui furent trouvés dans les combles de l'église par M. Legallais, ancien curé de Cerisy; ils paraissent remonter au XVe siècle et présentent plusieurs scènes de la légende de saint Nicolas. Il faut encore signaler une colonne de bois hexagonale du XVe siècle, ornée de rinceaux et montée sur trois lions, qui servait primitivement de chandelier pascal et est maintenant utilisée comme pied de lutrin. Les absidioles sont encore en grande partie pavées de carreaux émaillés où se détachent des dessins en jaune sur fond brun.

Il ne subsiste plus des bâtiments conventuels qu'un corps de logis attenant au porche et que ses caractères permettent d'attribuer, comme celui-ci, à la deuxième moitié du XIIIe siècle. A l'étage inférieur, il comprend l'entrée de l'abbaye et plusieurs salles basses que surmontent la salle dite du bailliage et une élégante chapelle dédiée à saint

Gerbault et plus connue sous le nom de chapelle de l'abbé.

Sur la face nord, la porte charretière et la porte plus étroite qui la flanque à droite ont été masquées dans le cours du XIXe siècle par un mur au-dessus duquel on peut voir encore les deux oculi entourés d'un cordon de dents de scie qui éclairent la salle. A gauche de ce mur, la chapelle est flanquée de contreforts à glacis munis de larmiers. Dans la première travée, s'ouvre un oculus biseauté à six lobes; les trois travées suivantes sont percées de fenêtres en tierspoint que garnissent des remplages refaits au XVe siècle dans le style flamboyant.

Mais ce qui fait l'intérêt capital de cette face, ce sont les vestiges du porche de l'église et d'une travée d'avant-nef. dont la paroi méridionale, utilisée comme clôture d'un bâtiment annexe construit à l'est de la chapelle de l'abbé, a été, pour ce motif, sauvée de la destruction en 1811. Le mur du porche est orné d'un remplage aveugle formé d'un arc en tiers-point subdivisé en deux arcs aigus qui retombent sur des colonnettes engagées dans des gorges. Les tympans sont garnis de trèfles et de quatre-feuilles traités, comme les chapiteaux à crochets fleuris, avec une délicatesse qui rappelle les plus gracieuses productions de l'art normand: le cloître du Mont-Saint-Michel, le petit porche de la cathédrale de Dol ou le déambulatoire de Norrey. La trace laissée au-dessus des arcatures par le toit du porche montre qu'il était en appentis et s'appuyait sur la façade de l'église. Le mur du bas-côté méridional de la travée d'avant-nef date également du XIIIe siècle : séparé du porche par les arrachements de la façade, il est garni, au niveau du sol, de cinq arcatures en tiers-point sur colonnettes que couronnent des chapiteaux à crochets et des tailloirs circulaires: des trèfles décorés garnissent tous les écoinçons. La fenêtre en tiers-point, subdivisée en deux arcs aigus, qui était percée au-dessus d'un cordon mouluré, a été bouchée lors de la construction du logis contigu.

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