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La céramique villanovienne présentant fréquemment des copies fort exactes en argile des objets de bronze les plus divers, le casque de Lavatoio ne perd en rien sa valeur documentaire et confirme entièrement notre première attri bution de date.

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FIG. 3. Casque et fibule de la tombe 52 de Lavatoio.

D'après les travaux les plus récents, l'évolution de la civilisation protosidérique pour l'Europe centrale et occidentale et pour l'Italie (nord et centre seulement) peut être résumée dans le tableau suivant (1):

riaux pour l'histoire de l'homme, p. 9, avait figuré l'épée à enroulements et le casque de Corneto, sans les rapprocher entre eux, ni des casques de Falaise.

(1) Nous ajoutons en italique quelques mots se rapportant spécialement à notre sujet.

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Tombes « Regulini-Galassi »,

à Cervetri; « del

Duce », à Vetu

Épée et poi-lonia; « Bernar- VII et VI

Hallstatt III. gnard de fer à dini », à Pales

antennes.

trina.

Apparition des objets de style archaisant gréco-oriental.

siècles.

IX au VI. siècle.

(The Tyrrhenians..., pl. XIII-XVI).

Sur l'ordre de succession donné par les colonnes de gauche du tableau ci-dessus, il y a accord entre les savants les plus autorisés, MM. Montelius, Hornes, Reinecke, Déchelette et les principaux archéologues italiens, mais le premier d'entre eux se sépare des autres pour l'attribution des dates, qu'il repousse de deux siècles plus en arrière.

La tombe à casque ouverte à Corneto le 24 février 1882 étant synchronique de Hallstatt I, on la doit placer, suivant l'opinion que l'on préfère, au XIe ou bien au IXe siècle avant

Jésus-Christ. La seconde de ces dates nous paraît mieux justifiée (1).

A cette même date, les conditions de milieu permettent d'attribuer avec certitude le casque de Lavatoio.

Quant aux exemplaires qui suivent et sur lesquels nous sommes moins exactement renseignés, d'étroites analogies de forme et de décoration légitiment la même conclusion. Leur similitude, que nos figures vont mettre assez en évidence, reflète l'homogénéité monotone d'une culture où la richesse matérielle des mobiliers funéraires contraste avec le peu de variété des formes industrielles et l'indigence des conceptions décoratives. L'Italie participe à l'avènement de ce style géométrique amaigri qui, à l'époque postmycé nienne ou dipylienne, marque dans tout le bassin méditerranéen une régression si sensible du sentiment artistique:

(1) Au Congrès international d'arch. préhist. de Monaco, 1906 (Comptesrendus, t. II, p. 98), l'éminent conservateur du Musée de Stockholm a déclaré nettement, sur une question de M. S. Reinach, maintenir au Xe siècle la tomba del Guerriero et les objets synchroniques.

Des constatations nombreuses, faites en différents pays, concordent à donner à la phase Hallstatt III une limite supérieure que l'on ne saurait reculer au delà du VIIe siècle. Il faudrait, si l'on place au Xe siècle la tomba del Guerriero, admettre pour le Hallstatt III une durée excessive dans une quasi-stagnation.

Rappelons le plus récent des faits confirmant l'adoption des dates infërieures pour cette dernière phase. L'oppidum celtique de Château-surSalins (Jura) a livré, en 1906-1907, en superposition stratigraphique peu distante mais bien nette, deux groupes de fibules Hallstatt III d'âge un peu différent. Chaque lot de fibules était accompagné respectivement in situ de tessons de céramique grecque peinte, rouge à figures noires pour le plus ancien, noire à figures rouges pour le plus récent.

Sollicités séparément de dater ces débris céramiques, MM. Pottier et Furtwaengler ont donné pour chaque lot céramique une date en parfaite concordance avec celle attribuée antérieurement par les protohistoriens celtistes à chacun des lots de fibules: vases à figures noires (2a moitié du VIe siècle); vases à figures rouges, facies ancien (1re moitié du Ve siècle). (Voir Déchelette et Piroutet: Découverte de vases grecs dans un oppidum hallstattien du Jura, dans Rev. archéol., t. I, p. 193-212.)

deux motifs conquièrent alors dans la péninsule une extraordinaire faveur. C'est d'abord le disque ou cabochon, repoussé ou imprimé, parfois entouré de cercles concentriques, mais plus souvent disposé en zones parallèles de gros boutons alternant avec de plus petits entre des lignes pointillées.

C'est, en second lieu, l'image, plus ou moins stylisée, du cygne, tantôt complet, tantôt réduit à sa partie antérieure ou protomé (1).

Ce sont ces deux motifs préférés qui font les frais exclusifs d'ornementation de nos casques (fig. 2 à 5), et d'autres analogues, tous de provenanc italienne (2).

(1) L'arête de poisson, des triangles ou des chevrons, la grecque ou le swastika forment leur accompagnement habituel.

Dans une étude en cours de publication (Rev. archéol., 1909), M. J. Déchelette, interprétant avec une rare ingéniosité une série de monuments de l'époque mycénienne à celle qui nous occupe, rend fort vraisemblable l'origine héliolâtrique primitive de ces deux représentations, la première symbolisant le soleil lui-même; la seconde, le cygne attelé au char de l'Helios hyperboréen. Les archéologues les moins indulgents aux abus du symbolisme,- et M. Déchelette a toujours été de ceux-là, - seront forcés de reconnaître qu'il étaye sa thèse, au moins singulièrement intéressante, de tout un faisceau d'arguments convergents.

L'origine du culte solaire remontant, d'après ce mémoire, au moins à l'âge du bronze, on conçoit que les emblèmes solaires ne se présentent déjà plus à l'époque hallstattienne dans leur forme primitive et dégénèrent progressivement en motifs alors peut-être déjà incompris des décorateurs.

(2) (a) notre figure 4: Corneto, Montelius, op. cit., pl. CCLXXVI, fig. 11.(b) notre figure 5: Italie, Musée du Louvre, coll. Campana, dans Bertrand: Archéol. celtique et gauloise, 2o éd., p. 355. Un casque (c) à peu près identique, même dans les détails de décoration, est cité par Montelius, ibid., pl. cclxxvi, fig. 3, d'après Annali del Instituto, 1883, pl. R.— (d) lit du Tanaro, près d'Asti (Piémont), Museo Civico de Turin, Mortillet: Mus. préhist., pl. LXXXIV, no 955; Montelius, op. cit., t. I, pl. XLVII, fig. 10; S. Reinach, art. GALEA du Dict. des Antiquités, fig. 3419, extrêmement voisin de notre figure 2. (e) notre figure 6: casque en terre cuite, couvercle d'urne cinéraire, trouvé à Corneto, Montelius, op. cit.,

Hors de la péninsule, quelques exemplaires découverts isolément trahissent une origine ou une influence villanovienne évidente.

Le casque provenant des environs de Salzbourg (fig. 7a), et conservé au Musée de cette ville, se différencie assez notablement par une crète plus limitée, des paragnathides, et

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FIG. 5. Casque d'origine itali (Musée du Louvre).

une distribution différente de la même décoration (1), mais nous retrouvons deux armures céphaliques à peu près identiques à celles de Falaise, l'une découverte à Posen (Prusse orientale), l'autre dans le lit de l'Inn (Musée national de

pl. CCLXXIX, fig. 3.- (f) environs de Capoue, Catalogue d'une vente d'antiquités faite à Paris, le 20 mars 1901, par MM. Canessa, antiquaires; très rapproché de notre figure 4, moins les protomés de cygne.

(1) Lindenschmit: Alterthümer u. h. Vorzeit, t. III, cahier XII, pl. 1, fig. 1; S. Reinach, loc. cit.

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