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teurs divisionnaires, Mgr Lenoir, curé de Chatillon-sur-Indre, qui avait une véritable passion pour l'archéologie. Il s'était dévoué à une grande œuvre, la reconstruction de la nef de l'église abbatiale de Fontgombault. Grâce à ses quêtes et à ses dons, ce beau monument a repris son aspect primitif et notre Société avait été heureuse de lui accorder une grande médaille de vermeil pour sa généreuse initiative. Mgr Lenoir avait fait restaurer également les églises de Charly et de Chatillon-surIndre: on lui doit la découverte des peintures murales de l'église de Chalivoy-Milon. Sa charité était inépuisable et il avait fondé un asile de vieillards à ses frais.

Notre inspecteur de la Loire, le vicomte de Meaux, décédé le 4 novembre dernier, avait été membre de l'Assemblée nationale, sénateur, ancien ministre, mais en disant adieu à la vie publique, il s'était consacré aux études historiques et religieuses. L'Académie française avait couronné ses deux volumes sur La Réforme et la politique française en Europe jusqu'à la paix de Westphalie. Ses études sur Montalembert, sur l'église catholique aux États-Unis, ses souvenirs politiques, ses articles du Correspondant s'élèvent à une hauteur de vue qui captive le lecteur. Président de la Diana, membre de l'Académie de Lyon, il aimait le Forez où il habitait et dont il était le grand bienfaiteur. René Pocard de Kerviler, fils de marin, ingénieur des Ponts et Chaussées, avait consacré sa vie à étudier la Bretagne. Son Répertoire général de bio-bibliographie bretonne qu'il entreprit avec de savants collaborateurs est une œuvre de grand mérite que sa mort ne laissera pas inachevée. Ses recherches sur les monuments mégalithiques présentent un grand intérêt. Tous les fidèles de nos Congrès connaissaient notre ami Alfred de La Bouralière et savaient apprécier le charme de son esprit. Au moment où il vient de nous quitter, je tiens à rappeler toute la part qu'il avait prise au succès du Congrès de Poitiers et l'importance de ses études bibliographiques sur le Poitou. Lauréat de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, c'était un chercheur toujours prêt à ouvrir aux travailleurs les trésors de sa bibliothèque.

Nous avons également à déplorer la mort de M. Alfred Houlé, ancien consul de France, qui avait fouillé beaucoup de cimetières

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francs dans le Beauvaisis; de M. le comte Werlé, de M. Liger, architecte, de M. Thomas Pietri, à Montpellier, de M. Quintard, à Nancy, de M. Eeckmann, à Lille, de M. François des Francs, à Orléans. Enfin, je tiens à envoyer un dernier adieu à notre cher confrère Adolphe Francart, qui avait bien voulu reporter sur votre directeur l'amitié qu'il avait vouée à Arthur de Marsy. Bâtonnier de l'ordre des avocats à Mons, dévoué à toutes les œuvres d'assistance et de bienfaisance, il était heureux de suivre nos Congrès et d'y retrouver de nombreux amis. Je tiens à m'associer en votre nom à la douleur de ses fils.

Permettez-moi d'ajouter à ce long nécrologe le souvenir de Jules Lair qui était né à Caen et dont je veux unir la mémoire à celles de tous les confrères du Calvados que nous avons perdus dans ces dernières années.

Notre excellent directeur-adjoint Émile Travers se prépare à vous recevoir cordialement dans sa demeure. Je tiens à l'en remercier d'avance de tout cœur. Il a toujours donné l'exemple de l'assiduité à nos Congrès où il apporte une ample moisson de souvenirs et les meilleurs sentiments de confraternité. Je sais tout ce que je dois à son expérience et à ses conseils éclairés. Il avait bien voulu remplir depuis plus de seize ans les lourdes fonctions de trésorier. Cette année il m'a demandé de les résigner, estimant qu'il avait suffisamment gagné ses chevrons pour avoir le droit de se reposer. Alors, d'un accord unanime, le Conseil de la Société a nommé pour lui succéder notre infatigable ami Raymond Chevallier. M. Serbat a bien voulu accepter les fonctions de secrétaire général. M. Heuzé est devenu secrétaire adjoint. Il serait impossible de trouver un confrère plus zélé pour soulager M. Chevallier dans la plus lourde de ses occupations, qui consiste dans la préparation des Congrès; mais M. Chevallier n'a résigné une charge que pour en accepter une autre et vous verrez avec quelle ponctualité il saura réclamer à chacun de vous, de la façon la plus aimable, la cotisation annuelle. En terminant, je tiens à vous retracer brièvement ce que nous avons fait depuis six mois, afin de montrer à toutes les personnes qui nous font l'honneur d'adhérer à ce Congrès et qui n'ont pu assister à la réunion générale du Trocadéro, des preuves de notre activité.

L'année 1908 a débuté par l'envoi à chacun de vous du superbe compte-rendu du Congrès de Carcassonne. Nos volumes deviennent de plus en plus importants. Vous avez pu juger par la valeur des mémoires et la richesse des illustrations qu'il est digne de faire pendant au Congrès de Beauvais. J'espère distribuer bientôt le Congrès d'Avallon, qui est sous presse. Je remercie les membres du Comité de publication et tous ceux qui veulent bien m'aider à remplir ma tâche scientifique.

Je suis heureux d'exprimer publiquement ma reconnaissance à notre excellent imprimeur M. Delesques, qui ne craint pas de faire de véritables sacrifices pour que la Société française d'Archéologie reste à la hauteur de sa vieille réputation. Je tiens à remercier et à féliciter aussi le personnel si dévoué de son imprimerie qui a fait un véritable tour de force en composant le guide du Congrès en trois semaines.

Je remercie cordialement MM. A. Ventre et E. Chauliat, qui ont dessiné la plupart des planches. Leur talent peut se comparer à l'habileté des nombreux amis qui m'offrent chaque année d'excellentes photographies, mais il faut connaître les difficultés du métier pour juger de la perfection des similis de M. Fernique.

Grâce à la présence à Paris pendant l'hiver de trois cents de nos confrères, j'ai pu organiser une série de conférences et d'excursions qui ont été très suivies. M. Enlart a débuté au Trocadéro par une conférence sur la sculpture romane; j'ai fait une conférence sur l'architecture monastique; M. Pierre Dubois a fait défiler sur l'écran nos vieilles maisons de France.

MM. Vitry, Lauer et Merlet m'ont prêté leur savant concours pour faire visiter les abbayes de Saint-Denis et de Royaumont et la cathédrale de Chartres. La campagne de 1909 s'annonce sous de brillants auspices et j'ai l'intention de vous guider aux Andelys, à Reims et ailleurs.

Il me reste, en terminant ce discours, un devoir des plus agréables à remplir: c'est de souhaiter la plus cordiale bienvenue aux 180 membres nouveaux recrutés depuis le Congrès d'Avallon, qui reçoivent aujourd'hui le baptême du feu en entrant dans le sein de la grande famille archéologique où l'on se serre les coudes et où l'on retrouve toujours quelques amis venus des lointaines provinces de la France. Ils apprendront bientôt à

apprécier la camaraderie qui règne parmi nous, car le travail n'a jamais exclu la gaîté et la bonne humeur. Au cours d'excursions bien organisées, où vous êtes dispensés de tout souci matériel, de cordiales amitiés naissent, se fortifient et se perpétuent. Chacun peut y réunir l'album archéologique de cartes postales qui forme le meilleur souvenir de nos Congrès. En faisant mieux connaître les œuvres des grands architectes du moyen âge et celles de ces modestes maîtres qui ont jeté dans nos campagnes tant de semences de génie, nous avons conscience de suivre les nobles traditions de notre fondateur qui sut remettre en honneur l'art roman et l'art gothique trop longtemps méconnus, mais dont la France a le droit d'être fière.

Après ces discours fréquemment interrompus par de chaleureux applaudissements, la séance est levée à 4 heures 3/4.

DEUXIÈME SÉANCE DU MARDI 23 JUIN

Présidence de M. Héron de Villefosse.

La séance est ouverte à 9 heures du soir.

Prennent place au bureau: MM. E. Lefèvre-Pontalis, Émile Travers et Paul de Longuemare.

M. Henri Prentout, professeur à la Faculté des Lettres, entretient les congressistes des renseignements fournis par les rares documents conservés sur les architectes caennais de la Renaissance. Il montre quelle erreur l'emploi exclusif des données architecturales avait fait commettre, entre autres à Palustre, sur la date à assigner notamment aux Le Prestre, vieillis de plus d'un demi-siècle; puis il insiste sur les éléments nouveaux que les textes retrouvés par lui apportent pour l'attribution à tel ou tel artiste des chefsd'œuvre subsistants.

Après cette belle conférence illustrée par des projections fort réussies, M. Héron de Villefosse félicite M. Prentout et ajoute que l'attention et les applaudissements de l'assistance étaient le meilleur remerciement que pût désirer l'orateur.

M. Maurice Besnier, professeur à la Faculté des Lettres, commente ensuite une inscription trouvée à Vieux en 1700, connue par une copie de Galland et assez fortement suspectée de falsification, toute trace de l'original ayant été perdue. M. le Président remercie M. Besnier de la lucidité et de l'habileté avec lesquelles il a conduit et su rendre attrayante cette savante discussion qui lave la mémoire de Galland d'un soupçon immérité.

M. le docteur Coutan termine la séance par une très belle série de projections sur la cathédrale de Lisieux. Ses explications, données avec beaucoup de sûreté, sont unanimement applaudies. M. Héron de Villefosse complimente le conférencier, qui a ainsi présenté les traits essentiels d'une excellente monographie de ce bel édifice.

M. le Président remercie la Société caennaise de Photographie et particulièrement MM. Lemain et Alfred Liégard, qui ont bien voulu prêter leur concours au Congrès pour l'organisation de belles projections qui agrémenteront chacune des réunions de travail.

La séance est levée à 11 heures.

RÉCEPTION A BAYEUX

Inauguration d'une plaque sur la maison d'Arcisse de Caumont. MERCREDI 24 JUIN

A leur arrivée à Bayeux, après l'excursion dirigée sur Tour, les congressistes ont été reçus dans un des salons de l'Hôtel de Ville par M. Garnier, adjoint au maire, qui leur a adressé le discours suivant :

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