Page images
PDF
EPUB

cinquante ans après Cornet. Ce que les Leys d'amors citent de plus approchant de notre pièce LIII, c'est la cobla capfinida (1, 280), où la dernière syllabe d'un vers est la première du vers suivant :

Verger, sendiers verays e pons,

Pons de salut e clara fons,
Fons de purtat, etc.

La poésie française contemporaine connaissait dès la même époque ce dernier genre de recherche, comme on le voit dans Eustache Deschamps (édit. Crapelet, p. 271), qui donne aux ballades composées de pareils couplets et qui sont, dit-il, « les plus fortes ballades qui se puissent faire », le nom de « ballade équivoque, rétrogade et léonime ». C'est ce qu'on nomma plus tard rime annexée ou fratrisée (Quicherat, p. 456) 2.

Revenant à la pièce de Cornet, nous remarquerons que dans plusieurs vers (les 3o, 8°, 24°, 25, 26°, 28°, 43o), la dernière syllabe n'est pas la répétition exacte de la précédente, en ce sens que celle-ci est atone, et qu'il faut, pour obtenir l'identité de son, déplacer l'accent; ce que les Leys excusent dans quelques cas particuliers (III, 144), où elles auraient peut-être fait rentrer celui-ci, si elles l'avaient prévu.

LIV. Vers de dix syllabes. Coblas estrampas singulars de huit vers, qui sont de vrais bouts-rimés. Chacun est terminé par un monosyllabe. La voyelle de ce monosyllabe est tour à tour a, e, i, o, précédée et suivie de consonnes qui varient d'une moitié de couplet à l'autre, savoir: t-n, p-c; f-ls, d-ns; m-l, tr-p; r-s, d-tz; f-(sans consonne finale), m-r; n-u (tornade).

La comparaison du premier couplet avec le second semble indiquer que l'auteur s'était proposé de faire alterner, d'une moitié de couplet à l'autre et d'un couplet à l'autre, les voyelles fermées et les voyelles ouvertes. Peut-être y trouva

(2) On sait qu'Ausone (était-il le premier?) avait donné, dans le latin même, l'exemple de semblables jeux poétiques :

[blocks in formation]

erons que 3), la derrécédente,

ur obtenir

s excusent

s auraient

évu. ngulars de st terminé

e est tour

qui varient
f-ls, d-ns;
; n-u (tor-

cond sem-
e alterner,
l'autre, les
y trouva-

dans le latin

de huit vers:

1. a b bacdc

2. d c c d e f e

3. f e ef g h g

LVI. Vers de dix syllabes. Coblas crot de 9 vers, dont le dernier rime avec le abbaccddd

La pièce a quatre tornades, toute rhythme et même rimes que la chans cui ai mes m'entensa, de Raimon Jor p. XXXVI.

LVII. Vers de dix syllabes. Coblas cro de huit vers :

abbaccdd

Pièce construite sur le même modèle ci-dessus, p. xxxii, no 1.

B

I. Vers de dix syllabes. Coblas crotzde 8 vers:

abbac dc d.

La deuxième est une cobla capdenal vers commençant, sauf un mot au pr hémystiche.

II. Vers de dix syllabes. Coblas crozadas unisonans de huit

vers:

abbacdd c.

III. Vers de dix syllabes. Rims caudatz (Leys I, 168). VI. Vers de six syllabes. Coblas desguizadas unisonans de 16 vers1:

abbaccddeeffgghh.

Même rhythme et mêmes rimes que la chanson Ja non cugei vezer de Raimbaut de Vaqueyras (Mahn Werke I, 372). Cf. ci-dessus, p. XXXVI.

A la suite du texte de nos deux mss., que nous avons tenu à reproduire intégralement, même dans les parties devenues inintelligibles, par la perte de la moitié des vers de pièces presque entières, on trouvera :

1o Des notes, suivies d'observations grammaticales, méthodiquement classées ;

2o Un glossaire, où l'on s'est seulement proposé de relever les mots, les formes et les acceptions qui manquent dans le Lexique roman de Raynouard;

3o L'appendice, déjà annoncé (p. Ix-x, note), qui contient le Doctrinal de trobar de Raimon de Cornet et la glose de Jean de Castelnou sur cet ouvrage;

4o Des additions et corrections, tant aux notes qu'au glossaire, dont plusieurs lectures attentives du volume déjà imprimé nous ont fait sentir la nécessité, ou tout au moins l'utilité ;

5o Enfin, avant la table générale des matières, rangées dans l'ordre même où le volume, comme les mss., les présente, un index où sont classés, par ordre alphabétique, les auteurs et les pièces, celles-ci, quand il y a lieu, divisées par genres.

(1) C'est d'après les Leys (1, 198) le maximum des vers qu'un couplet peut avoir. On en trouve pourtant qui en ont davantage, par ex. 21, dans une pièce de B. de Lamanon (Mahn Werke III, 146).

DEUX

MANUSCRITS PROVENÇAUX

DU XIVe SIÈCLE

PREMIER MANUSCRIT

I.

...

[Fo4] .. falhira, segon mon essien.

leu l'am de cor elh mostri claramen
Cum gitara sos mals volens d'abric,
Car el vol trop creyre cocelhs alqus
5 Avars e prims e de cobeytat ples,
E cuja may saber .II. tans o .III.

Que reys del mon, e ja non diray plus.

Mossen n'Amfos, on es grans sens enclus
E tot le faytz de la guerra comes,
10 Vuelh que, silh platz, veja mo sirventes
Se ditz vertat, qu'ieu no parli ges clus.

II.

Le digz frayres R. fe aquesta versa.

I. Quar mot ome fan vers,
Yeu vuelh esser divers,
Que faray una versa;
Quel mons es tan revers
5 Que fay del dreg envers
E tot quant es reversa.
Tot quant es vey gorbilhs,
Quel payre ven los filhs
9 E l'us l'autre devora.

Le plus gros blatz es milhs,
Lo camels es conilhs,
Le mons dins e defora
13 Es plus amar que tora.

II. Lo papa vey falhir,
Car vol ric enriquir

Els paubres no vol veyre;
L'aver vol reculhir

18 E fay s'en gen servir;

En draps dauratz vol seyre;
El es bos mercadiers,
Que dona per deniers
22 Avesquatz a maynada;
Tramet nos ranatiers

Quistans ab lors letriers,
Que dan perdo per blada,
26 On fan neys pojezada.

III. Li cardinal ondrat
Estan aparelhat,

Segon qu'om ditz, tot dia,

Per far tost un mercat.

31 Si voletz avescat

« PreviousContinue »