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vailler aux progrès de l'instruction et à la diffusion des lumières, c'est travailler à la moralisation des âmes et au bonheur des peuples.

Quand on étudie tout ce qui se fait aujourd'hui chez diverses nations en faveur de l'instruction populaire, on peut constater que s'il nous reste sur ce point plus d'un progrès à accomplir, nous n'avons pas, à certains égards, à nous plaindre de notre infériorité. Les sociétés consacrées à l'étude des siècles écoulés s'occupent aussi, et je les en félicite, d'étudier quel était l'état de l'éducation publique dans l'ancienne France. Des recherches consciencieuses, comme celles de M. Ch. de Beaurepaire, sont de nature à combattre une double erreur, dont l'une consiste à croire que l'ancien régime n'avait à ce sujet rien à envier à notre époque, et l'autre à s'imaginer qu'il ne s'intéressait que médiocrement à l'instruction populaire. Malgré les progrès, qui assurent à l'état actuel de nos institutions d'éducation publique une supériorité incontestable, nous devons reconnaître qu'à cet égard encore nous n'avons pas à rougir de nos pères. Il n'est, dans notre histoire nationale, aucune époque qui ne mérite d'être étudiée. L'illustre historien qui, après avoir applaudi aux premiers travaux de la Société des Antiquaires de Normandie, n'a cessé jusqu'à ses derniers moments de l'aider de son influence et de ses conseils, M. Guizot disait, en présidant comme directeur la séance publique de 1839 L'unité nationale existe dans le temps comme dans l'espace, à travers les siècles comme à travers les provinces et les départements. La France d'autrefois est la France, tout aussi bien que la France contemporaine. Cette France, il faut la connaître, la comprendre, l'honorer. »

Inauguration de la Statue de M. de Caumont, Bayeux,

Le samedi 15 juillet, la Statue de M. de Caumont a été inaugurée à Bayeux avec un éclat extraordinaire.

En l'absence de M. Waddington, ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, la cérémonie a été présidée par M. le comte de Perthuis, préfet du Calvados.

Nous empruntons à l'Écho Bayeusain quelques détails sur une fête qui laissera aux habitants de Bayeux, et à tous les amis de l'archéologie, de longs et précieux souvenirs.

• Tous les invités ont été reçus dans les magnifiques salons de l'Hôtel-de-Ville, nouvellement restaurés avec un goût exquis par MM. Niobey, maire de Bayeux, et G. Villers, adjoint.

Au bout de quelques instants, l'affluence était tellement nombreuse qu'à peine pouvait-on se tenir dans ces appartements.

Un grand nombre de notabilités s'y étaient donné rendez-vous. On y remarquait entre autres, venus pour rendre hommage à la mémoire du savant dont on allait inaugurer la statue, MM. Léopold Delisle, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, administrateur directeur de la Bibliothèque Nationale, l'une des plus grandes illustrations de l'érudition moderne ; Du Châtellier, membre de l'Institut; du Moncel, membre de l'Institut; Seguin, recteur de l'Académie de Caen ; de Glanville, directeur de l'Association normande; Palustre, directeur, et de Laurière, inspecteur de la

Société française pour la conservation des monuments historiques; l'abbé Le Petit, secrétaire-général de cette Société; sir John Parkers, d'Oxford, commandeur de l'ordre du Bain, l'un des hommes les plus érudits de l'Angleterre; le commodore Saumarest, l'un des héros de l'expédition légendaire de Chine; le colonel Howel, commandant le régiment d'infanterie de Kent; le révérend ministre Le Maistre, le major Dorey,sir Mallet et sir Labbey, de la Société royale d'agriculture de Jersey; MM. de La Sicotière, sénateur; Pilet des Jardins, député de l'arrondissement de Bayeux; le comte de Pontgibault, membre du Conseil général de la Manche; Drueilhet-Lafargue, secrétaire de l'Institut des provinces; Quénault, ancien sous-préfet de Coutances; Moulin, maire de Mortain; le comte Léon de Germiny, de Thiac, président de la Société d'Agriculture de la Charente; E. de Beaurepaire, conseiller à la Cour, président de l'Académie de Caen, secrétaire de la Société des Antiquaires de Normandie; Pailhoux, maire de St-Ambreuil; Travers, secrétaire de l'Académie de Caen; Morière, secrétaire de la Société Linnéenne; Renault, conseiller à la Cour de Caen; David-Beaujour, président, et Buret, secrétaire de la Société des Beaux-Arts de Caen; Bayeux, secrétaire de la Société centrale d'Horticulture; Levard, Feuguerolle et Lauffray, adjoints au maire de Caen; Campion et Gaugain, exécuteurs testamentaires de M. de Caumont; Hervé, rédacteur de la Gazette des Campagnes; les rédacteurs des journaux le Moniteur du Calvados, le Journal de Caen, l'Ordre et la Liberté; de Roissy, sous-directeur de l'Association; Le Vavasseur, secrétaire-général de l'Association; Le Blanc-Hardel, trésorier de l'Association normande ; le comte de Toustain, le comte du Manoir de Juaye,

Bataillard, de Bonnechose, Gosset, le baron Gérard, Tarnier, membre du Conseil d'arrondissement; le colonel de Vigneral, Féret, sous-préfet d'Argentan ; Gervais, avocat à Caen, doyen des collaborateurs de M. de Caumont; Desvaux-Savouré, Boïeldieu, Escudié, Oscar Commettant, Debon, maire d'Isigny; HébertDuperron, inspecteur de l'Académie de Caen; l'abbé Decorde, curé de N.-D. d'Aliermont (Seine-Inférieure); Le Métayer des Planches, de Liesville, Blanchetière, Groult, Lehot du Férage et une foule de personnes notables dont nous ne pouvons consigner ici tous les noms.

A dix heures et demie, le cortége, composé de plus de 500 personnes et ayant à sa tête MM. Douesnel, président du Comité d'institution pour l'érection du monument, et Niobey, maire de Bayeux, s'est rendu à l'hôtel de la Sous-Préfecture pour y prendre M. le Préfet du Calvados, désigné pour présider, en l'absence du Ministre, à l'inauguration de la statue. Aux côtés de l'honorable M. Douesnel marchaient M. le comte de La Loyère, colonel du 2 cuirassiers, et M. le comte du Moncel, de l'Académie des sciences, neveux de M. de Caumont.

De l'hôtel de la Sous-Préfecture, le cortége, auquel se sont adjoints avec leurs bannières la Société des Orphéonistes et des Jardiniers, s'est rendu à la cathédrale escorté par la compagnie de sapeurs-pompiers et une compagnie du 36o de ligne et précédé de l'excellente musique de ce régiment ainsi que de la musique municipale. L'immense cortége a pénétré dans la vaste église et a pris place dans le transept. La cérémonie avait attiré une affluence énorme qui remplissait toutes les parties de l'édifice.

Mgr l'Évêque, entouré du Chapitre et de tout le

clergé de la ville, a reçu le cortége. Dans la nef, les bancs destinés aux séminaristes, en ce moment en vacances, étaient remplis par un grand nombre d'ecclésiastiques in nigris, venus spontanément à Bayeux pour prendre part aussi à l'hommage rendu à l'archéologue, qui, avec Montalembert, a tant fait pour faire apprécier les beautés de l'art chrétien.

La messe a été chantée par la Maîtrise et la Société des Orphéonistes, sous l'habile direction de M. l'abbé Capard, maître de chapelle. La musique du régiment a exécuté à l'offertoire une symphonie d'un grand effet. Puis à l'élévation, aux accents mélodieux de l'orgue, se sont joints les sons d'une musique vraiment inspirée, qui a profondément ému l'auditoire, on entendait M. Escudié.

Pendant l'office divin, une quête fructueuse a été faite pour les pauvres: l'aumône n'est-elle pas aussi une prière !

Après la messe, dont la célébration, à tous les points de vue, a eu un caractère magistral, Mgr l'Evêque, s'adressant à l'assemblée, a prononcé l'allocution suivante :

MESSIEURS,

Le clergé de Bayeux vous remercie de la part que vous avez faite à la religion dans cette solennité patriotique. Il est heureux de s'unir à vous pour honorer la mémoire de M. Arcisse de Caumont, votre illustre compatriote; car il est comme vous jaloux de la gloire de cette cité; comme vous, il s'intéresse au progrès des connaissances humaines; comme vous, il se réjouit d'applaudir aux efforts désintéressés des hommes de

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