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d'une chaînette en fer, dans le tombeau d'une femme, à peu près à la hauteur de la ceinture. A son tour, M. l'abbé Cochet en a signalé plusieurs dans les tombes d'Envermeu explorées en 1867. Il devait en être de même pour les tombeaux d'une date plus reculée, car, en fouillant le cimetière gaulois de Somsois, M. Morel a également pu recueillir deux chaînettes en fer, deux chaînettes en bronze et une chaînette en argent. Les anneaux de ces chaînes, comme ceux de la chaîne de Conteville, présentent la forme d'un 8.

C'est à deux kilomètres de distance de cet emplacement si riche en débris anciens, sur le territoire du village de Valmeray, en la commune de Moult, qu'a eu lieu, le 4 mars dernier, la découverte d'un intérêt plus considérable dont je dois maintenant vous entretenir. Ce jour là, un sieur Lejeune était occupé à extraire du sable pour le compte de M. Le Tourneur, maire d'Airan, dans un champ appartenant à M. Cholet et situé sur le bord de la route de Caen à St-Pierre-surDives, lorsque tout d'un coup il rencontra, à une profondeur de 1 mètre 50 un amas de terre grisâtre tranchant sur le fond jaune du sable et semé d'ossements humains et d'objets métalliques.

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Les ossements réduits pour ainsi dire en poussière furent malheureusement négligés par Lejeune, qui s'occupa exclusivement de recueillir les ornements précieux qu'un hasard favorable mettait à sa disposition. Il put cependant reconnaître deux dents et un fragment de mâchoire. Une dent seulement nous a été remise par M. Le Tourneur. C'est une molaire très-petite et d'une excellente conservation. Dans l'opinion du docteur Le Véziel, à l'examen duquel nous l'avons

soumise, elle a dû appartenir à un individu, d'une constitution assez frêle, âgé de 20 à 40 ans.

Quant au trésor qui accompagnait ces restes humains, il se compose d'un collier en or, d'une boucle en argent, de deux fibules en or et en argent rattachées ensemble par une chaîne d'argent, et de divers fragments d'or couverts de dessins estampés.

Nous allons essayer de décrire successivement ces objets. Le petit collier en or pur pèse 13 grammes. Il mesure 39 centimètres, en y comprenant la boucle et le crochet, Il appartient, par son procédé de fabrication et par la disposition de ses anneaux, au genre de chaînes connues aujourd'hui dans le commerce sous le nom de chaînes colonnes. Il ne pouvait, à raison de sa courte dimension, être placé qu'au cou d'une femme ou d'un enfant.

La boucle en argent pèse 270 grammes. Elle comprend une plaque et une boucle proprement dite. Dans son ensemble, elle mesure 11 centimètres, savoir: 5 centimètres pour la plaque et 6 pour l'anneau. La plaque, à sa partie supérieure, est décorée, comme beaucoup de joyaux de la même époque (1), d'un quatrefeuilles entouré de cercles et de dessins ponctués, le tout gravé largement et sans prétention. Ce côté de la plaque a été doré et les lignes principales de l'ornementation ressortent en noir sur le fond brillant de l'or. La languette courbe qui vient s'appuyer sur l'anneau en le débordant est aussi dorée et couverte de dessins à ses deux extrémités. Les boucles de ceinturon avec plaque et contre-plaque sont extrême

(1) Histoire des arts industriels au moyen âge, par M. J. Labarte, membre de l'Institut, p. 261.

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