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que partout j'ai trouvé une disposition semblable, attestant l'intention de mettre la salle capitulaire en rapport avec le cloître et le préau. Cette salle était voûtée; un ou deux rangs de colonnes cylindriques, ou de colonnes groupées, venaient habituellement recevoir la retombée des voûtes: le pourtour était orné de moulures.

La plupart des salles étaient contenues dans les limites du parallélogramme formant le côté Est du cloître, mais quelques-unes aussi débordaient sur lui et formaient, dans le côté Est, une saillie rectangulaire ou absidale (Voir le plan, page 44).

La salle capitulaire de l'abbaye de Fontenay (Côte-d'Or) (2o moitié du XIIe siècle), dont voici le plan (V. la page suivante), est rectangulaire; on y entre, du cloître, par une porte cintrée (A), à parois latérales tapissées de colonnettes et accompagnée de deux ouvertures subdivisées en deux parties (B B).

Les voûtes de cette salle reposent sur des piliers garnis de colonnes groupées, dont deux sont isolés au centre de la salle et les autres accolés aux murs du pourtour.

On voit à l'abbaye de St-Germain d'Auxerre, aujourd'hui occupée par l'hospice, de beaux restes de la salle capitulaire, également du XIIe siècle et parallèle à la galerie orientale du cloître.

La salle capitulaire de l'abbaye de Silvacane, transformée en écurie, est très-belle, d'un style noble et sévère, d'après M. Rostan qui l'a décrite avec soin; on y pénètre, comme dans toutes les autres, par une porte cintrée flanquée de deux ouvertures; la voûte se divise en six compartiments, comme celle de l'abbaye de Fontenay; elle est supportée, au centre, par deux piliers assez curieux, l'un tordu, l'autre cannelé. La salle reçoit le jour, vers l'est, par trois fenêtres cintrées.

Le chapitre de l'abbaye de Senauques, à l'est du cloître, offre une frappante analogie avec celui de Silvacane; les voûtes en sont cintrées; les deux piliers qui, au centre, reçoivent les retombées des voûtes sont carrés, décorés d'une colonnette à chaque angle, les chapitcaux ornés de feuilles d'eau. La salle est éclairée par trois fenêtres cintrées, du côté de l'est, et à l'ouest par la porte et les ouvertures qui l'accompagnent. Des siéges en pierre, conservés dans leur intégralité, règnent autour des murs (1).

(1) Mémoire sur les abbayes du Thorouet, de Silvacane et de Senauques, par M. Rostan, dans le Bulletin monumental, t. XVIII.

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Plan de la salle capitulaire et d'un des côtés du cloître de l'abbaye de Fontenay.

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Vue intérieure de la salle capitulaire de l'abbaye de Fontenay.

La salle capitulaire du Thorouet (Var), sauf quelques détails d'ornementation, est identique à celles de Silvacane et de Senauques: elle reçoit aussi le jour, du côté de l'est, par trois fenêtres cintrées ; à l'ouest, elle communique à la galerie contiguë du cloître par la porte et par des arcades encadrant une triple ouverture, supportées par des colonnettes géminées. La porte est cintrée en dedans, ogivale en dehors; l'archivolte est supportée par deux colonnes engagées. Des siéges taillés dans la pierre règnent autour de la salle (1).

La belle salle capitulaire de St-Georges de Bocherville près de Rouen, du XIIe siècle (2), nous offre encore sa porte d'entrée entre

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Chapiteau et archivoltes de la porte du Chapitre, à Bocherville.

deux arcades d'un égal diamètre, surmontées de trois fenêtres de transition.

D'élégantes colonnes romanes supportent les archivoltes ornées de moulures et d'un feston du meilleur effet.

(1) M. Rostan, loc. cit.

(2) On ne connaît pas la date précise de l'érection de ce charmant édifice, seulement M. Deville a prouvé qu'il a été élevé sous l'abbé Victor, élu en 1157 et mort en 1211. Conséquemment il est à peu près certain qu'il est de la deuxième moitié du XIIe siècle, comme l'annonce le style architectonique,

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l'église : elle a 17m 25 de Corniche intérieure du chapitre, à Bocherville. longueur sur 7" 80 de largeur. La corniche qui porte la retombée d ́s voûtes se trouve à 3m 30 environ au-dessus du pavé. Les trois fenêtres qui surmontent les ouvertures donnant sur le cloître prenaient la Inmière au-dessus du toit de ce dernier.

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M. de Verneilh m'a fait parvenir le dessin ci-dessus de la salle capi.

tulaire de Badeix, construite d'après le système des salles de même destination, avec des voûtes d'arête qui retombent au milieu sur des colonnes cylindriques.

Je la présente ici, pour qu'on puisse comparer cette salle d'un simple prieuré avec celles des abbayes riches et considérables.

Dortoir.

A

u XIIe siècle, le dortoir était presque toujours voisin de la salle capitulaire, soit qu'il s'étendît à côté et sur la même ligne comme à St-Georges de Bocherville, soit que, comme à Fontenay et dans un très-grand nombre d'abbayes (Lire, St-Évroult, Conches, St-Wandrille, Marmoutiers près Tours, La Sauve ( Gironde }, St-Cyprien de Poitiers, St-Bénigne de Dijon, Bocherville, Solignac près Limoges, St-Germain d'Auxerre, Fontenay, St-Benoît-sur-Loire ), il occupât, au-dessus des voûtes du chapitre et au-delà, tout ou partie de l'aile orientale des bâtiments claustraux: on comprend effectivement que là devait être le dortoir, quand on considère que cette aile se lait au transept, ce qui rendait plus facile l'accès du chœur pour les offices de nuit. Je ne doute pas que cette considération n'ait à peu près invariablement fait placer le dortoir là où on le voyait dans les abbayes que je viens de citer, et s'il occupe une autre place dans quelques-unes, cela tient probablement aux changements opérés, depuis le XVIe siècle, dans la destination des anciens bâtiments ou à la reconstruction de ceux-ci dans les temps modernes.

Dans les abbayes du XIIe siècle, les dortoirs étaient de vastes pièces percées de fenêtres à plein-cintre.

A Fontenay, le dortoir s'appuyait d'un côté sur le transept, et l'autre extrémité, orientée au sud, offrait un gable percé de fenêtres élégantes. Le dortoir de l'abbaye de Senauques occupe le premier étage au-dessus du cloître oriental : c'est une vaste salle, éclairée par deux roses et des fenêtres romanes; on y voit une cheminée encore entière, à foyer conique. A l'abbaye de Silvacane, l'ancien dortoir, aujourd'hui divisé par des cloisons, offre une série de fenêtres cintrées.

A l'abbaye de Thorouet, le dortoir est aussi au premier étage, dans l'aile orientale des bâtiments claustraux ; c'est une vaste et belle construction dont les voûtes en berceau sont soutenues par de grands arcsdoubleaux, et que divisent aujourd'hui des cloisons en plâtre édifiées

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