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Évêchés.

Es palais épiscopaux, disposés au XIIIe siècle comme ils l'étaient

Lau siècle précédent (V. p. 81 et suivantes), ont profité des progrès de

l'architecture, et leurs ouvertures affectent les formes consacrées à cette époque.

L'évêché de Laon nous offre des parties très-remarquables du XIII. siècle.

Pour pénétrer dans l'intérieur de la cour, on passait sous une grande et une petite porte en ogive, ouvertes dans des murs épais et surmontés de tourelles en encorbellement qui ont été abattues en 1750. Au-dessus de ces portes régnait une large galerie couverte. On y parvenait, de la cour, par un escalier en pierres placé près de la grande porte, et elle communiquait avec l'intérieur de la cathédrale par une ouverture que l'on remarque au-dessus de la chapelle actuelle de la Vierge (1).

Les autres bâtiments formaient une vaste équerre, dont l'un des côtés faisait face au rempart. C'est de ce côté que s'élève la grande salle de l'évêché, construite par l'évêque Garnier, en 1242. Cette salle, aujourd'hui divisée en plusieurs appartements qui servent aux audiences du tribunal, n'avait pas autrefois moins de 100 pieds de long sur 33 de large. Sa façade extérieure est très-remarquable: elle est divisée en deux parties par trois tourelles, dont deux, celles des extrémités, renfermaient des escaliers en hélice. Chaque partie de cette façade est percée de trois fenêtres dans le style ogival de la première époque. Celles-ci sont encadrées de colonnettes, et leur arc est décoré d'un cordon chargé de sculptures. La façade intérieure de cette même salle est supportée par une galerie formée de colonnes courtes et d'arcades ogivales basses. Les socles de ces colonnes sont tantôt carrés, tantôt octogones, nus ou chargés d'ornements d'un bon style. La forme des chapiteaux varie également, et ils sont couverts d'ornements généralement empruntés au règne végétal. Au-dessus s'ouvre une série de grandes fenêtres ogivales, et le bâtiment est surmonté d'un toit aigu supporté aux deux extrémités par deux pignons, dont les rampants sont ornés de feuilles crossées, selon le goût du temps.

Ainsi, la cour de l'évêché était à peu près carrée.

(1) Histoire de la ville de Laon, par M. Melleville.

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Pignon de l'évêché d'Auxerre, bâti de 1250 à 1260, par Guy de Mello.

ÉVÊCHÉ D'AUXERRE. L'évêché d'Auxerre, aujourd'hui l'hôtel de la préfecture de l'Yonne, conserve encore des parties intéressantes remontant au XIIIe siècle, notamment un pignon complet bâti, de 1250 à 1260, par l'évêque Guy de Mello.

ÉVÊCHÉ DE MEAUX. L'évêché de Meaux était du XIIIe siècle, mais il a été reconstruit à diverses époques; on y voit pourtant, tout près de l'abside de la cathédrale et près d'une des portes par lesquelles on entrait dans l'enceinte, un remarquable édifice du XIIIe siècle que j'ai fait graver d'après les dessins de M. Sagot.

C'est un bâtiment carré-long, aux quatre angles duquel se détachent des tours à toits coniques sur des tourelles cylindriques en encorbellement comme celles de l'évêché de Laon, et qui attire les regards par sa forme régulière.

Les quatre tours qui flanquent les angles du bâtiment, son plan parfaitement symétrique, lui donnent un caractère de noblesse qui me font croire que c'étaient les bâtiments de l'officialité : on y a rendu la justice, au nom de l'évêque, peu de temps avant la Révolution de 89. Quatre étages occupent la hauteur de l'édifice.

Le premier étage, en contre-bas, se compose d'une magnifique salle fort élevée, dont les voûtes en ogives se divisent sur la longueur en cinq travées, partagées par quatre colonnes cylindriques qui reçoivent au centre les arceaux des voûtes et divisent l'espace en deux nefs ou galeries. Cette salle souterraine, qui a toujours dû être destinée à renfermer des provisions, recevait le jour par des ouvertures carrées que l'on distingue à 1 mètre environ au-dessus du sol de la rue.

La même ordonnance se répète au rez-de-chaussée; mais la belle salle qu'on y voit s'accédait par une large porte, pratiquée au centre de la façade tournée vers la cour.

Le second étage, auquel on accède par cet escalier, n'est pas voûté; un plancher droit, en bois de chêne, vient reposer sur des colonnes monocylindriques, au nombre de quatre comme dans les deux étages inférieurs; ainsi les divisions sont toujours les mêmes, seulement il n'y a pas de voûtes en pierre.

Le dernier étage sous les combles, moins élevé que les autres, avait beaucoup moins d'importance.

L'édifice, dont nous venons de parcourir les diverses parties, montre l'observation de tous les principes de construction usités au XIIIe siècle ; des contreforts opposés symétriques font équilibre à la poussée des voûtes partout où elles viennent peser sur les murs, et les colonnes

des trois étages portent perpendiculairement les unes sur les autres. La vue que voici a été prise du côté de la rue qui passe derrière

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l'abside de la cathédrale et se dirige vers la promenade; celle qui suit

Ancien bâtiment du XIIIe siècle, près de la cathédrale de Meaux, du côté de la rue.

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