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çoit deux corbeaux, ou consoles, destinés à supporter une charpente qui a complètement disparu.

Une autre porte, placée entre les huitième et neuvième contreforts, s'ouvre sur un passage voûté qui traverse tout le bâtiment. Un oculus éclaire ce passage formé par deux gros murs, et qui aboutit à la façade opposée. Nous avons marqué ce passage de la lettre P. Nous ne parlons pas des autres portes du rez-de-chaussée, qui sont évidemment modernes ou postérieures à la date de l'édifice, d'un certain nombre d'années. Mais au premier étage, indépendamment de la porte dont il a été question, on peut en remarquer deux autres: l'une entre les cinquième et sixième contreforts, l'autre à l'extrémité de l'édifice. Elles communiquaient à des bâtiments qui n'existent plus.

La façade orientale est d'une conservation remarquable, et la pierre a gardé sa nuance claire et jaunâtre.

C'est par suite de la démolition assez récente de plusieurs corps-de-logis, qui venaient s'appuyer et se réunir à celui que nous décrivons, qu'il est possible maintenant d'embrasser d'un seul coup-d'œil un édifice qui a plus de 70 mètres de longueur.

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20 M. Vue du grand bâtiment de Vauclair (façade de l'est).

Quinze contreforts, tous semblables entre eux, et que nous avons déjà vus à la façade de l'ouest, soutiennent celle de l'est, divisée par cela même en quatorze travées qui correspondent aux distributions intérieures.

Chacune de ces travées présente, en apparence, une similitude qui disparaît après un examen attentif.

L'écartement qui sépare les contreforts est de 3,85° en moyenne; l'élévation atteint la hauteur de 13,50 en moyenne également, car le nivellement du terrain présente quelques inégalités; enfin le mur est formé de quarante-neuf ou cinquante assises de pierres de taille soigneusement équarries et jointoyées. L'épaisseur de ce mur est d'environ 1: c'est aussi la saillie des contreforts. Les voûtes intérieures ont donc pour point d'appui une muraille ayant 2" d'épaisseur. C'est énorme déjà, et cependant les constructeurs n'ont pas jugé cette force de résistance assez considérable; ils ont inventé un moyen ingénieux pour augmenter cette même force de résistance, et qui consiste à charger le sommet de la muraille, dans le sens vertical, d'une voûte ayant ses points d'appui sur la tête des contreforts et agissant dans le sens opposé à la poussée des voûtes intérieures.

On reconnaît bien, dans cette combinaison si simple, si vraie et pleine de bon-sens, le génie des constructeurs du moyen-âge. Cette voûte, formée par deux arcs-doubleaux de 25 d'épaisseur chacun, ajoute donc à l'épaisseur de la muraille et sur son sommet un poids considérable, puisque cette muraille atteint ainsi la mesure de 1,50°, sans compter la saillie de la corniche qui supporte le comble.

Butées aussi fortement, les voûtes intérieures n'ont pas bougé. L'étage du rez-de-chaussée était éclairé par vingt-sept fenêtres carrées, c'est-à-dire ayant leur quatre angles rectangulaires : elles ont 1,9° de large sur 2,45° de haut; leur linteau est formé de claveaux réguliers, encadrés dans une arcade ogivale. Il est bon de remarquer, en passant, que les ouvertures carrées ont été souvent usitées, comme à Vauclair, dans toutes les constructions civiles du XIIIe siècle.

Entre les huitième et neuvième contreforts, nous retrouvons l'arc de cercle de la porte du passage déjà signalé. Au-dessus s'ouvre

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une fenêtre ronde, surmontée d'une voûte construite pour supporter une sorte de terrasse, se reliant aux bâtiments démolis et dont les traces se reconnaissent à plusieurs places sur la grande muraille.

Dans la travée suivante, on trouve une porte presque semblable, conduisant dans la grande salle A (V. le plan, p. 130), située vers la partie sud de l'édifice. La salle B, placée dans la partie opposée, est plus grande encore, car elle a sept travées au lieu de six. Enfin, à côté de cette seconde porte, on remarque un escalier en pierre conduisant par vingt-quatre marches au premier étage.

Avant de pénétrer dans ces différentes salles, faisons remarquer que, par une disposition que rien ne saurait expliquer ni motiver, les fenêtres de ce premier étage, disposées trois par trois, ne sont point symétriquement placées. Ainsi, presque toutes les fenêtres placées sous les arcs-doubleaux sont mises un peu à gauche ou un peu à droite du milieu réel : cette différence varie de 5 à 20 centimètres.

Autre irrégularité : les consoles ou corbeaux de la grande corniche, au nombre de sept, entre chaque tête de contrefort, ne sont pas disposées d'une manière égale entre ces têtes de contreforts.

On vient de voir le dessin des façades; je donne (p. 129) celui des deux grands pignons qui les réunissent. Celui du nord est merveilleusement conservé: il reproduit tous les caractères de construction que nous avons observés sur la grande façade. Il en est de même pour le pignon du sud. Leur élévation, depuis le sol jusqu'à la pointe du grand comble, peut être évaluée à 23m 76 ou 75°. Le contrefort central n'a que 1 58° de moins; son épaisseur est de 1m 20°.

C'est par la grande porte P, ouverte dans la façade de l'ouest qu'on pénétrait dans cette salle; une seconde porte (F), située dans l'angle près du passage central, établissait une communication avec l'autre côté de la façade et aussi l'autre salle A. (Voir le plan, p. 130).

Cette salle B a 33 m de long sur 13 de largeur; elle est divisée dans son milieu par six colonnes et deux consoles, ce qui fait dix travées et deux nefs parfaitement bien voûtées. L'autre salle n'a que six travées et elle ne le cède en rien, comme beauté de construction, à la salle voisine; toutefois l'appareil des nervures n'est pas le même: ici elles sont carrément taillées dans leur profil, tandis que partout ailleurs elles sont arrondies.

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Vue des pignons nord et sud du bâtiment de Vauclair.

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