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timidité et à la crainte de sembler téméraire. Heureusement il se trouva près du moIl y a deux mois, la tombe se fermait sur deste archéologue des amis intelligents et la dépouille mortelle d'un prêtre aussi sa- dévoués qui l'ergagèrent à faire essai de ses vant que modeste. Archéologue érudit et forces dans un premier écrit. Il suivit leur estimé, écrivain doué de facilité, de clarté conseil, et le publia avec ce titre : Notice et d'élégance, M. l'abbé Texier mourait à sur le monument du bon mariage (LimoBourganeuf, sous le toit de l'amitié fidèle, ges). De ce jour, il prit rang dans la gloà peine âgé de 47 ans. Le coup qui nous rieuse phalange qui fouillait et explorait le l'enlevait arrivait soudain et imprévu, et sol de la France pour lui retrouver ses gloibeaucoup d'entre nous, nous ses amis, nous res d'autrefois, ensevelies sous des ruines. apprenions en même temps et sa maladie Puis vinrent des encouragements partis de et sa mort. Il quittait la vigne du père de haut, je veux parler de ceux qui lui arrivèfamille avant la fin du jour, mais non sans rent de la part d'un homme illustre, M. le avoir accompli sa tâche. Ce noble cœur comte de Montalembert. Quelle grande épocessait de battre, cette belle intelligence que que ces jours de lutte et de travaux si s'éteignait au moment où nous pouvions honorables pour les catholiques! compter encore sur de longs jours, espérer En ce temps-là, comme toujours, M. de de sa plume quelques nouveaux travaux Montalembert se trouvait sur la brèche, et qui auraient glorifié l'Eglise et l'art chré- des milliers de cœurs généreux parlaient tien, la science et la religion, ces deux plus chères affections de toute sa vie.

par sa bouche, chaque fois qu'il y avait une iniquité à flétrir, une idée généreuse à soutenir, une liberté menacée à défendre. Il apprécia le mérite de M. Texier, le félicita sur son premier essai, et l'engagea à marcher plus avant dans ce sentier si riche et si inexploré de la science archéologique. Dès lors il lui voua une sympathie et une affection qui ne se sont jamais démenties, ainsi qu'il l'a fait connaître dans une lettre récemment publiée. Et l'abbé Texier, de son côté, j'en ai souvent eu la preuve, se montrait fier et reconnaissant d'un si noble pa

Né en 1812, ordonné prêtre en 1835, M. l'abbé Texier, après des études brillantes, commencées au petit séminaire de Limoges et terminées au lycée de la même ville, exerça d'abord le saint ministère parmi les populations des campagnes. Il sut s'y faire tout à tous pour gagner les âmes à Dieu, et par un zèle ardent que guidait la prudence, par un grand esprit de conciliation qui ne lui fit jamais défaut, par une admirable douceur qui procédait de son cœur et se peignait sur sa belle et in-tronage. telligente figure, il put voir ses efforts bénis En 1847, M. Texier était nommé supéet la religion aimée par tous ceux de son rieur du petit séminaire du Dorat. I octroupeau, soit qu'ils accueillissent avec em- cupa ce glorieux et difficile poste jusqu'en pressement les enseignements de la foi, soit 1858, et pendant ces onze années qu'il apque d'un esprit plus exigeant, ils deman-pelait les plus belles de sa vie, il mettait au dassent qu'on éclairât leur raison. service de l'œuvre importante qui lui était Les travaux du saint ministère laissent au confiée tous les trésors d'intelligence, d'afprêtre certains moments de loisir. L'abbé fection et de dévouement que Dieu avait Texier en profita pour se livrer à l'étude de mis en lui. Ce fut l'époque où son double la science qui convient si bien à un ecclésias- talent d'écrivain et d'archéologue se révéla tique, je veux parler de l'archéologie reli-plus brillant et plus solide que jamais; c'est gieuse. Eloigné des grandes cités où se pendant cette période que, outre plusieurs rassemblent les corps savants, privé des opuscules, il publia ses deux plus imporressources scientifiques qu'on ne rencontre tants ouvrages, l'un, le Manuel d'épigraguère que là, il y suppléa par un énergi-phie chrétienne (Didron) ; l'autre, que beauque travail, que lui rendaient d'ailleurs fa- coup des plus savants regardent comme un cile ses brillantes facultés. Pourtant il ne chef-d'œuvre, et qu'il dédia à M. de Montase hâta pas de publier le fruit de ses pre-lembert, Dictionnaire d'orferrerie relimières études, et malgré la voix de sa gieuse (Migne). Je me contente de donner conscience, qui lui montrait le bien à faire, ici le titre de ces deux ouvrages; bientôt la gloire de l'Eglise à procurer en réhabili- les admirateurs de M. Texier pourront lire tant ces monuments élevés par la piété de dans une notice que tracera une plume sanos ancêtres, il cédait à un sentiment de vante, des détails complets sur tout ce qu'a

écrit en matière d'art celui auquel je ne con- furent ses collaborateurs n'oublieront jasacre ici que quelques lignes, faible tribut mais combien il leur fut bon et dévoué; d'une affection qui a commencé le jour où je et celui qui écrit ces lignes, qui fut honoré fus son collaborateur, a persévéré lorsque la de son amitié, qui n'a pas attendu que cette providence eut permis que nos cœurs seuls belle intelligence ne fût plus qu'une mérestassent unis malgré la distance, survi-moire, son cœur un peu de poussière pour vra à la tombe qui m'a rendu sa mémoire plus chère.

glorifier l'une et s'attacher à l'autre ; celuilà aime à déposer sur sa tombe le faible tribut de l'affection fidèle. Heureux de parler encore de lui, de lui adresser un dernier adieu, comme on est heureux de le faire pour un ami dont on se sépare le cœur plein

Quand au mois de septembre 1858, pour des causes que je ne dois pas examiner ici, il quitta la direction du petit séminaire du Dorat, il y eut comme une explosion de tristesse et d'abattement dans le sentiment de son souvenir. général de la contrée. Elèves et professeurs, qui avaient en lui, ceux-là un père, ceuxci un ami, lui témoignèrent par des preuves non équivoques, qu'ils regardaient son dé

L'abbé H. CARRIÈRE.

part comme un malheur public. La modeste Exposition régionale de Rouen. mais intelligente cité du Dorat, par la voix de ses magistats, organes des sentiments de leurs administrés, déclara solennellement que M. Texier emportait l'estime et les regrets de tous.

Machine nouvelle
Ensemble

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Historique des machines à vapeur.
horizontale perfectionnée de M. Doudier.
de machines pour carder et filer le coton.- Machines
à fabriquer et à aiguiser les cardes.--Métiers à tisser
mécaniques et à la main.-Métiers à fabriquer 72 ru-
bans à la fois.-Métier pour les caleçons.-Machine à
graver mécaniquement les dessins sur les rouleaux de
cuivre destinés à l'impression des tissus.-Machines à
plier et à métrer.--Machines à coudre.

A dater de ce jour, il vécut dans une noble retraite, tout entier à ses études chéries. d'archéologie, trouvant dans les consolations de l'intelligence un dédommagement des amertumes de la vie. Secrétaire de la société archéologique de la Haute-Vienne, il allait publier de nouveaux et importants Les trois principales industries représentravaux, grâce à des matériaux dès long-tées à l'exposition régionale de Rouen sont : temps amassés. Dieu a trouvé qu'il avait Les toiles de coton, les toiles de fil et les rempli sa journée, et qu'en peu il avait ac-draps; on comprend alors que les grandes compli beaucoup : In brevi explevit tem- machines doivent avoir spécialement rappora multa. Comme je l'ai dit, il mourait port à ces trois industries, qui ont une trèsil y a deux mois entre les bras de son ex-grande importance. cellent ami, entourédes siens accourus pour recueillir son dernier souffle et son dernier adieu, pleuré de tous.

Les machines à vapeur ont d'abord du frapper notre attention, car dans la grande galerie, ce sont elles qui donnent le mouvement et la vie à toutes les autres.

Il est mort, mais il vit, nous l'espérons, au sein du Dieu dont il chercha toujours la gloire et chérissait tant l'Eglise. Il est mort, mais il vivra au livre d'or de la science, où son nom est inscrit avec des titres impéris-terre sables.

L'application de la vapeur comme force motrice est sans contredit la plus belle invention des temps modernes, aussi l'Anglea-t-elle toujours voulu en disputer le mérite à la France.

Il est mort, mais son nom passera aux gé- 120 ans avant Jésus-Christ, Héron d'Anérations futures, grâce à ces nombreuses lexandrie songea le premier à faire usage de églises ou chapelles dont il a dit l'histoire la vapeur comme force motrice, au moyen ou tracé le plan. Il est mort, mais sa mé-d'une machine à réaction décrite dans le moire restera chère et bénie pour ses amis traité spiritualia seu pneumatica. qui lui ont élevé dans leur cœur un monu- Vint ensuite, dix-sept siècles après, Saloment de pieuse affection. Il est mort, mais mon de Caus, qui fut emprisonné comme le petit séminaire qu'il dirigea onze ans ai-fou, et dont on connaît généralement l'hismera à parler de lui comme on parle d'une toire. Worcester, considéré dans la Grandegloire d'ancêtres. Ses frères dans le sacer-Bretagne comme l'inventeur des machines› doce le pleureront comme une pierre pré-à vapeur, s'inspira d'abord des idées émicieuse tombée de leur couronne; ceux qui ses par ce pauvre de Caus, et il fut pluss

heureux que lui, car il trouva des protec-] On sait que dans le système Woolf, pour teurs et des appuis. passer d'un cylindre dans un autre, là vaEn 1688, Denis Papin fabriqua une ma-peur doit traverser deux bottes à vapeur, un chine à vapeur destinée à élever les eaux, tuyau et des conduits très-longs qui se croidans laquelle on rencontre pour la pre- sent en zig-zag, ce qui fait nécessairement mière fois la condensation de la vapeur; perdre à la vapeur une partie de sa pression c'est par conséquent à cet illustre ingénieur soit à cause du refroidissement qui s'opère français que revient l'honneur de l'inven- dans une longue traversée, soit à cause des tion de la première machine à vapeur à pis- coudes, soit enfin à cause de la condensaton et à condensation. tion ou de l'étranglement de la vapeur dans C'est à Newcomen que l'on doit l'appli-le passage du petit au grand cylindre: de là cation du premier balancier destiné à jouer dépense plus considérable de combustible. un rôle important dans les machines. Il était donc important de faire disparaître Watt vint ensuite, en 1769, apporter de ces espaces nuisibles, c'est ce à quoi s'est très-grands perfectionnements dans la con- spécialement attaché M. Boudier; les résulstruction des machines à vapeur; il nous tats auxquels est parvenu cet ingénieur, à dota de la condensation dans un réservoir force d'études et de travail, sont réellement isolé, du parallelograme articulé, des tiroirs dignes d'attirer l'attention des hommes spéde distribution, du volant et de la détente ciaux. de la vapeur dans les machines à un seul cylindre.

Au lieu de croiser, et par conséquent de donner une trop grande longueur aux conEn 1804, Woolf construisit une machine duits par lesquels s'échappe la vapeur pour à deux cylindres dans laquelle la vapeur à passer d'un cylindre dans l'autre, M. Bouhaute pression passait, avant d'être con-dier a établi à l'extrémité de chaque cylindensée, d'un corps de pompe dans un au-dre deux conduits droits et très-courts, tre, le haut du premier cylindre communi- par lesquels s'échappe la vapeur, et cela à quant avec le bas du second et vice versa. l'aide d'un seul tiroir, sans rentrer dans Il est évident que par ce double emploi de une seconde boîte de distribution; de cette vapeur, Woolf obtenait une plus grande façon, la vapeur, après avoir travaillé d'un force avec le même combustible. Cette in- côté quelconque du petit cylindre, agit imvention se répandit très-rapidement dans médiatement du même côté correspondant tous les pays où l'on fait usage des machi- du grand cylindre. Cette disposition donne nes à vapeur; elles jouissent encore aujour- aux pistons un mouvement opposé l'un à d'hui d'une grande estime; malheureuse-l'autre, par conséquent, lorsque le petit est ment elles sont beaucoup trop volumineu-arrivé à un bout quelconque du cylindre,le ses coûteuses dans leur installation, elles grand est au bout de sa course du côté opdemandent un local immense; ces motifs posé, leur action est ainsi indépendante sur assez sérieux ont engagé les constructeurs l'arbre moteur.

à modifier la machine Woolf; ils ont établi La machine exposée par M. Boudier est alors des machines verticales ou horizon-de la force nominale de 16 chevaux, mais tales, fixes ou oscillantes, à un seul cylin- le volume de la vapeur admis peut être dédre, selon le système de Watt, qui sont au- tendu jusqu'à 25 fois, ce qui permet de vajourd'hui assez répandues dans l'industrie, rier la force effective de la machine et de la mais qui ne réalisent pas la même écono-porter jusqu'à 28 et même 30 chevaux. mie de combustible que celles du célèbre L'installation de cette machine horizonWoolf.

M. Boudier, ingénieur mécanicien à Rouen, a exposé une machine à vapeur horizontale à deux cylindres, dans laquelle il a appliqué une amélioration importante qui n'existe point encore dans les systèmes dont nous avons donné un léger aperçu.

-L'emploi de la vapeur,par les dispositions particulières des tiroirs et surtout des conduits de vapeur, nous paraît être l'un des plus rationnels dont on ait fait usage jusqu'à ce jour.

tale dans une usine est des plus simples, car elle occupe peu de place, les fondations sont moins coûteuses, le graissage et le démontage très-faciles. L'économie du combustible doit aussi entrer pour une large part en ligne de compte. Or M. Boudier nous a assuré que sa machine ne consommait que 1 kil. 500 gr. de charbon par heure et par force de cheval; aussi avons-nous cru devoir nous y arrêter quelques instants, car elle est la seule qui présente des dispositions nouvelles propres peut-être à produire une

révolution dans la construction des machi-¡ commence; c'est un mouvement continuel nes à vapeur de terre et de mer. de va-et-vient qui se produit à peu près La vapeur, comme force motrice, est sans deux fois par minute. Le Mull-Jenny renvicontredit une bien précieuse découverte, deur de M. Thouroude-Danguy possède mais il ne faut pas en abuser et n'en faire 1,200 broches; c'est le plus grand que l'on usage que lorsqu'il n'y a pas possibilité de ait construit en France jusqu'à ce jour, par se procurer une autre force à meilleur mar- conséquent, toutes les minutes cette machiché; de hautes raisons d'économie publique ne donne au moins 2,500 à 3,000 mètres et d'économie particulière que nous ne pou-de fils prêts à être mis en œuvre dans le vons développer aujourd'hui, doivent tou- tissage, soit 150,000 à 180,000 mètres par jours guider l'industriel dans le choix du mo- heure, et trois millions et demi à quatre teur, car d'un côté les charbons s'épuisent, et de l'autre la fabrication se fait à de moins bonnes conditions, et par conséquent les chances d'écoulement soient moins grandes et moins faciles.

millions par journée de 24 heures. En faudrait-il de femmes pour produire le même résultat à la main tandis que ce renvideur fonctionne seulement avec le secours de deux hommes spécialement chargés de rattacher les fils qui se cassent.

Occupons-nous maintenant des machines qui reçoivent leur impulsion de la vapeur. L'Angleterre, qui nous devance toujours Nous avons été émerveillé, et tous les vi- dans les grandes choses de l'industrie, fait siteurs avec nous, du système complet des-déjà usage de renvideurs de 1,800 broches. tiné à prendre le coton en rames et à le On peut facilement calculer le travail consirendre en fil propre à faire les divers tissa-dérable que doivent faire de semblables ges; tout cela fonctionnait au grand ébahis- machines. Voilà l'une des causes principasement de la foule, qui ne pensait pas que les qui permet au fabricant anglais de livrer l'homme fût capable d'arriver à de si admi-sur les marchés ses produits en coton à des rables résultats.

prix tout à fait inférieurs aux nôtres, soit à 30 ou 35 0/0 de moins : c'est une différence bien considérable qu'il serait cependant possible de faire disparaître en partie.

Ce sont d'abord les cardes à coton de M. Nouflard de Rouen; ces cardes tournent dans un cylindre avec assez de précipitation, le coton en rames s'y introduit et toutes les D'autres machines ont encore attiré noheures il en sort 17 kil.en forme de large ru- tre attention; nous citerons celles de M. Miban; ce ruban passe ensuite dans le réunisseur chel, de Rouen, destinées à bouter les rude M. Danguy jeune, constructeur à Rouen, bans de cardes; cette opération se fait réelde là il est introduit dans un banc d'étirage lement d'une façon merveilleuse. Comme à couloir, puis dans un frotteur en gros, et on le sait, les cardes à coton se composent enfin dans un frotteur à bobines; à cha-de bandes de cuir plus ou moins larges sur cune de ces opérations ingénieuses, le ru- lesquelles sont fixées des pointes en fer ri ban formé devient plus petit; à la dernière, vées d'un côté et recourbées de l'autre. Eh il est réduit à un fils très-gros non tordu bien, avec la machine de M. Michel, toutes qui s'enroule sur des bobines. Ces bobines ces opérations compliquées sont faites autosont alors placés sur le Mull-Jenny_renvi-matiquement.

deur de M. Thouroude-Danguy, de Rouen. La machine ramène le fil de fer, le coupe Cette machine est divisée en deux par- de longueu, fait le trou dans la bande de ties, l'une fixe et l'autre mobile. Les bobi-cuir, enfonce la pointe, la rive d'un côté et nes sont placées sur la partie fixe, et le gros la recourbe de l'autre ; ces opérations déli fil vient passer sur un petit cylindre légère-cates sont terminées en un clin d'œil avec ment cannelé, posé entre des coussinets où il une admirable régularité et une précision est divisé en deux fils attachés à des bro- qui ne laissent rien à désirer. ches se trouvant sur la partie mobile qui Les plaques de cardes, d'une largeur d'un avance et recule au moyen d'un chemin de mètre, se font aussi avec une autre machi fer. Lorsque la machine mobile s'éloigne de ne qui va d'un bout à l'autre de la bande de celle qui est fixe, les fils sont tirés à la dis- cuir au moyen d'une vis d'Archimède; ce .tance d'un mètre 50 cent. environ, là elle perfectionnement est encore tout nouveau. s'arrête pour qu'ils aient le temps de se Enfin, pour accélérer le travail, une troitordre; elle revient ensuite vers la machine sième machine, toujours dans le même genre, fixe et renvide sur les broches les fils com-peut fabriquer deux plaques à la fois, au plétement terminés; puis l'opération re-lieu d'une,

Lorsque les pointes de cardes sont trop, usage, comme dans le métier à la main, émoussées, on les place à une machine d'une série de marches et de lames, en dont le cylindre chargé d'émeri fait un mouvement de va et vient qui donne plus de régularité au travail; on repasse ainsi 150 mètres de rubans par jour.

Les plaques de cardes sont tendues au moyen d'un étau qui les saisit, et d'un bras de levier sur lequel on appuie avec la main.

Lorsque les fils sont obtenus, il faut opérer le tissage, ici encore la mécanique joue un grand rôle.

Trois procédés sont mis en usage pour tisser les étoffes : le métier mécanique, le métier à la main et le métier Jacquart.

rapport avec le dessin à exécuter. Enfin, pour mettre en jeu les lames, il s'est servi d'une chaîne métallique dont le principe est le même que dans le système Jacquart, avec cette différence que la même chaîne peut servir à toute espèce de dessins. L'inventeur a groupé son mécanisme dans d'étroites dimensions, c'est là un de ses mérites, car il est important d'occuper, dans l'industrie, le moins de monde possible.

Pour être mis en œuvre, ce métier demande 1/8 de force d'un cheval, il peut tisser en une heure 2 mètres 25 centimètres d'étoffes; il est du prix de 500 fr.

Barre.

Le métier mécanique n'est généralement M. Prost, de Rouen, présente un métier employé que pour les tissus unis ou croisés. nouveau pour fabriquer les rubans et gaOn se sert du métier à la main pour la fabrica-lons de toute nature, qui marche soit métion des tissus façonnés, et du métier Jac-caniquement, soit à la main, et qui est quart pour le tissage des étoffes damassées destiné à remplacer le métier dit à la ou brochées. Nos pauvres tisserands des campagnes Les chaînes, au lieu d'être disposées dans ont une peine énorme pour tisser les toiles le sens horizontal, se trouvent placées dans de ménage; ils se trouvent dans la néces- le sens vertical de telle façon que leurs fasité de travailler sans cesse et des mains et ces sont parallèles. Le battant est frappé par des pieds, de façon que leur santé doit, il un mouvement ascensionnel de bas en haut, nous semble, être quelquefois compromise. et les navettes agissent alternativement d'aCe travail est aujourd'hui considérablement vant en arrière et d'arrière en avant; on simplifié, et nous nous étonnons que les tis-peut ainsi placer chaque ruban à une disserands de nos villages n'aient pas adopté tance de deux centimètres l'un de l'autre, les nouveaux métiers à tisser à la main, dont quelle que soit sa largeur. le prix n'est pas très-élevé.

D'un autre côté, les fils subissent aussi une tension moins forte, à cause de l'ouverture du pas ou marchure qui est de moitiémoins grande. Le métier est par conséquent moins lourd et le fil se casse moins facilement.

Dans ce système, l'ouvrier n'a besoin que de faire mouvoir les lames dans lesquelles la chaîne est répartie, en appuyant avec le pied sur une pédale ou marche disposée sous le métier; pour faire aller la navette, il suffit de tirer légèrement avec la main une corde Sur le métier à la barre, les rubans qui se trouve tout à fait à portée de l'ou-étant placés horizontalement, occupent un vrier, de cette façon disparaît ce grand mou- très-grand espace, surtout lorsqu'ils sont vement du bras tout à fait fatigant et in- larges; il est alors impossible d'en placer un commode; d'un autre côté d'ailleurs, il n'y grand nombre; le métier Prost, d'une lara presque plus d'apprentissage, car le pre-geur de deux mètres, tisse simultanément mier venu peut faire fonctionner ce métier. 72 rubans avec la surveillance d'un seul M. Catteau fils, de Roubaix (Nord), a ex- homme. On peut ainsi fabriquer deux mètres posé un spécimen qui nous paraît se trou-à l'heure soit 144 mètres, et pour 24 heures ver dans les meilleures conditions.

de travail environ 3,500.

Nous avons aussi vu fonctionner avec

plaisir une machine à fabriquer quatre caleçons à la fois, ce qui se fait avec assez de perfection.

M. Devesly, de Rouen, a construit un métier mécanique propre à la fabrication des étoffes façonnées qui, jusqu'à ce jour, ont été tissées avec le métier à la main. Son système réunit les combinaisons diver- Pour imprimer les étoffes, on se sert de ses du métier-mécanique, du métier à la planches à la main, ou de rouleaux en cuimain et du métier Jacquart. M. Devesly a vre qui marchent mécaniquement au moyen conservé les dispositions de la chasse et de desquels on fait plus de travail qu'avec 30 la navette du métier mécanique; il a fait là 40 ouvriers. La gravure du dessin sur ce

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