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-L'établissement thermal de Vichy vient d'en

circonstances présentes, les œuvres de cette grande Sainte, étendre et augmenter les services voyer à l'assistance publique deux cents kiloqu'elle a rendus au siége apostolique. Aussi Sa grammes de linge pour les blessés de l'armée d'ISainteté m'a donné l'ordre de vous remercier talie. beaucoup de votre présent, qui lui est très-agréable. Sa Sainteté, Monsieur, vous renouvelle à cette occasion l'assurance de son affection particulière d'ouvrir une souscription en faveur des blessés et et paternelle. des familles des militaires et marins tués ou bles

Le tribunal de commerce de Paris vient

« Sa bénédiction apostolique sera le gage desés à l'armée d'Italie. ses sentiments à votre égard et le présage de toutes les faveurs du ciel. Sa Sainteté vous l'accorde avec toute l'effusion de son cœur et de son amour de père.

« Pour moi, Monsieur, qui obéis à ses ordres, je vous offre mon profond respect et je demande au Seigneur tout ce qui peut vous être heureux et salutaire.

« Votre très-humble et très-dévoué
« serviteur,

« Dominique Fioramonti,

« Secrétaire.du très-saint Père.

<< Rome, 4 juin 1859. »

-L'ancien jardin du petit séjour de la marquise de Pompadour, sur le quai de Billy, entre la pompe à feu de Chaillot et la manutention des vivres, vient d'être en partie couvert de grandes baraques gardées militairement. C'est là que s'encaisse le biscuit destiné à l'armée de terre et de mer que la manutention fabrique sans relâche.

FAITS DIVERS

M. de ministre de la guerre fait exécuter en ce moment place de Fontenoy et avenue Lowendal, de vastes constructions qui formeront une zannexe à l'Ecole Militaire.

-Voici, d'après le Moniteur de la Flotte, la liste des grands bâtiments de guerre à hélice en construction dans les arsenaux d'Angleterre.

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Vaisseaux de ligne. — Prince-de-Galles, de 131 canons et 800 chevaux, à Portsmouth, va être mis à l'eau; Victoria, de 121 canons et de 1,000 chevaux, à Porsmouth, sera mis à l'eau le mois prochain; Royal Frédéric, de 116 canons, à Portsmouth; Howe, de 121 canons et de 4,000 chevaux, à Pembroke; Duncan, de 100 canons, à Portsmouth, doit être prêt en juillet; Gibraltar, de 101 canons et de 800 chevaux, à Devonport; Anson, de 00 canons, à Wolwich; Atlas, de 91 canons et de 800 chevaux, à Chatam, très-avancé; Defiance, de 91 canons et de 800 chevaux, à Pembroke; Hood, 'de 90 canons et de 600 chevaux, à Chatam, doit être lancé à l'heure qu'il est; Irresistible, de 80 canons et de 100 cheyaux, à Chatam, très-avancé.

Frégates à hélice. Aurora, de 51 canons et 400 chevaux, à Pembroke; Immortality, de 50 canons et de 600 chevaux, à Pembroke; Nacisus, de 50 canons et de 400 chevaux, à Devonport; Newcastle, de 50 canons, à Deptfort, très avancée.

Le roi Léopold vient de se rendre en Angleterre.

1

-On lit dans le Moniteur belge:

«Le journal le Nord reproche au gouvernement de refuser à des médecins belges l'autorisation de servir dans les armées, franco-sardes, tandis qu'il maintiendrait les autorisations accordées pour servir dans l'armée autrichienne.

« Depuis que les hostilités ont éclaté en Italie, des demandes pour servir comme médecin ou comme militaire, non-seulement dans les armées alliées, mais aussi dans l'armée autrichienne, ont été adressées au gouvernement: les unes et les autres ont été également refusées. La stricte impartialité l'exigeait ainsi.

On lit dans les journaux de Marseille : L'aviso à vapeur Rurick, qui fait partie de l'escadre russe de la Méditerranée, est arrivé dimanche matin à Marseille. Ce navire a pris son mouillage au quai Saint-Jean, à côté de la canonnière anglaise Coquette. La Coquette est depuis près de deux mois dans nos eaux; elle fait partie de la flotte qui, un beau jour, quittait sournoisement les côtes de la Manche sur l'ordre cacheté du ministère Derby. La Coquette, ainsi qu'un certain nombre de bâtiments détachés de ces forces navales, et répartis dans des ports italiens, remplit un rôle d'observation. Il y a lieu de croire que le nouveau cabinet de Londres, issu de l'opinion li-ment contractés. » bérale, relèvera les commandants anglais d'une mission qui ne devait pas leur être très-sympathique.

«Quant aux autorisations qui avaient été accordées avant la guerre, quel que soit le pays auquel elles s'appliquent, elles n'ont pas étéretirées, et il est douteux qu'elles puissent Têtre sans porter atteinte à des engagements valable

On lit dans la Presse de Vienne, du 17 juin : « Un journal annonce que le prince de Metternich a laissé trois volumes de mémoires.. Nous Le Moniteur dit que la mairie du 10 arron-pouvons donner l'assurance certaine que ces médissement a pu, dans une seule semaine, remet-moires, qui existent en effet, ne consistent pas tre plus de 1,500 kilogrammes de linge à l'assisen récits suivis formant des volumes, mais en une tance publique. série de notes rédigées par le défunt à mesure qu'il se passait un événement important. »

-Le directeur de l'Ecole normale supérieure a fait déposer à la mairie du 12 arrondissement 24 draps de lit, 39 nappes, 120 serviettes, et d'autres paquets de linge, le tout pesant 83 kilogrammes, offrande de l'école aux blessés de l'armée d'Italie.

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-Un journal publie la traduction littérale du procès-verbal qui a été introduit dans le corps du coq placé au sommet de la nouvelle flèche de Notre-Dame-de-Paris :

« Dans cette boîte, fermée par des rubans de

soie rouge et scellée de notre sceau, sont ren« fermées des reliques de la vraie croix et de la << sainte couronne d'épines de N. S. Jésus-Christ, << de saint Denis, premier évêque de Paris et mar«tyr, et de sainte Geneviève, vierge et patronne « de cette cité.

« Paris, en la vigile de la Pentecôte, après la << bénédiction solennelle de la croix qui doit être « placée au sommet de la flèche de notre église « métropolitaine, le 11 juin 1859.

«François-Nicolas, cardinal MORLOT,
archevêque de Paris. »

- La ville de Varese a décidé, dit la Gazette de Milan, que le principal Corso (promenade) sera dorénavant dénommé corso Victor-Emmanuel II, en l'honneur perpétuel du roi magnanime, soldat de l'indépendance et de la liberté de l'Italie. La rue principale et la place seront appelées rue et place Garibaldi.

Pour toutes les nouvelles diversés: M. GARGIN,

Nécrologie.

Le Journal de Rome annonce la mort du sculp

-M. Lavielle fils, substitut à Saint-Palais, et M. Dasconaguerre, ont été nommés conseillers géné-teur Savatore Revelli di Taggia, professeur résiraux dans les Basses-Pyrénées, pour les cantons dent de l'Académie romaine pontificale de Saintde Garlin et de Labastide.

Luc.

- M. l'abbé J.-B. Pascal, ancien curé et chanoine honoraire de Mende, connu par des travaux d'histoire et d'archéologie religieuses, vient de mourir à Paris à l'âge de 69 ans.

- On lit dans le Phare de la Loire, de Nantes: «Nous avons quelques détails sur la prise de Raoul. C'est le 4 juin que cette capture a eu lieu. Le Raoul longeait sans défiance la côte de DalmaLa Gazette de France annonce la mort de tie, le capitaine ignorant l'état de guerre, et il Etait en calme sous la terre, quand il fut surpris M. de Merlis, lieutenant-colonel du génie, chepar le steamer autrichien l'Eugen, qui le condui-valier de Saint-Louis, officier de la Légion d'honsit à Zara, où le capitaine est retenu prisonnier neur, chevalier de Saint-Ferdinand d'Espagne. à bord. ·

« On espère que le navire sera restitué, de même que sera rendu par la France un bâtiment autrichien capturé dans les mêmes circonstan

ices. »

-

Les journaux de Nantes annoncent que le choléra tend à disparaître de notre colonie de Pile de Bourbon. Ce fléau a fait un assez grand nombre de victimes, qu'il a prises surtout dans la classe des travailleurs, dans les ouvriers des plantations. Mgr Maupoint a payé de sa personne. Il a été le prêtre du dévouement et de l'abnégation; ses efforts ont puissamment aidé à organiser les services, à multiplier les secours.

Le colonel Mouchel, directeur d'artillerie à Cherbourg, officier de la Légion d'honneur, est mort jeudi 16 juin, à l'âge de 57 ans.

VARIÉTÉS

De l'éducation,

Par Mgr Dupanloup, évêque d'Orléans, de l'Académie française, t. 1 et 2 (4° édition)

Le Jardin-des-Plantes vient de recevoir un L'ouvrage dont nous annonçons aujourpetit animal fort curieux. C'est un maki de Madagascar. Sa grosseur est celle d'un chat ordinaire; d'hui la quatrième édition est, sans contresa tête est semblable à celle du renard; son corps dit, le plus important qui ait paru dans ces est tout pareil à celui du singe, dit sapajou; il a une longue queue annelée noir et blanc, avec la dernières années. Une question aussi grave, quelle il joue sans cesse. Il est attaché sur un aussi difficile que celle de l'éducation, traiperchoir à perroquet, dans un des parcs à anti-tée et résolue pour la première fois, sous lopes. toutes ses faces, par un évêque dont la vie -On sait que les fils du télégraphe parcou-presque entière s'est passée à élever la jeurent en tous sens la ville de Paris, attachés aux nesse ; qui a consacré à cette grande œuvre étages les plus élevés des maisons. Il est ques-de laborieuses études et vingt-cinq années s'il en fut japropre, tion de substituer à ce système le télégraphe soude dévouement, était terrain. On a reconnu que pendant les derniers orages la foudre avait frappé fréquemment les mais, à fixer l'attention publique, à provoquer l'éloge ou la contradiction, à ne perfils et causé des dégâts aux appareils. mettre l'indifférence ni aux pères de famille, On lit dans le Journal de Rennes : Jeudi, deux cultivateurs de la Fleurias, com-ni aux instituteurs de l'enfance, ni enfin au mune de Balazé, nommés Salmon, revenaient de grand nombre de ceux qui, à un titre or å Vitré avec une voiture chargée de pierres. Le père un autre, peuvent et doivent s'intéresser à était monté dans la charrette; le fils, jeune la solution de ce problème souverain. Aussi homme de 29 ans, conduisait l'attelage composé de trois chevaux. Arrivé à une petite distance le succès de lecture a été considérable. En du village, il a voulu s'asseoir en sautant sur le deux ans quatre éditions, représentant plus timon de droite. L'allure était assez vive. Il est de quinze mille exemplaires, se sont succétombé à la renverse, le corps entre les deux brandé; les traductions se sont faites et se font cards, et la roue lui a passé sur la poitrine. La à Pétranger, en Russie, par exemple; et mort a été instantanée.

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nous apprenons que l'illustre auteur pré-, toutes les faces, vingt-cinq années de ma pare une édition populaire, dans le format vie, et voici ce que j'ai pu découvrir à la Charpentier, afin de mettre son livre à la double lumière de l'autorité des principes portée du plus humble instituteur et du et des siècles et de ma propre expérience. plus pauvre père de famille. << Tel est le sujet de ces pages que je dédie « à la jeunesse de mon pays, à tous ceux qui « se consacrent à l'œuvre de l'éducation « parmi nous, à mon pays lui-même. » Encore une fois, on ne peut accueillir par une fin de non-recevoir un système d'éduca

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Ce ne sont donc pas les lecteurs qui ont manqué à l'éloquent auteur de ce grand ouvrage. Ce qui lui a manqué, contre son attente, peut-être, et certainement contre son désir, c'est une discussion sérieuse, un jugement motivé sur les principes et l'ap-tion qui se produit dans de telles conditions. plication pratique de son système d'éducation. Après les débats si longs et si ardents soulevés en France par la question de l'enseignement, il était naturel de penser qu'un livre publié sur cette même question par un évêque qui avait pris une part active et considérable dans ces débats; qui avait été l'un des principaux auteurs de la loi de 1850, devait occuper une place importante dans les controverses de la presse, et lui paraître un objet digne de ses méditations. Il n'en a

Qu'on l'approuve ou qu'on le rejette, dans son ensemble ou dans ses parties, la gravité du problème autant et plus encore que la réputation de l'auteur, exigent qu'on oppose des raisons à ses raisons, une solution plus parfaite, si on le peut, à celle qu'il a trouvée et qu'il propose lui-même.

C'est précisément cette étude approfondie de la question que Mgr l'évêque d'Orléans a voulu principalement provoquer par la publication de son livre. Il n'a prétendu ni proposer une théorie nouvelle d'éducaUn silence à peu près universel a accueilli tion, ni moins encore exclure toute méthode sa première publication. De tant de jour-d'éducation différente de la sienne. Il en fait naux ou de revues qui remplissent la mis- la déclaration formelle.

rien été.

sion d'informer la société des événements « Je n'ai pas ici la prétention, dit-il, ou des doctrines qui l'intéressent, l'ancienne « d'avoir fait quelque chose de neuf et de Assemblée nationale et le Journal des Dé-« grand: si ce livre a quelque mérite, c'est bats ont seuls, à notre connaissance, parlé « parce qu'il n'est point un livre nouveau. du livre de l'Education. Si notre mémoire « Je n'ai presque fait que recueillir et réest fidèle, ce qu'ils en ont dit peut se résu- « sumer les témoignages, les autorités, les mer en ce jugement: La théorie est belle,« plus sages leçons des anciens maîtres, et mais semble peu praticable. « je dirai volontiers comme Rollin: ce

A la bonne heure! Mais encore pour que « qu'il y a de meilleur dans cet ouvrage cejugement fût raisonnablement acceptable,« n'est point de moi; mais qu'importe, faudrait-il le fonder sur un examen sérieux « pourvu qu'il soit utile à la jeunesse?..... de la question. Or, nous ne connaissons « Je le reconnais d'ailleurs : les industries jusqu'à ce jour d'autre étude sérieuse, et « du zèle dans l'œuvre de l'éducation sont surtout complète de la question, que dans « variées à l'infini : aussi je ne veux ni iml'auteur lui-même. Il n'a pas dit simple- « poser mes méthodes, ni blâmer celles des ment son opinion; il a donné ses preuves, « autres : j'ai écrit pour dire ce que je crois se fondant non-seulement sur les principes « bon à faire, et quelquefois ce que j'ai fait qui dominent la matière, mais sur une ex-« moi-même; mais assurément on peut périence assez longue pour être instructive. « faire autrement, et bien mieux faire. Je İla dit: Voici un problème d'une telle im- « ne condamne donc rien, et j'approuve portance, qu'il n'est pas un législateur, pas « avec joie tout ce qui est utile. » un homme d'Etat, pas un philosophe de On le voit: Mgr l'évêque d'Orléans n'a quelque valeur qui n'en ait fait l'objet de pas prétendu dire le dernier mot sur ce ses méditations; un problème tellement grave sujet, ni imposer ses méthodes comme pratique, qu'il a nécessairement et à chaque le terme suprême du progrès dans l'art de heure du jour une solution, bonne ou mau- l'éducation. vaise, dans la famille, dans le collége, dans Il faut pourtant remarquer dans son la société; et que de cette solution dépend traité deux parties très- distinctes, quoiTélévation ou l'abaissement de l'homme et qu'elles se trouvent partout mêlées : une du citoyen, de la famille et de la patrie. Ce partie plus théorique où sont exposés et problème, je l'ai médité, je l'ai étudié sous établis les principes généraux et comme la

philosophie de l'éducation; une partie plus pratique où sont indiqués les procédés ou les moyens à l'aide desquels les principes sont appliqués et mis en œuvre. En ce qui concerne les principes, il ne peut pas y avoir, en droit du moins, de diversité possible, et sur ce terrain, nous sommes bien sûr que Mgr l'évêque d'Orléans n'admet pas d'amendement à ses thèses.

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ducation furent si profondément subver« sives de tout ordre social et de tout ordre « religieux, de toute autorité et de tout res«pect. »>

On rencontre dans l'ouvrage de Mgr l'évêque d'Orléans de nombreuses pages où reluit tout l'éclat d'une fiction poétique, où la vérité est exposée avec une éloquence et une chaleur qui, en ornant l'aridité du raiIl faut bien admettre, par exemple, la sonnement, semblent en affaiblir la rigueur. définition qu'il donne de l'éducation. Il Un lecteur pourrait en conclure, à première faut bien reconnaître qu'élever c'est «cul-vue, que l'imagination et le sentiment ont « tiver, exercer, développer, fortifier et po- eu plus de part à cette œuvre que la médi«lir toutes les facultés physiques, intellec- tation réfléchie et l'expérience pratique. Ce «<tuelles, morales et religieuses qui consti- serait une grave erreur. «tuent dans l'enfant la nature et la dignité «< humaine; donner à ces facultés leur par« faite intégrité... par là former l'homme et « le préparer à servir sa patrie dans les di« verses fonctions sociales qu'il sera appelé «< un jour à remplir, pendant sa vie sur la << terre; et ainsi, dans une pensée plus <«< haute, préparer l'éternelle vie, en élevant « la vie présente. »

Sans doute l'illustre auteur a confirmé une fois de plus la remarque de Buffon, le style, c'est l'homme; sans doute on peut lui appliquer ce qui a été dit de César: eo animo scripsit quo bellavit. Ses anciens élèves retrouvent dans ces pages tout ce qui les charmait, les animait, les captivait, les élevait autrefois dans les discours et la direction de leur maître. Mais ce que nous aiPour méconnaître que tel est partout et mions, ce qui captivait notre intelligence, toujours le but de l'éducation, quelle qu'en un gagnait nos cœurs, donnait à nos volontés soit d'ailleurs la forme ou le degré, il fau- élan irrésistible, ce n'étaient pas seulement drait méconnaître en même temps et la na- les qualités brillantes de son esprit, ce n'éture de l'enfant et ses destinées. Toute la tait pas seulement le spectacle de son déquestion est là, c'est-à-dire dans l'idée qu'on vouemert de chaque jour, de chaque heure se forme de l'enfant. «Il importe tout d'a- à nos âmes; c'était surtout la connaissance « bord de le bien comprendre, dit Mgr l'é- profonde qu'il avait de notre nature, de nos « vêque d'Orléans. Voilà un enfant : il faut aptitudes, de nos défauts, de nos besoins." « l'élever; mais qu'est-ce à dire et quel est Il nous semblait à cet égard doué d'une se« cet enfant? Cet enfant, c'est le genre hu- conde vue, tant il pénétrait nos pensées les « main : c'est l'humanité tout entière: c'est plus intimes, nos dispositions les plus se- · <«<l'homme : rien de plus, rien de moins. »crètes, tant il nous étonnait par les révélaSi l'on admet, et comment ne pas l'ad- tions qu'il nous faisait de nous-mêmes. mettre, qu'un enfant à élever est un homme La connaissance de l'enfance non-seule. à former; si l'on admet que l'homme, à son ment en général, mais dans les caractères tour, n'est pas une brute ou une machine, particuliers et divers, propres à chaque enmais un être intelligent, aimant et libre, un fant, fut la principale force de l'éducation être créé à l'image et à la ressemblance de donnée par Mgr l'évêque d'Orléans; elle est, Dieu, tout ce que Mgr l'évêque d'Orléans si l'on veut bien y regarder de près, le médit de la dignité, de l'importance de l'œu-rite éminent de son traité.

vre de l'éducation, ne saurait être ni exa- Qu'on lise en particulier le deuxième li
géré, ni impossible, et l'on ne trouvera pas vre du premier volume qui traite plus spé-
trop dures ces paroles par lesquelles se ter- cialement du Sujet de l'éducation, c'est-à
mine le premier livre du traité de l'Educa-dire de l'enfant, de sa nature, de ses qua-
tion: «Que si quelques hommes du siècle lités, de ses ressources; on demeurera
« présent trouvent encore cette spéculation convaincu que l'imagination et l'éloquence
«<trop haute, qu'ils me permettent de le sont l'ornement mais non pas le fonds de
« leur dire, c'est qu'ils sont trop demeurés ces belles pages, et qu'il y a là des faits
« les fils de ce dix-huitième siècle, dont la
« légèreté impie méconnut la dignité hu-
«< maine au moins autant qu'elle outragea
« la majesté divine, et dont les théories d'é-

d'observation, une connaissance du cœur
humain qu'on a rarement besoin d'admirer
dans les moralistes les plus profonds. Nous
le répétons, avant d'être un écrivain d'ima-

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gination et d'éloquence, l'auteur est d'a- le prêtre, le père, la mère, l'instituteur, da bord un observateur attentif et pénétrant famille, la société, l'Eglise : l'enfant touche de la nature de l'enfant. C'est sur cette ob- à tout, et son éducation a des liens nécesservation, sur des expériences fréquem-saires avec toutes les classes divines et ha ment répétées, sur une étude éclairée d'ail-maines. C'est là ce qu'il faut live dans l'au deurs par les données de la révélation et les teur lui-même.

principes d'une saine philosophie, que se Notre but n'a pas été d'analyser son au— fonde toute sa théorie. Si l'expression de la vrage, encore moins de le discuter. En anpensée s'élève parfois jusqu'à l'enthou-nonçant sa quatrième édition, nous n'avons siasme, si le sentiment éclate, si la convic- eu d'autre dessein que de rappeler qu'il y tion n'admet ni hésitation, ni réserve, ce a là une solution donnée à un problème des n'est du moins jamais sans motif, ni sans plus graves que puisent et que doivent se preuve; et dans une telle matière on ne poser la famille, la société et l'Eglise. saurait exiger, quant à la forme du moins, la précision rigoureuse et la froide logique d'Aristote.

Ce n'est pas sur les champs de bataille, c'est dans l'enceinte des écoles, c'est au foyer de la famille que se décident les destiIl y a donc plus de rigueur démonstra-nées des empires. S'il n'est pas permis à tive, qu'il ne paraît à première lecture, un général d'armée de conduire ses soldats dans le Traité de l'Education. Il y a encore à l'aventure, sans avoir préalablement dis-plus d'expression pratique que de méditation spéculative, et la beauté littéraire de la forme n'empêche pas la solidité du fond.

cuté et déterminé son plan de campagne, ses moyens d'attaque et de défense, pourquoi le serait-il à un instituteur, à quelque titre Une question bien définie, a dit un phi- qu'il le soit, d'élever ses enfants ou ceux losophe écossais, est une question à moitié d'autrui au hasard, sans s'être rendu résolue. On est bien près de connaître le compte du but qu'il doit atteindre, des grand art de l'éducation lorsqu'on a de l'en-moyens qu'il lui faut employer, des obstafance une idée vraie et compléte, Tout en cles qu'il aura à vaincre, sans connaître en effet se rattache de près ou de loin à cette connaissance.

Aussi est-ce là le point de départ de la théorie de Mgr l'évêque d'Orléans, le foyer d'où il fait jaillir la lumière sur tout le reste de son sujet. C'est au nom de l'enfant, de la dignité de sa nature, de la liberté de sa vocation, de la grandeur de ses destinées, qu'il détermine les moyens nécessaires à son éducation qu'il réclame pour lui le respect et tous les soins du plus religieux dévouement, qu'il montre, en un mot, comment cet enfant doit être élevé.

un mot le grand art de l'éducation. La valeur peut suffire au soldat; elle ne suffit pas à son chef. De même l'instituteur de l'enfance ne peut se reposer sur ses bonnes intentions. De quelque dévouement qu'il se couvre, il demeurera toujours au-dessous de sa tâche et de son devoir, s'il n'a pas de sa mission la science qu'on exige d'un éleveur pour son métier.

Or, cette science elle ne peut ni ne doit s'acquérir uniquement par l'expérience personnelle; car ici l'expérience ne peut se faire in materiâ vili; chaque faute a pour C'est aussi, le regard fixé sur la nature de victime une âme humaine. L'éducation est l'enfant, qu'il rappelle, dans le second vo- donc une œuvre qui ne s'improvise pas, et lume, quels sont ici-bas les ministres néces- voilà pourquoi celui qui s'y dévoue doit s'y saires de cette grande œuvre de l'éducation. être préparé de longue main par une étude Cette seconde partie de l'ouvrage est incon-attentive, par la connaissance de ce qu'en testablement la plus importante, celle où ont dit et pratiqué les maîtres. éclate davantage la grandeur de l'œuvre et A ce titre, le traité de l'Education de ses difficultés. L'enfant y apparaît dans ses Mgr l'évêque d'Orléans n'est pas un ouvrais rapports avec Dieu, avec la famille, vrage de luxe, mais un manuel nécessaire, avec la société. Il y apparaît comme ayant et nous estimerions avoir fait une bonne acdroit à la sollicitude de toutes les autorités, tion, si ces lignes pouvaient servir à en à l'action et aux bienfaits de tous les pou- propager la lecture et la méditation. voirs, réclamant tous les respects et les devant à son tour. Par la nature et les exigences de son sujet, l'auteur se trouve ainsi amené à traiter les plus hautes questions.de morale religieuse et sociale. Dieu, le prince DE SOYE ET BOUCHET, imprimeurs, place du Panthéon, 3

L'abbé J. COGNAT.

Le directeur-gérant, A. Sisson.

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