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citoyens catholiques lui doivent la magnifique ftées de la garde nationale, puis le drapeau enlevé
cathédrale qui est un des ornements de la ville. par Jeanne Hachette aux Bourguignons et la
« La mort d'un tel homme laisse un vide dans châsse desainte Angadrême, patronne de Beauvais,
la communauté où il a si longtemps vécu, et où
ses bonnes œuvres et ses vertus ont tellement
portés triomphalement par deux groupes de jeu-
es filles, et enfin Mgr l'évêque, précédé du clergé
des paroisses, du grand séminaire et du chapitre

brillé. Un homme de bien a disparu d'au milieu de
nous, et une lumière s'est éteinte sur la terre;
mais son souvenir vivra dans le cœur de son trou-de la cathédrale.
peau désolé et de ses nombreux amis en dehors
de l'Eglise. »

- Les vicaires généraux capitulaires nommés par le chapitre de la cathédrale d'Aire sont : MM. Duviella, Ohers, Bousquet, doyen du chapitre, et Lafosse, chanoines.

M. l'abbé Dartayet, ancien aumônier de l'établissement de Camp-de Prats, vient, sur sa demande, d'être attaché à l'armée d'Italie en qualité d'aumônier divisionnaire.

« On lit dans la Bretagne :

Arrivé sur le place, chaque groupe occupe la position qui lui a été désignée, entre une double c'est alors que commence la partie la plus pittohaie formée par la garde nationale et des dragons. resque de la fête. Pour entretenir l'intrépidité parmi les descendantes de Jeanne Hachette, les le canon. Deux pièces sont placées devant l'hôtel demoiselles de Beauvais ont le privilége de tirer de ville. Le maire, les adjoints, les conseillers de préfecture, les officiers de la garnison conduisent en cérémonie une vingtaine de jeunes hé« La semaine dernière, Mgr l'évêque de Vin canons, auxquels elles mettent le feu avec une roïnes désignées pour la circonstance auprès des cennes, dans l'Indiana (Etats-Unis d'Amérique), émotion facile à comprendre, Après des chants est arrivé à Saint-Brieuc. Ce prélat, originaire du diocèse de Poitiers, voyage pour les intérêts de religieux et patriotiques, Mgr l'évêque donne sa son diocèse; il cherche des ouvriers évangéli- bénédiction à la foulerassemblée sur la place, et ques, et il lui faut surtout des prêtres allemands, le cortège le reconduit processionnellement à la parce qu'une partie de son troupeau se compose cathédrale. -de peuples sortis de l'Allemagne par les émigrations des derniers temps. Il vient de parcourir cette contrée, et il n'y a pas trouvé un seul ecclésiastique pour le seconder dans son ministère. Il a été un peu plus heureux dans la Suisse et dans l'Alsace. Mgr l'Evêque de Saint-Brieuc lui a aussi accordé quelques séminaristes. Déjà il a à la tête de son séminaire un prêtre de ce diocèse, M. Guéguen, de Glomel. Il est parti de SaintBrieuc vendredi, à dix heures du soir; il doit s'embarquer le 28 de ce mois pour retourner à Vincennes. Il n'a que quarante-sept prêtres pour répondre aux besoins d'un diocèse égal en étendue à toute la Bretagne, avec une population de 600,000 âmes. »>

Monseigneur, malgré les fatigues de l'ordination du jour précédent, a pu présider à cette longue et patriotique solennité, et nous avons remarqué, comme tout le monde, la bienveillance touchante avec laquelle il attirait à lui et bénisnissait les enfants sur son passage.

L'abbé QUINARD.

FAITS DIVERS

Le navire Normandie, sorti du Havre à la ma- Le Propagateur du Pas-de-Calais vient de rée d'avant-hier pour Rio-Janeiro, avait au nom-pubiler son premier numéro; nous y remarquons bre de ses passagers dix-sept sœurs de charité et cette déclaration : un prêtre lazariste.

M. GARGIN.

«En nous accordant le droit de « reprendre » la publication d'un journal politique, S. M. l’Empereur nous a laissé toute notre indépendance; nous en userons librement. Ayrau-Degeorge. »

Le Moniteur de la Réunion publie un arrêté le journal le Colon, pour un article « relatif à Pédu gouverneur de l'île, qui suspend pour 45 jours pidémie régnante. »

Le Journal de Bruxelles annonce l'arrivée

dans cette ville de M. Franklin Pierce, ancien
frère du roi de Portugal.
président des Etats-Unis, et du dục d'Oporto,

Hier dimanche, la ville de Beauvais a célébré le 385 anniversaire de sa délivrance par Jeanne Hachette. Cette intéressante solennité, interrom pue pendant quelque temps, a été reprise en 185 où l'on inaugura, sur l'une des places de Beauvais, la statue en bronze de l'héroïne. Cette fête, on le comprend, est par excellencela fête des femmes; à elles, par conséquent, les honneurs de la jour-2. La guerre d'Italie donne lieu, à Anvers, à née. Autrefois elles avaient ce jour-là l'autorité à un nouveau commerce d'exportation: on a charla maison et le pas sur les hommes à la proces-gé il y a deux jours, à la station de l'Etat, plusion. En mémoire de cet usage, les jeunes filles, sieurs wagons de choux fleurs et autres légumes, de tous les orphelinats et de toutes les pensions, vê-choux fleurs au marché d'Anvers de 20 à 24 cenen destination directe de l'Italie. On a payé les tues de robes blanches, couronnées de roses et de times la pièce; les choux dits de Savoie de 4 à 5 bluets, armées de bannières de diverses couleurs, centimes, et les pois en cosse à 4 fr. l'hectolitre. ouvrent le cortége. Viennent ensuite les corps de (On compte qu'un hectolitre de pois donne 10 à métiers, les autorités civiles et militaires, escor-12 litres de pois écossés,

En même temps partaient d'Anvers pour Lon-Jet dont quelques personnes se souviennent endres les premières cerises de l'année. Les cerises core, celui d'un malheureux Croate qui expira françaises se vendaient à Londres, dans ces der-sous le bâton, pour avoir dérobé dans un village niers jours, 5 shillings (6 fr. 25) le panier de 25 livres anglaises (13 kilog).

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voisin... un chou! Ce délit de maraudage avait motivé à son encontre une condamnation à 120 coups de bâton; on n'a pas de peine à comprendre qu'un pareil régime n'ait pu convenir à nos voisins et alliés.

- On écrit de Cloyes (Eure-et-Loir):

Deux jeunes soldats de la classe de 1858, François Bourgneuf et Gabriel Nivet se trouvaient lundi dernier en passage à Cloyes.

On sait de quelles précautions minutieuses a été entourée la transplantation des arbres dont on a décoré, dans ces derniers temps, les prcmenades de la capitale. Pour toutes les plantations nouvelles, on a creusé des tranchées profondes et continues de 3 mètres de largeur, et on les a remplies de bonne terre végétale. Une ligne de drains mis en communication avec les A la suite de libations peut-être trop nombreubouches d'eau les plus voisines a été placée au ses, la malencontreuse idée leur vint d'aller se pied des arbres. Afin d'éviter l'infection du sol baigner dans la Loire qu'ils ne connaissaient pas. par le gaz d'éclairage, on a adopté un mode de L'endroit qu'ils avaient choisi avait justement canalisation garantissant les racines des végé- une profondeur d'environ quatre mètres. Soit taux des effets des fuites. De plus, pour la plu-que Bourgneuf n'ait pas su nager, soit qu'il ait part des arbres, notamment pour les marronniers, été pris d'une crampe, il disparu presqu'aussitôt. on a entouré le tronc de chaque sujet d'une couche de mousse soigneusement maintenue par un lit de toile et surmontée d'un godet circulaire en zinc qui permet d'y introduire de l'eau à volonté.

Peut-être en eût-il été même de Nivet sans les

personnes qui arrivèrent assez à temps pour lui porter secours. Quant à Bourgneuf, toutes les recherches furent inutiles et ce n'est qué quatre heures après que l'on put retrouver son cada

Un système nouveau vient encore d'être cm-vre. ployé pour assurer la reprise des grands arbres Ce malheureux accident a donné lieu à des acverts placés dans les nouveaux jardins des tes de courage au-dessus de tout éloge. Dès les Champs-Elysées. Un abri en toile peu serrée, premiers moments de la disparition de Bourgsupportée par des montants en bois, a été dispo-neuf, un cordonnier du nom de Eloi Turpin, s'est sée autour de chacun de ces végétaux qu'il ga-jeté à la nage et a pu jusqu'à trois fois le ramerantit des ardeurs du soleil, et sur lequel il enner à la surface de l'eau. Il eut même péri victitretient, grâce à de fréquents arrosages, l'humi-me de son dévouement si le nommé Tenézy ne fût dité nécessaire. (Moniteur.) venu à son secours avec son bateau et ne l'eût retiré de la rivière.

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On écrit de Fréjus au Var :

appartenant à une des tribus des Defettens, fraction des Benié Ouragh, que lui-même, dans une razzia faite en 1845, avait recueillie sur le champ de bataille et envoyée en France, où elle avait, dit le Courrier de Lyon, été élevée chrétiennement et baptisée par les soins de sa mère.

«Le passage des prisonniers autrichiens dans - Il y a quelques jours a eu lieu le mariage notre ville a été signalé par une scène qui a mis civil d'un ancien chasseur d'Afrique, aujourd'hui en émoi la population. Un' des vaincus de Ma-chef d'atelier établi à Lyon, avec une jeune Arabe genta, venu des provinces du nord, consolait ses heures de captivité par de trop grandes libations. Le vin généreux de la Provence n'a pas tardé à produire ses effets; d'une gaieté trop expansive, l'infortuné pandour passa bientôt à une véritable frénésie qui se traduisit par des voies de fait à l'encontre de ses compagnons. Ceux-ci, fidèles aux lois du pays, même dans une région étran- - Un crime abominable vient d'être commis gère, se réunirent en conseil de guerre, et, à l'u-dans la commune de Saizy, dépendant du canton nanimité, le délinquant fut condamné à la peine de la bastonnade. La sentence est aussitôt exécutée : un des prisonniers s'empare du tambour, un roulement se fait entendre, le condamné est amené dans une remise pour y recevoir les 20 coups de bâton qu'il doit subir.

«En vain quelques personnes s'interposentelles pour empêcher cet acte inqualifiable; elles sont écartées, et le malheureux reçoit, sans se plaindre, le supplice de la schlague. Ce fait se passait en présence du sergent et de quatre hommes chargés de l'escorte des prisonniers! Nous aimons à croire que ces derniers, aussi étrangers à la langue, aux us et coutumes qu'à la discipline autrichienne, n'auront réellement compris ce dont il s'agissait qu'à la vue de ces coups vigoureusement assénés sur le dos du patient: aussi hâtonsnous de dire que c'est à l'intervention énergique des soldats français qu'il dut de n'essuyer que six coups, au lieu de vingt, que lui réservait cette justice à la façon américaine.

« Ce fait nous en rappelle un à peu près semblable qui se passait au chef-lieu du Var en 4845, j

d'Espinac.

Pierre Masson, vieillard de soixante-quinze ans, avait fait à ses enfants l'abandon de ses biens moyennant une rente viagère. Jean, l'un de ses fils, n'ayant point voulu payer sa part, il le fit assigner devant le juge de paix. On était à la veille du jour indiqué dans l'assignation. Pierre Masson travaillait dans un champ lorsqu'il fut accosté par son fils. Celui-ci s'arma d'une pioche, terrassa le malheureux vieillard et le frappa à la tête jusqu'à ce qu'il ne donnât plus signe de vie. Le meurtre consommé, il revint chez lui, annonça à sa famille qu'il venait de tuer son père, et qu'il allait se donner la mort, puis il disparut. Le lendemain, on le trouva pendu dans un bois.

Pour toutes les nouvelles diverses: M. GARCIN.

Nécrologie.

On lit dans la Gazette de Lyon :

«Notre ville, la ville des bonnes ceuvres et des

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aumônes, vient de perdre un de ses citoyens les des propositions inadmissibles; la menace plus recommandables et les plus éminents en la de causer grand dommage à la foi catholipersonne de M. André Terret, décédé hier soir,

après une courte maladie. Président du conseil que et de porter atteinte à sa domination central de la Propagation de la Foi, dont il fut temporelle n'ébranla pas le pontife; seulel'un des fondateurs, et mêlé, dès sa première ment Pie VII laissa Cacault emmener son jeunesse, à la plupart de nos bonnes œuvres, on secrétaire d'Etat à Paris. Arrivé à Paris le voyait cordial et affectueux envers tous, ap-dans la nuit du 20 juin 1801, Gonsalvi fut porter partout le concours d'un zèle infatigable, d'un jugement droit, d'une parole facile et d'une engagé à se présenter dès le lendemain maexpansion pleine d'entrain. A une mémoire éton- tin aux Tuileries où Bonaparte, après avoir nante, à un esprit cultivé et mûri par la lecture, vainement cherché à l'éblouir par un éclales voyages et les études sérieuses, M. Terret joi- tant appareil, lui dit de son ton le plus bref: gnait un charme de conversation, un laisser aller et une bonhomie qui en faisaient un type à part; « Je vous donne cinq jours de temps, et je il semblait un des derniers demeurants d'un au- vous préviens que si, à l'expiration du cinquième jour, les négociations ne sont pas terminées, vous devrez retourner à Rome, attendu que, quant à moi, j'ai déjà pris mon parti pour une telle hypothèse. »>

tre oge. »

Le R. P. Zuppani, abbé général de l'ordre des Camaldules, consulteur de l'Index, vient de mou

rir à Rome. Il était né en 1782.

VARIÉTÉS

L'Eglise romaine en 'face de la
Révolution.

Deuxième Article.

Au lieu de cinq jours, ces conférences en durèrent vingt-cinq.

Le gouvernement français avait formellement déclaré qu'il ne ferait jamais de Concordat et, par conséquent, que la religion ne se rétablirait point en France si le Pape ne s'engageait pas à faire donner aux anciens évêques leur démission. Convaincu qu'il n'atteindrait son but qu'à ce prix, Pie VII avait cédé, mais « je savais, rapporte Consalvi, combien cette épine déchirait cruellement son cœur. Je ne laissai Au commencement de ce siècle, les tem- donc pas, dans le cours des négociations ples de Dieu étaient dédiés, en France, à de Paris, de tenter tous les travaux d'Herl'abondance, à l'hymen, au commerce, et cule (qu'on me permette une allusion inspiles fils de Voltaire espéraient bien que rée par le nom que je porte), pour déterPie VI serait le dernier des papes comme miner le premier Consul à y renoncer. Louis XVI le dernier des tyrans. «Mais Je lui soutins que les priviléges tant vantés l'avenir, a dit Bossuet, se tourne toujours et les si fameuses libertés de l'Eglise gallibien autrement que nous ne pensons, et les cane allaient recevoir par ce fait un coup choses même que Dieu a révélées arrivent dont les histoires du pays ne renfermaient en des manières que nous n'aurions jamais assurément aucun exemple. Faire déposer prévues. » Par l'initiative de Paul Ier, une par le Pape, grâce à un acte de sa suprême coalition formidable s'organisa tout à coup autorité, 90 ou 100 évêques français tous contre les spoliateurs du Saint-Siége les ensemble, au cas où ils se refuseraient Anglais les expulsèrent de Rome, les Turcs à la demande de la démission volontaire. d'Ancône et un vieux guerrier ccourut qu'on leur imposait, les déposer sans prod'au delà de Moscou à Venise, pour veiller à cès, sans jugement, pour leur en substil'indépendance du conclave d'où sortit tuer de nouveaux ; si, disais-je, ce n'est pas Pape, le 14 mars 1800, le bénédictin Chia-injuste, à cause de la fin qu'on veut atteinramonti. dre, c'est assurément attribuer au Pape sur

:

Le premier soin du nouveau Pontife fut les Eglises de France une autorité telle que d'entamer des négociations avec le vain- cela suffit pour jeter à terre le grand coqueur de Marengo pour le rétablissement losse de ses libertés et priviléges tant vande la religion en France. L'ouvrage de tés (p. 278.) » M. Crétineau-Joly, souvent en heureuse Ce langage désintéressé prouve une fois contradiction avec M. Thiers, jette une lumière nouvelle et éclatante sur les différentes phases de ces négociations.

Le prémier consul y apporta tout d'abord

de plus combien les libertés gallicanes, comme toutes autres, ont peu à redouter l'ambition romaine. Il n'ébranla pas le premier consul; il fallut lui accorder cette con

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cession avec bien d'autres, dans l'espérance déclarai nettement que je ne pouvais acde l'extinction totale du schisme et de l'aban- cepter cette feuille à aucun prix (p. 282). » don sincère du clergé constitutionnel, et il Dix-neuf heures de suite se passèrent à

fut résolu, le 13 juillet, que le concordat combiner un nouveau concordat. On réusserait signé le jour même, parce que le sit à s'entendre sur tous les articles, un premier consul entendait proclamer le len- seul excepté; Joseph se chargea courageudemain, dans un dîner public de 300 cou-sement de le porter aux Tuileries. verts et plus, l'heureuse nouvelle de la signature de ce solennel traité, qui l'emportait de beaucoup sur le concordat de François Ier avec Léon X. »

«En moins d'une heure il était de retour, révélant sur son visage la tristesse de son âme. Il rapporta que le premier Consul était entré dans la plus extrême fureur, à la « Un peu avant les quatre heures de nouvelle de ce qui était arrivé; que, dans l'après-midi, raconte le fidèle ministre l'impétuosité de la colère, il avait déchiré de Pie VII, Bernier arriva, un rouleau encent morceaux la feuille du concordat arde papier à la main, rouleau qu'il rangé entre nous; que finalement, cédant à ne développa point, mais qu'il dit être ses prières, à ses sollicitations, à ses raila copie du concordat à signer. Nous pri- sons, il avait consenti, quoique avec une inmes la nôtre, ainsi qu'il était convenu, et dicible répugnance, à accepter tous les arnous allâmes ensemble à la maison du ci- ticles convenus, mais que pour celui que toyen Joseph (comme on disait alors), frère nous avions laissé non réglé, il était resté du premier Consul. Après les premiers aussi inflexible qu'irrité. Joseph ajouta que compliments, Joseph nous engagea tous à le premier Consul avait terminé en le charnous asseoir à la table qu'on avait préparée geant de me dire que lui, Bonaparte, il vouà cet effet, et il dit aussi lui-même, comme lait absolument cet article tel qu'il l'avait l'avait fait l'abbé Bernier : « Nous en fini- fait rédiger dans l'exemplaire présenté par rons vite, n'ayant rien autre chose à faire l'abbé Bernier, et que je n'avais qu'un `de qu'à signer, puisque tout est déjà ter- ces deux partis à prendre, ou admettre cet miné. » Assis autour de la table, on consa- article tel quel et signer le concordat, ou cra un moment à la question de savoir qui rompre toute négociation (289). » signerait le premier. Esclave de son devoir, Gonsalvi ne balanPuis, on mit la main à l'œuvre et j'allai prendre la plu- ca pas à prendre ce dernier parti. Forcé, me. Quelle fut ma surprise, quand je vis malgré cette détermination, à se rendre au l'abbé Bernier m'offrir la copie qu'il avait grand dîner de 300 couverts, il y fut ainsi tirée de son rouleau comme pour me la fai- apostrophé : «Eh bien, M. le cardinal, vous re signer sans examen, et qu'en y jetant les avez voulu rompre! soit. Je n'ai pas besoin yeux, afin de m'assurer de son exactitude, de Rome. J'agirai de moi-même. Je n'ai pas je m'aperçus que ce concordat n'était pas besoin du Pape. Si Henri VIII, qui n'avait celui dont les commissaires respectifs étaient pas la vingtième partie de ma puissance, a convenus entre eux, dont était convenu le su changer la religion de son pays et réuspremier consul lui-même, mais un tout au- sir dans ce projet, bien plus le pourrai-je tre! La différence des premières lignes me moi. En changeant la religion en France, je fit examiner tout le reste avec le soin le plus la changerai dans presque toute l'Europe, scrupuleux, et je m'assurai que cet exem- partout où s'étend l'influence de mon pouplaire non-seulement continuait le projet voir. Rome s'apercevra des pertes qu'elle a que le Pape avait refusé d'accepter sans ses aura faites; elle les pleurera, mais il n'y corrections, et dont le refus avait été cause aura plus de remède. Vous pouvez partir, de l'ordre donné à l'envoyé français de c'est ce qui vous reste de mieux à faire. quitter Rome, mais, en outre, qu'il le mo- Vous avez voulu rompre, eh bien! soit, difiait en plusieurs endroits, car on y avait puisque vous l'avez voulu. Quand partezinséré certains points déjà rejetés comme vous donc? - Après dîner, général,» réinadmissibles, avant que ce projet eût été pondit froidement le cardinal. Après dîner, envoyé à Rome. Un procédé de cette natu- le comte de Cobentzel, ministre d'Autrire, incroyable sans doute, mais réel, et que che, obtint du premier Consul l'autorisaje ne me permets pas de caractériser,lation d'une dernière conférence. Cette chose, d'ailleurs, parle d'elle-même, - un conférence dura douze heures. Le premier semblable procédé me paralysa la main Consul refusa encore d'approuver l'amenprête à signer. J'exprimai ma surprise, et dement qui fut signé; mais, grâce aux ins

« L'excommunication n'a pas encore fai tomber les armes de mes soldats, et je m'en

tances de son frère, il finit par l'accepter et mes spirituelles qui lui sont confiées pour "par ordonner qu'on en prévint le représen- sa défense, et de condamner solennellement tant du Saint-Siége. Gonsalvi ne le revit les spoliateurs de la chaire apostolique quels plus qu'à l'occasion d'une revue où il in- qu'ils soient. Lorsque Napoléon apprit cet tervint avec le corps diplomatique. «Quand acte de courage de Pie VII, il écrivit au il entra dans la salle, dit-il, et que, selon prince Eugène : «Ignore-t-il combien des l'habitude, il commença sa tournée de sou-temps sont changés? Me prend-il pour un verain par le corps diplomatique, à la tête Louis le Débonnaire, ou croit-il que ses comduquel je me trouvais comme ayant le pre-munications feront tomber les armes des mier pas, il me regarda fixement au visage, mains de mes soldats? » Et, revenant sur ne s'arrêta ni pour me dire une parole, ni cette plaisanterie, il répétait à Caprara : pour me charger de saluer en son nom le Saint-Père, ni pour me faire la moindre politesse. Et voulant peut-être, par ce man-moque. » que absolu d'attention, montrer au public quel peu de cas il faisait d'un cardinal et du Saint-Siége (après qu'il avait arrangé nos affaires), il s'entretint au long, exprès sans doute, et parla de choses tout à fait indifférentes avec le comte de Cobentzel, qui venait après moi, et puis avec les autres à la suite. Après, il descendit à la revue. Je n'attendis par son retour dans le salon, comme firent les autres; mais je partis immédiatement (p. 314).»

F

Le cardinal Caprara, qui remplaça Gonsalvi à Paris, ne lui ressemblait pas; il accorda une infinité de choses qui étaient peu dans le goût du Saint-Siége; et ce n'est que dix mois après la signature que le conCordat fut publié en France avec une grave addition présentée comme partie intégrante, utandis qu'elle avait été rédigée sans que de Souverain-Pontife en sût rien, et surtout sans qu'il l'eût approuvée (p. 324). »

Pie VII s'empressa de protester contre cette seconde espièglerie. Malheureusement sses réclamations furent inutiles, et ses relations avec l'Empereur furent encore plus pénibles qu'elles ne l'avaient été avec le premier Consul. Quand il vint le sacrer, au chagrin fort compréhensible du comte de Maistre, on chercha à le convaincre que son autorité s'en trouverait bien.

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Dieu permit que ce fait se réalisât. J'ouvre l'histoire contemporaine, a remarqué le cardina. Pacca (1), et je lis avec stupeur le passage suivant: « Les armes des soldats parurent à leurs bras engourdis un poids insupportable. Dans les fréquentes chutes qu'ils faisaient, elles s'échappaient de leurs mains, se brisaient ou se perdaient. S'ils se relevaient; c'était sanselles; ils ne les jetèrent pas, mais la faim et la soif les leur Farrachèrent (2). » Je lis encore dans 'Sal gues (3): «Le soldat ne put tenir ses armes elles s'échappaient des mains des plus braves. Les armes tombaient des mains gla→ cées qui les portaient. » Nos francs penseurs, ajoutait le noble cardinal, dirent sans doute que ce furent les éléments, la neige et la glace russes qui firent tomber les armes des mains des soldats; mais ces météores, à qui obéissent-ils? La neige, la glace et la tempête obéissent à la voix du Seigneur: Nix, glacies et spiritus procellarum faciunt verbum ejus.

Les Mémoires du cardinal Gonsalvi, publiés par M. Crétineau-Joly, éclairent singulièrement la figure historique de Napoeon, en ce qui touche les questions religieuses.

Dans un troisième et dernier article, nous reproduirons encore bien des choses Le 13 février 1806, tout en l'assurant en-instructives et inconnues; il y a grand procore qu'on ne toucherait en rien à son in-fit aujourd'hui à étudier l'Eglise romaine dépendance, on lui mandait déjà, sur un en face de la Révolution.

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(3 Mémoires pour servir à l'histoire de France song le gouvernement de Napoléon Bonaparte, XX, c. 5 at 7

raine de Rome, mais j'en suis l'Empereur, (1) V. ses Mémoires, éd. de Lyon, 1833, I, 384. Tous mes ennemis doivent être les siens. >>> (2) Histoire de Napoléon et de la grande armée par Ségur. Deux ans plus tard, Sa Sainteté était prisonnière au Quirinal avant de l'être à Fonetainebleau, et le 17 mai 1809, un décret, daté de Schoenbrunn, supprimait la puis-sance temporelle des papes. Cet attentat contraignit le chef de l'Eglise d'user des ar

Le directeur-yérant, A. Sisson.

DE SOYE ET BOUCHET, imprimeurs, place du Panthéon, 1

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