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-La grande duchesse Cathering de Russie, qui était dernièrement à Paris, vient d'accoucher, au chatean de Remplin, d'un fils qui a été baptisé selon le rit luthérign. C'est le premier prince, issu d'une princesse russe, qui ne soit pas baptisé

grec.

On lit dans l'Ordre et la Liberté, de Caon :

« Le 13 de ce n'ois a eu lieu, dans réglise abbat ale de Mondaye, au milieu d'une grande affluence de fidèles, installation solenneile des RR. PP. Frémontrés. La cérémonie était présidée par Mgr l'évêque, as i-té de ses vicaires généraux et entouré d'un nombreux clergé.

attaques systématiques dont il a été l'objet. Une plume distinguée et autorisée, dont les lecteurs anciens de l'Ai de la Religion ont pu apprécier déjà les mérites, rendra compte bientôt de la deuxième partie de l'Eglise et l'Empire romain an quatrième siècle. Cependant qu'il nous soit permis de constater le succès croissant de l'ouvrage du noble et savant écrivain. Nous sommes heureux aussi d'ajouter que de précieux et augustes encouragements vien«M. l'abbé Noget, supérieur du séminaire de nent le fortifier de plus en plus dans l'acSommervieu, a introduit et présenté à Sa Gran-complissement d'une tâche aussi utile à la deur, aux pieds de laquelle ils se sont prosternés, religion qu'honorable pour les lettres francaises. De tels suffrages, appuyés de l'estime et de la faveur d'un oublic éminent, sont une assez large compensation à d'injustes et amères contradictions.

les Pères, au nombre de c'nq.

« 1'office divin a été cé ébré par le vénérable doyen du chapitre, M. l'ablé Michèl.

« Deux PP. Récollets de Caen assistaient à cette belle et touchan e cérémonie.

«Monseigneur a prononcé un discours plein d'élévation, dans lequel il a fa't ressortir éloquemment les services rendus par les ordres religieux à l'Eglise et à la société. »

Pour toutes les nouvelles diverses: M. GARCIN.

VARIÉTÉS

A. SISSON.

M. le Prince de Broglie
et Dom Guéranger.

Le T. R. P. dom Guéranger, abbé de Solesme, a reproduit en un volume in-8" d'à peu près six cents pages, ses articles de journal contre M. le prince de Broglie. Le dos de ce volume pourrait être pris pour un pilori. Au-dessus on It: Essais sur le naturalisme contemporain, teriteau infamant. Plus bas M. le prince A. de Broglie, his=' torien de l'Eglise, noms et qualités du patient.

Mais l'auteur, avec une franchi e digne d'éloOn sait que Dom Guéranger a publié en ges, nous édifie sur la portée que nous devons un gros volume les articles innombrables où donner à son envre. Il dit dans sa pré ace, qu'il Il s'était efforcé de signaler le prétendu na- a écrit ses articies à la hât et sans a'or pour ainsi turalisme de l'ouvrage de M. A. de Broglie. prime, c'est par un motif tout personnel; il y a dire le temps de les re ire, et que s'il les réimCette publication vient de provoquer, de té déterminé par une derniere ab aque. Ailleurs, la part d'un ecclésiastique de mérite, M. il dit qu'il n'a pas la prétention d'être autre chose Marty, aumônier du lycée d'Aiger, une ré-qu'un humble soldat; or, ajoute-t-il, que le soldat ponse qui va paraître sous peu de jours.

L'auteur démontre que Don Guéranger a poussé l'injustice envers M. le prince de Broglie à un degré qui s'expliqué à peine. Sans combattre chacune des accusations du R. Abbé de Solesmes, il s'attache à un assez grand nombre de points pour donner à son écrit l'importance d'une réfutation. Les extraits que nous allons citer feront voir quelle est la manière de l'écrivain.

décharge son arme et qu'il ne recule pas, c'est tout ce qu'on est en droit d'exiger de lui. Je signalo cette maxime, tonjours pour nous édifi sur l'œu vre qui nous occupe, mais je s is loin de l'approu ver. Je crois, moi, qu'on est en droit d'exiger du plus humble de tous les soldats, qu'il ne décharge son arme qu'à propos, et surtout qu'il ne la dé harge jamais contre les siens,

Lorsque je connus cette polémique de journal qu'on a rééditée en volame, je la croyais finie et, comme on dit, enterrée. Je me serais repro he de rien faire qui pût en réveiller le souvenir, car elle me semblait de nature à affliger tous les chrétiens et tous les bons esprits.

La discussion est vive et animée, et quoique le style doive acquérir plus de Je m'étais trompé, on du moins, si cette malfermeté et plus de netteté, on y remar- citée et avec un caractère de gravité tout nouheureuse po'émique était enterrée, on l'a ressusquera les qualités propres à la contro-veau; elle n'était qu'articles de variétés et ia voil

verse.

Ce n'est point le lieu de répéter le jugement que nous avons déjà porté sur l'œuvrede M. le prince de Broglie et sur la valeur des

devenue livre. Je puis donc céder an besoin que j'éprouvais de publier l'impression qu'elle a pro

duite sur moi....

Dès la première lecture de l'Eglise et de l'Eme pire romain au quatrieme siccle, je me posai cette

question; Pourquoi un prêtre a-t-il maltraité ce, qui ont précédé l'Eglise et l'Empire au quatrième livre? siect, jis,p gexx\v: 1(1), «parlant desrapports Le christianisme est charitable et se plaît à re- de a raison et de la fo', M. de Broglie s'expri nait garder les hommes par leurs bons côtés. En de- | ainsi : « La ra'son n'est suffisante ni pour le faihors du clergé, doat les mal eillants mettent bie et le petit, dont ele ne saurait éclairer l'tsouvent la sincérité et le désintéressement en gnorance; ni pour le sage et le grand, dont elle suspic.on, les défenseurs de la vér té chrétienne nourrit og eil... Cett ins ffisance de la raison sont trop peu nombreux pour qu'on s'expose à les justifie et explique en même te mos lexi tence décourager ou à les dégoûter. M. de Broglie d'une révélat on qui lui est étrangère. Elle fait la est un homme considérable et un écrivain dis- nécessité de la foi. » Après cette citation, vous tingué, il profess· bantement tout le symbole ca-reprenez : « Fest évide it que M. de Broglie ne tholique et, ce qui est mieax, il le pratique biens est pas douté qu'il pest ici une théorie qui est Ostensiblement; quoi de plus naturel que de pen- tout simplement la destruction du christia ser qu'il trouverait dans TElise toute sorte d'in-nisme. » dulgence, supposé qu'i en eût bessin?

Je ne m'en serais pas donté non plus, mon père. Ce que dit M. de Broglie, tous les théologiens le disent. Vous pouvez le voir dans le chapitre intitulé: N cessité de ta révélatim, qui se tro ive dans tons les traités sur la religion. Je me contente de citar saint Thomas : Dicendum est quid Keress nam fuit, ad humanam salutem, esse quand im doctrinam secundum r velati nem divis wem, p æter philosophizus datrizas quæ ratiome human comprehenditur, 1 qu., 4. 4. La théorie de M. de Boglie a donc pour elle de très gran des autorités, daignez m'expliquer pourquoi elle est si damn ble à vos yeux.

La pus stricte justice ne suffit-elle pas pour que, si dans un ouvrage dont l'ensemble est parfaitement orthodoxe, il se rencontre quelques expressions équivoques, on leur donne le sens favorable? Il y aurait à coup sûr un rigorisme excessif à exiger qu'an écrivain laïque qui, dans un livre d'histoire, parle de la religion, employât toujons les termes techniques qu'emploierait un prêtre en écrivant an livre de théologie, et se prémunit contre toutes les interprétations que peut donner à chacun de ses mots pris à part, un homme inité à toutes les disputes de l'école. Tout au moins, un écrivain qui fait profession Parce que, dites-vo is: « si l'insuffisane de la d'être enfant docile de l'Egrise, s'il vient à se «raison ait la nécessité de la foi, il est c'a'r que tromper, su ou après a oir pris toutes les pré- | « la foi n'est plus un don gratuit, surnaturel, cautions qu'il était en droit de croire suffisantes,« mais un comp ément indispensable de la raidoit il pouvoir espérer que les gardiens de la foi« son. L'ordre surnaturel est la ter ninaison oblicommeuceront par Favertir en secret et l'enga- | « gée de l'ordre naturel, sans laquelle l'homme geront charitablement à mieux expliquer ou mê- « n'existe pas dans son être essentiel. N'est-ce me à corriger sa p、nsée. « pas là Baïns tout pur? et remarquez qu'il ne

Ces observations sont incontestables. Cepen- « s'agit pas-ici sculement de l'homme déchia............ » dant l'abbé de Solesme a attaqué l'Eglise et l'em- Votre raisonnement, mon père, m'étonné au pire romain au quatrième siècle, et a ec une per-suprème degré il va à dire que la fɔi étant né→ sistance exceptionnelle, en vingt-six articles de journal qui ressuscitent un volume de six cents pages.!...

Quelle est la méthode à suivre pour atteindre le bat que je me. propose? Discuter le volume des Essais sur le naturalisme contemporain tout entier, est impossible; il y a six cents pages......

cessaire pour l'homme, cesse d'être gratuite-de la part de Dien. Mais cette gratuité et cette nécessité de la loi sont deux dog nes que nous enseignons au catéchisme Un enfant préparé pour da première commun on suurait vous répondre: «La foi nous est nécessaire, sans elle nous ne pouvons pas obtenir le ciel, et pourtant elle est un don gratuit, surnaturel de Dieu, parce que nous n'avous pas droit au ciel ni aux moyens de l'obtenir; cela tient an mys ère da péché originel. »

Voici le moyen que j'ai trouvé pour éviter cet inconvénient: Je discuterai le long extrait de la préface des Essais sur le naturalisme contemporan que l'Univers a donné dans son numéro du 48 Vous semblez accorder, mon père, que s'il ne janvier, échantillon choisi par dom Guéranger s'agissait que de l'homme déchn, la théorie de lui-même, et les quatre premiers articles du li-M. de Broglie purrait être vraie. Or, évidemment, vre; une centaines de pages environ, les pre- dans l'article incriminé, M. de Broglie ne s'ocmières venues. Si, de tous les reproches qui y cupait que de l'état pré est de l'humanité. Tousont contenus, je montre qu'il n'en est aucun de tefois, alors même que, contre son intention, juste, j'ai la confiance que tout le monde sera vous appliqueriez ses paroles à l'homme primisuffisamment édifié, et que j'aurai détruit le seul tif, elles resteraient orthodoxes. En effet, nous danger de cette malheureuse polémique, danger croyons que la raison et les forces naturelles qui nait de la grosseur même de son volume. [ d'Adam, insuffi-antes pour comprendre et attein-` Ceux qui n'ont pas le temps ou la patien e d'exa-dre la fin surnaturelle à laquélie Dieu l'avait apminer les pièces du procès se garderont du préjugé que, puisque dom Guéranger a tant dit contre M. de Broglie, il devait y avoir quelque chose à dire.....

PRÉFACE.

I.

pelé, kui faisaient ung nécessité de tu for et tre la giác. Voilà le dogme catholique. Pour ètre Baïus tout par ou même tant soit peu Baïus, il faudrait soutenir que la destinée à laquelle Ada fut appelé n'était pas une grâce surnaturelle; alors seulement la foi aurait été un complément indispensable de la rais. Or dans le passage cité il n'y a pas un mot qui puisse faire soupçonner que M. de Broglie ait youlu soutenir une pareille doctrine.

Mon révérend père, dans votre préface, où vous proposant d'étudier M. de Brog in, en le r prenant ab ovo, vous rappelez et appréciez ses travaux (1) Dans un article du Correspondant.

Π

Vous continuez, page XL : « Le même article « contenait, au sujet de la liberté religieuse, des principes non moins contraires à l'enseigne«ment de l'Eglise. Voici d'abord la maxime gé«nérale de l'auteur. » — « L'Eglise doit être pour la société moderne ce qu'est la foi pour la raison, non l'ennemi qui la combat, mais l'autorité qui la règle. Les principes constitutifs de la société moderne doivent trouver dans les vérités de la religion, non la contradiction qui les condamne, mais le complément qui les achève et le frein qui les contient. » Vous reprenez: « M. « de Broglie tombe ici dans une étrange confu«sion d'idées. De ce que la foi ne saurait être «l'ennemie de la raison, il conclut que l'Eglise « n'a rien à reprendre dans les principes consti« tutifs de la société moderne, et que les vérités « de la religion sout appelées à en être le com« plément. »>

Pour que la confusion d'idées que vous reprochez à M. de Broglie n'existe pas, pour que la conclusion qu'il tire soit légitime, que faut il? Il suffit d'admettre que les principes constitutifs de la société moderne, dans laquelle d'ailleurs on peut encore trouver beaucoup de choses à bla-« mer, sont conformes à la raison. Cette opinion estelle fausse? Il me semble qu'on ne peut pas le dire sans témérité. Toujours est il qu'elle n'est pas contraire à l'enseignement de l'Eglise.

le bonheur qu'ont eu d'autres nations de pouvoir conserver l'unité de la foi dans leur sein? Sommes-nous obligés surtout de passer condamnation sur l'histoire de l'Eglise et de rougir du rôle qu'elle a joué au moyen are? Nullement. »>

Quelle est la pensée de M. de Broglie? Il veut attirer dans l'Eglise ceux à qui il s'adresse; il craint qu'un préjugé malheureux ne les retienne, et il leur dit « Vous n'avez pas à choisir entre le catholicisme et la liberté religieuse; l'Eglise, avant de vous recevoir dans son sein, n'exigera pas, comme une condition sine qua non, que vous renonciez à ce principe qui, à tort ou à raison. vous est cher.

On ne peut blâmer V. de Brog'ie de parler ainsi, qu'autant qu'on croit que l'Eglise, supposé qu'elle en eût le pouroir, non-seulement ferait bien de déterminer le gouvernement français à porter un autre édit de Nantes, mais encore que ce serait pour elle une affaire de toi et de conscience. Vous dites le contraire, mon père, et néanmoins vous blâmez M. de Broglie, vous l'accusez d'aller contre les enseignements de l'Eglise. Je suis vraiment dans un très-grand embarras pour expliquer vos paroles, que voici: « M. de « Broglie, catholique sincère, a-t-il droit de trouver mauvais que ses frères dans la foi ju«gent une théorie d'après l'enseignement de l'Eglise mère et maîtresse? Je dis une théorie, car « pour ce qui est du fait, il est maintenant passé « dans nos mœurs et dans nos lois; plusieurs géAprès avoir accusé la marime générale, vous << né ations ont déjà succédé à celle qui l'y indites, page III: M. de Broglie vient ensuite aux «troduisit; les droits sont garantis; personne applications, et voici quelques-unes de ses pa- « n'a donc pu dire et personne n'a dit en effet roles: - «Que dirons-nous en particulier du « qu'il fût loisible, même dans le cas où la reliprincipe qui nous touche de près et au vif, de «gion de nos pères obtiendrait plus d'essor et de celui qui, sous le nom de liberté religieuse, a « prépondérance, de dépouiller de leurs droits joué un si grand rôle dans la polémique de nos « les dissidents qui en jouissent paisiblement et jours? Laisserons-nous établir sans contestation « sur la foi d'une législation séculaire (XLVII). » que celui-là du moins est forme lement réprouvé Quoi! mon l'ère, ce a serait-il possible? L'Epar la religion catholique? Admettrons-nous queglise aurait des maximes inviolables qu'un laïque l'Eglise ne peut s'accommoder de la liberté reli- ne pourrait pas contester sans cesser d'être orgieuse?ue c'est pour elle affaire de conscience thodoxe, et desquelles pourtant un p être pouret de foi d'exercer l'intolérance civile quand elle rait dire ce que vous dites, qu'il serait aussi le peut?» Vous refrencz: « Il me semble qu'un odieux qu'impossible de vouloir les appliquer à la catholique aussi sincère que l'est M. de Broglie, socièle moderne (136) ? L'Eglise, en théorie, réau lieu de dire : « Laisserons-nous étab'ir prouverait absolument le principe de la liberté sans contestation tel ou tel principe qui tient à la religieuse, ce serait pour elle une affaire de consreligion, » ferait mieux de demander à l'autorité cience et de foi, et elle devrait néanmoins rescompétente ce qu'il en faut penser.» Ici vous in-pecter le fait de la liberté religieuse, non pas voquez un grand nombre de bul`es de souverains seulement par prudence, mais comme un droit pontifes, car vous tenez à mettre sur les bras de établi par la prescription? M. de Broglie le l'ape et l'Empereur. Vous concluez: « L'Eglise enseignera toujours le contraiure de ceux qui disent qu'il faut étendre la li- A la page LI, je lis: « M. de Broglie, dans sa berté religieuse aux pays qui ont eu le bonheur « discussion (contre M. Simon) (1), part cons« de garder l'unité de foi et de la conserver in- « tamnient de ce principe que la lumière ration«scrite dans la loi; de ceux qui prétendent « nelle ne peut suffire à établir entre Dieu et a qu'une telle situation est une anomalie qu'il« l'homme les relations qui constituent une reli«faut faire disparaître au plus tôt comme un dé-«gion; en un mot, si je l'ai bien compris, que « bris du moyen âge. » « la religion naturelle n'existe pas parce qu'elle

II[

Je ne trouve qu'un défaut à cette conclusion, « est impossible. Au fond, on n'a pas trop le droit le défaut général des conclusions de votre long« d'être étonné de rencontrer cette illusion chez réquisitoire, c'est qu'elle n'est pas contre M. de « un auteur qui soutenait peu auparavant que la Broglie. Il n'est pas du tout dit, dans le passage« foi est le complément indispen-alle de la raique vous accusez, qu'il faille étendre la liberté religieuse aux pays qui ont eu le bonheur de garder P'unité de fi. M. de Broglie semblerait même dire le contraire dans l'article d'où ce passage est extrait. Voici ses paro es que vous avez citées vousmême : « Sommes-nous obligés de méconnaître

«son; mais il n'est pas possible non plus de for« muler une théorie qui soit plus destructive du « surnaturel que celle avec laquelle notre auteur « prétend réfuter M. Simon. »

(1) Article du Correspondant.

C'est une seconde accusation de baïanisme, | « comme l'Eglise et comme lui, ceux qu'il a en mon révérend Père, que vous portez contre M. de Broglie. J'ai montré, S 1", ce que valait la première; celle-ci n'est pas plus juste.

« vue de réconcilier avec la divinité du christia« nisme; de là un embarras d'allure, certain ton « philosophique, certain accent tant soit peu na« turaliste, qui de temps à autre viennent faire «dissonance sur le ton chrétien du livre. »

M. de Bro lie ne pose pas du tout une théorie destructive du surnaturel; il énonce un fait sur lequel l'expérience ne laisse pas le moindre Mais, mon père, pourvu que Lous ne sacrifiions doute. Oui, il est incontestable que la raison hu- rien de la foi, c'est un devoir pour nous tous de maine n'a jamais pu fonder un corps de doctrine satisfaire, autant que possible, par notre manière et une liturgie, re qui seul constitue une reli- d'exposer et de juger, ceux que nous voulons gion. En énonçant ce fait, M. de Broglie est d'ac- convaincre. Nous ne saurions éviter trop solcord avec les plus grands théologiens. Saint gneusement de choq er. L'exemple nous a été Thomas dit: 1. q. 1. 1.: Ad ea etiam quæ de Deo donné par notre maître, le plus doux des enratione human investigari possunt, necessarium | fants des hommes qui « ne brisait pas un rofuit hominem instrui revelatione divina ; quia veri-seau cassé et n'éteignait pas la mèche qui fume tas de Dro per ralionem i...vestigata, a paucis et encore, ménageant le pen de force et de luper longum tempus et cum admixtione multorum errorum provenir !!

mière qui reste à ses ennemis, » (Matth., x11, 20), et par saint l'aul, qui nous dit : « Etant libre à l'égard de tous, je me suis rendu serviteur de tous pour gagner à Dieu plus de personnes; j'ai vécu avec les juifs comme juif, pour gagner les juifs; avec ceux qui étaient sous la loi, comme si j'eusse été encore sous la loi (quoique je n'y fusse pas assujetti), pour gagner ceux qui sont sous 'a loi; avec ceux qui sont sans la loi, comme si je n'en eusse point eu moi-même (quoique j'en eusse une à l'égard de Dieu, ayant celle de Jésus-Christ pour gagner ceux qui étaient sans loi: je me suis fait faible avec les faibles, pour gagner les faibles; en un mot, je me suis fait tout à tous pour les sauver tous (I Corinth., ix, 19, 20, 21, 22, trad. de Garrières.)

Pour montrer le baïanisme dans ce que vous appelez la théorie de M. de Broglie, vous avez recours, mon Père, à un sophisme connu en logique sous le nom de Tr. nsitus de genere ad genus. M. de Broglie parle de la raison humaine telle qu'elle aurait pu être si Adam n'avait pas été appelé à une fin surnaturelle et s'il n'avait pas péché; cette phrase, « c'est la révélation Burnaturelle qui a rendu l'ordre naturel sain et possible, » vous scandalise particu ièrement. Elle est néanmoins parfaitement théologique; la raison humaine a été affaiblie, rendue malade, sauciata, par le péché; dans cet état elle ne peut pas tout ce qu'elle aura t pu en son état naturel; elle ne découvre qu'avec peine les vérités mêmes pour lesquelles elle a été créée, elle ne les pos- M. de Broglie part de la révélation, s'appuie sède jamais sans quelque mélange d'erreur et sur les miracles, croit aux mystères et à l'infailsurtout sans quelque crainte de se tromper. La libilité de l'Eglise, comment est-il possible, mon révélation est donc nécessaire pour rendre l'or-Père, que néanmoins vous lui trouviez une façon. dre naturel sain it possible. Non, mon père, ces toute naturelle de voir les choses? Qu'entendezmots dans le passage de M. de Broglie ne vous par le certain ton phil sophique, ie certain, peuvent contenir ni Baïus ni Jansenius, et accent tant soit peu naturaliste que vous lui revraiment vous dépassez toute mesure en vous prochez? écriant à ce propos : « Ce qu'il y a d'étran*ge et de désolant tout à la fois, en notre temps, c'est que de pareilles choses soient pensées, ■ écrites et lues sans exciter aucun émoi, tant • sont profolds aujourd'hui chez les uns l'oubli, et chez les autres l'ind fférence sur les vérités ■ les plus fondamentales de l'enseignement reli-cellente disposition pour recevoir la grâce qui « gieux, LIX. » Voilà bien les procédés de la passion: vous êtes scul à condamner le livre de M. de Broglie. Vous en concluez que chez les autres il n'y a qu'oubli ou indifférence sur les vérités les plus fondamentales de l'enseignement religieux.

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Ce qui, selon vous, est le défaut général du livre de M. de Broglie, à mes yeux, est un trèsgrand mérite. N'y a-t-il pas. de nos jours, beaucoup d'hommes dont il faut d'abord incliner l'ame vers Jésus-Christ en s'adressant à leurs sentiments naturels? Le respect n'e t-i pas une ex

fait croire? Je n'aurais pas autant aimé entendre M. de Broglie parler de la religion tout à fait comme le prêtre. Il vit au milieu d'une société où beaucoup de préjugés existent; il a, lui, le bonheur de connaître la vérité; il a de plus le don de se faire écouter. Qu'il reste un prédicateur du dehors. Nous avons tous notre mission propre dans l'Eglise; la sienne n'est pas la même que celle qui doit s'exercer dans le sanctuaire.

III

IL Enfin nous voici où vous aviez hâte d'arriver, aux reproches. « l'ouvrage tout entier de M. de Bro. lie témoigne beaucoup trop d'un parti Après l'accusation générale que je viens de pris de satisfaire, par sa manière d'exposer et rapporter, vous ajoutez: « Au reste, M. de Brode juger, ceux de ses lecteurs qui n'ont pas le « giie nous révèle sa pensée dans l'avertissement bonheur de partager ses convictions. L'auteur « qui précède son livre. Ce n'est point, à propre « craint de choquer, il atténue, il sacrifie mêmement parler, l'histoire de l'Eglise et de l'empire « que quefois (1), et toujours dans la pensée que « au quatrième siècle qu'il veut nous donner, sa modération, sa façon toute rationnelle de c'est un livre pratique qu'il écrit. De ce que ⚫ voir les choses amèneront à croire et à vouloir,« l'Eglise a conservé, dit-il, avec un soin scrupu « leux, dans les débris de la civilisation païeune,

(1) Qu'est-ce qu'il sacrifie? Il faudrait ici un complé« tout ce qui pouvait être compatible avec le « christianisme, il tient à persuader qu'il est

mont.

« permis d'espérer et d'attendre d'elle une action plus bienveillante encore sur une société (la société moderne) qui ne vient pas, après tout, d'une origine si coupable et qui n'est pas souilée de si grands crimes. »

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de votre article en par'ant de la sécularisation du mariage, de tu liberté relin ense et de l'interventi ́u des princes vans trs offires de l'Egli e. 4 Je transcris votre paragraphe sar le premier de ces trois points: «Tout n'est pas conquête Après les paroles que vous c tez, mon père, il dans ce qu'il plaît à plusieurs catholiques y a celles-ci : « Telle a été ma pensée primitive « d'appeler les conquêtes de 1789: on peut dans le dessein de cette histoire; mas je do's a assurer que M. de Broglie, quelle que soit son dire qu'une fois engagé dans 'euvre nême, j'ai« estime pour notre Code civil, regarde comme tâché de l'oublier, ou du moins, de ne m'en sou- « un immense malheur ce que l'on appelle la sé venir que quand l'évidence des faits me la rapp «cularisation do mariage. Il pense avec l'Eglise lait invo ontairement. Rien ne me paraît en effet « que si les effets civi's p uvent être réglés par "plus nuisible à la véritable intelligence de l'his- « l'Etat, le contrat-sacrement ressort exclusivetoire qu'un parti pris systématique d'y chercher «ment de la juridiction spirituelle; il croit, avec une idée pro conçue et une leçon particulière. « tous les catholiq es, qu'une plaie dangereuse ☎ C'est ce qui m'a décidé à mettre fin, aussitôt que « été fa te au principe même de la famille, le jour je l'ai pu, au développement des idées généra-« où la législation canon que du mariage a été les, dans lequel le choix des faits peut toujours «abolie chez nous, pour faire place à des dispo paraître un peu arbitraire, pour entrer dans un «sitions qui en sont la négation formel.e. Il trourécit suivi et détaillé où je n'eusse le droit de ne « verait tout simp'e que l'Eglise, si ele avait à · rien omettre, pas même les incidents qui pour- « exercer son action bienveillante sur nos lois, raient contrarier mes convictions personnel-« s'appliquât à restituer à l'union conjugale son les. » « caractère sacramentel en exerçant sur elle les « droits impreser ptibles que Jésus-Christ Juf a « conférés, et dont l'exercice ne peut être sus« pendu sans un péril toujours croissant pour la a morale publique et privée (l'. 11). »

Cela est clair, c'est bien une histoire à proprement parler que M. de Broglie a voulu nous dorner. Vons a ez lu tout entier, je n'en do te pas, men père, un livre contre lequel vous avez écrit six cents pages. Si nous n'admettions pas qu'en Je laisse de côté les opinions théologiques le lisant vous étiez sous l'empire de la prévention qu'on pourrait opposer à ce morceau; je ne sf qui ne nous laisse voir que ce que nous voulons, gnale pas les exagérations qu'il contient. Je vous comment expliquerions nous qu'après le para-dirai seulement: Vous oubliez sans doute, mon graphe d'où vous vous êtes hâté de conclure que Père, que tout le clergé français pratique la fot M. de Brogle n'a eu l'intention que d'écrire un dont vous parlez. Si ce que vous en dites est vrai, ourrage de circonstance, vous n'ayez pas vu celui il s'ensuivrait que nous avons perdu cette maxime d'où il ressort évidemment qu'il a voulu écrire de nos pères: « Qu'il vaut mieux obéir à Dieu une histoire à proprement parler? qu'aux hommes, »

Vous continuez, page 9 : « L'action bienveil- N'est-il pas permis de vous taxer de témérité lante de l'Eglise au quatrième siècle, on peut lorsqu'on vous entend, vous simple prêtre, tenir « en raisonner avec M. de B. oglie, parce que là un langage si différent du langage que tiennent « il est précis. Mais quelle doit être, selon lui, ceux que Dieu a établis pour gouverner son Egli « Faction de l'Eglise sur la société moderne pour se? Chaque prêtre pourrait citer contre vous son « être bienveillante à celle-ci? C'est ici que l'on évêque. Je vais vous citer le mien. Mgr Pavy dit, se trouve véritablement embarrassé. 1 es éclairs dans une circulaire à son clergé sur les mariages « qui sortent de temps en temps de la phrase clandestins : « Lorsqu'une lore-t formellement op a prudente de l'auteur sembleraient parfois indi-posée à la loi de Dieu, comme celle qui autorise quer chez lui l'idée que le droit public de l'E-le divorce et les secondes noces du vivant même glise en nos jours, devrait d fférer essentielle ament de celui qu'ele a enseigné et appliqué en d'autres temps. »

des époux, l'Eglise la fléirit et elle donnerait tout le sang de ses veines plutôt que de concourir à des actes si solennettement réprouvés par l'EJe ne comprends rien, mon père, à ce que vous vangile. Il n'en est p ́s de même, monsieur le "dites des éclairs qui sortent de la phrase pru-curé, de certaines dispositions qui, pour être dente de M. de Broglie. Je trouve, moi, que la phrase de M. de Brogle a toujours une franchise Entière. La méchanceté pourrait nous accuser, vous et moi, de 1 hrase prridente, mais lui, non, car s'il ne croit pas devant Dieu, il n'a aucun intérêt à croire devant les homines.

gênantes, ne sont pas toutefois en contradiction avec les préceptes divins..... C'est a nsi que l'Eglise de France, moins libre en ce point que la plupart des Eglises particulières qui com posent la grande Eglise catholique, n'a pas cru devoir réclamer en corps, à l'époque de la La pensée de M. de Broglie ne se déguise pas publication du Code penal, contre l'art. 199, qui du tout. La voici : Il veut que nous nous abste- punit d'une anende, et en cas de récidive, de la nions d'injurier nos adversaires; il veut que prison, le ministre du culte qui célèbre le maria nous nous gardions d'élever de notre autorité ge religieux, sans qu'au préalable il ait é é justipropre des barrières entre eux et la foi, en pré-fié à ses yeux de l'acte passé devant l'offic.er citendant leur imposer comme des dogmes ce qui vil (4) n'est qu'opinion. Il veut que nous ne choquious les idées et les sentiments généraux de notre temps que lorsqu'il y a absolue nécessité; il veut moderer l'ardeur d'anathèmes auxquels on voit trop souvent les chrétiens se livrer. » Un exemple de ce que voudrait M. de Broglie n'est pas difficile à trouver : il voudrait que jamais nous

(1) Œuvres de Mgr Pary, t. I, p. 409.

Le directeur-gérant : A. Sisson.

ne fissions ce que vous faites dans toute la sujte Paris, De Soye et Bouchet, irapr., 2, place du Panthéon.

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