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Un article est émouvant dans sa simplicité.

Un nommé Pierre Morel reste devoir 71. 10s. t. sur 151. Le receveur déclare qu'il n'a pu recevoir le solde « tant à faulte de tiltre que au moyen de la maladie de peste dont il et toute sa famille seroient deceddez »>.

II.

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- Chapitre concernant les frais et dépens du présent comple

Les frais et dépens compris dans ce chapitre sont pour la plupart des articles établis pour mémoire. Il y a fort peu de chiffres précis.

Ainsi l'argentier demande à être taxé pour son salaire à raison de 6 deniers tournois par livre sur la recette; il compte comme vacation pour dresser le compte avec son procureur 100 sols t. et pour son procureur qui a mis au net et grossoyé le compte, et fait une copie qui a été remise au gouverneur de la ville dès le 20 juillet 1562, une somme de deux sols parisis par rôle.

Puis viennent les vacations pour procéder à l'examen des comptes suivant l'assignation donnée par les gouverneurs, les salaires des procureurs et avocats qui assistent les parties, le salaire des lieutenant, avocat et procureur du roi, du greffier, etc..., au sujet desquels ne figure aucun chiffre.

Tel est le compte de gestion des deniers communs et patrimoniaux de la ville de Pontoise pendant les années 1556, 1557 et 1558.

De son exposé, il est facile de constater que la comptabilité de l'argentier de la ville nous dirions aujourd'hui du receveur municipal — n'était pas très compliquée.

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Il recevait au fur et à mesure des échéances qui n'étaient pas nombreuses des sommes dues à la ville, comme il payait ce qui était dû sur les mandats de paiement délivrés par les gouverneurs.

Parfois, faute de fonds sans doute, les créanciers exerçaient des poursuites contre les gouverneurs, et une saisie-arrêt s'opérait sur les deniers com

muns.

La ville n'établissait aucun budget, c'est-à-dire un état de prévision de recettes et de dépenses d'un prochain exercice. On marchait au jour le jour, suivant les événements. Si le roi, ayant besoin de fonds, demandait une aide à ses sujets, la répartition se faisait entre les bailliages, et il appartenait aux asséeurs d'établir l'assiette de l'impôt. Mais cela était indépendant des affaires communales.

Un fait paraît certain la ville restait maîtresse de l'administration de ses deniers : c'est d'elle et d'elle seule que dépendait son receveur, et celui-ci, en dehors de la gestion des deniers faisant l'objet d'un octroi royal, ne rendait de compte qu'aux gouverneurs de la ville devant le lieutenant civil, en présence des officiers de justice. En cas de désaccord, le tribunal de droit commun était juge, sauf appel au Parlement. Le gouvernement de cette époque, du moins, ne croyait pas devoir intervenir en pareil cas.

Vous pouvez juger du chemin qui a été parcouru depuis dans cet ordre d'idées.

E. MALLET.

LE CLERGÉ PONTOISIEN
PENDANT LA RÉVOLUTION

Aux Archives départementales de Seine-et-Oise, dans le carton de la police des cultes, à l'époque de la Révolution française, un petit dossier particulier rend compte de la situation de l'Église à Pontoise, dans les jours troublés de l'an IV (1795-1796).

C'est le rapport d'un certain Vanier, élu du canton de Marines, et choisi par ses collègues comme vice-président du Directoire de Pontoise, dès l'année 1790. Il devint ensuite agent national, puis, peu après l'établissement de la Constitution de l'an III, commissaire du Directoire exécutif. Comme tel, il a laissé une assez volumineuse correspondance d'opérations de police.

La loi de ventôse an III (février 1795), et surtout celle du 11 prairial (30 mai) de la même année, ayant rendu quelque liberté à l'Église, les catholiques Pontoisiens en profitèrent pour ouvrir des lieux de culte.

Le principal et le plus en vue fut tout naturellement l'église SaintMaclou. Eustache Chouquet, né à Pontoise en 1743, en était curé avant la Révolution, il se maintint dans la ville durant les mauvais jours, vit la fermeture de son église à la fin de 1793, et s'empressa de la rouvir en 1795.

Son attitude plus que molle en face du serment constitutionnel lui avait aliéné un assez grand nombre de personnes. Aussi à côté de l'église principale, les catholiques ouvrirent quatre oratoires particuliers, dans les différents quartiers de la ville.

Deux de ces chapelles ne sont pas connues et n'eurent d'ailleurs qu'une existence éphémère, puisqu'elles étaient déjà abandonnées en

janvier 1796. Les deux autres sont clairement situées et amplement décrites dans le rapport de Vanier.

La plus importante et la plus fréquentée se trouvait rue de la GrandeBoucherie, dans la maison du citoyen Marquis Desnotz, ancien conseiller de la Chambre des Comptes avant la Révolution. Comme ce mot de Marquis était un scandale, même un crime pour la police de 1796, Vanier s'empresse d'affirmer que ce nom n'est pas une qualité, mais un prénom qui lui a été donné lors de sa naissance! Le naïf commissaire croyait-il bien lui-même ce qu'il disait?

Quoi qu'il en soit, il dépêcha aussitôt deux agents à la maison Desnotz pour s'assurer si toutes les prescriptions légales y étaient bien observées. Ceux-ci arrivèrent au moment où la messe venait de finir; les assistants s'étaient dispersés, une seule personne restait en prière dans la chapelle. En la visitant les envoyés de Vanier remarquèrent que le local était vaste et disposé pour recevoir plus des dix personnes que la loi de vendémiaire concédait aux oratoires particuliers en dehors des habitants de la maison.

Desnotz, d'ailleurs, ne le contestait pas; il avouait même qu'environ 50 personnes, sans compter les membres de sa famille, pouvaient suivre chez lui les offices catholiques; mais pour agir de la sorte, il s'abritait derrière l'autorité du citoyen Lanjuinais, député et membre influent du gouvernement, qui lui avait envoyé à ce sujet une consultation écrite. Devant cet avis motivé d'un personnage officiel, Vanier hésitait, il consultait son confrère, le commissaire du Directoire départemental à Versailles, et parlait d'en référer au Ministre de la police lui-même; en attendant, les choses demeuraient en l'état.

Mais ce qui le préoccupait plus encore que les dimensions de l'oratoire, c'était la personne du prêtre qui desservait la chapelle, l'identité du ministre, comme on disait alors. Son nom lui était connu, mais il n'était qu'imparfaitement renseigné sur son passé et sur ses sentiments vis-à-vis de la Révolution. Aujourd'hui, grâce aux documents d'archives, on peut aisément satisfaire sa curiosité.

Jean-François Galluchat était né le 1er janvier 1740; c'est lui-même qui le dit dans un petit mémoire justificatif écrit en l'an XI. Son lieu d'origine est inconnu. En 1789, il était simple bénéficier du Chapitre de

Saint-Spire à Corbeil, et remplissait les fonctions d'aumônier des Augustines, dites de la Congrégation Notre-Dame, filles de saint Pierre Fourier. A ce titre, il fut le conseil, l'appui et le pivot de la résistance que ces religieuses opposèrent toujours aux entreprises révolutionnaires.

N'étant pas fonctionnaire public, il échappa à l'obligation de prêter le serment constitutionnel, il devint l'un des adversaires les plus tenaces et les plus redoutables du schisme à Corbeil. Il se rangea tout de suite aux côtés de Duval, le vaillant curé de Saint-Jacques, qui mena la bataille durant plus de deux ans contre les administrateurs du district et les prêtres jureurs leurs auxiliaires.

Durant cette lutte la prudence était de rigueur; il fallait demeurer caché, insaississable pour n'être pas arrêté et jeté dans les geôles. C'était une guerre de plume, et non de paroles et de discours. Galluchat y excella dès la première heure. Tous les jours de petites feuilles volantes, des tracts, dont le mystère et l'anonymat redoublaient l'intérêt, en piquant la curiosité, étaient répandues à profusion dans Corbeil. L'auteur inconnu s'y montrait polémiste habile, ardent, vif, incisif, criblant chaque matin ses adversaires, membres du Directoire et prêtres assermentés de traits mordants qui leur faisaient de cuisantes blessures.

Par surcroît de précautions, dès 1790, Galluchat avait fait mine de quitter Corbeil; il était allé prendre un pied-à-terre à Paris, dans l'île Saint-Louis, rue et section de la Fraternité, d'où il revenait deux ou ́trois fois la semaine, continuait de toucher sa modeste pension à Corbeil, et y gardait son principal domicile. Toutefois le Directoire, qui le soupçonnait d'être l'auteur des épigrammes et des pamphlets quotidiens dirigés contre l'administration, le poursuivit dans la capitale, le dénonça à la police et le força à s'éloigner davantage.

Ce fut au cours de l'année 1793 que Galluchat vint à Pontoise demander l'hospitalité à l'un de ses amis, nommé François-Auguste Ringard, naguère chanoine du chapitre de Saint-Mellon.

Dans cette retraite sa tranquillité lui semblait assurée, car Ringard n'était pas prêtre; bien que membre d'une collégiale, son titre canonial ne l'avait pas empêché de rester simple sous-diacre.

La sécurité des deux amis ne fut pas de longue durée. Deux conven

tionnels, Delacroix et Musset, en mission dans le département, les firent mettre en état d'arrestation par mesure de sûreté générale. Ils furent internés à la maison d'arrêt de Pontoise, et y demeurèrent depuis le 3 frimaire an II (23 novembre 1793) jusqu'au 23 frimaire an III (décembre 1794). Leurs noms se trouvent sur toutes les feuilles de service de la prison et sur toutes les listes de détenus pendant ce temps.

Un arrêté du Comité de Sûreté générale les rendit à la liberté après une dure réclusion de plus d'une année.

Sa longue détention n'avait ralenti ni le zèle, ni l'ardeur combative de Galluchat; car voici le portrait qu'en trace Vanier quelque temps après sa sortie de la maison d'arrêt.

<< Sa moralité comme républicain est plus qu'équivoque; il est regardé comme un boute-feu et un homme dangereux dans les circonstances; il fait schisme avec les assermentés. Le 1er germinal de l'an IV (21 mars 1796) la municipalité mit à exécution, contre lui, un arrêté du département de Seine-et-Oise, tendant à réprimer la malveillance des prêtres insermentés; elle a obtenu du juge de paix un mandat d'arrêt, en vertu duquel il a été traduit devant le tribunal correctionnel qui l'a acquitté. »

Ainsi le fidèle Galluchat, habile et prudent, échappait une fois de plus aux tracasseries et aux poursuites du Directoire, comme il avait surmonté celles de la Convention. Il en profita pour continuer jusqu'à la paix dans Pontoise un ministère bienfaisant et fructueux.

Le second oratoire, signalé dans le rapport de Vanier, était situé rue de la Cervoise, dans la maison d'un vieux prêtre nommé Louis Havard, ancien curé, ou mieux simplement chapelain de Saint-Jacques de Pontoise. Ce vieillard, autrefois aumônier des Carmélites, qui, dès 1775, avaient constitué en sa faveur une modeste pension de 500 livres, était d'une humeur très pacifique. Il avait échappé aux fureurs des terroristes et, grâce à sa mansuétude et à son obscurité, était demeuré dans sa maison, entouré de l'affection de quelques paroissiens dévoués toujours prêts à le défendre.

Avec lui vivait un autre prêtre, son confrère, son ami et son contemporain. Celui-ci s'appelait Jean-Baptiste Coqueret; il avait été profes

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