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dessous n'est que remplissage, et que ce dernier arc a pour fonction d'alléger les deux arcs ouverts au-dessous et enveloppés l'un dans

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4. Afin de pouvoir faire entrer la gravure du portail de Saint-Gabriel dans le format de la Gazette des Beaux-Arts, nous avons été forcé de supprimer deux puissants contre-forts latéraux qui lui donnent une physionomie quelque peu différente.

voûtées et qu'il nous étonne de 'voir si franchement suivie plus de trois siècles avant l'époque où le système ogival la porta à sa dernière perfection. Mais M. H. Révoil nous dira que ceci est précisément le caractère certain où l'on reconnaît les églises carolingiennes du midi de la France, et il nous faut chercher ailleurs des motifs de ne point partager son avis.

Or nous les trouvons dans les signes lapidaires auxquels il attache tant d'importance. Pour lui, les lettres qui composent la plupart de ces marques appartiennent essentiellement à l'épigraphie carolingienne. Pour

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nous, nous revendiquerons pour l'alphabet du XIIe siècle les A à tête barrée, les, G en volute et les E en demi-cercle qui sont de la forme dite onciale (Appendice, p. 11). L'A et le G se retrouvent avec le même type avec un H minuscule en plus dans l'inscription qui explique un petit bas-relief incrusté dans le tympan (t. I, p. 18) du fronton de la façade.

En présence de ces signes certains du XIIe siècle, peu nous importe qu'il soit parlé d'un oratoire de Saint-Gabriel dans une charte qui serait plutôt du temps de Charlemagne que du temps de Charles le Chauve, et que la connaissance qu'il possède du pays donne à M. H. Révoil la certitude qu'il n'a jamais existé en cet endroit d'autre chapelle que celle aujourd'hui existante, comme si des édifices aussi périssables d'ordinaire que ceux de l'époque carolingienne n'avaient pas pu disparaître sans laisser de traces.

Ce sont des marques de tâcherons analogues à celles de Saint-Gabriel qui, jointes aux tailles en feuilles de fougère, vont presque exclusivement guider maintenant M. H.. Révoil pour le classement des édifices. Partout où il en trouve, il voit un édifice du Ixe siècle pour le moins, comme si ces marques n'avaient pas été employées pendant tout le moyen âge, ainsi que Didron l'a prouvé avec surabondance dans les Annales archéologiques (t. II et III), où nous en retrouvons qui sont identiques à celles

que donne M. H. Révoil, bien qu'elle proviennent des cathédrales de Strasbourg et de Reims. M. Révoil le reconnaît lui-même pour les églises qu'il est bien forcé de classer au XIIe siècle. Il y a surtout un nom d'ouvrier, celui de VGO, qu'on retrouve dans quatre églises différentes :

V.CO

cet ouvrier peut fort bien les avoir construites sans que pour cela il soit contemporain de Charlemagne ou de ses successeurs.

M. H. Révoil s'est réfuté lui-même à propos de ces marques, en publiant celles de l'église du Thor (Vaucluse) qui est aussi franchement gothique que pouvaient le permettre les habitudes des constructeurs méridionaux, et qui est datée de 1201 par une charte qui cite l'Ecclesiam novam sanctæ Mariæ in valle de Thoro. Les A, les G, les H ou les N (t. I, p. 50) y sont identiques à ceux que l'auteur donne comme carolingiens dans les églises de Notre-Dame des Doms et de Saint-Paul-Trois-Chateaux. (Appendice, p. xiv et xvIII.)

Donc, suivant la théorie de M. H. Révoil, les églises de Saint-Quenin de Vaison (Vaucluse) (t. I, pl. xix et xx); de Notre-Dame des Doms à Avignon (t. I, pl. LII à LVI); de Saint-Jean de Moustier à Arles (t. I, pl. xvi et xvii) et la nef de Saint-Trophime; les églises de Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme) (t. III, pl. xxx à xxxIV); de Saint-Pierre de Redde (Hérault) (t. I, pl. xxi et xx) et de Cavaillon (Vaucluse) (t. II, pl. xxv à xxx) et enfin la tour de la cathédrale de Viviers (Ardèche) auraient été bâties sous Charlemagne ou sous ses successeurs immédiats.

Nous ne pouvons discuter une à une toutes ces attributions, que nous croyons erronées, mais il nous est facile de relever tantôt une raison, tantôt une autre, données par l'auteur et qui, suivant nous, infirment sa théorie.

Ainsi à Saint-Pierre de Redde, l'arc qui protége la porte latérale est aigu, avec joint à la clef, pratique essentiellement ogivale, et voussoirs de clef sensiblement plus épais que ceux de coussinet (t. I, pl. xx). Si nous rapprochons cette porte de celle de Saint-Pierre de Maguelone, dans le même département (t. I, pl. XLVI) qui est daté de 1178 sur son linteau franchement roman de style, nous trouvons que le même arc

aigu à longs voussoirs encadre son tympan. De plus cette église est voûtée en berceau engendré par un arc en plein cintre, tandis que le berceau de la prétendue église carolingienne a pour générateur un arc aigu. Enfin un bas-relief qui représente un évêque crossé et mitré, qu'une inscription nous apprend être saint Pierre, et que M. Révoil croit appartenir à la construction primitive de l'église de Saint-Pierre de Redde, appartient évidemment au XIIe siècle, tant par la mitre que porte le saint, coiffure dont nous ne connaissons pas d'exemple antérieur au xre siècle, que

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par la forme du T de Petrus, qui est tellement onciale que le graveur l'a pris pour un C.

Dans l'église de Cavaillon, M. H. Révoil avise un bas-relief représentant un personnage qui sonne de l'olifant, et sur cette assurance que l'olifant est un instrument essentiellement carolingien, il conclut que l'église est également carolingienne.

Nous ne nions pas que l'admirable épisode de la Chanson de Roland, où le héros près de mourir et armé de son seul olifant abat à ses pieds les Sarrasins qui l'assaillent, n'ait rendu cet instrument célèbre. Mais le poëme est du XIe siècle, et son auteur ne se préoccupait guère de cette chose alors inconnue que nous appelons la couleur locale. Enfin nous

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pourrions citer un certain nombre de peintures et de bas-reliefs authentiquement du XIIIe siècle, où des anges réveillent les morts pour le dernier jugement en sonnant d'un instrument qui ressemble beauconp à l'olifant quoiqu'il s'appelât « busine» à cette époque.

Ailleurs, M. H. Révoil, parmi les marques de tâcherons de la tour de cathédrale de Viviers, aperçoit un B qui lui semble reproduire le type des monnaies chartraines. Or ce type est carolingien, dit-il; donc la marque que nous trouvons sur les pierres de la tour de Viviers est carolingienne. Mais il oublie que ce type n'est point une lettre de l'alphabet, mais une tête tellement altérée qu'elle est devenue méconnaissable. Nous ne nous arrêterons pas à ce qu'aurait d'extraordinaire la construction de cette tour de Viviers antérieurement au xe siècle, parce qu'on nous répondrait que notre objection n'est pas une raison. Cependant il faut bien comparer ce qu'on a vu et étudié ailleurs avec ce qu'on met sous nos yeux, et tirer de cette comparaison des motifs de certitude pour admettre ou ne pas admettre ce qu'on nous donne comme des faits incontestables.

C'est ce que nous allons faire surtout maintenant.

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