caractère chrétien. Sans doute, toute église ne doit pas être un monument, mais toujours elle doit être une église. C'est la loi de son être. Sous ce rapport, il y a telle vieille chapelle, tel rustique oratoire, telle pauvre paroisse de village qu'on doit proclamer bien au-dessus d'édifices pour lesquels on a largement puisé au budget. Quand les populations et les communautés d'autrefois n'avaient pas le moyen d'élever ces flèches admirables et admirées, elles se contentaient d'une tourelle plus humble et non moins religieuse, et souvent même d'une simple pierre percée, pour abri à leur modeste clochette. Le style du XIII. siècle est le plus catholique, et les architectes de progrès reconnaissent qu'en employant les procédés avec lesquels on a bâti nos vieilles églises, il n'est pas plus coûteux que les imitations mesquines et dégénérées de l'art payen.

M. Cusson, chef de bureau à la préfecture, chargé des monuments, veut bien donner les renseignements qui suivent. Le ministère de l'intérieur a accordé 36,659 fr. aux édifices du département. 8,000 fr. sont promis pour réparer l'église du prieuré de Saint-Gabriel, près Creully, achetée 6,000 fr. par le gouvernement. Le ministère des cultes a fourni, non pas au point de vue de l'art, mais au point de vue matériel, 15,000 fr. pour les églises et presbytères. Le département a voté 2,000 fr., total 59,659 fr. L'église d'Ouistreham sera réparée. Celle de Mouen vient d'être classée, et les églises paroissiales d'Audrieux, de St.-Marie-aux-Anglais, de Langrune, de Louvières, du Breuil, et l'abbaye de Mondaye vont l'être. Enfin l'on sollicite aussi le classement de St.-Etienne-le-Vieil, à Caen, que les pluies achèvent de ruiner. Le ministre hésite à classer l'ancienne chapelle de l'évêché de Bayeux, où est installée la chambre du conseil du tribunal, parce que cette destination va y nécessiter l'établissement d'une cheminée.

Le conseil remercie M. Cusson de ces communications. M. Lair entretient la Société de la coupe célèbre de Guillaume-le-Conquérant, que De La Rue, l'auteur des Essais sur Caen, à qui cette coupe avait été confiée sous l'empire, avait néanmoins léguée à l'une des grandes familles du pays. C'est par des moyens doux, et comme particulier que M. Lair est parvenu à assurer au département le recouvrement de ce vase garni de médailles grecques de grand prix, et qui provenait de l'abbaye de St.-Etienne. Les remerciements que le conseil adresse à M. Lair seront relatés au procès-verbal.

Le classement de l'église du prieuré de Marchesieux est proposé par M. Guy, M. de Caumont rappelle que l'église de Marchesieux, était au prieuré de l'abbaye de Carouge en Touraine, qui fut visité au XIII. siècle, par l'archevêque de Rouen Odon Rigault. M. Bouet présente un dessin de la tour de Briqueville, que M. de Caumont voudrait voir aussi classée; et une vue des ruines de l'église d'Angranville, qui est pleine encore de peintures à fresque. M. de Caumout signale dans cette église ruinée une magnifique voûte du XIII. siècle, digne de beaucoup de cathédrales, et résistant aux pluies quoique découverte depuis 30 ans.

M. Bouet entretient le conseil du projet qu'il a de publier des modèles d'églises rurales dans le style chrétien, et soumet quelques spécimens. La Société frappée de l'utilité d'une espèce de Vignole de l'art au moyen-âge, contenant des modèles de maçonnerie, de menuiserie, de serrurerie, etc., à la portée des entrepreneurs et des constructeurs de petites localités; et du bien que pourrait produire un tel recueil dans les mains des agents-voyers, dépourvus de toute espèce de guide, encourage vivement M. Bouet à suivre son projet. Elle pourrait souscrire à un certain nombre d'exemplaires.

M. Douesnard, architecte du département de la Manche, a adressé une notice sur l'église de Villedieu, qui sera imprimée par extrait dans le Bulletin, avec le plan.

M. Léchaudé-d'Anisy communique des dessins du prieuré de Foupendant, perdu en quelque sorte dans la forêt de Cinglais.

M. DESNOYERS, vicaire-général à Orléans, est nommé inspecteur du Loiret.

M. BRIQUET, ayant donné sa démission d'inspecteur des Deux-Sèvres, est remplacé par M. SEGRÉTAIN, architecte, à Niort.

MM. DE SOLAND, archiviste de la Société d'agriculture d'Angers, et SORIN, proviseur, du collége royal, sont nommés membres du conseil général administratif, pour le département de Maine-et-Loire.

Au moment où on lève la séance une discussion s'engage entre MM. Guy, de Caumont et plusieurs membres, le système à adopter lorsqu'il s'agit de repaver nos églises.

Le secrétaire délégué,

R. BORDEAUX.

sur

CHRONIQUE.

Réunion générale annuelle de la Société française. La commision préparatoire du congrès de la Société qui s'ouvrira à Metz le 1er. juin, vient de publier la circulaire de convocation; on y lit ce qui suit :

« La Société française a décidé qu'avant de se séparer, « le congrès archéologique de Metz se transporterait à « Trèves. Cette course qui se fait en quelques heures, « d'une manière aussi agréable que facile, sur les bateaux « à vapeur de la Moselle, ajoutera beaucoup à l'intérêt de « la réunion annuelle de 1846 (1). Au seul nom de Trèves, qui ne se rappelle aussitôt les riches souvenirs historiques «de cette ancienne métropole de la Belgique, qui a mérité « d'être appelée la Rome du Nord, et qui, plus tard, a partagé avec Lyon le titre de Ville des Martyrs? Qui ne « se représente cette masse imposante de monuments ac« cumulés dans un étroit espace d'une part, les Arènes, « les Thermes, le Palais de Constantin, la pyramide d'Igel, « la Porta-Nigra, témoins mutilés, mais encore debout, de « la grandeur et de la gloire romaine; de l'autre, la véné«rable cathédrale romane, et la délicieuse église de Notre« Dame, et Saint-Mathias et Saint-Paulin, lieux consacrés par le sang de tant de généreux confesseurs de la foi, « lieux à jamais chers et vénérables à tout ce qui sent battre << dans sa poitrine un cœur chrétien ?

(1) Ceux de MM. les Membres du Congrès qui désireront assister au JUBILÉ de Liége (lequel doit durer du 11 au 25 juin), pourront facilement s'y rendre de Trèves, en deux jours, soit par la route directe, soit par les bateaux à vapeur de la Moselle et du Rhin, et le chemin de fer de Cologne et Aix-la-Chapelle.

CATALOGUE

DES ATTRIBUTS EMBLÉMATIQUES

DES DIFFÉRENTS SAINTS.

(Traduit de l'Anglais (1).

Le catalogue suivant est destiné à venir au secours de l'antiquaire dans cette partie de ses recherches qui a pour objet la symbolique sacrée. Au moyen-âge, les images étaient les livres des ignorants: ceux qui ne savaient pas lire, reconnaissaient sans difficulté un saint aux caractères symboliques qui lui étai nt propres. Le souvenir de ces notions est depuis long-temps perdu dans notre pays; mais les manuscrits enluminés, les vitraux peints, les sculptures des boiseries, les peintures qui ornent les murailles d'un certain nombre de nos églises, les sceaux monastiques et les anciennes vignettes sur bois, nous donnent les moyens de les faire revivre.

ou

Les saints de premier ordre ayant une fête double, neuf leçons leur étant assignées dans le bréviaire, le lecteur peut aisément distinguer à quel saint il doit donner la préférence en cas de doute. Quand le même symbole appartient

(1) Le Bulletin de la Société anglaise pour la conservation des monuments, contient des articles intéressants dont nous pourrons reproduire quelques-uns dans le Bulletin. Celui-ci est tiré du 1er. vol. de ce recueil et traduit par M. A. Campion, membre de la Société française, à Lisieux. Il est loin de renfermer tout ce qu'on pourrait y trouver; nous le publions sans y rien changer ni ajouter.