Page images
PDF
EPUB

attristée du pasteur avait, pendant les Vêpres, convié les Fidèles à cette grave cérémonie, et déjà plus de deux mille personnes de la ville et des campagnes se pressaient sur la vaste déclivité de la place, devant la basilique toute resplendissante des feux du couchant. L'église jadis épiscopale de Bazas n'a pas oublié ses antiques splendeurs; elle déployait les restes de ses pompes pour pleurer son humble et pieuse enfant ses voûtes résonnaient sous les ondulations lentes et majestueuses du Libera. Et bientôt après, deux longues files de vierges vêtues de blanc, de matrones vêtues de noir, traversaient les groupes de paysans agenouillés, de jeunes filles aux vêtements bigarrés. Tous les yeux restaient fixés sur ce cercueil plus petit que d'ordinaire, couronné de roses blanches et de roses pâles, précédé de cette autre couronne détachée de la voûte; et en avant encore, un cierge à la main, le pasteur vénérable allait jeter un peu de terre sur cette dépouille honorée, après avoir soutenu la jeune âme jusqu'aux portes du ciel (1).

(1) Le voyageur studieux doit chercher partout à recueillir quelque chose qui l'instruise. Je n'ai trouvé que peu de particularités à noter dans le rit funéraire de Bazas. Au centre du chapeau de roses blanches posé sur le cercueil, il y avait comme une autre petite couronne de roses à peine purpurines. Dès la veille, une jonchée composée uniquement de buis était répandue devant le seuil de la maison mortuaire, et c'était encore et uniquement du buis effeuillé que de trèspetites filles tiraient de leurs corbeilles et répandaient sur le passage du cercueil. Les prêtres et les chantres portaient tous un cierge. Le drap mortuaire blanc, croisé, bordé et frangé de noir, était semé de larmes, d'os croisés et de têtes de mort couleur de bistre.

CHRONIQUE.

Découverte d'urnes cinéraires à Lisieux.

Dernièrement,

en creusant un fossé tout près de la ville, dans un herbage appartenant à M. Louis Cordier et connu sous le nom de Grand-Jardin, on a trouvé des urnes cinéraires en terre et en verre, contenant des cendres et des ossements humains calcinés, quelques médailles et divers autres objets; nous apprenons cette importante découverte de M. Campion, et les journaux de la ville nous l'annoncent en même temps: il est fort à désirer que des fouilles puissent être entreprises dans cette localité, très-probablement on y trouverait bien d'autres urnes, et tout porte à croire que là était un cimetière au temps où l'on incinérait les corps. Les urnes en verre que l'on trouve en grand nombre en Sologne et dans diverses contrées de la France, ont été très rarement découvertes dans la Basse-Normandie. La Société française recommande à ceux de ses membres qui résident à Lisieux, de faire des fouilles dans le Grand-Jardin, si le propriétaire y consent.

D. C.

Le tombeau byzantin de la cathédrale de Trèves. -- Nous venons de faire graver pour le Bulletin le tombeau byzantin qui tapisse le mur méridional de la cathédrale de Trèves, non loin du passage qui communique de cette basilique au cloître.

Ce tombeau abrité sous une arcade circulaire avec archi

volte ornée de rinceaux, laquelle repose sur deux colonnes

TOMBEAU BIZANTIN DE LA CATHEDRALE DE TEÈVES.

dont la base porte sur des lions, rappelle certaines portes romanes des églises d'Italie. Il a plusieurs fois attiré l'attention

de M. de Caumont qui le dessina en 1842. M. Schmidt, membre de la Société française, à Trèves, l'a donné dans sa monographie de la cathédrale de Trèves. Le dessin ci-joint a été gravé sur bois d'après le croquis pris sur place par M. Bouet, lors des séances tenues à Trèves par la Société.

Le même membre a dessiné quelques autres parties de la cathédrale que nous pourrons reproduire par la suite; dès ce moment nous avons une bonne nouvelle à apprendre relativement à cette basilique, la voici :

M. le baron de Roisin annonce que l'on a complètement débadigeonné le chœur et que le même travail est commencé dans la nef; cela produit le meilleur effet, dit M. de Roiet encouragera, je l'espère, à continuer. Nous désirons que le vœu de M. de Roisin se réalise, et comme lui, nous ne doutons pas que le travail ne soit poussé à bonne fin d'ici à quelque temps.

,

X. Y. Z.

Exploration de la Franche-Comté par M. le comte de Mérode. Dans une lettre adressée à M. de Caumont par M. le comte de Mérode et renfermant des détails précieux sur différents objets, nous avons remarqué le passage suivant : « J'ai rencontré peu de monuments en Franche-Comté, les églises romanes y sont si peu nombreuses que l'on cite comme une curiosité, à trois lieues nord-ouest de Salins, celle du petit village de Chissey, fort vieille il est vrai, mais dépourvue d'ornements et que j'ai visitée. Une église plus intéressante est celle de Montbenoist, sur le Doubs, entre Pontarlier et Morteau (style ogival primitif dans la nef avec belle fenêtre au chevet du chœur ogival moins ancien) ; c'était un monastère de l'ordre de saint Augustin, et on la cite spécialement dans le diocèse de Besançon, c'est pourquoi je désirais la connaître depuis long-temps. Sans ces quelques rares édifices

on serait tenté de croire que les vieux Comtois n'avaient point bâti d'églises et qu'elles datent d'une époque postérieure à la réunion du pays à la France, sous Louis XIV.

Musée d'antiquités d'Amiens. — M. de Caumont a entretenu le conseil de la Société française de l'excellente classification des objets d'antiquités qui forment le musée archéologique d'Amiens, dû à la Société archéologique de cette ville, et particulièrement aux soins d'un des membres de la compagnie, M. Dufour. Ce musée s'est enrichi de différents objets précieux depuis que la Société française a tenu son Congrès archéologique à Amiens (1839), c'est un des mieux administrés du royaume. M. Dufour vient d'en faire imprimer le catalogue, la provenance des objets y est soigneusement indiquée.

M. de Caumont a décrit quelques-uns des objets qui l'ont le plus intéressé, il a parlé des vases gallo-romains et des urnes cinéraires découvertes près de la citadelle; sur un d'eux on lit en lettres capitales qui se dessinent en blanc et en relief sur la couleur brune du vase le mot BIBITE. On se rappelle qu'à Trèves un vase portait l'inscription BIBE MULTIS ANNIS.

-

Z.

Travaux de la Société française dans la division du Mans. M. Drouet, inspecteur de la division du Mans, a donné aux travaux de la Société française, dans cette ville, une impulsion nouvelle. Il vient de désigner une commission qui s'occupera de la description des vieilles maisons du Mans. M. Drouet s'est occupé avec un zèle infatigable de l'exécution du projet relatif à l'établissement d'un musée d'antiquités ; grâce à ses démarches un local a été accordé par la ville.

La Société française est entrée en possession de ce local et

« PreviousContinue »