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que lui. Ici, l'isthme qui lie le promontoire au coteau, c'est l'entrée de la route de Bordeaux dans la ville, l'ancien faubourg Paillas, en un mot le collége actuel et ses environs où se trouvaient les traces de tours romaines. Si l'on supprime par la pensée les coupures et les nivellements qu'il a fallu faire pour entourer les côtés N., E. et S. du promontoire par cette large et belle ceinture de grandes routes et de promenades qui longe les murs, on verra ceux-ci élevés au sommet d'un escarpement continu de 10 à 20 mètres de haut, qui commence et finit à l'O. (grande route de Bordeaux à Bayonne) et dont le parcours trace un triangle dont la pointe est à l'E. Les anciens murs dont la ville etait close du côté de la Targue (à l'O. de la grande route) depuis le faubourg Paillas jusqu'au quartier Fondespan voisin de la porte SaintMartin (au S. O. de la ville), furent détruits par les Normands au IX. siècle, et je ne trouve pas de détails sur leurs reconstructions postérieures.

SII. GRANDE PLACE.

Elle paraît avoir reçu sa décoration actuelle (arcades ogivales, larges et basses) au XVI. siècle. Quelques arcades ont été refaites en plein cintre, et il est au moins probable qu'elles ont toutes été retouchées, car il serait difficile de trouver deux maisons contiguës où elles soient absolument semblables. Il en est de même des voûtes qui supportent le premier étage des maisons elles-mêmes. Presque toutes laissent voir des traces de leurs ouvertures primitives; quelquesunes ont encore des créneaux, comme on le voit dans notre planche V. Deux d'entr'elles ont été classées dans la deuxième catégorie des monuments civils par la Commission départementale; eiles appartiennent à la période encore ogivale du XVI., qui a précédé immédiatement la renais

sance. Nous avons cru devoir les figurer à cause de leur complète conservation. Celle de M. d'Andrault offre une façade régulière et très-simple, couronnée par fronton taillé en gradins. Les fenêtres des premier et second étages sont surmontées d'un fronton ogival à contrecourbure, accompagné de pinacles. Dans trois de leurs tympans on voit, au 2o. étage un buste grotesque, au 1er. la lune, les étoiles et une comète à gauche, et le soleil à droite.

La maison de M. Pierron est beaucoup plus compliquée et plus curieuse. Elle forme le coin de la place et d'une rue, et l'angle vif était jadis un meneau qui séparait les deux panneaux d'une même fenêtre; disposition qu'on retrouve fréquemment employée dans le reste de la ville, et qui transformait de tels appartements en véritables belvédères. Le linteau droit des fenêtres du second étage est orné d'une gracieuse arcature à ogives et trèfles d'une complication extrême; au premier étage, il est couronné d'un arc à contrecourbure, dont le tympan porte des sculptures. Les corniches d'appui ont des têtes saillantes et grimaçantes aux angles; et dans la place la plus apparente, on remarque un singe mâle dont la posture est encore plus impertinente que grotesque.

Admis avec une parfaite obligeance dans l'intérieur de cette maison, nous y avons trouvé, entièrement respectée, toute sa distribution primitive. La cage de l'escalier est ornée d'une charmante rampe en bois de chêne devenu noir et luisant comme l'ébène, revenant à angles droits sur elle-même, et dont les barreaux tournés et grêles forment une balustrade très-élégante. Nous y avons vu aussi une grande et belle cheminée en bois de châtaignier (tirant sur le brun-rouge) chargée de sculptures (feuilles, fleurs, fruits et deux amours qui s'embrassent); elle nous a paru appartenir au commencement du XVII. siècle et mériter d'être brièvement mentionnée.

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MAISON DE M' PIERRON.

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