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drier s'accorde pour faire placer la date de cet évangéliaire. vers l'épiscopat d'Arnald. L'écriture de notre manuscrit offre d'ailleurs une analogie frappante avec celle d'un missel exécuté par ordre de Drogon, fils naturel de Charlemagne, et archevêque de Metz de 823 à 855 (1).

Enfin l'examen des lettres grecques exprimant les deux mots Arnaldo jubente et quatre mots grecs, qui se trouvent dans le petit traité intitulé: De octo beatitudinibus, cet examen, disons-nous, et la comparaison de ces lettres avec les fac-simile publiés par Montfaucon, dans sa Palæographia græca, ne permettent pas de douter qu'elles n'aient été tracées dans le IX. siècle. Nous appellerons notamment l'attention sur le B, qui paraît placé sur une ligne horisontale se prolongeant à droite de la partie inférieure. Quoique toutes les lettres qui composent ces six mots appartiennent à l'écriture capitale, elles ont beaucoup d'analogie avec le caractère oncial employé dans un psautier grec, qui avait été copié avant le X. siècle par Sedulius Scottus, et se trouvait dans l'abbaye de Saint-Mihiel (2).

Toutes ces analogies suffiraient seules, nous le croyons du moins, pour faire attribuer, d'une manière certaine, à la seconde moitié du IX. siècle l'évangéliaire de saint Gozlin, qui doit être placé au nombre des plus précieux monuments paléographiques qui nous restent de cette époque reculée.

(1) Ce manuscrit fait partie de la bibliothèque royale, supplément latin, no. 645.

(2) V. Palæographia Græca, sive de ortu et progressu literarum Græcarum, etc. Opera et studio D. Bernardi de Montfaucon, pages 235 el 236.

CHRONIQUE.

Séances de la Société française dans divers départements. La Société française a tenu des séances du plus haut intérêt à Autun, à Châlons, à Lyon. Les procès-verbaux de ces différentes réunions seront publiés et offriront des faits nombreux et nouveaux.

Deux séances ont également été tenues à Marseille pendant la session du Congrès, sous la présidence de M. le Vte, de Cussy M. Dupasquier, architecte à Lyon, a été nommé inspecteur des monuments de l'Ain, en remplacement de M. de Moyriat, démissionnaire; M. le Mqis. de Jessé Charleval a été proclamé inspecteur des Bouches-du-Rhône, et M. Rostan, inspecteur des monuments du Var. M. Ricard, de Montpellier, remplissait, à Marseille, les fonctions de secrétaire-général.

XIV session du Congrès scientifique de France. La XIV. session du Congrès de France a réuni plus de 600 membres et a présenté des résultats très-satisfaisants. Le 1er. septembre, le Congrès s'est rendu en corps, suivi d'une foule immense, à la cathédrale, pour y entendre la messe. Il a été reçu à la porte de la basilique par M. le Maire de Marseille. Mgr. de Mazenod assistait à la cérémonie. La musique de Cherubini a été exécutée avec beaucoup de talent.

Après la messe, le Congrès a fait visite à Mg'. l'évêque

et l'a remercié, puis il a quitté la cathédrale et s'est rendu à la salle des réunions, en traversant les anciens quartiers de la ville où il a remarqué plusieurs maisons anciennes intéressantes par leurs sculptures.

A l'ouverture de la séance, M. Roux, secrétaire général, occupait le fauteuil, ayant à sa droite Mgr. de Mazenod, à sa gauche M. Berthulus, secrétaire-général adjoint, et M. Loubon, trésorier. Il a pris la parole et prononcé un discours qui a été vivement applaudi; on a ensuite procédé au scrutin pour la nomination du bureau général, M. de Caumont, directeur de l'Institut des provinces, a été élu président à la presque unanimité des suffrages.

Les vice-présidents ont été élus dans l'ordre suivant:
MM. V. de Cussy, de l'Institut des provinces.

Mqis. de Forbin-Janson, de l'Académie de Mar-
seille.

Wulfrand Pujet, négociant.

Cauvière, docteur-médecin, membre de plusieurs
Académies.

Le lendemain les sections ont composé leurs bureaux. M. Marcel de Serres, membre de l'Institut des provinces, a été élu président de la première section La seconde section. a élu M. Guerin Meneville, délégué de la Société royale d'agriculture de Paris. La section de médecine qui comptait environ 100 membres avait pour président le savant docteur Bally, de l'Institut des provinces, ancien président de l'Académie royale de Médecine; M. Gregory, membre de l'Institut des provinces, à Lyon, a été appelé à la présidence de la 4, section, la cinquième a élu pour président M. Richelet, du Mans, de l'Institut des provinces.

Les sections qui ont été les plus nombreuses et dont les travaux ont été les plus importants, sont celles d'histoire naturelle, de médecine et d'agriculture :

La section d'archéologie s'est particulièrement occupée des questions historiques posées au programme et dont plusieurs ont été traitées avec beaucoup de talent par M. Grégory; M. L. Rostan y a lu un mémoire plein d'intérêt sur l'église de St.-Maximin et sur les objets précieux qu'elle renferme. La question posée par M. de Caumont, existe-t-il des tissus anciens dans les églises du midi de la France? avait déterminé M. Rostan à rédiger un mémoire particulier sur la chappe dite de St.-Louis, qui existe dans le trésor de St.Maximin; ce mémoire a été entendu avec le plus vif intérêt. Quelques jours avant le congrès, M. de Caumont avait visité cette chappe précieuse et l'église intéressante qui la renferme.

Les membres de la section d'archéologie du congrès ont, selon l'usage, visité les monuments de Marseille. Les cryptes de St.-Victor, les anciennes maisons, les églises diverses ont été analysées par M. Ricard, inspecteur de l'Hérault, qui a lu à la section un mémoire intéressant sur l'état de Marseille au XIII. siècle, d'après les chartes nombreuses qu'il a consultées dans les archives.

La clôture du Congrès a eu lieu le 10: pendant la session, toutes les Sociétés savantes de la ville ont eu des séances publiques, voulant ainsi mettre le Congrès à portée d'apprécier l'importance et l'activité de leurs travaux.

Le 9, après un rapport de M. de Caumont, le comité central du Congrès a décidé que la 15. session aurait lieu dans la ville de Tours et la 16o. à Nancy.

Inspection des monuments du Midi.—Plus de 25 membres du Congrès de France se sont, après la clôture de la session, dirigés sur Gênes, pour assister à la 8me. session du Congrès scientifique italien. M. de Caumont s'y est rendu par terre afin de visiter les antiquités de Fréjus.

Cette ville, si peu importante aujourd'hui, renferme des

monuments antiques qui attestent sa splendeur ancienne. Ses aquéducs sont des plus considérables qui nous restent en France et pourront donner lieu à des remarques intéressantes; les piles qui supportent le conduit de l'eau ou l'aquéduc proprement dit, sont toutes en petit appareil et souvent flanquées de contreforts très-saillants.

M. de Caumont a examiné avec soin les constructions romaines qui existent sur différents points; il a dessiné la porte dorée et les bains découverts près de là il y a quelques années, le théâtre, les arênes qui, beaucoup mieux conservées que celles de Trèves, présentent avec elles certains points de ressemblance frappants.

La cathédrale n'offre qu'un intérêt secondaire; elle est précédée d'un baptistère dont les colonnes en granit sont évidemment antiques. La cathédrale est voûtée en pierres, les arceaux portent sur des pilastres assez lourds : il est difficile d'indiquer la date de cet édifice dont quelques parties ont été réparées ou refaites, mais elle appartient en grande partie au style roman. La tour, évidemment ancienne dans ses parties basses, a été exhaussée à une époque postérieure et se termine par une flèche octogone peu élégante.

Près de la cathédrale, du côté du nord, est un cloître dont les colonnettes accouplées et fort légères datent vraisemblablement du XIII. siècle; c'est probablement à cette époque que remonte une partie du palais épiscopal que Mgr. Vicart, évêque de Fréjus, a bien voulu inviter M. de Caumont à examiner. La chapelle est évidemment de cette époque, à en juger par ses colonnes, ses arceaux de voûtes et les autres caractères apparents.

Les murs du palais avec ses tours carrées revêtues de bossages sembleraient être plus anciens que le XIII. siècle, mais il ne faut pas oublier que, dans le midi, le style bysantin se conserve assez long-temps lorsque le style

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