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de fossés d'une grande profondeur. Malheureusement cette petite gravure reproduit d'une manière trop peu exacte, les constructions qui existent encore, pour qu'on puisse compter sur l'exactitude des parties qui ont été démolies. Voici ce qu'étaient, approximativement, les dispositions défensives du château d'Etampes.

La ville d'Etampes a la forme d'un long triangle isocèle, dont la base, ou petit côté, est tournée vers le nord. Un des grands côtés, celui du sud-est, s'étend dans la plaine que baigne une jolie rivière, la Juine; le troisième côté longe le versant d'une colline assez haute et qui domine toute la ville; c'est sur le penchant de cette colline et vers l'angle nord de l'enceinte, que s'élève l'enceinte spéciale du château, toutes deux reliées entre elles par de larges fossés qui existent encore en partie. Deux portes fortifiées s'ouvraient dans les murs d'enceinte du château; l'une sur la ville, l'autre sur la campagne près de la vieille route de Dourdan. De vastes bâtiments dont il ne reste plus que de larges fondations, cachées sous les massifs de verdure d'un petit bois, s'élevaient en avant du donjon, et ne communiquaient avec lui, qu'à l'aide d'un pont-levis placé sur la muraille quadrangulaire qui formait autour de ce donjon une nouvelle enceinte défendue par un fossé profond, ainsi que le dit Dom Fleureau. Une petite partie de ce gros mur se retrouve encore vers le côté ouest de la tour. Un peu à droite de ces bâtiments, on remarquait une petite chapelle dédiée à St.-Laurent ; enfin on aperçoit encore çà et là les restes de quelques voûtes souterraines et l'orifice d'une citerne. Les détails que je pourrais ajouter, n'auraient que peu d'intérêt pour les lecteurs du Bulletin monumental; tous connaissent parfaitement les dispositions habituelles des forteresses du moyen-âge, et je n'ai, ici, rien de nouveau à signaler. Pendant de longues années les entrepreneurs de maçonneries ont fait du châ

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du possesseur actuel, le donjon lui-même n'existerait plus. Grâce au goût éclairé de M. de Grandmaison, nous pouvons encore étudier un reste imposant de notre ancienne architecture militaire.

Le dessin joint à cette notice montre la partie la plus intéressante de la tour de Guinette; c'est le côté qui fait face à la ville. L'ouverture placée en bas à gauche, au niveau du premier étage, est la porte d'entrée. On y arrivait par un pont-levis qui s'abaissait sur le mur d'enceinte dont j'ai déjà parlé. Audessus de cette porte, on remarque une seconde ouverture, complètement défigurée par suite de l'arrachement des larges pierres qui l'entouraient; elle éclairait une petite salle voûtée servant de corps-de-garde.

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A. Porte. B. Corps-de-garde. C. Fosse d'aisance.

Une salle toute semblable aboutit au pont-levis; toutes les deux sont percées dans l'intérieur des murs qui ont plus de quatre mètres d'épaisseur. Le plan indique la disposition de cette partie du premier étage. On remarque à gauche un escalier descendant au rez-de-chaussée, qui semble n'avoir été éclairé que par des ouvertures trèsétroites. De fortes poutres, s'appuyant sur un pilier central,

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soutenaient le plancher de la grande salle du 1er étage. Celle-ci, éclairée par quatre longues fenêtres à larges embrâsures intérieures, était voûtée en pierre; la retombée des nervures, formées de grosses moulures rondes, posait sur un simple tailloir et sur un pilier central. Le dessin de l'intérieur de la tour et aussi le plan feront comprendre mieux

A. Porte. B. Corps-de-garde. C. Escalier inférieur. D. Puits. E. Fosse d'aisance.

qu'une description la disposition de ces voûtes dont l'ensemble devait être imposant et monumental.

L'escalier conduisant au deuxième étage s'arrêtait environ à la moitié de son développement, à l'endroit où, dans notre dessin, on remarque une longue brèche. De là, l'escalier montait en spirale; ou bien, ce qui semble probable, il était interrompu et on ne parvenait au deuxième étage qu'à l'aide d'un escalier mobile, disposition dont les forteresses du moyen-âge offrent, dit-on, quelques exemples.

Ce deuxième étage, qui était assurément la partie la plus remarquable de l'édifice, formait sans nul doute le logement du seigneur-châtelain. Quatre colonnes ornées de beaux chapiteaux, soutenaient de forts arcs doubleaux destinés à supporter soit une voûte en pierre soit un plancher. Il ne reste aucune trace de voûte, tandis que de larges trous placés de manière à recevoir l'extrémité des poutres sont très-reconnaissables; ainsi s'expliquerait l'emploi de nombreux corbeaux, qui sans doute servaient de supports aux étais de ces mêmes poutres. Toutefois j'avoue que cette belle salle m'a semblé fort difficile à réédifier par la pensée. Des planchers à demi-hauteur pour les quatre tours, sans moyens apparents d'y arriver, et la non uniformité de l'élévation des petits arcs doubleaux des côtés, présentent quelques difficultés à expliquer.

La vue intérieure de la tour et aussi la vue extérieure, enfin le plan, indiquent, aussi exactement qu'il m'a été possible, la disposition de cette belle salle, qui était éclairée par de longues fenêtres également à larges embrâsures intérieures. Deux énormes cheminées dont il ne reste que le foyer et le tuyau n'offrent plus d'intérêt.

Le troisième étage, auquel on arrive par un escalier en spirale encore bien conservé, est celui qui a le plus souffert. Les murs ont été détruits presque jusqu'à leur base; il est donc impossible d'indiquer la hauteur de cet étage qui, selon

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