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DOCUMENTS

SUR QUELQUES

ARTISTES DU MOYEN-AGE ET DE LA RENAISSANCE,

NÉS DANS L'ANCIEN DIOCÈSE DE MEAUX OU QUI Y ONT EXÉCUTÉ
DES TRAVAUX;

Par M. Emmanuel PATY,

Inspecteur des monuments historiques de Seine-et-Marne.

Aujourd'hui que nous sommes témoins d'un mouvement général qui entraîne les esprits sérieux vers l'étude du moyenâge, que de toute part on s'efforce de réhabiliter les grands siècles de la foi, indignement flétris de l'humiliante appellation de Barbares et de Gothiques, le temps est venu de tirer enfin de l'oubli, les noms des nombreux artistes qui, par leurs œuvres, ont contribué à l'illustration de notre pays.

Sans doute, ils sont bien dignes de tous nos éloges, ces vieux architectes dont l'habile audace introduisit dans nos temples ces formes sveltes et légères comme l'air où elles s'élancent, ces proportions vastes et majestueuses comme l'idée de l'Être infini; mais à eux seu's ne doivent pas se borner nos investigations; les sculpteurs, les statuaires, les émailleurs, les fondeurs de cloches, les peintres-verriers,

etc., ont tous des droits égaux à notre admiration, à notre reconnaissance.

Quoi de plus ravissant, en effet, que l'éclat de ces grandes peintures murales qui couvrent les parois intérieures de la plupart de nos vicilles basiliques, que ces grandes figures de saints, se détachant sur des fonds d'or ou d'azur semés d'étoiles, modèles de sculpture monumentale, de décoration polychrome? Et ces riches verrières, admirables feuillets toujours ouverts, disputant au soleil le brillant éclat de ses teintes, pour animer plus vivement les grandes scènes historiques qu'elles représentent, et ces milliers de chapiteaux dont les corbeilles simulent avec autant de vérité que de perfection les feuillages et les fleurs les plus riches de la création, où se jouent des nuées d'oiseaux, symbolisant les Docteurs !....

Ces recherches, dont se sont déjà occupés grand nombre d'archéologues, je les ai entreprises pour l'ancien diocèse de Meaux, en particulier. Voici le résultat d'un premier travail.

XIII. SIÈCLE.

-

Jehan de Chelles. Célèbre architecte français, originaire de Chelles dont il a pris le nom. Il y a tout lieu de croire que cet artiste a dû contribuer à l'érection des nombreuses églises du lieu de sa naissance, de St.-André, entre autres, monument curieux du XIII. siècle; mais à Paris, Jehan de Chelles est connu pour y avoir construit le côté méridional du transept de l'église métropolitaine, ou du moins, le portail commencé l'an 1257. Kallensi latomo vivente Johanne magistro ainsi que le porte l'inscription qui s'y voit en lettres gothiques.

Maistre Nicolas Foissez, Guillaume Brocard. -- Saintiers ou fondeurs. La tour de l'église de Vimpelle, commencée en 1522, et achevée en 1550,possède encore une cloche fondue par ces deux artistes, en 1211.

J. Guillian. Tuilier de la fin du XII. siècle. M. le marquis Le Charron, propriétaire du château de Palay, possède une tuile de cette époque, trouvée par lui sur une tourelle de ce vieux manoir et faite pour l'endroit même qu'elle recouvrait. Elle porte: M:*C*X. C:*, et est signée, J: Guillion (IG).

Il est à remarquer qu'une famille du même nom existe encore dans l'endroit.

XIVE. SIÈCLE.

Berthelemy de Sommière. Architecte du roi Charles V. Ce prince, dans une lettre de rémunération datée du 11 juillet 1360, dit en parlant de cet artiste : « Comme pour les bons et aggreables services que Berthelemy de Sommiere maçon nous a faiz et esperons quil fera pour le temps a venir, et pour la bonne diligence quil a mis et met et grans travalz quil a souffert et sueffre de jour en jour pour nos euvres de maçonnerie du Chastel de Meleun, nous de grace especial et certaine et autorité royal dont nous usons, avons donné et donnons ceste foiz aud. Berthelemy six vins (sic) royaux dor. D Cette lettre, faisant partie des archives du baron de Joursanvault, est signée : J. Essars, pour Monseigneur le Régent.

XVI. SIÈCLE.

Falaize. Sculpteur sur bois, originaire de Paris. C'est à cet artiste qu'on doit les cinquante-quatre stalles historiées de la collégiale de Champeaux, placées dans le chœu en 1522. Ces stalles extrêmement curieuses, mais dont l'exécution manque d'homogénéité, offrent une très-grande variété de dessins.

Jehan Defetin. Architecte de Paris, auquel est due la construction du chœur de St.-Aspais de Melun (1506).

Guyon Ledoux. Maître peintre juré à Paris. En 1565. un marché fut passé entre lui et la fabrique de St.-Aspais, pour un crucifiement de bois peint et doré, dont le Christ devait avoir 2 mètres environ.

Maistre Théodone. Artiste sculpteur. On connaît de lui, dans le département de Seine-et-Marne, le beau rétable du maître-autel de l'église du Plessy-Placy, représentant le martyre de saint Victor et de sainte Madeleine : les personnages sont de grandeur naturelle.

Jehan Le Moyne.

Tombier de Paris. Son nom est

inscrit sur une pierre tombale du XVI. siècle d'une grande magnificence de dessin, servant de table à l'autel de la St.Chapelle-du-Vivier-en-Brie.

Panchard.

Le nom de cet architecte de la renaissance se rattache à la construction du bas-côté méridional et de la tour carrée de l'église de May, dont il conduisait les travaux en 1511. Le reste de cet édifice appartient au XII. siècle. Jean Dusye. On lit le nom de cet artiste sur une des tourelles carrées surmontant les contreforts de la tour de l'église de Moret. Mais la date de 1594, qui accompagne ce nom, ne paraît pas se rapporter au genre d'ornementation des deux zônes supérieures de la tour, qui doivent avoir été élevées dans le cours du XV. siècle; alors il n'indiquerait qu'une restauration faite à cette partie du monument.

Pierre Bontemps. - Les Archives curieuses de l'histoire de France (t. III, p. 423) citent une quittance de 99 liv. tournois payées à ce sculpteur, un des plus grands artistes de la renaissance, pour son parfait et entier paiement de la somme de 414 liv. tournois, à lui due pour avoir fait un carré de marbre blanc, auquel est taillé et insculpé de basse taille la devise des Quatre-Temps de l'année (4 Saisons) pour la cheminée d'une nouvelle chambre du Roy, au château de Fontainebleau. La quittance est datée du 26 avril 1556.

Charles Du Ry, Mathieu Du Ry.

Architectes nor

thmans, originaires d'Argentan. C'est sous leur direction que fut commencé, en 1613, le magnifique Château-Neuf de Coulommiers, par les ordres de Catherine de Gonzagues, princesse de Clèves. Il ne reste plus de cet antique manoir seigneurial, que deux petits pavillons dégradés sur lesquels apparaissent encore quelques arabesques et des figures d'enfants en relief. Les cheminées et tous les bâtiments portaient le chiffre de Catherine G.

Robert de Boulogne.

Entrepreneur des tranchées et des canaux du même château. Ces canaux qui ont treize toises de largeur, sont alimentés par les eaux du Morin.

Lecornuet. Sculpteur sur bois de la renaissance. Son nom se voit en relief dans un écusson de la tribune de l'orgue de Moret. Cette tribune de bois de chêne sculpté dans un grand style, doit remonter aux premières années du XVI®. siècle. Le buffet et les tuyaux de montre ont un caractère plus ancien; mais, à en juger par l'ornementation, il n'est pas croyable qu'ils doivent remonter au XIII. siècle, ainsi que le veut la tradition locale. Malheureusement cet orgue est hors de service depuis 1832, faute de ressources pour le réparer.

XVII. SIÈCLE.

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Guillaume de La Cour. Maître menuisier de BrieComte-Robert. Il fit, en 1626, un projet de jubé pour St.Aspais, de Melun.

Pierre de Troussy.

- Sculpteur. L'église de Servon possède de cet artiste deux belles statues exécutées en 1651. L'une d'elles, sainte Colombe, est représentée avec un ours à ses pieds, et se voit dans le bas-côté méridional; l'autre, représentant saint Louis, orne le collatéral opposé.

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