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réussite. La commission croit pouvoir vous donner l'assurance qu'aucun accident semblable à celui qu'elle citait tout à l'heure, n'est à craindre, sous sa surveillance et sous la direction des architectes commissionnés par votre département.

La commission à dû s'occuper de conserver le souvenir de quelques monuments remarquables, dont il est impossible de prolonger indéfiniment la durée. A sa prière, vous avez chargé M. Vaudoyer de relever et de dessiner un assez grand nombre de maisons anciennes qui existent encore à Orléans. Dans une ville où le respect des monuments anciens n'est point enseigné par l'administration municipale, on doit s'attendre à voir disparaître rapidement des constructions, en général, peu solides et sans cesse exposées à être altérées par leurs propriétaires. Il n'y avait pas un moment à perdre pour étudier la disposition et les détails de ces habitations, qui jettent le plus grand jour sur les usages et les mœurs du moyen-âge. Le travail de M. Vaudoyer a répondu à votre attente, et vous avez apprécié le soin et le zèle qu'il a mis à remplir sa mission.

Vous jugerez sans doute à propos, M. le Ministre, de faire continuer ce travail dans d'autres localités non moins intéressantes; plusieurs villes de France possèdent encore des maisons fort anciennes et d'une architecture très-remarquable.

Quelques-unes de ces maisons sont tellement importantes, que, si l'état des fonds le permettait, la commission croirait devoir vous en proposer l'acquisition. Telles sont, par exemple, la maison des Ménétriers de Reims, la maison du XIIe siècle de Saint-Gilles, plusieurs maisons à Cordes, à Angers, à Provins, etc. Espérons que les administrations communales seconderont de leurs efforts ceux que vous voudrez bien faire pour conserver au pays des souvenirs si précieux.

D'autres monuments, d'une conservation encore plus difficile que celle des maisons particulières, ont été l'objet d'un travail plus général. Vous avez chargé M. Denuelle de dessiner

en plusieurs lieux des peintures anciennes dont chaque jour efface quelque trait. Déjà plusieurs dessins, d'une exactitude. scrupuleuse et d'une excellente exécution, ont été mis sous vos yeux. La commission attache beaucoup de prix à voir continuer cet intéressant travail.

Plusieurs fois, et notamment dans son dernier rapport, la commission a réclamé une augmentation du fonds attribué à la conservation des monuments historiques. Permettez-lui d'insister de nouveau et avec plus de force, car jamais cette augmentation n'a été si nécessaire. Depuis long-temps la tâche de la commission ne consiste plus guère qu'à constater des besoins urgents qu'elle ne peut satisfaire. Chaque jour de nouvelles demandes lui sont soumises, dont elle est obligée de proposer l'ajournement; et, cependant, une espèce de responsabilité pèse sur elle. Le public connaît ses attributions, mais ignore l'insuffisance de ses moyens d'action. L'abandon d'un monument peut être imputé à sa négligence, lorsqu'il n'est en effet qu'une nécessité fatale, résultat de l'épuisement de ses ressources.

C'est à vous, M. le Ministre, témoin de ses efforts et de ses regrets, qu'il appartient de la tirer d'une situation si pénible. La cause des arts a toujours été populaire en France, et aujourd'hui que les monuments historiques de toutes les époques sont appréciés par les gens de goût, pourrait-on refuser à l'administration les moyens de conserver ces glorieux souvenirs? La commission ose se flatter que les restaurations exécutées sous sa surveillance ont ôté à la critique le droit d'en contester l'utilité et d'en nier les heureux résultats.

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Sur les frontières de Hansruelh, dans la forêt du Hohemwald, autour du sommet de la montagne du Dolberg, s'élève une construction tellement gigantesque qu'on la croirait l'ouvrage des Titans plutôt que celui des hommes. Ce monument est connu sous le nom de Ring, et grâce aux forêts qui l'environnent, il a pu échapper à l'action destructive des hommes et du temps.

Sa forme est celle d'une ellipse, dont l'un des sommets a été applati de manière à diminuer le grand axe du quart de sa longueur. Son développement est de 2,000 mètres.

La portion comprise entre les points A et B, voir le plan, présente un parapet de 856 mètres d'étendue, construit en pierres brutes, siliceuses, entassées au hasard sous un angle de 40 deg., dont le profil est un trapeze portant au point C 18 mètres de haut sur 60 mètres de base, mais d'une hauteur nulle aux points A et B. Aux mêmes points A et B commence un empierrement d'un développement de 1,440

sur une

mètres, appliqué contre le talus de la montagne largeur variable de 20 à 60 mètres; il est couvert par un second empierrement en forme de croissant de 10 à 80 mètres de profil. En évaluant par approximation la masse de pierres entassée dans le parapet et les deux empierrements, on trouve un volume de 257,440 mètres cubes.

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A quel peuple faut-il faire remonter le Ring du Dolberg? faut-il l'attribuer aux Huns d'Attila ou aux Belges venus de Germanie 300 ans avant Jésus-Christ? Ce serait alors un de ces mallus dans lesquels leurs prêtres accordaient la justice et pratiquaient les cérémonies religieuses? Il est constant

que le nom de la montagne que le Ring environne dénote une origine druidique, car Dolberg signifie monts du Dolmen, et un dolmen, ce signe caractéristique du druidisme existait encore il y a 25 ans, si l'on en croit M. le comte de Villiers, entre le premier et le second empierrement; il nous a affirmé l'avoir mesuré en 1822.

Il faut également reconnaître que le Ring a assez la forme du châtelet gaulois de Bonneval, arrondissement de Mirecourt, si savamment décrit, en 1825, par M. Maugin, membre de la Société d'encouragement des Vosges. Mais César nous apprend, et le châtelet de Bonneval nous confirme que les Belges établissaient leurs enceintes avec des cadres de bois remplis de terre et des lits de pierres brutes superposés alternativement; ici rien de semblable. Nous ferons, en outre, observer que l'empereur Claude ordonna la destruction de tous les monuments celtiques; or, comment le Ring à 25 kilom. de Trèves, à 1 kilom. d'une chaussée romaine, aurait-il échappé à l'arrêt du despote?

La version qui en fait un ouvrage des Huns ne se fonde, il est vrai, que sur des traditions populaires, mais leurs détails sont tellement conformes à l'histoire, qu'on ne peut leur refuser quelqu'attention. C'est à la vérité contester sept à huit siècles à la longue et aride muraille blanche que nous venons de décrire, mais non diminuer l'étonnement; nous dirions volontiers l'effroi dont on ne peut se défendre au fond de cette sombre forêt de Hohemwald, peuplée de chênes et d'érables séculaires, en face du colossal témoin de tant de bouleversements.

Ainsi, sur les bords de la Sarre, comme sur les bords de la Nabe, toutes les traditions nous parlent du passage d'Attila et de ses épouvantables ravages. Elles affirment que dès qu'il eut franchi le fleuve qui nous sépare de la Germanie, il fit construire une chaîne de Rings (de forts) du Rhin à la Moselle, soit pour assurer sa retraite en cas de revers, soit

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