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par-dessus des arcades. Derrière le village de Ruwer, entre Kurenz et l'amphithéâtre, l'aquéduc est détruit du côté extérieur, mais on peut suivre sur divers points la direction dans laquelle l'eau coulait.

La construction de l'aquéduc est, sur les points connus, tout-à-fait la même. Le canal est large de 3 à 4 pieds, et du bas en haut jusqu'à la clé de voûte, haut de 5 pieds 10 pouces. Les murailles des côtés sont faites de moëllons posés dans du ciment presqu'indestructible.

Ces renseignements sont déjà fort intéressants, mais ils pourraient être plus précis encore; il faudrait un tracé graphique. D'ailleurs, il y avait probablement d'autres aquéducs qu'il serait important de faire bien connaître.

Ce que nous disons des monuments romains s'applique à ceux du moyen-âge; le dénombrement des églises et des châteaux, les statistiques monumentales, la confection d'une carte monumentale du moyen -âge, tableau figuratif ou d'assemblage résumant tous les faits consignés dans les mémoires descriptifs, sont des travaux que la Société française ne cesse de recommander et qui tôt ou tard seront faits dans la Prusse Rhénane, si ses vœux peuvent s'accomplir.

La journée du 9, si bien remplie, devait se terminer par une fête magnifique offerte, par les habitants de Trèves, aux membres du Congrès. Des 6 heures du soir, des salves d'artillerie annonçaient l'ouverture des jardins et des bois de la Maison Blanche, charmante maison appartenant à M. le baron de Haw, ancien président de régence, et situés dans la position la plus pittoresque, sur la colline qui borde, en face de la ville, la rive gauche de la Moselle. M. le baron de Haw a complimenté le Congrès dans un discours très-remarquable pour le fond et pour la forme, qui a été vivement applaudi; M. le secrétaire général de Roisin a répondu, au nom du Congrès, à cet éloquent discours.

L'élite de la population s'était rendue à la Maison Blanche, une musique délicieuse n'a cessé de s'y faire entendre ; à 10 heures, le jardin a été complètement illuminé et les danses ont commencé dans le grand salon du pavillon; elles se sont prolongées jusqu'à deux heures du matin, que les conviés à cette féerique soirée sont rentrés à Trèves, musique en tête, à la lueur des torches. Le spectacle était magnifique. L'antique pont de Trèves avait été illuminé au moyen de pots-à-feu qui se réflétaient dans les eaux de la Moselle, et produisaient le plus bel effet.

Disons-le en terminant, la Société française doit se féliciter des résultats qu'elle a obtenus. L'enquête archéologique qu'elle a faite, à Metz, portera ses fruits. Les séances qui ont eu lieu à Trèves donneront une bonne impulsion dans cette contrée si riche de souvenirs, et si intéressante.

Déjà une Société a été fondée dans le Luxembourg, pour les recherches et la conservation des monuments. M. le docteur Clasen, interprète et délégué de la compagnie, a rendu compte au Congrès de ses premiers travaux et a offert la 1re. livraison de ses mémoires (1). A Bruxelles, la Société Belge pour la conservation des monuments s'organise sous la présidence de M. le comte de Mérode; elle a pour secrétaire M. de Schayes, couronné l'année dernière, à Lille, par la Société française. En-deçà comme au-delà du Rhin, le mouvement archéologique est en progrès, et c'est un sujet de grande satisfaction pour les fondateurs de la Société française : car partout on suit la marche qu'ils ont tracée; partout on adopte les principes qu'ils ont proclamés il y a vingt ans. Ces principes feront le tour de notre vieille Europe, de l'Europe de l'ancien Empire romain, où tant de monuments et de souvenirs historiques méritent d'être étudiés et recueillis.

(1) In-4° de 45 pages, orné de 7 planches. Luxembourg, 1846.

Il nous reste à payer un juste tribut d'éloges à la commission préparatoire du Congrès archéologique de 1846, dont les membres avaient rivalisé de zèle. M. le comte du Coëtlosquet, qui avait été particulièrement, depuis six mois, chargé de la correspondance, s'était acquitté de cette mission avec dévouement. MM. les secrétaires ont apporté, pendant la session, beaucoup de zèle dans la rédaction des procès-verbaux : citer MM. Victor Simon, Le Petit, baron de Roisin, baron d'Huard, de Glanville, l'abbé Rollin, Arth, Girard, Prost, Digot, c'est rappeler aux lecteurs du Bulletin des hommes qui ont fait leurs preuves, et dont le dévouement égale le mérite; c'est en même temps leur annoncer que le compte-rendu sera curieux et bien nourri. La ville de Metz a bien voula pourvoir aux frais d'impression du volume et des planches qui doivent y être annexées. Grâces lui en soient rendues! Que ce bon exemple soit imité par les villes où se tiendront les sessions prochaines, et la Société française saura répondre, par ses travaux, à des encouragements si honorables.

D. C.

CHRONIQUE.

Statistique monumentale du Calvados, par M. de Caumont, tome 1er, un volume in-8° petit romain, de 425 pages, avec 15 planches in-4°, gravées sur pierre, et 150 gravures sur bois, intercalées dans le texte. PARIS, Derache, rue du Bouloy, no 7.

Il y a vingt ans que M. de Caumont annonçait la publication de la Statistique monumentale du Calvados; des voyages répétés et des travaux de différents genres l'avaient empêché de livrer ses notes à l'impression. Enfin, voici le 1er volume dont le Bulletin monumental a publié plusieurs fragments; c'est un joli volume bien imprimé, illustré d'un grand nombre de jolies gravures sur bois, et accompagné de bonnes planches gravées sur pierre.

Ce 1. volume, qui renferme la description des monuments de sept cantons, sera suivi de trois autres volumes.

Le 2. comprendra les cantons de Troarn, Bourguébus, Bretteville-sur-Laize, Coulibœuf, Falaise et Harcourt.

Le 3. volume sera consacré aux arrondissements de Bayeux et de Vire.

Le 4. aux arrondissements de Pont l'Evêque et de Lisieux. L'ordre suivi par l'auteur est connu par les fragments publiés il y a long-temps; nous ne craignons pas de dire que c'est le seul bon à suivre pour les Statistiques monumentales.

Depuis que M. de Caumont recommandait, en 1826, les Statistiques monumentales, on a singulièrement abusé du mot; on lui a donné un sens fort élastique.

Beaucoup d'auteurs ont intitulé hardiment Statistiques monumentales des mémoires dans lesquels ils se bornaient à décrire un choix d'édifices d'une circonscription donnée; ce ne sont pas là des Statistiques monumentales, mais seulement des documents pour la Statistique monumentale. M. de Caumont, inventeur du mot, devait tracer la route, nous croyons qu'il l'a fait, et son 1er volume nous a complètement satisfait..

R.-X. L.

Statistique monumentale du département du Puy-de-Dôme, par M. J.-B. Bouillet, Membre de l'Institut des Provinces, un beau volume in-8° avec un atlas de 35 planches.

A son début l'archéologie a naturellement suivi les voies les plus faciles et les mieux tracées; elle a dû faire une large part à la fantaisie, au caprice. Les nombreux adeptes qui de toutes parts se sont rangés sous la bannière de M. de Caumont ont commencé au hasard des recherches sans ensemble, et ce n'est que peu à peu que l'ordre s'est mis dans les rangs.

Il ne pouvait en être autrement; on avait si long-temps oublié nos antiquités nationales pour chercher les débris des civilisations Egyptienne, Grecque et Romaine; si long-temps on avait foulé aux pieds les restes mutilés du moyen-âge, ces admirables souvenirs des temps passés, ces témoins irrécusables de la foi, du génie religieux des siècles que si longtemps on a traités de barbares ! Une époque devait arriver où justice serait enfin rendue à ces productions des savants et modestes maîtres de l'œuvre ; et c'est à ce moment où, suivant l'impulsion donnée par notre savant archéologue, M. de

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