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et en ivoire, et d'ornements bysantins de cuivre et d'argent appliqués sur une caisse en chêne formant le petit coffre carré long sur lequel on posait le calice et qui constituait l'autel portatif. Des inscriptions latines gravées sur les lames de cuivre qui revêtent le coffret de chêne, parlent de la dédicace de cet autel et des reliques qu'il renfermait dans l'origine. M. le docteur Bromett les a estampées séance tenante. M. le baron de Roisin a été prié de donner dans le compte-rendu de la session une description complète de cet autel.

Le Congrès est entré ensuite dans la cathédrale; il a entendu de MM. Schmidt et Reichensperger l'analyse des diverses parties de cette église.

Ceux qui se rappellent ce qu'en a dit M. de Caumont dans son histoire de l'architecture religieuse, sauront que la partie la plus ancienne de cette basilique qui remonte peutêtre au IV. siècle commence au-delà des deux grandes tours occidentales et s'arrête du côté opposé au gable qui précède la courbure de l'abside orientale celle-ci paraît appartenir au XII. siècle. L'abside occidentale, en-deçà des tours, est l'œuvre de l'évêque Poppo qui vivait au XIo. siècle.

C'est donc le corps de l'église, occupé par une portion de la nef et du chœur, que l'on doit regarder comme la partie ancienne de la cathédrale, mais il faut faire abstraction des décorations, des placages qui ont été appliqués au XII. siècle sur les murs intérieurs et qui masquent ou défigurent la primitive ordonnance; elle se révèle aux yeux de l'observateur qui veut examiner les tribunes surmontant la voûte des bas-côtés on y voit distinctement où s'arrêtent les placages du XII. siècle, et l'on peut se rendre compte de la disposition des voûtes anciennes (1). L'examen des murs

(1) Il faudrait des coupes et des plans pour faire comprendre cette

extérieurs montre aussi le mode de construction de l'édifice : on reconnaît qu'il est presque tout entier en briques d'appareil, liées les unes aux autres par d'épaisses couches de ciment, à peu près comme les murs de la basilique et ceux de l'ancien palais de Constantin, figurés dans le 3. volume du Cours d'antiquités (pl. XXXIX 'bis). Les fenêtres ont leurs archivoltes formées d'un double rang de briques. A l'intérieur de la grande nef, on remarque dans les murs latéraux du nord et du sud, des chapiteaux corinthiens en partie incrustés dans la muraille et surmontés de quelques portions d'entablement; selon l'opinion commune, ces chapiteaux appartiennent à la basilique élevée par l'impératrice Hélène; il paraît qu'un grand nombre de colonnes semblables ornaient encore, au XI". siècle, la partie du chœur refaite au XII. : et près du portail on voit un fût brisé, en granite, qui provient de l'une d'elles.

Quelques esquisses ont été faites par M. Bouet, soit des autels appliqués au XVIII. siècle sur les piliers de la nef, soit du tombeau bysantin contre le mur du collatéral méridional, soit du cloître qui relie la cathédrale à l'église Notre-Dame.

Après avoir visité les richesses du trésor, le Congrès a quitté la cathédrale et s'est transporté dans divers quartiers pour y examiner les anciennes maisons dont M. Reichensperger l'avait d'avance entretenu. La Porte-Neuve, les églises St Mathias, St.-Paulin, etc., ont aussi été visitées de la plupart des membres du Congrès.

Les collections numismatiques de la ville dont les accroissements ont été très-rapides, grâce aux soins de M. de

ancienne disposition des voûtes des ailes on en trouvera dans la deseription de la cathédrale de Trèves, avec de bonnes planches, par M. Schmidt.

Florencourt, ont été examinées: M. Robert et les numismates du Congrès ont été frappés de la beauté et du haut prix d'un grand nombre des pièces. La riche bibliothèque communale, les manuscrits et les autres curiosités qu'elle renferme ont été vus avec un très-vif intérêt.

A trois heures a eu lieu la séance publique qui devait clore la session du Congrès archéologique. Le grand salon du Casino avait été disposé avec goût pour cette séance. A l'extrémité de la salle était la table du bureau; au centre des banquettes pour les hommes; dans le pourtour, des canapés pour les dames.

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M. de Caumont, après avoir appelé au bureau Mgr. Muller, M. le baron de Haw, M. le Président de la Régence, M. le Bourgmestre, M. Laut, M. de Florencourt, MM. baron de Roisin, comte du Coëtlosquet, l'abbé Le Petit, Gaugain, a ouvert la séance par une allocution dans laquelle il a résumé en peu de mots l'histoire et les progrès de la Société française, indiqué les résultats utiles qu'elle a obtenus, ceux qu'elle espère plus tard atteindre. Il a ensuite, après avoir remercié les habitants de Trèves de leur bienveillante sympathie, donné la parole à M. le secrétaire-général de Roisin.

Celui-ci a présenté oralement un rapport sur l'appréciation des monuments de Trèves, faite le matin même par le Congrès. Cet aperçu plein d'intérêt a été écouté avec la plus grande attention et sera publié dans le compte-rendu de la session.

Après un court intervalle, M. de Roisin a pris de nouveau la parole comme rapporteur de la commission chargée de décerner les médailles d'argent aux archéologues les plus distingués. Ces médailles ont été remises, aux applaudissements de l'assemblée, à M. RAMBOUX, conservateur du musée de Cologne, qui a rapporté de ses longs voyages une collection

considérable de dessins, à M. le chanoine VILMOSKI, restaurateur du cloître de la cathédrale et sculpteur distingué, à M. l'architecte SCHMIDT qui a dessiné, mesuré et publié les monuments de Trèves et des environs.

La Société française, par un sentiment de délicatesse que tout le monde appréciera, avait décidé que les fonds provenant des cotisations perçues depuis quelques années des membres qui habitent hors le territoire français, seraient employés à la réparation des monuments du pays de Trèves; elle avait nommé une commission pour examiner de quelle manière une somme de 300 fr. pourrait être utilisée. La commission a proposé de voter 100 fr. pour rétablir l'inscription, en lettres de bronze; qui accompagnait le bas-relief de la porteNeuve, à Trèves. Cette porte est du XII. siècle; le bas-relief qui en orne le tympan, représente le Christ entre saint Pierre et saint Euchaire. L'inscription en lettres de bronze, scellées dans la pierre par des clous ou crampons, comme celle qui décorait la frise de la maison carrée à Nîmes et de beaucoup d'autres édifices antiques, était ainsi conçue :

TREVERICAM PLEBEM DOMINUS BENEDICAT ET URBEM

Α Ω

SANCTUS PETRUS

SANCTUS EUCHARIUS

SANCTA TREVERIS

Le même bas-relief est répété dans le tympan de la porte qui communiquait de la cathédrale à l'église Notre-Dame. Le grand sceau de la ville de Trèves représente le même sujet avec la même légende. Rien n'avait donc plus d'à propos que le rétablissement de cette inscription. Deux églises rurales ont encore été indiquées par M. le baron de Roisin comme pouvant recevoir chacune un secours de 100 fr.

La séance a été levée à cinq heures. M. de Caumont aurait

désiré qu'une enquête pût être faite sur la statistique monumentale de Trèves et des environs, et que des questions archéologiques du plus haut intérêt pussent être discutées; mais il eût fallu passer trois ou quatre jours à Trèves, pour se livrer à de pareils travaux ; il s'est borné à recommander à MM. de Roisin et Reichensperger, et aux membres de la Société résidant à Trèves, cette enquête archéologique qui ne pouvait être faite cette année.

Cette enquête porterait sur les voies romaines, les inscriptions, les aquéducs, les campements, les ruines de villa, les vestiges de tous genres appartenant à l'époque romaine; tous ces vestiges seraient indiqués sur une carte à grand point il serait fait un plan particulier pour la ville de Trèves.

La direction des aquéducs pourrait aussi être suivie et tracée sur une carte particulière. La Société française a entendu de l'un de ses membres, pendant la visite faite à l'amphithéâtre et aux bains, les détails suivants sur l'aquéduc qui, selon l'opinion accréditée à Trèves, emmenait ces eaux dans ces deux établissements.

Cet aquéduc commence au-dessus du village de Waldrach sur la Ruwer; il est, en grande partie, encore bien conservé, surtout là où il coule sous terre, mais il n'en reste presque plus rien dans les vallées, où il coulait sur des arcades. Ce n'est qu'au Grünhaus (à la maison verte), entre les villages de Casel et de Ruwer, que se sont trouvés dans la vallée des restes de piliers de ces arcades. Là, se trouvaient à côté de l'aquéduc des restes d'une construction romaine, qui était vraisemblablement un réservoir (castellum aquæ), ou l'habitation d'un garde de l'aquéduc. Les grandes pierres de taille qu'on trouve encore dans quelques vallées entre Casel et Waldrach, prouvent évidemment que l'eau y fut conduite de même en canaux

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