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Sous le règne de Charles V, Jean de Vienne, grand amiral de France, fit un rapport au roi pour demander que Villedieu et son église fussent fortifiées, pour tenir frontière aux Anglais de Cherbourg (expressions textuelles). Par des lettres patentes datées du 16 octobre 1385, Charles VI accorda cette faveur aux habitants de Villedieu.

Deux siècles plus tard, en 1591, les Calvinistes de la contrée ayant fait irruption sur Villedieu, s'emparèrent de l'église et du clocher pour insulter les bourgeois. La plupart d'entre eux y trouvèrent la mort, car placés entre la famine et les arquebuses des habitants, que soutenaient les troupes du roi, ils tombaient percés de balles ou de coups d'épée au fur et à mesure qu'ils descendaient.

Le 27 mai 1632, un violent incendie dévora une grande partie de la ville et une portion assez considérable de l'eglise. On raconte que les flammes, suscitées par un feu d'artifice, prirent d'abord au clocher et se communiquèrent de là au reste de l'église et de la ville. Le beffroi fut brûlé et les cloches furent précipitées jusque dans l'église.

En 1634, on se mit en mesure de réparer les désastres causés par l'incendie, et c'est, selon toute apparence, à cette époque que l'on doit les cloches d'aujourd'hui. Il faut croire que les ressources dont on disposait alors pour cette restauration n'étaient pas considérables, car cette partie du monument est tout-à-fait dépourvue d'intérêt et de mérite. Elle n'offre en outre, à l'heure qu'il est, qu'une solidité fort contestable et aurait besoin même d'être reconstruite tout-à-fait.

Il existait jadis une voûte d'arête dans la partie inférieure de la nef; mais, dans l'année 1787, le lendemain du jour de Pâques, elle s'écroula tout-à-coup. Sa construction remontait, dit-on, à 1698, ce qui lui faisait à peine un siècle de durée.

Au commencement de la Révolution, vers 1789, on voyait encore, à l'entrée de la nef, un vieux portail mal construit et sans caractère. Il fut abattu et remplacé par un autre

portail, qui ne vaut pas beaucoup mieux au point de vue de l'art, mais qui présente plus de solidité.

L'église de Villedieu, depuis sa fondation jusqu'en 1790, resta entourée d'un cimetière d'assez peu d'étendue. Le sol de ce cimetière était bien inférieur aux rues et terrains environnants. Vers l'orient, non loin des halles actuelles, il fallait, pour y accéder, descendre un escalier de 5 à 6 degrés. Une petite muraille, recouverte en dalles granitiques, enfermait l'édifice de toutes parts. La révolution rasa ce mur, combla le cimetière et en fit une place publique. Les habitants de Villedieu considérèrent ces entreprises comme une profanation. Ils firent des tentatives pour s'y opposer; mais le pouvoir d'alors, qui était plus fort qu'eux, se préoccupa médiocrement de leur pieuse sollicitude, et continua son œuvre de destruction. Le cimetière fut alors transféré sur un autre point de la commune, et on y ensevelit les morts depuis cette époque.

Comme on le voit, l'église de Villedieu, pour ne pas appartenir à l'époque mémorable des Guillaume et des Plantagenet, n'en est pas moins un édifice d'une assez haute antiquité. On n'y reconnaît pas, il est vrai, l'homogénéité de style et la pureté architectonique des beaux monuments des XI. et XIII. siècles; mais si l'on considère la richesse et le fini des détails que cette église, construite en pierre granitique remarquablement belle et dure, renferme dans beaucoup de ses parties, on sera porté à lui assigner encore une assez belle place parmi les monuments chrétiens que le moyen-âge a laissés dans notre Normandie. L'abside, les clochetons, la balustrade découpée à jour, les pignons des transepts, les gargouilles sculptées et quelques détails de la tour, sont exécutés, comme le surplus de l'église, en granit du pays. Ils sont d'une délicatesse et d'une pureté d'exécution comparable à ce que l'époque de transition, qui prépara la renaissance,

nous a laissé de plus beau en ce genre, et l'extrême difficulté du travail et la dureté prodigieuse de la matière ajoutent encore à ce mérite.

PLAN DETAILLÉ DE L'EGLISE DE VILLEDIEV.

Echelle de 0,025 m. pour 10 m

DOISNARD fecit

COUP-D'EIL

SUK

LE CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE

TENU PAR LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE A METZ & A TRÈVES EN 1846.

Le Congrès archéologique s'est ouvert le 1er. juin comme nous l'avions annoncé. M. de Caumont, accompagné de MM. V. Simon, Bon. d'Huard, C. de Coëtlosquet, de Givenchy, l'abbé Le Petit, Gaugain, V. de Cussy, l'abbé Rollin, Lambron de Lignim, de Glanville et de plusieurs autres fonctionnaires de la Société française ou membres de la commission préparatoire, dont nous avons fait connaître précédemment la composition, est entré à midi dans la grande salle de l'Hôtelde-Ville, où déjà plus de 100 membres étaient réunis on y remarquait Mgr. Muller, évêque suffragant de Trèves; M. Clasen, délégué de la Société fondée pour la conservation des monuments dans le duché de Luxembourg; M. de Lassault, de Coblentz; M. Ramboux, conservateur du musée de Cologne; M. de Fontenay, délégué de l'Académie d'Autun ; M. Reichensperger, conseiller à Trèves; M. le colonel de Parnajon; M. le Colonel Mengin; M. le C. de Caulaincourt; M. le C. de Courcelles, de Lille; M. le docteur Bromett, de Londres; M. de Brye, officier supérieur; M. Robert, secrétaire de l'Académie; MM. Bonnaire et Digot, délégués

de l'Académie de Nancy; M. l'abbé Nanquette, délégué de Reims, etc., etc., etc.

M. de Caumont ayant déclaré la șession ouverte et composé le bureau, a pris la parole et prononcé le discours d'usage, puis il a tracé l'ordre des travaux, indiqué le titre et la composition des commissions.

La séance publique a été close à 1 heure, et l'on a procédé immédiatement à l'enquête archéologique sous la présidence de Mgr. Muller. Cette enquête qui a duré deux heures chaque jour a produit des documents archéologiques importants dont le procès-verbal offrira le résumé fidèle; nous allons seulement, en rappelant nos souvenirs, donner une idée des travaux et de leur marche pendant le cours de la session.

L'enquête a d'abord appris qu'il existe peu de monuments celtiques dans le département de la Moselle, mais que les vestiges de constructions romaines n'y sont pas rares.

De nombreux renseignements ont été donnés par M. Victor Simon, M. d'Huard et plusieurs autres membres sur les voies romaines, leur direction et leur construction. M. de Caumont a renouvelé, à ce sujet, la demande qu'il avait faite en 1837 à cette époque, on lui avait promis de dresser une carte des voies antiques et des localités qui ont offert dans le pays Messin et aux environs, des vestiges plus ou moins notables de l'époque gallo-romaine; il a vu, avec regret, que cette promesse n'a pas été exécutée, et MM. Simon et d'Huard se sont engagés à terminer immédiatement ce tableau, afin de l'annexer au compte-rendu de la session. La direction des aquéducs devra être soigneusement indiquée sur cette carte M. de Caumont a demandé également un plan de Metz, tel qu'on le suppose avoir existé sous la domination romaine, d'après les vestiges reconnus.

Des renseignements ont été donnés sur les villa, sur les camps présumés romains, sur les dimensions des colonnes

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